XXIV. Les secrets du Commandant Ackerman

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Sitôt qu'elle avait été attirée hors de la foule, Hannah n'avait plus dit un mot, paralysée par la peur. Très vite, Andrea lui avait bandé les yeux et elle était montée sur un cheval, en direction d'on ne savait où. Elle sentait un cavalier derrière elle mais ne pouvait assurer avec certitude que c'était Seefeldt. Quelques minutes après, elle sentit une vive douleur dans le cou. Comme la pique d'une fourche. Elle essayait de se concentrer sur les bruits environnants et sur les directions qu'ils prenaient mais, bien vite, elle sentit ses forces l'abandonner. Qu'est-ce que... 

Le trou noir. Pendant l'entièreté du trajet, la jeune femme avait des moments de lucidité, pendant lesquels elle entendait des voix, le talonnement des sabots, mais dès qu'elle commençait à bouger d'un iota, elle sentait à nouveau cette douleur au niveau du cou, et elle sombrait à nouveau dans le néant. Cette situation lui parut durer des heures entières. Elle ne sut dire combien de temps s'était écoulé depuis qu'ils avaient quitté Mitras car, une chose était sûre, ils avaient quitté la Capitale depuis longtemps. Elle ne percevait plus l'effervescence de la ville. Ce qui lui parut être une éternité plus tard, elle entendit des voix et les chevaux repassaient au pas. 

Elle tentait de percevoir quelque chose à travers le bandeau qui l'aveuglait mais ne voyait que des ténèbres. D'après le froid qui hérissait sa nuque, elle pouvait seulement comprendre que la nuit était à présent tombée. L'audience avait duré plusieurs heures et ils avaient dû partir aux alentours de midi. La jeune femme fut traînée par deux hommes, peu capable de bouger par elle-même, jusqu'à l'intérieur d'un bâtiment. Sous ses pieds, elle pouvait sentir que le sol était à présent différent. Il était dur. L'air s'était instantanément rafraîchi et elle ressentait l'écho résonnant de cet endroit inconnu.

Sans la moindre délicatesse, elle fut projetée contre un mur, sur lequel son dos s'affaissa jusqu'à ce qu'elle glisse complètement par terre. Sa joue heurta une dalle froide. Le contact était désagréable. Elle ne bougeait pas et ne pouvait qu'attendre la suite des évènements, en silence. Plusieurs personnes bougeaient autour d'elle, lui donnant l'impression d'être dans un étau. Elle ressentait des vibrations sous sa joue à chacun de leurs pas. Des éclats de voix se firent entendre. Celle de Seefeldt était reconnaissable parmi elle. Ce fumier. D'interminables minutes passèrent. Soudain, une autre voix, qu'elle aurait aimé ne plus jamais entendre. Deux mains lui saisirent les épaules pour la remettre en position assise. 

- Tu es réveillée, pas vrai ? fit la voix de l'homme. 

À quoi bon le nier, elle était bien mauvaise actrice. Son corps était encore engourdi et ralenti, mais elle pouvait parler et elle était à nouveau pleinement consciente. L'éclat vif d'une torche l'aveugla lorsque son bandeau lui fut retiré. 

- Je vous manquais tant que ça, Kenny ? 

Ce dernier éclata de rire. Un rire si trompeur. Cet homme était une furie, un meurtrier. Il déglinguait des soldats comme elle à tour de bras. 

- Je t'avoue qu'on t'avait perdue de vue ces dernières vingt-quatre heures. Ça commençait à me turlupiner, vois-tu. Mais grâce à ton camarade, ici présent, c'est chose réglée. 

Elle tourna les yeux vers le camarade en question. Andrea Seefeldt. Alors c'était lui la taupe qui divulguait des informations à tout le monde. Qui disait à qui voulait l'entendre qu'elle entretenait une relation intime avec le Caporal. Elle s'en était douté, il les avait vu très proches dans la chambre du QG, mais elle avait espéré s'être trompé. Il ne pouvait pas être si mauvais, voilà ce qu'elle se disait. Et pourtant si. C'était bien ce fumier.

- T'as vraiment pas de race, toi... maugréa-t-elle en laissant choir sa tête sur la côté pour lui faire face. 

Andrea lui rendit une mine furieuse et s'approcha vivement d'elle pour lui asséner un coup de pied dans le ventre, ce qui lui coupa le souffle. Kenny eut l'air agacé et ne put s'empêcher de lui faire la réflexion de rester à sa place. 

Ce qui ne nous tue pas - Livaï x OCWhere stories live. Discover now