Ce qui ne nous tue pas - Livaï x OC

XIV. Le cri d'Eren Jaëger

Suite à la dernière confession de Livaï, Hannah était restée interdite et silencieuse. Elle n'avait pas su trouver les mots pour lui répondre, car elle n'arrivait plus à déterminer ce qu'il pensait. Plus elle croyait le cerner, plus il se montrait à elle, et plus elle le trouvait complexe. Non pas qu'elle l'ait mal jugé, mais son attitude était si imprévisible qu'elle en était désemparée. Il lui faisait confiance. Pour le moment, elle se satisfaisait de ça. Elle n'osait pas lui poser plus de questions. Peut-être parce qu'elle avait peur d'entendre ses réponses. 

Jamais Hannah n'avait eu autant de difficultés avec la communication. D'un naturel toujours enjoué et franc, elle parlait facilement avec les gens. Elle était aussi compréhensive et à l'écoute. Elle n'avait pas de peine à les comprendre, à voir lorsqu'ils étaient tristes, malhonnêtes ou encore amoureux. Les émotions se lisent sur les visages, il suffit d'y prêter suffisamment d'attention pour les décrypter. Cela demande seulement une certaine dose d'empathie. Avec le Caporal, c'était différent. Elle voyait des émotions chez lui. Ses yeux étaient expressifs, mais pas le reste. Il semblait faire attention à ne rien montrer, ne rien laisser paraître. C'était impossible, même pour elle, de savoir tout ce qu'il se passait dans sa tête. Elle voyait des choses, mais ce n'était probablement que des parts infimes de ce qu'il devait réellement ressentir. Et pourquoi était-elle aussi obsédée à l'idée de creuser ? Elle voulait tant savoir, elle voulait tout connaître de lui. Elle voulait plus de lui, simplement. La brune devait arrêter de se mentir, cet homme l'attirait. Dans tous les sens du terme. Ô... misère... Son père avait raison. 

Une bouffée de chaleur l'envahit et elle ressentit le besoin d'air frais. La jeune femme se rapprocha de la fenêtre pour l'ouvrir en grand et respirer la brise qui vint s'engouffrer dans la pièce. Ce souffle avait un goût de liberté. Elle fit alors pendre ses jambes dans le vide et observa les toits de Trost en prenant appui sur ses bras. Certains étaient encore délabrés malgré les efforts de reconstruction. Elle écoutait les bruits d'animation du district qui s'élevaient dans les airs dans une résonance lointaine. On percevait des éclats de voix dont les propos restaient imperceptibles, des rires, des cris, des bruits de sabots. Hannah aimait ces bruits ambiants. Dans le calme du domaine où elle avait grandi, elle n'avait pas eu beaucoup l'occasion de profiter de cette effervescence urbaine. La quiétude de la campagne était des plus agréables, mais il lui manquait parfois cette énergie qui circulait dans les rues d'un district. Bien que véhiculée par des gens qu'elle ne connaissait pas, cette énergie était communicative, et gonflait Hannah à bloc. Dans ses dessins et ses projets, elle pouvait puiser de l'inspiration dans la voix chantante d'une femme à sa fenêtre, dans les aboiements d'un chien errant ou dans les petits pas précipités des enfants joueurs dévalant la rue. Toutes ces petites scènes de vie lui plaisaient, et lui avait toujours rappelé, malgré sa condition aisée, que les plus belles choses tenaient dans la simplicité.

Livaï, qui était resté en retrait, fini par prendre place à côté d'elle. Malgré le malaise qu'elle pouvait ressentir, elle était heureuse de passer du temps avec lui. Surtout, heureuse qu'il le veuille. Car il ne serait pas resté aussi longtemps à discuter avec elle s'il n'appréciait pas sa compagnie. Du moins, Hannah essayait de s'en persuader.

- Pourquoi avez-vous rejoint l'armée ?

C'était bien la première fois que le Caporal lui posait une question personnelle. La jeune femme fut prise de court, encore, et se tourna vivement vers lui, comme pour vérifier qu'elle avait bien entendu. Il la regardait. Pas de doute, il lui avait bien posé cette question. Pourquoi l'armée ?

- Et bien... il y a plusieurs raisons je crois. Tout d'abord, je ne souhaite pas me marier. Enfin si... Peut-être... Un jour, j'aimerais bien... je crois.