ÉVASION MASSIVE D'AZKABAN : LE MINISTÈRE CRAINT QUE BLACK SOIT « LE POINT DE RALLIEMENT » D'ANCIENS MANGEMORTS.
« Le ministère de la Magie a annoncé tard dans la nuit qu'une évasion massive avait eu lieu à Azkaban.
Recevant les reporters dans son bureau privé, Cornélius Fudge, ministre de la Magie, a confirmé que dix prisonniers sous haute surveillance s'étaient évadés hier en début de soirée et qu'il avait déjà informé le Premier Ministre moldu du caractère dangereux de ces individus.
« Nous nous trouvons malheureusement dans la même situation qu'il y a deux ans et demi, au moment de l'évasion de Sirius Black, l'assassin bien connu, nous a déclaré Fudge. Nous pensons d'ailleurs que ces deux affaires ne sont pas sans rapport. Une évasion de cette ampleur laisse supposer l'existence d'un concours extérieur et il faut savoir que Black, qui est la première personne à s'être jamais échappée d'Azkaban, serait idéalement placé pour aider d'autres détenus à suivre ses traces. Il nous semble très probable que ces individus, parmi lesquels figure Bellatrix Lestrange, une cousine de Black, se sont rassemblés autour de Black lui-même qu'ils considèrent comme leur chef. Nous faisons cependant tout ce qui est en notre pouvoir pour retrouver les criminels et nous demandons instamment à l'ensemble de la communauté magique de rester prudente et de manifester la plus grande vigilance. En aucun cas ces individus ne doivent être approchés. »
Andromeda referma l'exemplaire de la Gazette dont elle venait de lire la une et soupira.
- Je n'arrive pas à croire que Sirius soit encore considéré comme un criminel, dit-elle. C'est évident qu'il n'a jamais commis ces crimes ! Je ne sais pas qui en est l'auteur, mais ce n'est certainement pas lui !
- Je suis d'accord, mais que veux-tu ? Fudge ne croit même pas au retour de Tu-Sais-Qui, alors il ne va pas s'amuser à accorder un second procès à Sirius.
Andromeda regarda sa fille, qui était avachie sur un fauteuil en osier.
- Et Bellatrix... après toutes ces années... je n'ose même pas imaginer ce qu'elle va faire. Si Tu-Sais-Qui est vraiment revenu, elle ne va pas tarder à reprendre ses anciennes activités, dit-elle l'air grave.
- Et bien, cette fois, je serai là pour l'arrêter, répondit Nymphadora en bombant le torse.
- Il est hors de question que tu t'approches de cette femme, rétorqua la mère d'un air menaçant.
- Maman... c'est bon. Je suis auror maintenant, j'ai réussi ma formation. Alastor dit que je suis douée, et que j'enverrai sûrement plus de bandits à Azkaban que lui.
- C'est ça, dit Andromeda avec un sourire sarcastique. Tu n'as pas idée de ce que peux faire ma... de ce que peux faire Bellatrix. Elle n'a aucune pitié, aucune conscience morale. Elle tuerait sa propre mère si son Maître lui en donnait l'ordre. Crois-moi, elle n'hésitera pas une seule seconde à t'éliminer si tu lui fais obstacle.
- Et si je ne le fais pas, mère, qui le fera ?
- Un autre larbin du Ministère, dit Andromeda en toisant sa fille.
Nymphadora leva les yeux au ciel.
- Arrête un peu avec ton mépris, souffla la fille dont les cheveux viraient au rouge. Tu ne vas pas m'empêcher d'œuvrer pour la paix et la liberté. Il est hors de question que je reste les bras croisés alors que mes amis se battent contre les Forces du Mal.
- Et il est hors de question que ma fille perde la vie alors que quelqu'un d'autre peut faire cela à sa place, siffla Andromeda en se redressant.
Nymphadora bondit de son siège et regarda sa mère droit dans les yeux.
- Je ne suis plus une gamine, maman. J'ai vingt-deux ans, je suis une sorcière talentueuse, même si je suis la femme la plus maladroite du monde à tes yeux. Il est grand temps que tu arrêtes de jouer les mères protectrices. Moi, je ne resterai pas inactive comme tu l'as été.
- Nymphadora, je t'interdis de me parler sur ce ton, gronda Andromeda en se levant à son tour.
- Rooh tu m'énerves ! finit par exploser la fille. Et ne m'appelles pas Nymphadora !
Andromeda regarda la jeune Tonks quitter la pièce en fulminant. La petite avait bien grandi, et la mère avait beau l'aimer plus que tout au monde, il arrivait que leurs caractères bien trempés entre en collision quelques fois. Il est vrai que mère et fille avaient eu des vies bien différentes. Andromeda avait été élevée parmi les Vingt-Huit Sacrés, par Druella et Cygnus Black, deux sorciers issus de longues lignées de sang pur. Elle avait choisi de quitter sa famille pour vouer sa vie à sa fille et à son époux né moldu. Elle n'avait jamais, cependant, prit part dans le combat qui opposait les Forces du Mal et le reste. Nymphadora, elle, désirait faire de sa vie un combat permanent contre l'injustice. En cinquième année, elle savait déjà qu'elle voulait être auror. En quittant Poudlard, elle s'était empressée de commencer sa formation, et avait été diplômée de justesse trois ans plus tard. Alastor Maugrey l'avait prise sous son aile, et la voilà qui intégrait désormais l'Ordre du Phénix, alors que le plus dangereux mage noir de tous les temps gagnait jour après jour du pouvoir.
Après tout ce qu'elle avait sacrifié pour le bien-être de sa fille, Andromeda craignait qu'on ne la lui arrache. Pire encore, elle redoutait que ce fusse sa propre sœur qui assassine la prunelle de ses yeux. Andromeda le savait, Bellatrix Lestrange tenait une rancœur tenace contre sa sœur cadette, et éliminer l'enfant au sang-mêlé qu'elle avait eu avec Teddy serait un délice suprême pour la redoutable mangemort. En voulant sauver des innocents, Nymphadora, plus que quiconque, se jetait dans la gueule du loup.
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Bellatrix referma le journal et lança un regard curieux à Narcissa.
- Sirius Black, un dangereux criminel ? dit-elle avec un sourire. Bien fait pour lui. Tant mieux pour nous.
- Oui. Il vaut mieux qu'ils continuent d'ignorer le retour du Seigneur des Ténèbres, répondit la blonde l'air grave. S'ils pensent que Sirius est derrière tout cela, c'est une bonne chose.
- Hmm.
Bellatrix se leva d'un coup et alla regarder à la fenêtre. Dehors, un épais manteau de neige recouvrait le jardin des Malefoy. Narcissa la rejoint en silence, et les deux sœurs restèrent côte à côte, proches et distantes à la fois. C'était comme si elles avaient toujours été ainsi. Narcissa, du coin de l'œil, observa Bellatrix.
À travers les dommages causés par son temps à Azkaban, elle pouvait toujours voir chez sa sœur ce qui faisait sa beauté. Bellatrix avait toujours le même nez légèrement retroussé, les mêmes pommettes hautes et saillantes. Elle avait les mêmes grands yeux noirs, les mêmes cils de velours. Elle avait les mêmes lèvres pleines, et la même mâchoire ciselée. Ses boucles étaient abimées, mais sa chevelure massive continuait de lui donner son charme si spécial.
- Te rappelles-tu de Draco ? demanda Narcissa d'une voix douce.
- Oui, Cissy. Je me rappelle de ton fils.
- Tu avais dit qu'il finirait gâté et dans la quête perpétuelle de notre approbation, à Lucius et à moi.
- Et ? Avais-je tort ?
- ...pas entièrement. Mais c'est un garçon adorable. Il n'a juste pas énormément confiance en lui, malgré ce qu'il tente de montrer. Il est en totale admiration devant son père et...
- et il a l'allure noble de sa mère ? la coupa Bellatrix avec un sourire en coin.
Narcissa se contenta de sourire.
- Il sera là, dit-elle. Pour les vacances de Pâques, il reviendra au Manoir. Il est en cinquième année maintenant. À Serpentard, tu t'en doutes. Un des meilleurs de sa maison. Il est attrapeur, et très populaire. Il est ami avec les fils Crabbe et Goyle, et aussi avec la petite Parkinson.
- Parkinson ? La fille de Protheus ?
- Oui, celle-là. Elle s'appelle Pansy. Sa mère est une Flint, Romilda, tu te souviens ?... Lucius et moi n'avons pas arrangé d'union pour Draco, mais nous espérons qu'il se tournera vers la petite Pansy.
- Hmm.
Bellatrix ne paraissait pas très intéressée par la conversation. À son regard perdu, on devinait qu'elle avait la tête ailleurs. Narcissa le comprit, et jugea qu'il était temps d'accorder un peu de solitude à sa sœur. Sans dire un mot, elle s'effaça.
La mangemort resta longtemps debout devant la fenêtre, à contempler le paysage enneigé. Il lui semblait que son cœur était vide désormais. La présence de sa sœur ne l'apaisait plus de la même manière qu'avant. C'était comme si Narcissa était une étrangère à présent. Tout était identique ici, et pourtant les choses avaient tant changé. Le temps avait volé à Bellatrix tant de choses que la seule pensée de cela lui donnait le vertige. Treize ans à Azkaban. Tout cela pour quoi ? Les sangs de bourbe se baladaient encore en toute liberté dans les rues du monde magique, et les sorciers continuaient de se reproduire avec des moldus. Puis Harry Potter, le garçon qui avait causé la disparition de Lord Voldemort... ce sale sang-mêlé était encore en vie.
La brune songea à Rodulphus et Rabastan, qui avaient trouvé refuge chez Antonin Dolohov. Malgré leurs longs mois de cavale ensemble, les deux époux ne s'étaient jamais vraiment adressé la parole à nouveau. Bellatrix avait toujours refusé d'entendre ce que Rodulphus avait à lui dire. De toute façon, leur mariage était voué à l'échec depuis le début. Elle avait toujours aimé un autre.
La brune ignorait si le Seigneur des Ténèbres poserait un jour les yeux sur elle, de la même façon qu'il le faisait avant sa terrible chute. Bellatrix se trouvait repoussante maintenant, et doutait fortement que quiconque puisse un jour la désirer à nouveau. Elle n'avait plus aucune forme féminine, et ne voyait pas grande différence entre son apparence actuelle et celle des prostituées de l'Allée des Embrumes.
Alors qu'elle était perdue dans ses pensées, un raclement de gorge la fit sursauter, et elle fit volte-face, baguette à la main.
- Du calme, prévint Lucius en lui lançant un regard consterné.
Bellatrix baissa sa baguette et toisa l'homme avec dédain.
- Qu'est-ce que tu veux, Malefoy ? demanda sèchement la sorcière.
- Je voulais juste te faire part de quelques règles à suivre pendant ton séjour au Ma...
- Des règles ? répéta Bellatrix en riant. Garde tes règles pour tes elfes de maison inexistant, Lucius. Ce n'est pas à toi que j'obéis.
Sans lui laisser le temps de répondre, Bellatrix lui passa devant et se dirigea vers les escaliers. En voulant gagner sa chambre, elle remarqua un mouvement au fond du couloir. Intriguée, elle s'en approcha à pas prudents. À mesure qu'elle réduisait la distance, elle parvenait à distinguer la chose qu'elle avait vue bouger. C'était le même serpent qu'elle avait vu la veille, celui qui semblait toujours suivre le Seigneur des Ténèbres. Quand elle réalisa cela, elle voulu faire demi-tour sur la pointe des pieds, mais une voix aigüe derrière la porte entrebâillée appela son nom.
Le cœur pulsant contre les parois de sa poitrine, Bellatrix entra. Elle devina immédiatement qu'il s'agissait là de la suite de son Maître, car c'était la plus riche qu'il lui eut été de voir dans ce Manoir.
Le Seigneur des Ténèbres était assis dans un immense fauteuil, se tenant avec majesté, et caressant le serpent du bout des doigts.
- Approche, Bella, dit-il dans ce qui ressemblait à un sifflement.
La mangemort obéit, et marcha jusqu'à son Maître.
- Je crois savoir que tu es intriguée par mon amie, hmm ? dit le mage noir en fixant Bellatrix de ses yeux vermeils.
- Je...je ne l'avais jamais vue avant, mon Seigneur, balbutia la brune.
- Hmm... Nagini m'est apparue alors que tous mes serviteurs m'avaient tourné le dos... Elle est...importante.
- Utile... murmura Bellatrix.
Voldemort sembla lever un sourcil.
- Je disais qu'elle devait être utile.
Le mage noir eut un sourire imperceptible, et Bellatrix sut pourquoi. Il y a des années, il avait dit à Bellatrix qu'elle lui était utile, de la même façon qu'il avait dit que Nagini était importante. Tout à coup, le serpent se mit à siffler. À la plus grande surprise de Bellatrix, Voldemort lui répondit dans un sifflement similaire. Bouche-bée, la sorcière observa l'échange avec stupéfaction.
- Étrange, dit Lord Voldemort en regardant Bellatrix de haut en bas. Nagini semble t'apprécier.
- Vous... êtes-vous fourchelangue, Maître ? demanda la mangemort les yeux écarquillés.
- Je suis le descendant de Salazar Serpentard, Bella, répondit laconiquement Lord Voldemort.
- Bien sûr, bien sûr, balbutia Bellatrix. Et... où avez-vous trouvé...Nagini ?
- C'est une longue histoire.
Bellatrix ne bougea pas. Elle attendait la suite.
- Disons simplement que Nagini est apparue au bon moment, dit le mage noir. Après l'incident à Godric's Hollow, j'ai dû me réfugier loin de toute civilisation humaine. Je me suis longtemps abrité dans les forêts d'Albanie, dépourvu de corps, ne survivant qu'en me nourrissant d'animaux... Avant que Queudver ne me retrouve, j'ai croisé la route de Nagini. Elle m'a beaucoup appris... et elle est désormais d'une importance primordiale pour moi.
Lord Voldemort était étrange. Il parlait de Nagini comme s'il parlait d'une humaine. Tout ce qu'elle trouva à répondre à son Maître fut :
- D'accord.
Le Seigneur des Ténèbres resta impassible, et son regard balaya Bellatrix dans toute sa forme.
- Tu as changé.
La sorcière se sentit soudainement consciencieuse, et tenta maladroitement de cacher son corps décharné avec ses bras fins. Voldemort esquissa un sourire et secoua doucement la tête.
- Inutile de te préoccuper de ton apparence, dit-il d'une voix froide. Ton enveloppe charnelle n'est pas ce qui importe, Bella. Ce qui importe, c'est ta capacité à tuer. Tu es un soldat, pas une courtisane.
La mangemort se sentit stupide, et ses joues prirent une couleur pourpre.
- Je suis capable de tuer, comme je l'ai fait des dizaines de fois pour vous, Maître.
- C'est ce que nous verrons...
- Dois-je comprendre que je reprends du service ? demanda Bellatrix avec un sourire sombre.
Lord Voldemort resta impassible, mais ses yeux brillaient d'une lueur étrange lorsqu'il regarda son meilleur lieutenant.
- Oui, Bellatrix. Tu reprends du service.