Sans grande conviction, je donne mon parchemin sur cette maudite Métamorphose moléculaire au Professeur Bloom qui me regarde de ses yeux de glace. Effie est ravie, elle a vraiment beaucoup travaillé sur ce devoir et elle a évidemment tout compris sur les spécificités de la magie sur les particules. Elle en parle beaucoup depuis ce matin. Roxanne a insinué qu'elle trompait son frère avec le prof de Métamorphose pour être aussi enthousiaste mais Effie n'a fait que secouer la tête en essayant de lui faire des croches pattes. Fred, refusant d'intervenir pour défendre l'une ou l'autre, n'a rien dit. Et moi, j'ai fait mine que tout allait bien. Pour l'instant, j'arrive à me débrouiller pour ne pas attirer l'attention sur moi. Je ne veux pas plus de questions embarrassantes. J'ai eu ma dose et j'ai déjà bien suffisamment à penser sans devoir en plus chercher encore de nouvelles excuses pour ne pas y répondre.
En sortant du cours, j'ai croisé le regard de Léon. Ça m'a fait froid dans le dos. Il est plus désagréable que d'habitude. Je crois bien que j'ai grillé toutes mes chances pour voir un jour ses abdos. Quel dommage. Ce qui m'embête plus, en revanche, c'est que Halloween se rapproche et que ce ne sera pas drôle à préparer avec un Léon qui veut me tuer. En même temps, avec un Léon coupable d'avoir agressé Kiran, ça n'aurait pas été très amusant non plus.
On se dirige vers les cachots pour aller en cours de Potion. Roxanne parle fort en imitant Effie qui rend sa copie en faisant les yeux doux au Professeur. Effie, outrée et très amusée, essaye de convaincre Fred de faire taire sa sœur. Elles font un joyeux bazar. Léna me fait un sourire en se mettant à ma hauteur.
« Ça va, Molly ? En ce moment, je te sens un peu absente.
– Ouais, je suis un peu tracassée mais ça passera.
– C'est encore cette histoire d'agression ? »
Je hoche la tête, ne sachant pas vraiment comment lui expliquer pourquoi ça me perturbait autant. Elle a l'air de comprendre et ne dit rien ne plus à ce sujet. Elle regarde les trois devants qui font les idiots avec un léger froncement de sourcil.
Quand on arrive devant la porte de la salle du cours de Potion, j'aperçois Shanna Ackernon qui discute avec le Poufsouffle qu'elle a invité à notre table. Ça me donne envie de rire. Je cherche Lysander des yeux, pour aller l'embêter avec ça mais il discute avec Dorian Smith alors je me ravise.
Installée juste en face de la Serdaigle insupportable que visiblement Lysander a aimé, je me sens définitivement seule. Scott est à l'autre bout de la salle, comme il le fait depuis que l'on est plus ensemble. J'ai beau avoir Eugénie à mes côtés, je sens que je ne vais pas réussir à apprécier les deux heures qui vont suivre. Je préfère autant la Métamorphose moléculaire.
Madame Griffith passe entre les rangs pour voir si le mélange qu'on a fait la semaine dernière avait bien évolué. Elle s'arrête devant mon chaudron pour l'observer quelques instants. Elle dit simplement :
« N'oubliez pas les cristaux de pierre de lune, Miss Weasley. Je vois que vous n'en avez pas sur votre plan de table alors que vous en aurez besoin dans cinq minutes.
– Je vais en chercher. »
Elle hoche la tête, les mains derrière le dos et passe au chaudron de Shanna qu'elle inspecte rapidement. Sous le regard méprisant d'Ackernon, je soupire et me dirige vers l'armoire à ingrédients au fond de la salle. Je reste immobile devant, un moment, à oublier un peu ce que je faisais là, avant de trouver enfin les cristaux de pierre de lune et d'en prendre en quantité suffisante.
Soudain, je sens quelqu'un à côté de moi. Un frisson me parcourt, c'est Scott Reeve. Quelle audace aujourd'hui. Je réprime un sourire las en faisant un mouvement de recul mais il me donne un discret coup de coude. Je fronce les sourcils avant d'apercevoir un bout de papier dans sa main. Merlin, je ne m'y attendais pas. Il me redonne un petit coup nerveux. Mes doigts effleurent les siens alors que j'attrape son morceau de parchemin, je le glisse dans ma poche en revenant vers ma table. J'ai une terrible envie de savoir ce qu'il y a dessus mais je résiste à l'envie de l'ouvrir maintenant car Shanna m'observe pour voir si ma potion ne va pas exploser aujourd'hui. Je fais de mon mieux pour m'appliquer pour qu'elle ne fasse aucun commentaire désagréable sur la couleur de ma potion qui n'est pas de la teinte exacte.
La fin du cours retentit, après avoir lavé d'un coup de baguette ma table et mon chaudron, je me précipite pour sortir des cachots et remonter à l'air libre. Je marche un peu pour trouver un endroit où il n'y a pas trop de monde. Je m'installe sur un petit banc dans une cour intérieure et sors le papier de ma poche. J'espère qu'il ne me décevra pas.
Molly, il est temps qu'on parle. Rejoins-moi à 20h dans la Salle des Trophées.
C'est bref mais ça a le mérite d'être efficace. Ça me redonne presque même un peu le sourire. Comment Scott Reeve peut-il encore me faire sourire ? Je reformule. L'idée de pouvoir lui parler, ou de l'interroger, sans être dérangé par ses fidèles amis convaincus de faire le bien, me rend un peu le sourire. Je vais peut-être pouvoir en savoir plus. Il a dû se dire que j'avais raison depuis le début et qu'il doit en effet me donner toutes ses informations aussi vite que possible. J'espère qu'il ne va pas me sortir le même baratin que d'habitude parce que j'en ai sacrément marre de lui. Je me sens obligée de mentir sur tout ce qui peut le concerner. Je devenue complètement paranoïaque à force. Je vois des complots partout. J'accuse tout le monde.
Il est temps qu'on parle, il a raison. Il est temps que ça se termine. Je n'en peux vraiment plus.
Je soupire profondément avant de me lever et de ranger précautionneusement le bout de parchemin dans ma poche. J'allais partir pour aller manger quand une voix m'interpelle :
« Hé, Weasley ! Molly, attends ! »
Je me tourne lentement vers Côme Selwyn qui m'adresse un petit sourire. Il est moins convaincant que d'habitude, ce sourire. Je fronce les sourcils.
« Oui ? Qu'est-ce que tu veux ?
– C'est vrai que tu soupçonnes un Serpentard d'avoir agressé la petite Gryffondor ? »
Je me fige. Merlin, je ne m'attendais pas à ça. Je soupire à nouveau. Je ne sais pas pourquoi il me pose la question, en quoi ça pourrait l'intéresser et surtout s'il est aussi fâché contre moi que Léon. Je dis finalement :
« C'est possible. Pourquoi ? C'est Léon qui t'a dit ça ?
– Ouais. Et il y a une chose que je ne comprends pas, Weasley ... La dernière fois, c'est ma sœur qui a été agressée. Tu vois, elle est à Serpentard.
– Qu'est-ce que tu sous-entends là ? Côme, si tu crois que je te soupçonne, ce n'est pas le cas. Je ne fais que des suppositions, rien de plus.
– Le problème, c'est que tu m'avais dit que tu m'aiderais à comprendre ce qu'il est arrivé à Astrid et que visiblement, tu préfères t'intéresser aux affaires des Gryffondors. »
Je me mords la lèvre. Il n'a pas tort sur un point. Je ne lui ai jamais parlé de ce que je sais sur les Salvateurs et sur Astrid. Je ne l'ai en aucun cas aidé à comprendre alors qu'il m'a donné la lettre d'Astrid et qu'il s'est vraiment investi pour sa petite sœur. Merlin que je comprends sa frustration. Je ferme les yeux pour réfléchir à ce que je peux lui répondre sans risque.
« Ce n'est pas ça, Selwyn. Ça n'a rien à voir avec les maisons. C'est qu'Astrid a été agressée à l'extérieur de Poudlard et que Kiran l'a été à quelques mètres de moi. Dans un cas, je ne peux pas faire grand-chose et dans l'autre j'ai peut-être les moyens de trouver des preuves. Est-ce que tu peux honnêtement me le reprocher ?
– Et donc tu ne sais rien du tout sur ce qui est arrivé à Astrid ? Ça n'a pas de rapport avec la lettre que je t'ai donné et dont je n'ai pas revu la couleur ? »
J'ouvre la bouche pour dire quelque chose puis me ravise. Je préfère regarder un peu mes pieds. La lettre. Merlin de lettre. Je n'en ai même pas parlé à mon père et Minerva. Tout ça pour protéger Scott. Ou me protéger moi. Je ne sais même plus. Je prends une grande inspiration.
« Non, je n'en sais rien. Mon père est venu à Poudlard pour enquêter et il a refusé de me dire la moindre chose. Je ne sais pas ce qu'il a pu trouver, je ne ... Je ne peux plus faire grand-chose.
– Ton père ? Pourquoi ton père ?
– Parce qu'il est Directeur du département de la Justice Magique, j'imagine. Je ne sais pas vraiment, McGonagall a dû penser qu'il était qualifié pour ça, je n'ai pas posé la question.
– Mais ... C'est la fois où ton père a hurlé sur Scott en plein milieu du Hall. Quel est le rapport avec ma sœur ?
– Aucun. Pourquoi y aurait-il un rapport avec Reeve ? Non, mon père a juste pété un câble en me voyant avec lui. »
Je fixe Côme dans les yeux, en évitant tout geste parasite ou embarrassé. Mentir avec aplomb, surtout ne pas montrer le moindre signe suspect. Scott n'a aucun rapport avec Astrid. Aucun. Je retiens presque ma respiration jusqu'à ce que Côme soupire en passant une main dans ses cheveux.
« Je suis désolé, Weasley. Je sais que tu fais de ton mieux mais ça me tue de ne rien savoir. Et Astrid refuse de me dire quoique ce soit. Je suis un peu perdu, tu vois ... J'essaye juste de comprendre.
– Je sais bien. Tu n'as pas besoin de te justifier. C'est tout à fait légitime de ta part. Et si tu veux m'en parler, à n'importe quel moment, je suis là. Tu en as parlé à quelqu'un d'autre de la lettre, des problèmes d'Astrid ?
– Un peu avec Léon mais il pense que c'est juste une passade d'adolescente et qu'elle finira par se ranger assez rapidement. Au moins, toi, tu avais l'air de prendre ça au sérieux. »
Il ajoute ça en me regardant avec un mélange d'espoir et de peine. Je hoche la tête en esquissant un petit sourire rassurant. Puis il me salue et me laisse seule au milieu de cette cour vide. Merlin. Je déteste les conséquences qui me reviennent dans la figure comme ça. Je déteste mentir aux gens alors qu'ils ont raison et sont bien intentionnés. Je crois que je préfère largement affronter les méchants.
Quand vingt heures sonne, je suis déjà dans la salle des trophées. J'attends Scott. Il n'a rien de l'apparence du méchant et c'est peut-être en ça qu'il est d'autant plus dangereux. Il entre dans la salle en prenant bien soin de fermer la porte derrière lui. Il a l'air apeuré en s'approchant de moi.
« Salut, désolé si tu as attendu un peu, j'ai dû persuader Dorian que je pouvais m'en sortir seul.
– Tu te rends compte de l'absurdité de la situation ? Tu mens quand même à tes amis pour me voir alors que c'est précisément ce qu'ils veulent empêcher. Pourquoi tu ne leur dis pas que ce n'est pas moi le danger ?
– Je ... Peu importe, Molly, il faut que je te parle de quelque chose de plus important. »
Je hausse un sourcil interrogateur. Dire les choses n'a jamais dû être simple pour Scott Reeve. Mentir est tellement plus facile, éviter les questions embarrassantes. C'est un spécialiste pour ça. Mais pour le coup, ça m'arrangerait qu'il ait une once d'honnêteté parfois.
« Vas-y, parle, Reeve. Je vais pas attendre toute la soirée !
– Ils m'ont recontacté. »
Ah, ça m'intéresse. Je m'assois sur le rebord d'une table où sont exposés des trophées de Quidditch que je pousse un peu négligemment. Ils ont recontacté Scott et il m'en parle. Où est l'arnaque ? Quel est le piège ? Ce n'est pas comme ça que ça se passe normalement.
« Et ? Scott, ne me dis pas ça comme ça avant de te taire, bon sang !
– Je crois que c'est bien eux qui ont agressé Kiran.
– Quelle surprise ! Qui précisément ? Comment s'y sont-ils pris ?
– Je n'en sais rien, Molly ! Tu crois vraiment qu'ils me disent tout ? Ils se méfient de moi, maintenant, ils doivent se douter de quelque chose. »
Scott tremble légèrement. Il essaye de cacher son agitation en croisant les bras mais son regard ne trompe pas. Il est horrifié. De ce qu'il pourrait se passer, de ce qu'il s'est déjà passé. Merlin, je tente le tout pour le tout, je ne peux pas laisser passer cette chance.
« Et qu'est-ce qu'ils t'ont dit exactement ? Tu as reçu une lettre ou quelque chose comme ça ?
– Je ne l'ai pas là, je n'aime pas me balader avec ça sur moi. Mais ils m'ont donné une sorte de nouvelle mission, ajoute-t-il en évitant mon regard noir.
– Une mission ? De quel ordre ? Merlin, sois plus précis, Reeve ! »
Il lève ses yeux vers moi pour les plonger dans les miens. Un frisson me parcourt, je redescends de ma table pour me mettre à sa hauteur. Je ne sais pas quoi faire. Il a l'air d'un chaton que l'on a trop embêté et qui tremble de peur dans un coin.
« Scott, chuchoté-je, quelle mission ?
– Ils veulent que je récupère plusieurs choses dans le château pour eux. Sinon, ils ... Ils le feront encore.
– Ils feront quoi ?
– Ce sera à Halloween. Il y aura une nouvelle victime si je ne fais pas tout ce qu'ils veulent. Molly, dit-il dans un souffle, ça pourrait être n'importe qui. Je ... Je ne peux pas les laisser faire ça. Il faut que tu m'aides. »
Je soupire. Merlin. Je ferme les yeux pour échapper au regard insistant de Scott. Merlin. Ce regard est un piège, Molly, tu ne peux pas tomber dedans, tu ne peux pas y croire une nouvelle fois. Une nouvelle agression à Halloween, ça ne sent pas bon du tout.
« Non, on ne peut pas les laisser faire, en effet. C'est quel genre de chose ?
– Ils ne m'ont pas encore donné les détails. Ma théorie est qu'ils veulent me faire peur un maximum pour que je reste sous leur contrôle. Et ce qui m'énerve le plus, c'est que ça risque de marcher. Je ne veux pas risquer la vie de quelqu'un. Pas après ce qui est arrivé à Kiran. Et ça pourrait tomber sur quelqu'un qui ... Sur un innocent, un première année, un ami, toi ... »
Il me regarde quelques secondes avant de détourner les yeux, embarrassé. Je le vois déglutir, il ne sait vraiment pas quoi faire de tout ça. Ses yeux se brouillent peut-être même un peu alors qu'il se retourne pour poser ses mains sur une des tables. Il a les yeux rivés vers des plaques dorées mais ne les regarde pas. Ses dents attaquent sa lèvre nerveusement.
Je souffle profondément. Je ne sais pas quoi faire. Je n'ai pas l'habitude de gérer ce genre de choses. Avec un peu d'hésitation, je pose ma main sur son épaule. Ça le fait tressaillir légèrement.
« Comment veux-tu que je t'aide ? Scott, il faut peut-être que tu en parles à McGonagall.
– Non, fait-il en se redressant d'un coup. Si j'en parle à McGonagall, ils le sauront. Ils se doutent déjà de quelque chose, Molly ! Tu es la seule à qui je peux en parler sans que ce ne soit trop suspect.
– Et si je vais lui en parler, moi ?
– Ne fais pas ça. »
Il me regarde avec horreur et recule de quelques pas. Il secoue la tête. Je me retiens de soupirer trop fort mais je sens une forte gêne dans la poitrine.
« Tu ne peux pas me demander de t'aider, Reeve. Tu n'as pas le droit de faire ça.
– Ce n'est pas moi que tu aides, murmure-t-il en faisant à nouveau un pas vers moi. C'est une personne que tu sauves. Tu as parlé avec Kiran, non ? Elle allait comment ? Tu penses vraiment qu'avoir d'autres Kiran serait ...
– La ferme, sifflé-je. Merlin, Scott, arrête ! »
Je le regarde, les yeux embrumés et le souffle court. Il a son merlin de regard suppliant. C'est si efficace ! Bon sang, je ne peux pas le laisser continuer ou je vais exploser.
« C'est eux que l'on aiderait ! Arrête d'essayer de m'embrouiller, Scott, je vois très bien ce que tu essayes de faire ! Je ne peux pas t'aider à les aider. Tu ne peux pas me demander de devenir complice de ça !
– Mais dis-moi ce que j'essaye de faire, enfin ! Je fais quoi à ton avis ? Molly, je veux juste que tu m'écoutes !
– Non ! »
Mon cri est parti tout seul. Je me prends la tête dans les mains. Ma respiration est irrégulière. J'entends les paroles de mon père, sa lettre, ses mots. Je sais que je ne peux pas participer à ce que je voudrais détruire. Je ne peux pas renforcer l'ennemi. Je ne peux pas lui donner plus de force qu'il n'en a déjà. C'est un jeu trop dangereux. Scott tente de poser sa main sur mon avant-bras. Je le repousse d'un geste brusque.
« Merlin, Scott, lâche-moi. Je ne vais pas t'aider. Je veux bien essayer de te protéger mais, là, c'est trop pour moi. Je ne peux ... Je ne veux pas leurs donner des armes contre nous. Tu comprends ? »
Il soupire en me tournant le dos, certainement pour que je ne voie pas dans ses yeux la déception et les larmes de colère. Je lève les miens au ciel. Merlin, je sais que j'ai raison. Il ne pourra pas me faire changer d'avis. Je vais rester campée sur mes positions. Peu importe quel discours il pourra trouver pour m'influencer. Mais il ne dit rien de plus et avance d'un pas déterminé vers la porte. Je porte ma main à ma bouche pour me ronger nerveusement les ongles. Merlin, je n'ai pas envie que ma seule occasion de lui parler et d'en savoir plus se termine comme ça. Cependant, si je le rattrape avant qu'il ne s'en aille, je lui laisse certainement l'occasion de me faire plier et je détesterai ça. Je n'ai d'ailleurs pas besoin de le faire, il s'arrête juste devant la porte. Je le vois hésiter avant de me lancer un regard douloureux.
« Je suis désolé, je n'aurais pas dû te demander ça. Je vais me débrouiller seul. Parce que je ne veux pas porter la responsabilité de blesser quelqu'un. Je sais que ça risque de les avantager mais si je n'essaye pas de les en empêcher, Molly, je m'en voudrais toute ma vie. »
Je le regarde un instant avant de détourner les yeux. Merlin, je tremble et j'ai beau essayer de garder des appuis fermes, je sens que tout vacille à l'intérieur de moi.
« Je ne te comprends pas vraiment, Molly, ajoute-t-il lentement. Soit tu veux des informations et que je t'aide à pouvoir les démasquer, soit tu préfères rester en dehors de tout ça et ne pas savoir quels sont les vrais problèmes derrière. Tu ne peux pas vouloir les deux. »
Il prend une grande inspiration avant de poser la main sur la poignée de la porte. Je me mords la lèvre, incapable de le regarder en face. Dans un sens, il a raison. Je veux qu'il me donne les informations sans me mouiller, sans l'aider s'il prend des risques. C'est très égoïste de ma part. Mais j'ai si peur qu'il se serve de moi, que ses paroles ne soient que des illusions. J'entends la porte claquer quand il part enfin. Merlin, c'est comme une gifle. Ça déclenche soudain un torrent de larmes silencieuses sur mes joues.
C'est un dilemme insoluble. Je voudrais courir après Scott pour lui dire qu'il a raison et que, moi non plus, je ne pourrais pas vivre en sachant qu'on aurait pu sauver quelqu'un et qu'on n'a rien fait. Rien qu'à l'idée que le laisser seul dans ce problème risque d'empirer son isolement et ajouter à son ressentiment, j'ai envie de rattraper et de lui dire qu'on peut peut-être agir ensemble. Mais je ne peux pas, mes pieds sont comme cloués au sol. J'essuie frénétiquement les larmes du bout de ma manche. Si je rejoins Scott maintenant, il aura gagné, les Salvateurs auront ce qu'ils veulent. Je ne peux pas.
***
J'espère que vous allez bien et que ce dernier chapitre vous a plu, n'hésitez pas à me le faire savoir ! Et passez voir le supplément si vous n'y êtes pas déjà allé, il y a quelques petites choses qui vous intéresseront peut-être ^^
Bisous !