Sale, voilà, je l'ai dit. Je suis sale, c'est comme ça que je me sens. J'avais envie que Blake me touche, puis j'ai paniqué.
Des flashs sont venus se mettre entre nous. J'ai cru que j'étais de nouveau dans son centre, qu'il allait faire ce qu'il avait envie de moi. J'ai cru que... Jai cru que s'en était fini de moi. Il a commencé à me toucher, et j'ai ressenti comme un soupçon de plaisir.
Pas celui que je ressens quand je suis avec Sexy Connard, mais un léger bien être, malgré l'entrave, malgré son poids sur moi. Aussi loin que remontent mes souvenirs, ce sont ces sensations qui me frappent de plein fouet. Je ne me sens pas en droit d'être touchée par lui. Je suis sale et même si ce que je ressens pour Blake est fort et indéfectible, je ne peux y mettre des mots.
Il m'a salie par ses paroles, par ses gestes et cette chose qu'il a injectée dans mon organisme. Tous les mots que mon compagnon peut prononcer, ne font pas le poids avec ceux qui me hantent.
Je ne peux y voir clair, impossible, je suis plongée dans des ténèbres qui ne font que m'engloutir plus. Alors, je repousse ceux qui tiennent à moi. Cassandre, mes parents. Tel un funambule, je me balance sur un fil en équilibre instable. Mes pensées, toutes plus sombres que les autres m'entrainent dans un monde encore plus sombre, et ce sont ses ombres qui m'ont poussé à ces actes peu glorieux. Le verre, tout d'abord , et cette sensation de bien-être fugace, puis cette fracture que j'ai volontairement induite entre Cass et moi. Toutes ces pensées, je les garde pour moi, tout en repoussant mon entourage, sauf un, sauf lui
-Parle-moi, me dit-il une fois de plus. Ne t'enferme pas ! Tu n'es pas sale. Ce qu'il t'a fait, ce qui t'est arrivé, ne définit pas ce que tu es.
-Tu... Tu as tout lu, je n'ai rien à te dire ! Lui dis-je dans un réflexe d'autoprotection. Tu ne t'es pas gêné. Laisse-moi ! Je ne suis pas une œuvre de charité à laquelle on donne de son temps et de son argent pour soulager sa conscience.
Aussitôt que j'ai prononcé ces mots, un blanc se fait sentir entre nous. Je ne veux entrainer personne dans ma chute et si pour ça, il doit y avoir des dommages collatéraux, je n'hésiterai pas. Je ne suis bien pour personne, pas même pour moi. J'ignore cependant pourquoi lui s'accroche .
Aucun cri, aucun mot ne sort, pourtant la tension entre nous est à son paroxysme. L'air crépite entre nous, s'il pouvait y avoir des étincelles, je suis sûre qu'elles seraient puissantes.
Une prise ferme vient se faire autour de mes poignets et me tire de telle façon que je me retrouve à genoux sur le lit. Mon corps aussi mou qu'une poupée de chiffon se laisse malmener. C'est d'une voix ferme et posée, qu'il commence à s'exprimer . Il s'agit d'une intonation que j'ai déjà entendue et qui fait résonner quelque chose en moi, comme une corde, une ficelle sur laquelle on tire et qui dicte à mon subconscient quoi faire.
Alors, que je suis toujours à genoux, les jambes ouvertes dans une position pas franchement confortable, je sens le matelas devant moi s'affaisser. Inconsciemment, je me redresse pour faire face à celui à qui je dois de me trouver dans cette posture.
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Blake
Je me laisse choir sur le matelas face à elle, complètement perdu. Ces paroles, me déchirent, d'autant qu'elles sont fausses.
Non, je ne connais pas tout d'elle, même si j'ai eu accès à des morceaux de son être le plus profond à travers mes lectures, mes découvertes, ce ne sont que des reflets de ce qu'elle est vraiment. Tout comme, elle ne me connaît pas vraiment.
Je sens qu'il faut que je m'ouvre , que je lui avoue ce qui me pèse. Il le faut, parce qu'au fond de moi, je repousse moi aussi ce que je suis vraiment. Je ne suis plus complet depuis cette terrible nuit. Cet homme que je peine à repousser, veut ressurgir. Ce même homme qui répugne à regarder ce que je suis devenu. Ce connard qui collectionne, qui collectionnait les jolis petits culs et les jetait comme un kleenex. Ce même pauvre type qui pouvait passer des heures à boire, à se détruire incapable d'arrêter un cercle infernal de culpabilité.
Au final, quand je fais mon introspection, mon moi le plus profond, donne raison à la seule personne qui m'a toujours soutenu.
À cet instant précis, tout ce que Brent a subi par ma faute ses dernières années me frappe de plein fouet. Je prends seulement maintenant conscience que tout ce qu'il a pu me dire par le passé et surtout ces derniers temps, nest que raison.
Il faut que je m'ouvre à ce bout de femme qui me fait face. Sans ça, je ne pourrais pas être celui qui lui faut pour son salut, et le mien. Je prends conscience qu'il faut que je laisse revenir celui que jétais pour qu'il puisse exister ce nous.
Inspirant profondément, je décide d'aller jusqu'au bout et me lance. Cet être faible qui se réfugie dans une vie de débauche sans queue ni tête doit disparaître. C'est, les mains tremblantes, que je prends à nouveau celle de ma rouquine et que je les place comme elles doivent l'être selon moi. Pas le long de son corps, ni dans son dos. Avant cela, je donne une position à ses jambes qui lui apporteront plus de confort, puis j'enchaîne avec ses mains que je dispose à plat sur ses cuisses.
Cette dernière qui s'était déjà redressée avant même d'avoir été placée dans la bonne posture, se laisse faire et se redresse plus encore. Son attitude me procure tout un tas d'émotions sur lesquelles je ne souhaite pas me pencher pour l'instant . Pour pouvoir redevenir ce mec digne de ce nom et non plus la lopette pour laquelle je passe aux yeux de beaucoup, je dois passer ce cap.
-Tu n'es pas sale, lui dis-je à nouveau. Tu ne l'es pas, et tu n'es aucunement en droit de penser ça. Ce sont les faibles qui le pensent et tu ne l'es pas. Non, redresse-toi, je lui ordonne quand je vois qu'elle commence à se tasser. Je t'interdis de bouger ! Tu m'entends ?
-Je...
-Ce n'est pas une réponse que je te demande !
-Je...
-Non ! On va parler toi et moi. Enfin surtout moi, toi tu as déjà parlé, on sait ce que ça donne. Alors, pour une fois, tu vas te taire et écouter ce que je vais à te dire. Je t'interdis de m'interrompre.
Je laisse un court laps de temps à Sibylle pour voir si elle va se rebeller comme elle a l'habitude de le faire. Le message semble avoir atteint sa cible. La voyant trembler et baisser le menton, je me rapproche d'elle , et de mes genoux, j'encadre les siens, puis lui relève le menton de façon à ce que nos regards s'affrontent .
Je n'ai jamais imposé à mes soumises de baisser le regard quand je leur parlais. Les yeux sont le miroir de l'âme , même si malheureusement, ils ne me seront d'aucune utilité. Je vais devoir faire appel à mon instinct et en ma capacité à pouvoir lire le langage du corps humain.
-Ce que je vais te dire, seule une personne en a connaissance, et ça changera la donne entre nous. Peut-être pas comme je l'imagine ou que tu l'imagines . Noublie pas, et j'insiste bien dessus, que ça ne changera rien pour ce que je ressens pour toi. Tu m'as accusé de tout savoir de toi, d'avoir tout lu. Quoique tu t'imagines de ma réaction saches que c'est faux, et ce que tu sais de moi aujourd'hui n'est pas tout à fait ce que je suis. Je repousse, enfoui depuis un moment le vrai moi. Ce que tu as vécu, fait remonter à la surface celui que j'étais avant. Celui qui a besoin de prendre soin de sa partenaire, celui qui se sent la responsable de sa sécurité, et ce sur tous les plans.
Depuis quelques années, je ne suis que l'ombre de moi-même. Cette œuvre que tu as chez toi, celle que tu aimes tant a été faite par le moi d'avant , celui que je veux redevenir, pas ce connard que tu trouves sexy. Oui, je sais comment tu mappelles, pas la peine de te raidir. Parce que je le suis ce gars-là, pourtant ce n'est pas le vrai Blake. Tout comme, tu n'es qu'en partie toi, je l'ai compris parce que ta douleur, parle à la mienne. Je suis un dominant Sibylle, comme Brent, et ce depuis de nombreuses années. J'ai mis cette partie de côté car ma dernière soumise avec qui j'avais rompu, s'est suicidée. Je m'en suis longtemps voulu et m'en veux encore. Je ne lui ai jamais fait de mal, seulement elle voulait toujours aller plus loin, et je ne voulais pas. Je ne lui convenais plus. Et puis un soir, elle m'a appelé, comme elle le faisait souvent depuis notre rupture et elle a menacé de se foutre en l'air . Ce soir-là, avec Brent nous étions à une exposition, et je l'ai envoyé promener. Nous avions rompu depuis plusieurs semaines et je l'avais dirigée vers dominant.
Bref, le lendemain, j'ai reçu un appel de la police me demandant de venir identifier un corps. J'étais la dernière personne à avoir été en contact avec elle. Sa menace n'était pas finalement une menace en l'air . Je l'ai appris bien plus tard, elle avait prémédité son coup. Bianca était une personne instable, et je n'avais rien vu aveuglé par sa beauté et sa facilité à entrer dans le rôle de soumise.
Mais ça c'était avant, je ne suis plus le même, mais je ne suis pas non plus ce type, cet enfoiré qui a passé son temps à te rembarrer, ce connard à la dérive. Tout ça grâce à toi.
Maintenant, je vais te laisser un instant réfléchir, à ce que je t'ai dit, à ce que je veux pour nous, car je veux un nous, au fait de savoir si tu te sens de faire confiance ou non. Mais saches, que quoi tu dises, fasse ou pense, je ne te lâche pas.