Chapitre 28

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Blake

Sybille s'est assoupie dans mes bras. Après ce qu'elle a vécu aujourd'hui, et ce quelle garde enfoui en elle depuis des années, je ne suis pas surpris que son corps lâche.

Je comprends un peu mieux sa façon d'être . Son inconscient est gouverné par ces blessures qu'elle se traîne. À un moment, l'esprit et le corps ont besoin de s'abandonner . Peu importe comment d'ailleurs .

Lorsque j'étais Dom, il m'est arrivé de pousser une soumise, voir un soumis à extérioriser sous les coups de fouet, ce qui le ou la tourmentait. Que Carotte se soit épanchée, est une marque de confiance inestimable. Même si, ce qu'elle m'a a dit, est dur à entendre, c'est aussi ce qui a fait d'elle cette femme si forte.

Lorsque je la regarde, je vois une femme qui se protège, qui dresse des murs entre elle et ceux qui l approchent . Mon instinct me dit qu'elle tire sa force de sa fragilité. Je sais, que c'est assez paradoxal de penser ça. C'est ce qui fait d'elle , ce qu'elle est à ce jour. Elle sait souffler le feu, me rendre les coups tout autant qu'elle sait réveiller mon instinct protecteur, que ma nature dominante.

Ce sacré bout de femme, à moitié endormi contre moi, me terrorise. J'ai le sentiment de revivre, de sortir de ce cycle auto destructeur dans lequel je m'abîme. Et en même temps, j'ai peur de m'y brûler les ailes.

Carotte a ce pouvoir sur moi, et comme un con, je reviens sans cesse. Ce qui partait comme une petite aventure, prend une dimension autre. Je ne cesse de penser à nos rencontres, à cette relation que nous entretenons, à ce que c'est en train de devenir. Sommes-nous des sex-friends ? Sommes-nous seulement amis d'ailleurs , ou sommes-nous plus que ça ?

Toujours est-il, que durant ce mois, je me suis vu plonger vers mes abymes et j'ai dû lutter pour ne pas partir en vrille. Seul, le souvenir de ce que nous partagions avec elle m'a permis de ne pas tomber plus encore. Et alors, que je suis là avec son corps chaud contre moi, je me rends compte que je me sens apaisé.

J'en suis là dans mes réflexions, quand un ronflement me ramène à la réalité. Je dois être complètement barge pour trouver ça mignon. La pauvre est crevée de sa journée. J'hésite un instant à la réveiller et rentrer chez moi. Tant pis pour la conversation que j'espérais que nous aurions.

La simple idée de partir me tord l'estomac . Jai peur qu'en reprenant ses esprits, elle refuse tout bonnement de me revoir. L'autre option me parait plus envisageable, mais tout autant risquée.

Ma décision est vite prise, je me lève le plus doucement possible du canapé et délicatement je la soulève dans mes bras.

Son corps chaud contre ma poitrine, je me dirige silencieusement vers sa chambre. Sybille me semble plus légère que la dernière fois où nous nous sommes vus et je n'aime pas particulièrement ça.

La chambre de la jeune est telle que dans mes souvenirs, et un flash de nos derniers ébats s'abat sur moi. J'aimerai chasser cette vision de mon esprit, mais impossible avec elle dans mes bras.

Une fois posée sur le lit, je vois cette dernière se recroqueviller. Ayant peur qu'elle ait froid, je tire sur elle le drap qui gît au pied du lit l'en recouvre. Je reste un court instant à l'observer , une ride creuse son front comme si elle était tendue jusque dans son sommeil. Silencieusement, je m'apprête à sortir de la chambre quand une petite voix se fait entendre.

–Reste s'il te plait.

–Je ne m'en vais pas, je lui réponds doucement. Je serai à côté.

–Ne me laisse pas seule, me dit-elle encore sa main se tendant vers moi.

Ni une, ni deux, je me rapproche du lit et m'assois au bord avant de prendre sa main. Cette dernière est glacée, tremblante et lorsque je croise le regard de Sybille, je me sens pousser une envie de la protéger d'une puissance.

Through their shadowsWhere stories live. Discover now