Chapitre 56

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Sale, voilà, je l'ai dit. Je suis sale, c'est comme ça que je me sens. J'avais envie que Blake me touche, puis j'ai paniqué.

Des flashs sont venus se mettre entre nous. J'ai cru que j'étais de nouveau dans son centre, qu'il allait faire ce qu'il avait envie de moi. J'ai cru que... Jai cru que s'en était fini de moi. Il a commencé à me toucher, et j'ai ressenti comme un soupçon de plaisir.

Pas celui que je ressens quand je suis avec Sexy Connard, mais un léger bien être, malgré l'entrave, malgré son poids sur moi. Aussi loin que remontent mes souvenirs, ce sont ces sensations qui me frappent de plein fouet. Je ne me sens pas en droit d'être touchée par lui. Je suis sale et même si ce que je ressens pour Blake est fort et indéfectible, je ne peux y mettre des mots.

Il m'a salie par ses paroles, par ses gestes et cette chose qu'il a injectée dans mon organisme. Tous les mots que mon compagnon peut prononcer, ne font pas le poids avec ceux qui me hantent.

Je ne peux y voir clair, impossible, je suis plongée dans des ténèbres qui ne font que m'engloutir plus. Alors, je repousse ceux qui tiennent à moi. Cassandre, mes parents. Tel un funambule, je me balance sur un fil en équilibre instable. Mes pensées, toutes plus sombres que les autres m'entrainent dans un monde encore plus sombre, et ce sont ses ombres qui m'ont poussé à ces actes peu glorieux. Le verre, tout d'abord , et cette sensation de bien-être fugace, puis cette fracture que j'ai volontairement induite entre Cass et moi. Toutes ces pensées, je les garde pour moi, tout en repoussant mon entourage, sauf un, sauf lui

-Parle-moi, me dit-il une fois de plus. Ne t'enferme pas ! Tu n'es pas sale. Ce qu'il t'a fait, ce qui t'est arrivé, ne définit pas ce que tu es.

-Tu... Tu as tout lu, je n'ai rien à te dire ! Lui dis-je dans un réflexe d'autoprotection. Tu ne t'es pas gêné. Laisse-moi ! Je ne suis pas une œuvre de charité à laquelle on donne de son temps et de son argent pour soulager sa conscience.

Aussitôt que j'ai prononcé ces mots, un blanc se fait sentir entre nous. Je ne veux entrainer personne dans ma chute et si pour ça, il doit y avoir des dommages collatéraux, je n'hésiterai pas. Je ne suis bien pour personne, pas même pour moi. J'ignore cependant pourquoi lui s'accroche .

Aucun cri, aucun mot ne sort, pourtant la tension entre nous est à son paroxysme. L'air crépite entre nous, s'il pouvait y avoir des étincelles, je suis sûre qu'elles seraient puissantes.

Une prise ferme vient se faire autour de mes poignets et me tire de telle façon que je me retrouve à genoux sur le lit. Mon corps aussi mou qu'une poupée de chiffon se laisse malmener. C'est d'une voix ferme et posée, qu'il commence à s'exprimer . Il s'agit d'une intonation que j'ai déjà entendue et qui fait résonner quelque chose en moi, comme une corde, une ficelle sur laquelle on tire et qui dicte à mon subconscient quoi faire.

Alors, que je suis toujours à genoux, les jambes ouvertes dans une position pas franchement confortable, je sens le matelas devant moi s'affaisser. Inconsciemment, je me redresse pour faire face à celui à qui je dois de me trouver dans cette posture.

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Blake

Je me laisse choir sur le matelas face à elle, complètement perdu. Ces paroles, me déchirent, d'autant qu'elles sont fausses.

Non, je ne connais pas tout d'elle, même si j'ai eu accès à des morceaux de son être le plus profond à travers mes lectures, mes découvertes, ce ne sont que des reflets de ce qu'elle est vraiment. Tout comme, elle ne me connaît pas vraiment.

Je sens qu'il faut que je m'ouvre , que je lui avoue ce qui me pèse. Il le faut, parce qu'au fond de moi, je repousse moi aussi ce que je suis vraiment. Je ne suis plus complet depuis cette terrible nuit. Cet homme que je peine à repousser, veut ressurgir. Ce même homme qui répugne à regarder ce que je suis devenu. Ce connard qui collectionne, qui collectionnait les jolis petits culs et les jetait comme un kleenex. Ce même pauvre type qui pouvait passer des heures à boire, à se détruire incapable d'arrêter un cercle infernal de culpabilité.

Through their shadowsWhere stories live. Discover now