Le sourire de Vili reflétait toute sa folie au moment où il déclencha le tir pour achever ce frère qui n'avait fait que l'utiliser. Odin tenta de se redresser un peu maladroitement, bien qu'il avait comprit qu'il ne pourrait pas l'éviter. Ce monstre avait gagné. Asgard allait sombrer et il en serait responsable ! Depuis le temps, il aurait dû comprendre que la menace venait de se frère rongé par la folie, il aurait dû mieux protéger les siens, son royaume, son fils qu'il retenait captif et à l'agonie quelque part. Toutefois, tous ses regrets n'avaient plus d'importance, il allait mourir, là, plus rien ne pourrait le sauver.
Pourtant, au moment du tir, ce ne fut pas lui qui fut frapper par la violente attaque, mais une ombre qui se jeta devant lui. Du sang l'aspergea et le Père-de-Toute-Chose eut juste le temps de tendre les bras pour recevoir le corps de Fandral qui s'écroula en avant en gémissant. Il le rattrapa et se laissa tomber à genoux, faisant reposer la tête du guerrier doucement sur son épaule. Ses doigts glissèrent à sa nuque sans même qu'il y pense pour le soutenir.
- Fandral !
- Ne restez pas là mon Roi, hoqueta ce dernier en crachotant du sang.
Dans ses bras, il le sentit trembler et s'affaisser contre lui, perdant connaissance avant même qu'il eut le temps de lui répondre. Odin frémit, inquiet pour le jeune guerrier qui venait de sacrifier sa vie pour le sauver et le serra doucement contre lui pour compresser sa blessure. En face de lui, le menaçant toujours, Vili ricana sur un ton de plus en plus fou.
- La loyauté de tes guerriers m'amuse.
- Il est clair que tu ne t'embarrasses pas de ce genre de choses mon frère !
- Mais toi c'est parce que tu les maintiens dans l'ignorance mon frère. Tous ces hommes qui combattent pour ta grandeur, ils ne savent pas quel genre de monstre tu es réellement.
- Je ne vois qu'un seul monstre ici.
- Moi ? Allons, ce n'est pas bien prudent de menacer celui qui tient une arme braquée sur toi !
Odin sembla ne pas prendre en compte la menace de son adversaire. Quelle importance sa vie ? Il y avait une chose bien plus préoccupante qui tournait dans son esprit.
- Qu'as-tu fais de mon fils ?
- Ton fils ? Je crois qu'il s'est enfui du champ de bataille, répliqua Vili pendant que des démons arbres entouraient Odin.
- Ne joue pas à ça ! Où est Loki ?
- Ah ! Tu veux dire ton animal de compagnie ? Ne me dis pas que tu es vraiment inquiet pour le sort que j'ai réservé à cette bête ? Cela ne te ressemble pas. Tu n'es pas réputé pour ta grandeur d'âme, mais bon, puisque tu veux savoir, eh bien, je suis désolé. Vois-tu, j'ai bien peur que tu ne puisses pas le sacrifier pour ton plan, je m'en suis chargé !
Les mots de Vili frappèrent Odin plus violemment que pouvait le faire le feu de Gungnir. Un froid immense l'envahit. Sacrifier ? Ses mains, qui compressaient la blessure de Fandral, inconscient, mais toujours en vie dans ses bras, se mirent à trembler. Sacrifier ? Odin releva la tête, soudainement frappé par l'aura verte et les veines brillantes des démons-arbres qui étaient en train de l'entourer... Sacrifier ? Ce n'était pas possible. Il ne pouvait pas avoir été aussi aveugle. Son enfant ne pouvait pas avoir été tué par ce monstre sans qu'il ne ressente rien, sans qu'il ne le sache ou qu'il ne s'en aperçoive. Pire, Odin savait que Loki n'avait pas réapparu au palais depuis presque quatre jours, mais il ne s'était pas inquiété plus que cela et son cœur se brisa. Comment il avait pu ne pas s'inquiéter ? Comment il avait pu croire qu'il voulait juste prendre du recul le temps de faire le point sur tout ce qu'il avait vécu ces derniers temps ? C'était son enfant... et il ne l'avait pas protégé... encore une fois, une fois de trop.
- Oh ? C'est vraiment de la douleur que je perçois ? S'étonna Vili. Oui, ça y ressemble... Bon, je peux le comprendre, on peut s'attacher à un singe savant qui fait des tours pour vous distraire !
- Je t'interdis de continuer à parler de lui de cette façon.
- Tu ne peux plus rien m'interdire ! Lança Vili furieux en brandissant Gungnir. Mais ne t'en fais pas, tu vas bientôt le rejoindre dans la mort.
Odin lui adressa un regard rempli de haine.
- J'aurais dû vérifier moi-même que tu ne respirais plus.
Vili sourit.
- Oui, il y a tant de choses que tu aurais dû faire ! Répliqua Vili, prenant quelques secondes avant d'ajouter. Comme protéger ton fils, si tu le vois réellement comme tel. Quel piètre père tu fais !
Odin frémit de rage et aurait sans doute bondit pour le prendre à la gorge, s'il ne devait pas prendre soin de Fandral, dont il sentait la respiration laborieuse et les muscles noués par la douleur.
Vili attendit qu'il lui saute dessus, mais comprit qu'il ne le ferait sans doute pas. Alors, d'un geste de la tête, il ordonna aux deux démons arbres dans son dos de le saisir. Odin tenta de se débattre en protestant pendant qu'on le forçait à lâcher le corps de Fandral qui roula au sol. Ses yeux se posèrent sur la ville en flammes, sur les habitants paniqués et sur les soldats débordés par des ennemis de plus en plus nombreux.
- Alors dis-moi, devrais-je tuer tout le monde ?
- Tu es fou !
Frémissant de rage, Vili lança un sort d'attaque qui frappa violemment Odin, incapable de se défendre. Le Père-de-Toute-Chose laissa échapper un glapissement de douleur et s'écroula inerte entre les mains ses ennemis. Vili laissa un sourire fou réapparaître sur son visage.
- Non ! Je suis le Roi maintenant.
Puis, il se tourna vers deux arbres démons un peu plus grands que les autres.
- Enfermez mon frère et tous les combattants dans les cachots. Rassemblez les habitants pour qu'ils prêtent allégeance et... laissez brûler la ville.
* * *
La forêt était de plus en plus sombre et sinistre. Le bruit des combats s'était éloigné avant de s'éteindre et Thor avait ressenti une violente boule au ventre. Il n'était pas dans ses habitudes de fuir un combat et il espéra que ses amis arriveraient à tenir face à la menace. Il aurait aimé être avec eux pour les aider, mais il y avait aussi son frère, là, quelque part, en train d'agoniser lentement depuis presque quatre jours et il devait le retrouver avant qu'il ne soit trop tard. Sans même réellement s'en rendre compte, le jeune homme adressa une prière aux Nornes, une prière pour le laisser le retrouver en vie. Il refusait de le perdre de cette façon. Il refusait qu'il meure en se croyant abandonné et oublié par tous. Il n'aurait jamais dû se lancer dans la traque de ces trolls. Sa place aurait été ici, aux côtés de son petit frère qui se sentait si déboussolé qu'il avait décidé d'attaquer Vili seul, une dernière fois, et qui avait perdu. Pourquoi Thor avait l'impression de ne jamais être là quand Loki avait besoin de lui ? De ne jamais comprendre ce dont son frère avait vraiment besoin ? Thor frémit et redressa la tête. Ce n'était pas le moment de penser à tout ça. Pour l'heure, il devait juste le retrouver le plus rapidement possible.
Leur mère marchait en tête, se laissant guider par le sort qu'elle avait arraché au livre. Elle ne sentait pas son fils, ce qui continuer de lui nouer le cœur, mais elle sentait sa magie. Cependant, ce n'était pas une bonne chose. Plus celle-ci semblait se répandre entre les arbres, plus elle était terrifiée, car elle savait que son agonie ne durerai plus longtemps. Dans son dos, elle perçut un soupir poussé par Thor et se retourna dans sa direction.
- Tu es inquiet pour tes amis ?
- Pas seulement mais oui. Nous devons le retrouver rapidement que je puisse repartir au combat.
- Cela n'est pas si facile. L'arbre-tombeau que je sens est encore loin au cœur de la forêt.
- Loki arrive à se téléporter, non ?
La reine sourit.
- Loki a si soif d'apprendre qu'il m'a dépassée. Les sorts qu'on ne pratique pas pendant longtemps se perdent. Dépêchons.
Thor hocha la tête. Oui, ils devaient se dépêcher !
* * *
Se moquant totalement de son état, un démon arbre jeta sans ménagement le corps de Fandral, toujours inconscient, dans une des cellules du donjon où se trouvait déjà un groupe d'Asgardiens prisonniers. La barrière énergétique de la cellule se remit et une femme courut au chevet du guerrier toujours inerte. Une femme âgée qui passa délicatement ses mains sous lui pour l'installer dans ses bras.
- Fandral ?
Contrairement à ce qu'elle pensait, elle le sentit frémir et un léger murmure s'échapper de ses lèvres.
- Erdaa ?
- Oui, doucement. Je suis là, lui répondit la guérisseuse en caressant doucement ses cheveux. Je vais m'occuper de toi.
Une autre silhouette traversa le groupe de prisonnier pour rejoindre la vieille guérisseuse. C'était Sif. Son bras droit était recouvert de sang et un long sillon rouge était visible sur sa joue, prouvant que la guerrière avait tout fait pour défendre la cité avant de tomber elle aussi aux mains de leurs ennemis.
- Fandral.
Erdaa redressa la tête.
- Son état est grave. Tu vas m'aider à le soigner.
* * *
Vili exultait pendant qu'il montait les marches menant au trône de Roi d'Asgard. Il avait attendu ce moment depuis si longtemps ! Enfin après toutes ses années à guérir, à ruminer sa vengeance, à devenir plus fort, après cette première tentative ratée à cause de la volonté de ce prétendu deuxième prince, il avait enfin réussi. Un frisson d'excitation le fit trembler doucement et ses doigts se resserrèrent sur Gungnir. Il les avait tous vaincus. Il était enfin Roi !
Dans un geste un peu trop théâtralisé, il se retourna pour faire face au peuple amassé par les démons arbres dans la salle. Les gens l'observaient en pleurant, de la terreur non feinte sur leurs visages. Parfait ! Faire régner la terreur était une méthode efficace pour éviter les rebelles. Il écarta sa longue cape jaune et se laissa tomber assis sur le trône. Son sourire se fit plus grand pendant qu'il balaya du regard les gens devant lui.
Les démons arbres avaient aussi ramenés plusieurs guerriers fait prisonniers qu'ils avaient forcés à se mettre à genou devant le trône. Parmi eux se trouvaient Volstagg et Hogun. Séparés de leurs compagnons pendant la bataille, les deux avaient dû se rendre et se demandaient bien où pouvait se trouver Fandral, Sif et Thor. Ils avaient bien l'espoir qu'ils soient hors de danger, prêts à venir les aider, mais l'avenir leur semblait bien sombre.
Par les fenêtres du palais, de la fumée noire s'élevait jusqu'au ciel, leur rappelant que toute la ville était en train de continuer à brûler.
Vili laissa son regard balayer chaque visage pour bien savourer sa victoire puis, il fit taire les murmures en frappant Gungnir sur le sol.
- Peuple d'Asgard. Je sais que ce jour restera gravé à jamais dans vos mémoires ! Vous pensez que c'est un jour maudit et bien détrompez-vous ! Vous viviez sans le savoir depuis trop longtemps sous le joug d'un assassin et d'un usurpateur ! J'étais sensé être votre Roi, mon père Bor ne voulait pas laisser la couronne à Odin mais celui-ci a voulu me tuer pour prendre mes pouvoirs et ma place. Aujourd'hui, j'ai enfin réussi à reprendre ma place et il va payer pour ses crimes. Demain, je mettrais à mort cet assassin. Pour l'heure, regardez-moi peuple d'Asgard ! Je suis Vili le grand et je suis votre Roi ! Soumettez-vous ou mourrez !
* * *
Avec la nuit qui était tombée, Thor devait bien admettre qu'il ne savait plus vraiment où il se trouvait. Il se contentait de suivre sa mère, qui semblait guidée par une force qui le dépassait, se demandant encore combien de temps il leur faudrait pour rejoindre l'arbre tombeau dans lequel son frère était retenu prisonnier. Le simple fait de se référer à cet arbre comme à un tombeau lui serrait la poitrine, le privant presque d'oxygène. C'étaient les morts qu'on déposait dans les tombeaux et il refusait que son frère ait perdu la vie sans qu'il ne le sache, loin de lui, loin de ses bras... Ce n'était pas possible, il ne pouvait pas être un si mauvais frère. Pourquoi il n'avait pas compris ? Pourquoi il l'avait abandonné ? Non, il refusait de le croire ! Son frère ne pouvait pas être mort !
Soudain, devant lui, sa mère se figea, le tirant brutalement de ses sombres réflexions. La reine se tourna vers son fils, une expression étrange et inquiétante sur le visage.
- Je crois que nous touchons au but, reste sur tes gardes. Je crains que nous ne soyons pas seuls.
Thor hocha la tête et resserra sa poigne sur le manche de Mjolnir. Peu importait ce qui les attendait. Il allait leur faire face et il allait leur faire payer. Frigga reprit sa route et traversa un buisson dont elle écarta les branches, débouchant dans une clairière sombre, mais magnifique. De grands arbres centenaires la bordaient et là, parmi ces derniers s'en trouvait un plus étrange que les autres ; avec des branches épaisses et tortueuses qui brillaient d'une lueur verte que les deux Asgardiens reconnurent instantanément.
Thor sursauta et voulut courir pour le rejoindre, mais des formes jaillirent de l'ombre. Des formes clairement inamicales qui poussèrent d'étranges grognements tout en se multipliant.
* * *
La cité continuait de brûler en quelques endroits. La foule avait été ramenée dans les décombres et les habitants se trouvaient maintenant sous la surveillance des démons arbres. Vili observait les manœuvres par l'une des fenêtres du palais. Il n'en revenait pas d'être enfin arrivé à ses fins. C'était un sentiment excitant et délicieux qu'il renforcerait bientôt en exécutant Odin et tous ses principaux capitaines. Il se réjouissait déjà du spectacle.
Des bruits de pas dans son dos lui firent tourner la tête. Un homme venait de pénétrer dans la pièce. Un homme auquel il sourit.
- Bragi ! Quelles nouvelles m'apportes-tu ? Les poches de résistance sont-elles matées ?
- Oui, jusqu'à la dernière votre Altesse, répondit le plus fidèles espion du Sorcier.
- Bien.
- Toute la ville est maintenant à nous, mon Roi. Plus personne ne s'oppose à votre grandeur.
- Parfait... Qu'en est-il de nos ennemis ? Avez-vous localisé la Reine Frigga et son fils ?
- Malheureusement non et ce ne sont pas les seules personnes qui nous manque, mon Roi ?
- Pas les seules ?Qui tente de nous échapper ?
* * *
Les grognements s'amplifièrent pendant que les formes menaçantes se firent de plus en plus nombreuses. Frigga lança un sort de lumière qui illumina la clairière et fit briller les crocs acérés de la cinquantaine de monstres au vague aspect de loup-garou croisé avec des reptiles qui était en train de les entourer.
- Des kranks. Fais attention à leurs griffes, elles sont tranchantes et empoisonnées.
- Ils n'auront pas le temps de s'en servir ! Répliqua Thor en passant à l'attaque le premier.
Les monstres rugirent et sautèrent sur lui, eux aussi. D'un coup de marteau, le jeune homme en fit reculer deux et explosa le crâne du troisième. Au moins, il savait que ces créatures-là n'étaient ni liées à l'arbre, ni à Loki. Il pouvait donc laisser éclater sa rage sur elles autant qu'il en avait envie et elle était brutale !
A côté de lui, Frigga fit apparaître une longue épée dans sa main et engagea elle aussi le combat. Ce n'était pas le moment de se faire submerger par ces viles créatures alors qu'ils étaient si près du but. Loki était là, à quelques mètres d'eux et elle sentait la magie quitter l'arbre tombeau de plus en plus, emportant avec elle le souffle de vie de son enfant qui s'étouffait un peu plus à chaque secondes.
Thor élimina deux gardiens kranks de plus et se rapprocha de sa mère. Elle n'avait pas l'air d'avoir besoin de lui pour la protéger, mais il préférait ne pas trop s'en éloigner. Leurs ennemis étaient sournois et dangereux, mais surtout ils étaient nombreux. Se faire déborder était encore possible. Il ne fallait pas qu'ils cèdent. Ils devaient atteindre cet arbre.
* * *
Assis sur le trône, Vili frémit et redressa la tête brusquement. Un combat avait commencé... Un combat dans un lieu qu'il avait pourtant tenu secret. Personne ne devait trouver cet endroit aussi vite, pas avant que sa source n'est offert en offrande tous ses pouvoirs !
- Non, ce n'est pas possible ! Cela ne sera pas !
Aussitôt, il bondit de son siège et leva les mains, se transformant en rapace nocturne avant de s'envoler par la fenêtre. Il ne laisserait personne lui contester la couronne qu'il venait de reprendre.
* * *
Les kranks semblaient toujours aussi nombreux malgré les corps qui s'entassaient aux pieds de la mère et du fils. Thor finissait par croire qu'ils étaient tout aussi ensorcelés que les arbres démons, pourtant aucune magie ne semblait les habiter. C'était juste des créatures assoiffées de sang qui faisaient tout leur possible pour les tuer. Du coin de l'œil, le jeune guerrier surveillait sa mère mais la reine était en train de leur rappeler qu'elle était l'une des guerrières les plus farouches de tout Vanaheim.
Elle tournoyait telle une déesse de la guerre, tranchant dans le corps de ses ennemis avec toute la rage et la détermination d'une mère voulant sauver son enfant. Elle amplifiait la force de ses coups grâce à la magie et, l'espace d'une fraction de seconde, Thor eut l'impression de combattre aux côtés de Loki tellement leurs techniques de combat étaient proches.
Toutefois, malgré toute la rage dont ils faisaient preuve, leurs ennemis les pressaient toujours autant et Thor se demanda s'ils allaient pouvoir tenir encore longtemps ce rythme.
* * *
Erdaa passa un linge qu'elle avait imbibé avec le peu d'eau qu'on leur avait donné pour le passer sur le visage de Fandral et humecter ses lèvres. La tête du guerrier reposait sur ses genoux et la fièvre qui commençait à le prendre n'était pas bon signe. La vieille guérisseuse se força pourtant à lui sourire.
- Comment tu te sens mon petit ?
Fandral grimaça.
- On a perdu ? articula-t-il avec difficultés.
- Pour le moment oui...
- Loki ?
Erdaa fronça les sourcils, ne comprenant pas réellement la question, mais Sif, qui revint vers eux à ce moment, s'agenouilla pour prendre la main de son ami qui s'agrippa à elle tout en répondant à sa place.
- Vili a dû le capturer. Les démons arbres sont vivants grâce à sa magie, mais plus on les détruit, plus ils renaissent fort et plus...
- Ils absorbent sa magie et donc ses forces vitales ? Finit la vieille femme. Il est prisonnier d'un arbre tombeau ?
- Thor et Frigga tentent de le localiser.
- Espérons qu'ils y parviennent, répondit la femme en posant son regard sur Fandral qui venait de fermer les yeux pour tenter de se reposer.
Son bandage de fortune était déjà imbibé de sang et elle savait qu'elle ne pourrait pas le faire tenir encore très longtemps.
* * *
Avec un cri de rage, Thor élimina un nouveau kranks, satisfait de voir enfin leurs rangs se clairsemer. Toutefois, il fallait qu'il reste sur ses gardes. Ils n'étaient pas tous hors d'état de nuire et la fatigue commençait à se faire ressentir. D'ailleurs, il manqua de vigilance une fraction de seconde et évita de justesse les griffes acérées de l'un de ses assaillants qui déchirèrent son épaulette. Thor le repoussa, reculant un peu trop précipitamment. Il perdit l'équilibre et bascula à la renverse sans parvenir à se rattraper. Dans un réflexe, il leva Mjolnir pour se protéger, mais fut surpris par l'éruption d'une ombre maniant une lourde épée, qui faucha d'un seul geste deux de ses adversaires avant de lui tendre la main.
- Debout mon Prince.
- Heimdall ? S'étonna Thor en acceptant son aide pour se redresser.
- J'ai vu que vous aviez besoin d'aide.
- Merci mon ami. Nous commencions à fatiguer.
Le gardien du Bifrost hocha la tête et se lança pleinement dans le combat à son tour.
Du coin de l'œil, Frigga repéra son arrivée et en profita pour rompre le contact et courir en direction de l'arbre tombeau. Au passage, elle trancha la main d'un kranks trop imprudent et en décapita un deuxième. Puis, elle accéléra et gagna l'arbre, posant sa main sur son tronc en hurlant.
- Loki !
Bien évidemment, aucune voix ne lui parvint, mais elle comprit qu'elle avait raison. Il était bien là, enfermé dans ce tronc et elle allait le libérer. Frigga leva son arme, prête à trancher l'écorce lorsqu'un vent violent traversa la clairière. Les kranks s'immobilisèrent, cessèrent le combat et se mirent à genoux. Dos à dos pour mieux combattre, Heimdall et Thor froncèrent les sourcils. Il était en train de se passer quelque chose et tout cela ne leur annonçait rien de bon. Les kranks ne craignaient personne, à part peut-être...
Un sinistre battement d'ailes se fit entendre et les deux guerriers levèrent la tête. Un grand rapace plana au-dessus de la clairière avant de se poser, reprenant la silhouette de Vili. Vili qui portait la couronne et Gungnir, leur faisant comprendre sans un mot qu'il avait vaincu. Thor frémit de rage. Si ce monstre avait fait quelque chose à son père, il n'aurait pas assez des Neuf Royaumes pour échapper à sa colère. Vili sembla ne pas en tenir compte et les observa en affichant un sourire fou et dérangé.
- Tiens ! Les voilà donc mes disparus. On peut dire que vous m'avez fait faire bien du souci, mais vous êtes tous là. C'est magnifique ! Rendez allégeance à votre Roi et j'épargnerai votre vie.
- Jamais ! S'exclama Thor pendant que Frigga se désintéressa du sorcier.
Elle allait éventrer cet arbre pour libérer son fils ! Mais Vili leva une main et lui lança en souriant.
- Je serais toi, je ne ferais pas ça !
- As-tu perdu l'esprit ? Tu crois vraiment que je vais te laisser te servir de mon fils comme d'une source de pouvoir ?
- Non, je me doute bien que cela n'est pas ton souhait, mais je sais que tu ne le feras pas.
- Et pourquoi donc ? Demanda la reine avec un air de défi.
- Parce que ton fils et l'arbre ne font qu'un maintenant, si tu le pourfends tu éventreras ton fils.