Tout le monde ne parle que de ça. Kiran Thomas, agressée, personne ne sait par qui, personne ne sait comment. La seule chose que tout le monde sait, c'est qu'elle a été retrouvée par Scott et moi-même. Et ça, forcément, ça excite les esprits, ça fait croire des choses fallacieuses. Je me suis faite interroger par un Gryffondor de cinquième année en sortant de mon dortoir, encore à demi-endormie. Il m'a dit qu'il connaissait bien Kiran et que si jamais j'avais quelque chose à voir avec son agression, il me le ferait regretter. Je l'ai envoyé balader. Je n'ai pas besoin de personnes qui me prennent pour une suspecte alors qu'il n'y a personne qui cherche la vérité comme je le fais.
Je suis passée la voir ce matin à l'Infirmerie. Elle dormait. Rose lisait tranquillement à côté et elle m'a juste adressé un petit regard froid. Elle ne m'a pas dit un mot. Comme si c'était de ma faute.
Dans le lit juste en face, dort Astrid Selwyn. Elle est encore là, un peu moins abîmée qu'avant. Je ne sais pas quand elle pourra sortir, ni ce qu'il se passera quand elle le fera. Mais peut-être que elle, c'est de ma faute s'il lui est arrivé autant de mal. A cause de la lettre interceptée, de Scott, de mon impossibilité à abandonner l'affaire.
L'agression de Kiran n'a peut-être rien à voir. Mais les voir l'une en face de l'autre, l'une innocente et l'autre certainement moins, je n'arrive pas à me dire que ce n'est qu'une coïncidence malheureuse. C'est trop étrange.
Je ne sais pas si Kiran a parlé, si elle a dit à McGonagall ou au Professeur Londubat qui l'avait agressée. Je n'en sais rien et j'ai peur qu'on ne me donne pas plus d'information que ça. Scott fait à nouveau tout son possible pour m'éviter. J'ai comme raté ma dernière chance. C'est tellement vexant de ne pas en savoir plus. Il va falloir que j'aille chercher l'information un peu plus profondément. Que j'y mette toutes mes tripes, que je m'acharne sur lui. Ce ne sera peut-être même pas suffisant mais, au moins, j'aurais fait tout mon possible.
« Molly, ton cousin est encore venu pour me parler de son concert d'Halloween. J'en ai un peu ma claque de lui. Il m'a parlé de négociations avec McGonagall, je n'ai pas trop compris, j'ai arrêté de l'écouter à un moment. Bref, tu peux pas t'en occuper ? »
J'ai jaugé Léon Wilkes du regard en haussant un sourcil. Est-il sérieux? Il pense vraiment que j'ai le temps de m'occuper ou même de m'intéresser à la soirée de James ? J'ai presque envie d'en rire mais je ne laisse échapper qu'un petit sourire faux.
« Car tu crois que, parce que c'est mon cousin, je suis responsable de lui ?
– Oui, dit-il en hochant la tête comme une évidence.
– Eh bien, non. Désolée. Si je participe aux négociations avec la directrice, tu le fais aussi. Hors de question qu'il n'y ait pas d'égalité. »
Il lève les yeux au ciel en gonflant les joues. Personne n'a le temps, ni l'envie, d'organiser une soirée d'Halloween. Ni lui, ni moi. On se regarde dans les yeux, pour essayer de convaincre l'autre. Il perd. On se dirige tous les deux d'un même pas, en silence, vers le bureau de la directrice. Ça m'arrange un peu, ça me donne une excuse pour la voir, peut-être même pour essayer de lui parler seule à seule et lui poser des questions sur Kiran. En chemin, il me dit :
« J'ai entendu dire que tu étais avec Scott sur les lieux de l'agression de la petite Thomas, hier.
– Et tu as un commentaire à faire là dessus, c'est ça ? Je t'en prie, vas-y, soupiré-je.
– Non, je trouve ça juste étrange comme il a l'air d'être mêlé à la plupart des trucs bizarres cette année alors qu'il s'est fait si discret pendant des années. »
J'aurais bien dit quelque chose mais je ne peux que me racler la gorge et tousser. Génial, Wilkes, merci ! Je m'étouffe presque alors que Léon me regarde avec des yeux suspicieux. Il se méfie de Scott, il n'est pas le seul. Mais il ne le saura pas.
« Il n'est pas mêlé à ça, il était juste au mauvais endroit au mauvais moment.
– Il a un don pour ça alors, commente Léon en haussant les épaules.
– Il était avec moi. D'accord ? C'est pour ça qu'il était là-bas en même temps que moi. Arrête de t'imaginer des trucs. »
Je n'arrête pas de donner des conseils que je ne suivrais pas, en ce moment. Faites ce que je dis, pas ce que je fais. Je ne sais même pas pourquoi j'essaye de défendre Scott. Léon me regarde, l'air sceptique, avant de hausser un sourcil et de dire :
« C'est marrant ça aussi, tu traînes toujours avec lui après tout ce qu'il a fait ?
– Je ne traîne pas avec lui, dis-je d'un ton buté. On s'est retrouvé à aller à la bibliothèque au même moment et on était dans le même couloir au moment de l'agression. Ce n'est pas de ma faute non plus, les couloirs sont à tout le monde.
– Je ne te demandais pas de te justifier autant. »
Il affiche son petit sourire satisfait. Merlin, il veut juste me tester, voir ce que je peux dire sur Scott, voir combien ça m'importe ce qu'il pense de lui et de moi. Je soupire. Tout ça me fatigue. J'aimerais bien que Scott ne soit pas mêlé à tout ça, qu'il soit resté discret toute l'année. Ça m'aurait évité plein d'ennuis.
On arrive devant le bureau de McGonagall, je croise le regard de Léon. Il sourit toujours bêtement alors que je le foudroie du regard. Quelle équipe de choc.
« Bonjour Monsieur Wilkes, Miss Weasley, qu'est-ce que je peux faire pour vous ? demande Minerva en nous invitant à entrer dans son bureau.
– C'est à propos d'Halloween, James nous a dit qu'il voulait préparer une nouvelle soirée concert. Et on voulait voir ce que vous en pensiez. »
Léon m'a envoyé un regard blasé. Je crois qu'il m'en veut de l'avoir traîné là alors qu'il va probablement ne servir à rien. Je regarde la directrice avec un sourire sage. Mais pourtant, elle soupire légèrement quand même, je ne comprends pas ce que j'ai pu faire de travers. Ça aurait dû être convaincant, quelques paroles bien placées, un sourire, des yeux gentils.
« Je ne sais pas, dit-elle en nous observant l'un et l'autre. Les derniers événements risquent de me contraindre à augmenter la sécurité dans le château. Il me semble compliqué, dans cette situation, d'organiser une telle soirée. Croyez-moi, j'apprécie ce genre d'événement, je trouve qu'ils améliorent l'entente entre les élèves, les fait sortir de leur zone de confort et leur permet de voir davantage de personnes d'autres maisons que s'ils restaient dans leur salle commune tous les soirs. Mais je ne veux surtout pas prendre de risque.
– Je comprends, dis-je en baissant les yeux, un peu déçue.
– Mais les élèves ont besoin aussi de distractions, Professeur, de quelque chose qui leur fait oublier l'inquiétude dans laquelle ils vivent. Je pense que des moments de décompression ne peuvent être que profitables. »
Je pince les lèvres pour me retenir de rire ou de sourire trop fort. Léon nous a placé un de ces arguments qui peut fonctionner. Mais il est face à McGonagall et on ne rigole pas avec elle. J'ajoute ma pierre à l'édifice.
« D'autant plus que ça ne nuira pas au travail, le lendemain, il n'y pas de cours. Il faut en profiter. Bien sûr, on n'oublie pas que la situation est complexe, on pourra même assurer nous-mêmes une partie de la surveillance, s'il le faut. »
Ses yeux se tournent lentement vers moi. Elle commence à hésiter, on est sur une bonne voie. Léon la fixe un peu anxieusement. Allez, Minerva, cède à la tentation de l'amusement. Je suis d'accord, au fond, pour dire que ça craint carrément de prendre le risque mais si on fait ça bien, il n'y aura pas de risque. Léon continue en en rajoutant une couche :
« Et s'il y a besoin, on arrête la soirée plus tôt, pour que chacun soit de retour dans son dortoir dans les meilleures conditions. S'il vous plaît, Professeur.
– Bien, dit-elle en nous regardant tour à tour. Vous pouvez dire à Monsieur Potter qu'il pourra faire un concert le soir d'Halloween, et après un petit buffet, on installera une piste de danse. Est-ce que ça vous conviendrait ?
– C'est vraiment parfait, réponds-je le plus vite possible.
– Je demanderai aux professeurs de patrouiller dans les couloirs pendant le temps du concert. Mais quand ce sera l'heure d'arrêter, je ne veux pas de plaintes, tout le monde retournera dans sa salle commune.
– Évidemment, fait Léon en hochant la tête. Par contre, est-ce qu'on pourra faire une soirée déguisée ? »
Je le regarde en ouvrant de grands yeux. Il n'est pas sérieux ? Des déguisements ? Mais on a quel âge ? Minerva a l'air de sourire à cette idée. Ça me fatigue. Elle n'était pas comme ça avant. Elle nous invite à sortir de son bureau rapidement. Léon ouvre la porte et la tient pour me laisser passer avant lui, poliment. C'est dommage d'être poli juste quand ce n'est vraiment pas nécessaire. Je lui adresse un petit regard désolé avant de demander à la directrice :
« Professeur, est-ce que je pourrais vous parler rapidement de quelque chose ?
– Faites donc, Molly, soupira Minerva en rehaussant ses lunettes sur son nez.
– Seule ? »
Elle comprend ce que je veux dire alors que je jette un coup d'œil à Léon qui a encore la main sur la poignée. Il soupire en secouant la tête. Il comprend lui aussi, malheureusement, il n'a pas l'air décidé à refermer cette Merlin de porte. Je plisse les yeux avant de les tourner à nouveau vers McGonagall qui hausse un sourcil. Ce jeu de regard est insupportable, elle sait parfaitement que je voudrais lui parler de l'agression de Kiran et de Scott. Il suffirait d'un mot pour que Wilkes dégage et que je puisse en savoir plus.
« Monsieur Wilkes, pouvez-vous nous laisser quelques instants ? »
Il m'envoie un regard suspicieux avant de sortir enfin, refermant la porte derrière lui. McGonagall laisse échapper un soupir avant de dire :
« J'imagine que vous voulez parler de l'incident d'hier ?
– Un incident ? C'est comme ça que vous appelez ça ? C'était une agression. Et ça semble tout à fait préoccupant. Que vous a dit Scott ? Parce que si vous voulez mon avis, les Salvateurs ne sont pas innocents dans l'histoire. Je ne sais pas encore quel est leur lien avec Kiran Thomas mais croyez-moi, je ...
– Monsieur Reeve m'a expliqué qu'il avait trouvé votre comportement dangereux et qu'il aurait préféré que vous respectiez la demande de votre père de ne plus le voir. Selon lui, de l'aide aurait pu être apportée plus rapidement à Miss Thomas. »
Reeve a dit ça ? Scott est allé dire à McGonagall que j'avais un comportement dangereux ? Moi ? Certes, parfois, je vis dangereusement. Mais Merlin, c'était de la prudence de ne pas le laisser seul. C'est lui qui a un comportement dangereux en se mêlant à des affaires de magie noire. Comment ose-t-il seulement dire ça de moi ? Je sens que je deviens toute rouge, je me retiens d'exploser tout à fait.
« Je suis restée auprès d'elle pour que l'agresseur ne revienne pas et qu'elle soit davantage en sécurité. Reeve peut bien m'accuser de ce qu'il veut, Professeur, vous savez que j'ai raison. Il y a quelque chose de louche dans cette affaire. Kiran a-t-elle dit quelque chose sur ce qu'il s'était passé ?
– Elle ne se souvient de rien d'autres que d'avoir voulu aller à la bibliothèque. Miss Weasley, j'aimerai que vous compreniez que ce n'est pas à vous de chercher. Contentez-vous d'organiser des événements sympathiques qui réjouiront vos camarades, n'intervenez pas dans des affaires qui vous dépassent et dépassent vos fonctions. »
Je lui adresse un regard noir. Je me sens comme poignardée dans le dos. Elle est mon alliée pourtant d'habitude. Je ne sais plus vraiment quoi faire sinon soupirer en râlant. Juste avant de sortir, je déclare tout de même :
« Je sais que Scott ou les Salvateurs ont quelque chose à voir avec l'agression. Si vous ne voulez pas vous y intéresser, je le ferais.
– Laissez-moi faire mon travail, Molly. Et concentrez-vous sur le vôtre, ajouta McGonagall avec l'air particulièrement sévère. Vous pouvez disposer.
– Vous savez que j'ai raison, Professeur. Méfiez-vous de Scott Reeve. »
La directrice agite sa baguette en direction de la porte qui s'ouvre pour m'inviter à sortir. Juste derrière, Wilkes est là et il semble attendre quelque chose. Ou plutôt, il devait être en train d'essayer d'écouter quelque chose. Je lui envoie des éclairs avec les yeux en rejoignant le couloir. Il ne fait que lever les siens au ciel en me suivant. Suspicieuse, j'essaye de voir ce qu'il aurait pu entendre. Il fait comme si de rien n'était, ce sale crétin.
« Ce n'est pas beau d'écouter aux portes, grogné-je en croisant les bras.
– J'étais curieux de savoir pourquoi tu disais de te méfier de Scott. Alors comme ça, tu ne le défends que quand ça t'arrange ? Qu'est-ce qu'il a bien pu faire ?
– Tu crois vraiment que je vais te répondre ? »
Il me considère du regard avant de hausser les épaules. Au moins, il aura essayé. Je secoue la tête en commençant à marcher. Je ne sais pas trop où je vais. J'aimerais trouver Scott, l'enfermer dans une salle vide et lui mettre ma baguette sous le nez pour le forcer à répondre à mes questions. Mais il fera tout pour m'éviter et les autres Poufsouffle ne vont pas apprécier que je leur tourne autour pour l'attraper. Et avec Wilkes qui me suit alors l'idée d'aller voir Scott se révèle encore plus mauvaise. Le Serpentard semble ne pas avoir compris que je ne voulais pas lui parler, et surtout pas de Scott. Il finit par me prendre le bras pour que je m'arrête. Chose insupportable, il m'oblige à me tourner pour lui faire face. Je glisse ma baguette jusqu'à son torse pour l'éloigner de moi gentiment.
« Merlin, Wilkes, je veux bien être patiente mais là, c'est trop. On s'est bien organisé pour Halloween, l'objectif est atteint. Laisse-moi tranquille à présent.
– Ce n'est jamais une bonne idée de rester seul face à ses démons. S'il y a la moindre chose, Molly, n'hésite pas à en parler.
– Je ne sais pas ce que tu t'imagines, Wilkes. Mais tu devrais arrêter tout de suite. »
Il me lâche en reculant d'un pas, levant les mains comme pour m'assurer que ses intentions étaient bonnes. Comment peut-il seulement croire que je voudrais me confier à lui ? C'est trop bizarre. Je fronce les sourcils. Qu'a-t-il entendu au juste ? Pourquoi a-t-il écouté à la porte ? Il s'en va, me laissant seule avec mes interrogations.
Tout me paraît suspect en ce moment. C'est qu'il y a d'abord eu Scott, puis Astrid, et maintenant Kiran. Tout devient de pire en pire et j'ai l'impression de ne rien comprendre, de ne pas voir les liens, qu'il me manque trop d'informations et que la moindre chose étrange pourrait être lié à ces fameux Salvateurs. Et en ce moment, les choses étranges ont l'air de se multiplier.
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Bonjour charmant lecteur, je sais, ça fait longtemps ...
Mais ne m'en voulez pas, je suis fort occupée par mes études et je préférerai écrire les aventures de Molly plutôt que de faire du latin mais voyez-vous, je n'ai pas tellement le choix !
En tout cas, merci si vous êtes encore là pour suivre les péripéties de Molly ^^
Passez voir le Supplément de temps en temps, j'y ai mis un petit test pour que vous sachiez de qui vous tomberiez complètement in love et je vous en prépare, pour vous faire patienter, un qui vous dira à quel personnage vous ressemblez le plus !
Bref, je vous fais des bisous et je vous souhaite une bonne rentrée :)