Odin frémit pendant qu'il ne quittait pas des yeux la lame du Nain qui pressait sur la gorge de son fils inconscient. Dans son dos, Vili ricana.
- Alors, qu'est-ce que tu choisis ? Tu sais ça ira vite. Il ne sentira presque rien ! Cela fait trop longtemps qu'il me nargue et survit à mes pièges.
- Parce qu'il est bien plus fort que tu le ne seras jamais.
- Ah oui ? Et qui est sur le point de se faire égorger ?
- C'est comme ça que tu comptes vaincre. Avec des méthodes aussi lâches ?
- Qui a été lâche ? Qui nous a abandonné à la merci d'une cohorte de démons du feu.
- Surtur avait été vaincu, vous vouliez pacifier ces terres !
- Non ! C'est faux ! Tu nous as désignés ! Et tu nous as abandonnés ! Et tu vas assister à la mort de ton fils comme j'ai vu mon frère se faire massacrer ! Tuez-le !
- Non ! Hurla Odin en faisant un pas en direction de Loki.
Mais le Nain esquissait déjà un geste. Il ne parviendrait pas à le rejoindre assez vite. Pourtant dans son esprit, une phrase étrange s'imprima.
- Concentrez-vous sur lui.
Odin frissonna devant cette sensation déroutante et observa le corps de son fils se mettre à briller d'une aura verte. Comprenant que cette demande émanait de lui, il se retourna vivement, observant le Sorcier être sur le point de s'enfuir. Pris d'une rage qu'il ne put contenir, il activa Gungnir pendant que Loki repoussa d'une décharge les Nains qui voulaient le tuer.
Vili encaissa l'attaque brutale d'Odin qu'il parvint à éviter en partie en faisant apparaître une épée magique, mais il heurta violemment le mur derrière lui.
Dans le dos de son père, Loki se redressa pour le rejoindre, se massant le cou où se trouvait une fine coupure qu'il fit disparaître en faisant glisser ses doigts dessus. Odin lui tourna un regard appuyé.
- Tout va bien fils ?
- A merveille. Il ne doit pas nous échapper. Les Nains ne sont pas eux-mêmes. Il les contrôle comme il contrôlait Aegir.
- Tu en es sûr ?
- Oui...
Devant eux le Sorcier se redressa en ricanant comme un fou et en brandissant son épée magique.
- Vous me faites bien rire tous les deux ! Si vous parvenez à me vaincre, cela ne vous sauvera pas et vous le savez !
- Tu parles comme un fou mon frère ! Lui répliqua Odin.
- Qui est fou ? Moi ou celui qui garde à ses côtés la personne qui le tuera ?
Odin frémit et Loki blêmit d'un coup.
- Oui... t'avoir enfermé dans tes propres cauchemars a été l'une des choses les plus instructives que j'ai faite.
- C'était vous, murmura Loki en frémissant à la mention de ce souvenir douloureux.
- Qui voulais-tu que ce soit d'autre ? Cela fait si longtemps que j'attends ma vengeance... Tapi dans l'ombre... Je sais bien plus de choses que ton père ne le voudrait.
- Tu es vraiment devenu fou.
- Non mon frère. La folie serait plutôt de regarder un monstre comme un fils non ?
- Tais-toi ! Hurla Odin en frémissant de rage pendant qu'il vit la douleur frapper son fils.
Il ne pouvait savoir. Il ne pouvait pas lui dire, pas lui, pas de cette façon. Le Père-de-Toutes-Choses laissa éclater sa rage et son attaque fut d'une rare violence, balayant son frère qui traversa le mur derrière lui. Tout le palais des Nains se mit à trembler et il s'apprêtait déjà à lancer une deuxième attaque de sa lance pour l'achever lorsque Loki retint son bras.
- Ne serait-il pas préférable de le garder en vie pour l'interroger ?
Odin frissonna. Cette demande de grâce ne cachait-elle pas autre chose ? Est-ce que son enfant ne voulait pas l'interroger lui-même comme avec Malekith pour savoir ce qu'il tentait de dire à mots cachés ? C'était un risque qu'Odin refusait de prendre.
- Depuis trop longtemps il tente de s'en prendre à ta vie et à celle de toute notre famille. Sa sentence sera la mort.
Et Odin invoqua une nouvelle fois Gungnir pendant qu'il se dirigea vers le couloir dans lequel avait disparu son frère. Loki ne put cacher une certaine contrariété, car le jeune homme, intelligent et subtil, avait bien compris qu'il ne faisait pas uniquement référence au Ragnarök. Il y avait autre chose dans les propos de cet homme qui le traquait, quelque chose que son père ne voulait pas qu'il sache. Alors, il s'élança à sa poursuite, mais fut séparé des deux hommes par une cohorte de Nains en armes.
- Tu vas mourir Asgardien !
Loki fronça les sourcils, courroucé de les voir se tenir devant lui.
- Que vous soyez ou non envoûtés par ce Sorcier, il va falloir vous écarter de ma route !
- Tu vas mourir !
- Mais vous savez dire autre chose ?
Les Nains rugirent et foncèrent sur le jeune homme dont le regard devint luisant avant qu'il n'active ses pouvoirs.
Dans le couloir, Odin toucha Vili à l'épaule, le faisant rouler sur le sol avant de se jeter sur lui. Les deux hommes s'empoignèrent et Odin plaqua violemment son frère contre la paroi.
- La folie te consume.
- Et toi, ouvriras-tu les yeux un jour ?
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Ça m'a pris du temps mais j'ai compris... Comptes-tu vraiment le garder auprès de toi ?
- Je ne vois pas ce que tu veux dire !
Vili ricana, fixant son frère droit dans les yeux.
- Sa peau a bleui quand je l'ai privé quasiment de sa magie. Cela m'a intrigué, mais j'ai fini par comprendre ce qu'il est. C'était une belle prise. Quand vas-tu le sacrifier ?
- Tu continues à parler comme un fou.
- Pourquoi tu t'en encombrerais si ce n'était pas pour le sacrifier ?
- Tu parles de mon fils, Vili.
- Ton fils ? Tu y crois vraiment ? Il causera votre perte à tous si tu le tues pas avant. Je cherche juste à te rendre service. Donne-moi sa vie et ses pouvoirs et je te laisserai tranquille.
- Tu ne toucheras pas à mon fils !
Laissant exploser sa rage, Odin transperça la poitrine de son frère avec sa lance. Les yeux de Vili s'agrandirent et il défaillit, mais il eut la force de lancer un sort, un dernier sort, et il disparut.
Odin secoua la tête, interdit, et regarda autour de lui mais le couloir était vide. Il avait disparu. Une onde glacée remonta le couloir et les torchères s'embrasèrent. Dans son dos, Odin entendit quelqu'un courir. Il se retourna pour croiser le regard un peu inquiet de Loki qui courait dans sa direction en compagnie des Nains.
- Père ! Vous allez bien ?
- Oui. Mais que s'est-il passé ?
- Il est parti. Son influence néfaste à quitter Nidavellir.
- Nous sommes désolés Père-de-Toutes-Choses, dit l'un des Nains, il nous contrôlait contre notre volonté. Il est tapi ici depuis si longtemps.
- Aujourd'hui au moins vous êtes enfin libres, même s'il a réussi une nouvelle fois à s'enfuir.
- Il est affaibli, répondit Loki. Je l'ai ressenti.
Odin hocha la tête, balayant du regard les Nains qui se trouvaient autour de lui.
- Maintenant, une question se pose. S'il avait pris la place d'Eirit depuis des années. Où est donc votre Roi ? (la question que je me posais depuis un moment lol)
...
Un éclair verdâtre transperça le loquet de la serrure et la porte de la cellule s'ouvrit en grinçant. Devant la porte, Odin adressa un léger sourire à Loki.
- Joli travail fils.
- Rien de très compliqué père, merci.
Le Père-de-Toutes-Choses lui donna une petite tape sur le bras et pénétra dans le cachot.
Une forme était recroquevillée sur le sol. Une forme qui leva la tête dans sa direction en entendant ses pas. Sous la crasse et les haillons, Odin croisa le regard du Nain qui était enchaîné là, le reconnaissant toute de suite
- Roi Eirit.
- Seigneur Odin. Est-ce que le cauchemar est fini ?
Pour toute réponse, ce dernier se tourna vers le couloir, appelant les Nains qui les avaient accompagnés.
- Faites vite ! Votre Roi a besoin d'aide !
Les Nains ne le firent pas dire deux fois et se précipitèrent dans le cachot pendant qu'Odin revint vers Loki.
- Ce n'était donc pas lui pour le châtiment, murmura le jeune homme dans un souffle.
- Non... Ce qui veut dire qu'il peut être n'importe où.
- Et prendre l'apparence de n'importe qui, conclut Loki.
- Oui. Il nous faut rester sur nos gardes.
- Je crois pouvoir percevoir sa présence.
- Cet avantage, nous allons l'utiliser.
* * *
D'un pas rapide, Loki regagna sa chambre. Combattre aux côtés de son père était un honneur et le jeune homme ne s'était pas senti aussi proche de lui depuis très longtemps. Toutefois, il devait bien reconnaître qu'il était fatigué et qu'il avait besoin d'un peu de repos. Tout lui paraissait épuisant depuis son retour de Hêl. C'était sans doute parce que son corps, durement éprouvé n'avait pas encore tout à fait repris ses forces.
Il était en train de poser une main sur la poignée de sa porte lorsqu'il capta un mouvement sur la droite. Il s'écarta, se retrouvant une nouvelle fois face à son frère rouge de colère.
Il lui avait pourtant fait entendre ce qu'il voulait pour Sif, ce n'était pas normal. Il fronça donc les sourcils.
- Quelque chose ne va pas mon frère ?
- Non, je venais juste te féliciter.
- Pourquoi je sens de la colère dans ta voix ?
- Ne joue pas l'innocent. Toi et moi nous savons que tu es bien plus intelligent que ça.
- Thor... C'est peut-être ma fatigue, mais je ne comprends pas ce qui se passe.
- Tu ne comprends pas ? Vraiment ? N'as-tu pas écouté les pensées des gens aujourd'hui.
- Je préfère autant m'en passer maintenant que je sais les bloquer.
- Eh bien tu devrais mon frère. On ne parle que toi, mais en bien cette fois ! Les gens applaudissent le plus jeune de leur prince. Celui qui a combattu auprès d'Odin et qui a libéré Nidavellir de l'emprise démoniaque de Vili, revenu d'entre les morts.
- Thor, je...
- Comment tu as pu faire ça ? Comment tu as pu révéler son identité à notre père sans me le dire ?
- Ce... Ce n'était pas calculé. Ça s'est trouvé comme ça et...
Pas de ça avec moi ! Tout ce que tu fais est calculé. C'était pourme punir n'est-ce pas ? Pour me faire payer ces mots malheureux que tu nem'as jamais pardonné ! Tu m'as écarté pour que la gloire de cette victoirene repose que sur toi ! C'est très malin mon frère. Ça leur fera peut-êtreoublier pendant un temps que tu es le Sorcier revenu de Helheim, mais n'oubliepas. Je suis l'aîné. Celui qui sera appelé à régner. Je ne te laisserai pas prendre ma place.