Le vent soufflait doucement à travers les arbres de la forêt qui dominait tout le village de Loutry Ste Chapsoule. À l'horizon, dans un somptueux mélange de couleur, le soleil était tranquillement en train de céder sa place à la nuit. Une nouvelle journée s'achevait. Un nouveau jour de cet été si particulier. Un nouveau temps à jamais graver dans les mémoires. Comme une pause, une pause de bien-être survenue après des jours et des jours d'angoisse et d'inquiétude. Comme une pause que la vie leur offrait pour profiter une ultime fois de leurs proches.
Et Hermione Granger faisait partie de ses personnes. Riant à gorge déployée, elle observait avec amusement la course poursuite de ses amis. En effet, Ron Weasley essayait tant bien que mal d'échapper à son frère aîné George ainsi qu'à sa petite sœur Ginny, qui lui courraient après, lui hurlant des obscénités à la tête, n'ayant apparemment pas apprécier la tricherie de leur frère au jeu. Et cette tricherie leur avait valu de perdre face à Hermione et Fred, le petit-ami de cette dernière.
En pensant au rouquin, son regard dévia inévitablement et elle le retrouva assis quelques mètres plus loin, sur une souche d'arbre déracinée. Lui aussi était en train d'observer ce spectacle comique, et sous l'assaut des derniers rayons du soleil, elle le trouva particulièrement séduisant. Ses cheveux, plus clairs que de coutume sous la lumière, voltigeaient sur sa tête. Ses yeux brillaient et même à cette distance, elle remarqua la lueur de bonheur qui y vivait. Un sourire en coin illuminait son visage, ce sourire dont Hermione était tombée amoureuse près de deux ans auparavant. Et chaque jour, elle réalisait la chance qu'elle avait.
Comme s'il se sentait observer, Fred baissa la tête et son regard croisa alors celui de la jeune femme, qui se sentit rougir face à une telle intensité. Amusé, il lui fit un signe de la main et la Gryffondor n'hésita pas une seule seconde à le rejoindre, alors que dans son dos, ses amis continuaient encore leur petit manège. Seul Harry Potter, son meilleur ami, était absent dans ce spectacle si idyllique, mais il était convenu qu'elle et plusieurs autres membres de l'Ordre aillent le chercher le lendemain, jour de son anniversaire, pour être sûr que la Trace placée sur tout sorcier non-majeur, ait bien été levée.
―Enfin seuls, souffla Fred lorsque Hermione se glissa à ses côtés.
La jeune femme sourit lorsqu'il enlaça ses doigts aux siens et posa délicatement sa tête contre son épaule, inspirant à plein poumons son odeur si particulière de réglisse. Le garçon sourit et déposa un rapide baiser sur son front, avant de regarder de nouveau en direction de ses frères et sœur. Ron semblait animé d'une énergie nouvelle, car il n'avait de cesse de courir ici et là à travers la clairière qu'ils avaient investis plus tôt dans l'après-midi. Ginny le talonnait de près alors que George semblait à la traîne, une main poser sur son abdomen.
―Ils sont pire que des enfants, s'exclama-t-il lorsque Ginny parvint à sauter sur le dos de son aîné.
―Ce sont des enfants, contredit Hermione en riant, alors que les deux s'étaler au sol, un cri vengeur s'échappant de la bouche de sa meilleure amie.
―Ces moments m'avaient manqué.
La Préfète releva doucement la tête et croisa son regard nostalgique. Il était tellement rare de le voir ainsi, qu'elle fut surprise de faire la connaissance de ce nouveau Fred. Un Fred qu'elle découvrait un plus au fil des jours, un Fred qui se dévoilait à elle sans faux semblants et inquiétude. Un Fred dont elle tombait un peu plus amoureuse à chaque minute.
Un Fred qu'elle finirait par laisser un jour où l'autre, lorsque le moment serait venu d'affronter le destin sombre qui l'attendait.
Un soupir lui échappa en pensant au temps encore incertain qu'il leur restait ensemble. Harry avait prévu de commencer la quête des Horcruxes à la fin de l'été, ayant pris la décision de ne pas revenir à Poudlard pour une septième année. Bien entendu, Hermione et Ron avaient suivi sa décision, même si la jeune femme redoutait de ne pas retourner à l'école. Il y avait encore tant de choses qu'ils avaient besoin d'apprendre avant de partir à l'aventure ! Tant de choses qui pourraient leur être utiles pour leur survie ! Elle avait passé la plupart de son temps à éplucher les livres de Mrs Weasley pour en apprendre le plus possible sur la vie hors de l'école, mais ne pas attirer l'attention sur ses agissements s'était avéré compliqué. Elle aurait voulu compter sur l'aide de Ron dans cette tâche, mais le garçon s'était donné pour objectif de profiter de sa famille au maximum avant leur départ.
Car il répétait sans cesse qu'ils ne savaient pas quand ils reviendraient.
Et s'ils reviendraient tous les trois.
―Tout va bien ? demanda Fred lorsqu'elle soupira une deuxième fois.
Hermione aurait aimé lui dire tout ce qu'elle avait sur le cœur. Lui faire part de ses angoisses face au périple qui les attendait. Ce saut dans l'inconnu. Mais elle avait promis à ses amis de ne parler à personne du secret qu'ils étaient les seuls détenteurs. Le professeur Dumbledore était mort avant d'avoir pu en informer l'Ordre du Phénix et Harry avait compris que cette mission ne revenait qu'à lui. Il était le seul à pouvoir terrasser Lord Voldemort, c'était donc de son devoir de mettre toutes les chances de leur côté pour y parvenir.
―Oui, mentit-elle. Je suis juste fatiguée. Les préparatifs du mariage sont épuisants.
Fred éclata de rire face à ces derniers propos et enroula un bras autour des épaules. Ce fut de soulagement qu'Hermione soupira, cette fois, à la fois heureuse et honteuse qu'il ait cru si facilement à son mensonge. Mensonge qu'elle répétait de plus en plus souvent ces derniers jours, pour tenter de le maintenir dans l'ignorance et préserver son avenir.
Car elle était persuadée que toute la famille Weasley serait interrogée lorsque le monde des sorciers finirait par se rendre compte que leur Sauveur avait disparu. Lui ainsi que ses plus fidèles amis et acolytes. Les questions et les spéculations seraient nombreuses et Hermione voulait au maximum le préserver de tout ça.
―Tu pensais connaître toutes les facettes de ma mère, mais crois-moi, tu n'as encore rien vu ! dit-il. Ce sera bien pire demain.
―C'est rassurant, grimaça-t-elle. Heureusement que Fleur a préféré dormir au Chaudron Baveur avec ses parents. Je ne pense pas qu'elle aurait encore voulu épouser ton frère sinon.
―Je pense que Bill a de bons arguments pour la convaincre, rit-il alors que leurs amis revenaient vers eux. Je me demande aussi s'il n'a pas soudoyé Charlie pour l'aider à calmer les envies de meurtre de ma mère. Tu sais, elle lui en veut toujours de l'avoir prévenue si tard de son mariage.
Charlie, le second fils de la famille Weasley, était revenu de Roumanie trois semaines auparavant, au plus grand plaisir de chacun. Si Hermione avait toujours cru qu'il possédait un caractère calme et reposant, ce n'était pas du tout le cas. Il représentait à lui seul les énergumènes qu'étaient Fred et George et il n'avait pas fallut longtemps à la jeune femme pour comprendre qu'il leur avait servi de modèle durant leur enfance.
Il s'était montré d'une gentillesse incroyable et avait accepté la Gryffondor comme un membre à part entière de sa famille, prenant parfois un malin plaisir à la mettre dans l'embarras lorsque Fred se trouvait dans les parages. Heureusement qu'elle avait pu compter sur le soutien de Ginny, habituée aux remarques de ses frères, pour faire face à ce front déroutant de garçons Weasley. Si chacun possédait son propre caractère, leur union ne montrait cependant aucune faille lorsqu'il était question de faire tourner leur mère en bourrique. Les cris de Molly avaient animés les premières journées après le retour de Charlie.
―Alors, toujours en vie ? s'exclama Fred lorsque Ron les rejoignit, le visage cramoisi.
―Oh, ferme-la, marmonna-t-il en lui décochant un regard furibond.
―Bravo, petite sœur ! firent les jumeaux d'une même voix. T'es la meilleure !
Ginny sourit, fière et heureuse du compliment.
―Ronnie a encore des choses à apprendre, dit-elle.
―Ne m'appelle pas Ronnie ! s'écria son frère. Combien de fois faudra-t-il que je te le répète ?!
―Désolée, je suis un peu longue à comprendre, rétorqua la rouquine avant d'éclater de rire.
Hermione les observa un à un, gravant dans sa mémoire cet instant de légèreté qu'ils venaient de passer tous ensemble.
Il s'agirait du dernier, mais ça, ils ne le savaient pas encore.
[...]
Fred avait raison.
Alors que les heures avant la cérémonie qui unirait à jamais son fils à Fleur Delacour se réduisaient considérablement, Molly se montra plus déchaînée que jamais, aboyant des ordres à tout va dans la peitte maison, s'en prendre la peine de vérifier qu'elle était bien obéit. Mais ce n'était pas la peine. Chacun avait été missionné dès l'aube pour rendre ce jour absolument parfait, que personne n'osait contredire la mère de famille. Ce serait comme signer son arrêt de mort et ça, tout le monde l'avait bien compris.
Après le repas du midi, Hermione et Ginny furent chargées de tenir compagnie à la future mariée et à sa mère, dans l'ancienne chambre des aînés de la famille, aménagée pour l'occasion en petit boudoir, dans lequel Fleur finirait par revêtir sa robe. Si, au début, l'ambiance était tendue entre les quatre femmes, la rouquine parvint rapidement à trouver un sujet de discussion qui déstressa légèrement la mère de la mariée. La jeune française, elle, ne semblait pas du tout ressentir la moindre tension.
―Ils sont en train de monter le chapiteau, indiqua Hermione, une heure avant la cérémonie, penchée sur le rebord de la fenêtre.
―Très bien, acquiesça Mrs Delacour, avec son fort accent français. Très bien. Ma chérie, nous allons pouvoir te préparer. Allez enfiler vos robes avant de revenir m'aider, ajouta-t-elle à l'attention des deux demoiselles d'honneur.
―On revient très vite, assura Ginny en précédant Hermione jusqu'à sa chambre.
Posées sur le lit de la première, se trouvaient les robes de couleur rose pâle qu'il leur faudrait enfiler. La plus âgée n'était pas spécialement friande de cette teinte, mais Fleur s'était montrée intransigeante et Molly n'avait pas réussi à la faire changer d'avis. Il fallait dire que l'ambiance entre les deux femmes était plus ou moins tendue, possédant chacune un très fort caractère et une prédomination pour le contrôle des choses, chacune ayant voulu organiser les noces à sa façon. La future mariée avait gagné gain de cause, surtout grâce au soutien de son fiancé et Molly avait très mal vécue cette trahison.
―Bon, finit Ginny. C'est parti.
Hermione rit doucement avant de récupérer sa robe et d'aller l'enfiler dans la minuscule salle de bain de la maisonnette. La robe, qui lui tombait aux genoux, était faite d'un tissu assez léger, lui promettant de pouvoir supporter les chaleurs de cette fin d'après-midi. Les bretelles et le léger décolleté mettaient particulièrement en valeur le haut de son corps et Ginny décréta qu'une simple ondulation de ses cheveux irait parfaitement avec le reste.
―Tu es magnifique, souffla-t-elle avec un sourire après avoir aider son amie à se coiffer. Fred va tomber à la renverse en te voyant, c'est clair.
Cette dernière phrase fit rougir Hermione jusqu'à la racine des cheveux et après un bref aperçu de sa personne dans le miroir en quittant la pièce pour permettre à Ginny de se préparer à son tour, elle retourna dans la chambre où Fleur avait également enfilée sa robe.
―Tu es magnifique, dit-elle avec émerveillement, alors que la jeune femme faisait quelques tours sur elle-même pour lui montrer le résultat.
―Merci, Hermione, sourit Fleur. Tu es très belle aussi.
―Elle a raison, ajouta Mrs Delacour. Ce jeune garçon a beaucoup de chances de vous avoir.
Hermione rougit un peu plus et détourna le regard, gênée. Même au bout de toutes ces années, elle avait encore parfois du mal à supporter les compliments des gens, surtout ceux qu'elle n'avait pas l'habitude de côtoyer régulièrement. Cela faisait beaucoup rire Fred, en passant.
―Combien de temps encore ? demanda Fleur.
―Une trentaine de minutes, répondit la Gryffondor. Les premiers invités ont commencé à arriver. Harry et Ron s'occupent de les accueillir.
Enfin, Barny, pensa-t-elle.
Par mesure de sécurité, Harry avait été contraint de boire du Polynectar pour se plonger dans la peau d'un adolescent moldu qu'on prétendait être un cousin éloigné de la famille Weasley. Ses cheveux longs et roux, son visage boutonneux et son timbre de voix plus grave, ne le rendait pas identifiable. Il fallait être au courant de la mascarade pour savoir de qui il s'agissait vraiment et Hermione espérait que le stratagème fonctionnerait aussi longtemps que possible.
Ginny les rejoignit peu après et Molly les chargea d'aller aider à placer les invités sous le chapiteau.
Une foule de sorciers se massait près de l'entrée lorsqu'elles y arrivèrent. Hermione ne remarqua ni ses amis ni Fred parmi eux et s'empressa de s'approcher d'un couple, visiblement français, qui essayait de fuir les tentatives louables de Hagrid de les aider.
―C'est homme est très étrange, lâcha l'invité alors que la jeune femme les accompagnait à leur place.
―C'est un demi-géant, expliqua-t-elle. C'est un très bon ami des Weasley.
―Quel drôle d'ami, marmonna la femme.
Il ne restait plus que quinze minutes avant l'office et la plupart des convives avaient trouvé leur place. Hermione allait repartir vers la maison lorsqu'une main agrippa son poignet, et lâchant un cri de surprise, elle se retourna pour faire face à Fred.
―Ne refais plus jamais ça ! s'exclama-t-elle en lui décochant un regard noir. Tu m'as fais peur !
Le garçon rit et les entraîna à l'écart de l'entrée. George sourit lorsqu'ils passèrent près de lui et de la jeune fille blonde à ses côtés. Il fallut quelques secondes à la jeune femme pour reconnaître Luna Lovegood, une de leur amie.
Et également petite-amie de George.
―Tu es magnifique.
Hermione releva la tête, les joues cramoisies et croisa le regard émerveillé du rouquin.
―Tu n'es pas mal non plus, souffla-t-elle.
Il portait une élégante robe de sorcier noir, qui mettait parfaitement en valeur sa chevelure rousse. C'était bien la première fois qu'elle le voyait vêtu si richement, bien qu'elle se fut habituée aux costumes qu'il avait pris l'habitude de porter depuis l'ouverture de la boutique. Mais cette fois, c'était différent. Le Fred insouciant avait laissé place à un adulte confirmé, entrepreneur aguerri et homme d'affaires intraitable. Ce garçon dont elle était tombée amoureuse avait laissé place à un homme qu'elle n'admirait que plus encore.
―Je suis tellement chanceux, chuchota-t-il en se penchant pour l'embrasser.
L'arrivée des parents des futurs mariés mit un terme à leur baiser et Hermione se dépêcha de rejoindre Ginny, debout sur l'estrade sur laquelle se trouvait déjà Bill ainsi que le prêtre. L'aîné de la famille lui fit un clin d'œil lorsqu'elle s'installa et une douce mélodie s'éleva alors. Chaque personne présente orienta son regard vers l'entrée du chapiteau.
Fleur apparut alors, plus belle que jamais. Le sang de Vélane qui courait dans ses veines ne faisait que rendre plus évidente encore sa beauté. Ses longs cheveux blonds avaient été ramené en arrière, en une queue de cheval lâche dans laquelle brillaient des dizaines de petits diamants. Sa robe, qui laissait dénudées ses épaules, était d'un blanc éclatant, sur lequel ressortaient des plumes par centaines. Certaines voletaient même autour de l'habit dans un son aussi léger que l'instant qu'ils étaient en train de vivre. Souriant à s'en décrocher la mâchoire, elle remontait l'allée centrale et les convives lui rendirent son sourire lorsqu'elle passait à leur hauteur.
Elle arriva finalement devant l'autel et galamment, Bill lui tendit la main, l'aidant à franchir les quelques marches qui la séparaient de l'officiant. Le vieil homme leur sourit et leva les deux mains au ciel avant de se mettre à discourir.
Hermione écouta d'une oreille attentive les mots qui sortaient de la bouche du prêtre. C'était la première fois qu'elle assistait à un mariage sorcier et elle constata avec étonnamment que le déroulement de la cérémonie était pratiquement identique à celui des moldus. Hormis le jet de lumière qui s'échappa de la baguette du marié et qui les enroula, lui et sa nouvelle femme, dans un halo de bonheur qui émut bon nombre de personnes.
Au bout d'une dizaine de minutes et après un lâcher de colombes, signe de l'amour éternel, Bill et Fleur furent déclarés mari et femme et un tonnerre d'applaudissement s'éleva sous le chapiteau.
Le compte à rebours était lancé.
[...]
Les rires ne cessaient de résonner d'un peu partout. Les convives dansaient et s'amusaient sur la piste de danse installée au milieu du chapiteau, réaménagé pour permettre aux invités de se restaurer dignement. Parmi eux, les nouveaux époux partageaient les premiers instants de cette nouvelle vie à deux, et installée autour d'une des centaine de tables, Hermione observait ce spectacle avec joie.
Le repas avait été excellent et après une ouverture de bal des plus romantiques, Bill et Fleur avaient convié leurs amis à les rejoindre dans la danse. Parfois, elle apercevait Arthur et Molly qui tournoyaient, amoureux comme au premier jour. Luna et son père, Xenophilius Lovegood, lançaient dans une danse des plus étonnantes. Ginny se montrait parfois, au bras d'un cousin différent à chaque fois.
L'ambiance était à la fête et la nuit bien entamée. La cérémonie s'était parfaitement déroulée et la jeune femme devait admettre que l'organisation militaire de Mrs Weasley avait finalement portée ses fruits. Le mariage se déroulait sans accro et les convives semblaient ravis. Au loin, elle aperçut Harry, sous son déguisement de Barny, assit à une table, discutant avec une sorcière d'un certain âge qu'elle ne connaissait pas. Elle allait se lever pour le rejoindre lorsqu'une ombre se dessina devant elle et elle retint un cri de surprise en reconnaissant son propriétaire.
―Viktor ! fit-elle.
Le bulgare lui sourit et Hermione accepta son étreinte avec enthousiasme. Elle savait qu'il faisait parti des invités, puisque lui et Fleur avaient gardé contact après le Tournois des Trois Sorciers mais l'occasion ne s'était pas présentée pour qu'ils se retrouvent.
―Tu as tellement changé ! ajouta-t-elle.
Elle se souvenait de lui comme d'un adolescent orgueilleux et déterminé. Même s'il semblait toujours posséder ces qualités, elle le trouva plus terre à terre. Ses cheveux étaient plus longs et il portait une barbe qui mettait en avant son âge. Sa musculature, qu'elle avait toujours trouvé impressionnante, paraissait plus développée que dans son souvenir.
―Herrrrmione, sourit-il. Toi aussi tu as changé. Tu es devenue une vrrrrraie femme.
―Merci, rougit-elle. Je suis vraiment contente de te voir.
―Moi aussi, répondit-il en s'installant près d'elle. Je me doutais que je te trrrrouverrrrai là quand Fleurrr m'a invité pourrrr son marrrrriage. Tu as toujourrrrs été prrrrroche des Weasley.
―Oui, on peut dire ça, rit-elle. Alors, dis-moi, que fais-tu maintenant ? Tu as quitté Dumstrang ?
―Depuis deux ans, confirma Viktor. Maintenant, je suis joueurrrr de Quidditch pour l'équipe de mon pays.
―Félicitations, dit Hermione.
―Merrrrci. Et toi, toujourrrrs à Poudlarrrrd ?
―Oui, je vais passée en septième année.
―J'ai vu Harrrry tout à l'heure. Ainsi que ton ami le rrrrrouquin...
―Ron.
―Oui, Rrrrron. Tu sorrrrrs avec lui ?
―Non, pourquoi ? s'étonna-t-elle.
―Il semblait êtrrrrre amourrrrreux de toi, dit Viktor. Il n'aimait pas beaucoup que je passe du temps avec toi.
―Ron est juste un ami, sourit-elle. Mais sinon, oui, j'ai un petit-ami.
―Félicitations. Je le connais ?
―Plus ou moins, s'éleva une voix amusée dans la dos de la jeune femme. Je suis le frère de Ron.
Fred apparut devant eux et tendit la main au bulgare qui la serra en haussant un sourcil. Hermione rit doucement de sa surprise et se leva, acceptant la main tendue du rouquin.
―Oh oui, s'exclama Viktor. T'es un des jumeaux, euh...
―Fred, fit le concerné.
―Frrrred, confirma le bulgare.
―Est-ce que ça te dérange si je te pique cette jolie demoiselle le temps d'une danse ?
―Pas du tout, rit l'étranger. J'ai été content de te rrrrrevoir, Herrrrmione.
―Moi aussi, souffla-t-elle en déposant un baiser sur la joue du garçon.
Fred salua Viktor avant de l'entraîner sur la piste de danse. La jeune femme le laissa faire en souriant, surprise de cette invitation.
―Est-ce que je devrais être jaloux de te voir discuter avec ton ancien petit-ami ? chuchota-t-il en l'enlaçant.
―Pas du tout, rit-elle en se laissant aller contre lui. Et Viktor n'a jamais vraiment été mon petit-ami.
―Vraiment ? s'étonna le roux.
―Il ne m'a jamais embrassé.
Le garçon sourit joyeusement et se pencha pour déposer un baiser sur ses lèvres. Hermione enroula ses bras autour de son cou et inspira longuement son odeur, espérant la graver à jamais dans sa mémoire. Elle voulait pouvoir se souvenir des moindres petits détails lorsqu'elle serait partie. De son odeur, à cette fossette qu'il avait au coin des yeux quand il riait, à son timbre de voix lorsqu'il mettait au point une nouvelle invention. Elle voulait avoir en mémoire sa façon de marcher, de lui prendre délicatement la main, de l'enlacer. De l'embrasser, jusqu'à qu'elle finisse par manquer d'air. Elle voulait se souvenir de son corps contre le sien, lorsque parfois, elle allait passée la nuit dans leur appartement du Chemin de Traverse, qu'ils avaient remis en état au début de l'été. Leur relation n'avait toujours pas dépassée le stade de la proximité plus intime, mais ces moments à discuter dans la chambre du rouquin, lui étaient essentiels.
Elle voulait se rappeler de tout ça lorsque le moment viendrait de partir à la chasse aux Horcruxes. Lorsqu'elle se retrouverait à l'autre bout du pays. Lorsqu'elle se retrouverait dans des endroits inconnus, avec Harry et Ron pour seule compagnie.
―Je t'aime, murmura-t-elle au creux de son cou.
―Je t'aime aussi.
Elle sentit son souffle venir chatouiller le haut de sa tête. Elle sentit son cœur battre contre son oreille.
―Je veux que tu fasses attention à toi, ajouta-t-elle en fermant les yeux, pour retenir les larmes qu'elle sentait prêtes à couler. Promets-moi que tu feras toujours attention.
Elle le sentit se raidir contre elle et attendit de longues secondes avant d'ouvrir les yeux pour lui faire face.
La surprise faisait luire ses prunelles.
―Hermione... commença-t-il.
Une lumière inonda soudainement le chapiteau, l'empêchant de répondre. Une boule apparut au milieu de la foule de danseurs, qui s'écarta légèrement.
―C'est le patronus de Kingsley, indiqua Fred.
Hermione sentit son cœur se mettre à battre furieusement dans sa poitrine. Sa main se resserra autour de celle du garçon.
―Le Ministère est tombé... s'éleva alors la voix de l'Auror. Le Ministre est mort... Les Mangemorts ont tout détruits... Ils arrivent... Ils arrivent...
Un cri s'éleva quelque part, quelques secondes avant qu'une explosion ne retentisse à l'extérieur du chapiteau, suivit d'une seconde. Puis d'une autre. Et encore une autre.
De la fumée s'éleva et des traînées noires fauchèrent quelques invités, qui tombèrent sur place, morts. La panique s'empara des convives lorsque les Mangemorts apparurent, lançant des sortilèges de morts sur quiconque se trouvait sur leur passage. Elle sentit le bras de Fred s'enrouler autour de sa taille, pour l'éloigner des combats, mais elle ne pensa qu'à une seule chose en cet instant.
Il faut qu'on s'en aille.
Des yeux, elle chercha ses amis et trouva Ron en premier. Dans un coin de la pièce, il essayait de mettre Gabrielle, la jeune sœur de la mariée à l'abri sous une table.
―Ron ! cria-t-elle. Ron !
Elle se débattit avec tant de force que Fred finit par la lâcher et surpris, il la vit courir rejoindre le garçon. Hermione se jeta sur lui et d'un regard, elle comprit qu'il pensait la même chose qu'elle.
―Où est Harry ? demanda-t-elle.
―Ici ! répondit Ron en pointant un recoin du chapiteau.
L'effet du Polynectar s'était dissipé et Harry avait retrouvé son apparence normale. Il releva la tête et jeta un dernier sortilège à son assaillant avant de se mettre à courir vers eux.
―Hermione ?
La jeune femme se retourna et fit face à Fred. Son regard était écarquillé de stupeur, de peur et de tant de questions auxquelles elle n'avait pas le temps de répondre.
Elle se jeta dans ses bras, les joues inondées de larmes et l'embrassa une dernière fois, transmettant à travers ce baiser tout l'amour qu'elle avait pour lui, avec cette angoisse sourde qu'il s'agissait peut-être du dernier.
―Je t'aime, dit-elle en encadrant son visage de ses mains. Je t'aime de tout mon être, Fred Weasley. Je t'aimerai toujours. Promets-moi de faire attention à toi. Promets-moi de rester en vie.
―Hermione...
―N'essaie pas de nous suivre, le supplia-t-elle en le sentant s'accrocher à elle. Il faut que ce soit nous. C'est à nous de le faire, tu comprends ? Je te promets qu'on se reverra bientôt. Et n'oublie pas que je t'aime. Je t'aime de tout mon cœur, Fred.
Doucement, elle recula de quelques pas, venant se cogner contre Ron.
Fred, surpris, n'avait pas bouger et l'observait avec tant de peine dans le regard qu'elle sentit sa gorge se nouer. Elle lui répéta une dernière fois qu'elle l'aimait et lorsqu'elle sentit Harry s'agripper à son poignet, elle transplana.