LA LOUTRE ET LE RENARD [termi...

By HeilenBlack

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[FREMIONE - terminée] Quand tout semble perdu, et que la noirceur s'abat dans son cœur, il arrive. Pour illum... More

[PROLOGUE - PARTIE 1] Les lignes de l'avenir.
I - Les ailes du phénix.
II - L'elfe et le héro.
III - La déchéance de la magie.
IV - L'envol de la colombe.
V - L'armée de Dumbledore.
VI - Les confrontations de la reine.
VII - Les mots du prince.
VIII - Le silence des larmes.
IX - Le dernier salut.
X - Le venin de la guêpe.
XI - L'ultime au revoir.
XII - La Salle sur Demande.
XIII - L'Alliance.
XIV - Le frère du géant.
XV - Histoires d'une vie.
XVI - Rêves sans douceurs.
XVII - L'amertume de Noël.
XVIII - Les craintes de la loutre.
XIX - La force des mots.
XX - Les évadés.
XIX - Une Saint-Valentin à Poudlard.
XXII - Weasley & Weasley.
[CHAPITRE 23] Changements imprévus.
[CHAPITRE 24] Sérum de vérité.
[CHAPITRE 25] La reine fourbe.
[CHAPITRE 26] Révolte multicolore.
[CHAPITRE 27] Souvenirs de Rogue.
[CHAPITRE 28] Et après ?
[CHAPITRE 29] Ensemble.
[CHAPITRE 30] Molly Weasley, le tyran.
[CHAPITRE 31] BUSE.
[CHAPITRE 32] Département des Mystères.
[CHAPITRE 33] Juste un au revoir...
[PROLOGUE - PARTIE 2] Tout le monde.
[CHAPITRE 1] Soirée d'été.
[CHAPITRE 2] Slughorn et Amortentia.
[CHAPITRE 3] Rencontre nocturne.
[CHAPITRE 4] Mépris et secrets.
[CHAPITRE 5] Club de Slug.
[CHAPITRE 6] Visite surprise.
[CHAPITRE 7] Découvertes.
[CHAPITRE 8] L'anniversaire.
[CHAPITRE 9] Le collier ensorcelé.
[CHAPITRE 10] Les orphelins.
[CHAPITRE 11] La méthode Slughorn.
[CHAPITRE 12] Philtre d'amour.
[CHAPITRE 13] Noël glacial.
[CHAPITRE 14] Se souvenir.
[CHAPITRE 15] Le sauvetage du Serpent.
[CHAPITRE 17] Silence douloureux.
[CHAPITRE 18] Le souvenir.
[CHAPITRE 19] Demande surprise.
[CHAPITRE 20] Mauvais match.
[CHAPITRE 21] Dernière leçon.
[CHAPITRE 22] La chute éternelle...
[CHAPITRE 23] Apprendre à aimer.
[PROLOGUE - PARTIE 3] La guerre.
[CHAPITRE 1] Le mariage.
[CHAPITRE 2] Loin de toi, loin de moi...
[CHAPITRE 3] Les indésirables.
[CHAPITRE 4] Désartibulé.
[CHAPITRE 5] Nuits à la belle étoile.
[CHAPITRE 6] Déchirure.
[CHAPITRE 7] Godric's Hollow.
[CHAPITRE 8] Les doutes.
[CHAPITRE 9] L'épée et le Horcruxe.
[CHAPITRE 10] Potterveille.
[CHAPITRE 11] Prunes dirigeables.
[CHAPITRE 12] Si près et si loin...
[CHAPITRE 13] Désespoir...
[CHAPITRE 14] L'elfe libre.
[CHAPITRE 15] Le dragon mal aimé...
[CHAPITRE 16] Le retour.
[CHAPITRE 17] L'ultime combat.
[CHAPITRE 18] La MORT...
[EPILOGUE FINAL] La Loutre et le Renard, puissions-nous nous retrouver...
REMERCIEMENTS.
[BONUS] Dix ans.
[BONUS n°2] Hermione Cassiopée Weasley.
[BONUS n°3] Mon cher amour...
[BONUS n°4] Mon âme-sœur.
[BONUS n°5] Toi et moi.
et si...
[Bonus n°6] Tout est brisé...

[CHAPITRE 16] Le frère mal-aimé.

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By HeilenBlack


—Comment veux-tu que je t'aide si tu refuses de me dire comment faire ?

La voix agacée de Hermione résonna quelques secondes dans l'aube de ce dimanche matin. Le silence revint aussitôt, seulement rompu par les reniflements du garçon aux cheveux blonds assis contre l'immense saule qui faisait face à la surface lisse et scintillante du Lac Noir.

Debout, contemplant l'étendue d'eau sauvage à ses pieds, qui se perdait sur des kilomètres devant elle, la jeune fille commençait à ressentir un certain agacement d'avoir accepter de venir en aide à Drago Malefoy, après qu'il l'eut sauver des demandes un peu trop entreprenantes de Cormac, qui depuis ce jour, faisait profil bas en présence de l'adolescente. Il fallait dire que son exclusion définitive de l'équipe de Gryffondor par Harry l'avait considérablement refroidi. Hermione se demandait parfois si ses amis n'avaient pas eu une petite discussion avec lui et même si Fred n'avait pas été mis au courant de l'affaire, qui avait fait le tour de l'école dès le lendemain, puisqu'un matin, le blond avait franchi le seuil de la Grande Salle recouvert d'ecchymoses. Mais Fred démentait à chaque fois qu'Hermione mettait le sujet sur le tapis et s'empressait de lui parler de leurs dernières inventions.

Cependant, personne ne soupçonnait l'implication de Malefoy dans l'histoire, puisque Cormac n'avait pas eu le temps de le voir avant de s'évanouir, et autant lui que Hermione se réjouissait de ça. Avoir déjà démenti les rumeurs sur une soit disant relation entre eux l'avait beaucoup épuisée et elle n'était pas prête à se relancer là-dedans. Seule Ginny était au courant, uniquement puisque la brune s'était auparavant confier à elle au sujet de Drago. La rouquine ne faisait plus le moindre commentaire néfaste sur lui, même si sa haine se lisait clairement dans son regard.

Il semblait que la jeune fille était la seule à percevoir le masque froid entrain de se fissurer sur le visage de Drago. Il semblait qu'elle était la seule à percevoir la détresse qui s'échappait de lui. Il semblait qu'elle était la seule à le voir s'enfoncer de plus en plus dans ce rôle qu'on exigeait de lui et dont il ne voulait nullement.

Mais pourquoi elle ?

Elle s'était souvent poser la question, sans jamais trouver de réponse cependant. Elle avait eu beau passer de nombreuses heures à réfléchir, à se demander comment les choses avaient put évoluer de cette façon, sans qu'elle ne se rende compte de rien. D'ailleurs, Malefoy avait-il perçut le changement ou était-elle la seule à le voir ? Parce que maintenant, on ne pouvait clairement plus parler de haine. Non, le mépris avait laissé sa place à une entente cordiale. Une entente dont personne ne connaissait encore les limites. Dont personne ne connaissait encore les répercussions, qui ne seraient pas forcément les meilleures qui soit.

Un soupir de frustration lui échappa lorsqu'elle réalisa que Malefoy n'avait toujours pas répondu à sa question. Le garçon était plongé dans son mutisme, lançant des cailloux dans l'eau d'un geste automatique. Les traits de son visage étaient tirés par la fatigue. Des cernes violettes soulignaient son regard gris. Le garçon arrogant et prétentieux avait laissé à la lumière du jour sa véritable nature et c'était un spectacle dont peu d'élèves avait assisté au cours de ses six dernières années. Hermione se demanda, l'espace de quelques secondes, si c'était une chance pour elle de le voir. Puisque, après tout, depuis ce fameux soir où elle avait eu l'audace de s'approcher de lui pour contempler l'horizon, il s'était mêlé à sa vie d'une façon inexpliquée. Il avait jouer un rôle dans la plupart de ses problèmes sans même s'en rendre compte et au lieu d'être en colère après lui, elle lui était redevable. Car elle avait ouvert les yeux sur des choses dont elle ne prêtait que peu d'attention avant.

—J'ai compris, siffla-t-elle en faisant demi-tour.

Elle parcourut une centaine de mètres avant d'entendre l'appel de Drago dans son dos. Ce ne fut qu'un murmure, un murmure un peu froid, qu'elle perçut pourtant avec netteté dans le silence du parc. Un silence reposant dont elle aurait voulu apprécier toutes les saveurs dans une autre situation que celle-ci et avec le garçon qui faisait battre son cœur.

—Granger, dit-il de nouveau lorsqu'elle s'immobilisa.

Tu as ce besoin irrépressible de venir en aide à ton prochain. Pourquoi fallait-il que Fred ait prononcé ces mots ? Pourquoi fallait-il qu'il ait raison ? Cela aurait été bien plus simple si elle poursuivait son chemin, sans se retourner. Malefoy aurait compris qu'elle laissait tomber. Qu'elle refusait de l'aider. Qu'elle ne se sentait tout simplement pas capable de faire face à ce monde de ténèbres dans lequel il était baigné depuis son enfance.

Mais voilà, elle était Hermione Granger. Et elle éprouvait toujours le besoin d'aider l'autre.

—Soit tu me dis pourquoi tu m'as fais venir, soit je retourne dans la tour des Gryffondor immédiatement, prévint-elle sèchement en se posant à quelques mètres du garçon.

Malefoy, le visage impassible, coula sur elle un regard un peu froid, mais Hermione comprit que c'était le ton qu'elle avait employé qui le mettait dans cet état, bien plus que l'ordre qu'elle avait proféré. Pendant un temps, un silence régna entre eux. Un silence qui ressemblait fortement à celui de la tour d'Astronomie. Un silence dans lequel chacun plaça ses doutes, ses espoirs et ses craintes de l'avenir. La guerre était là, autour d'eux. Ils appartenaient tous deux à un camp différent. Ils pensaient tous deux avoir les meilleures raisons de se battre pour ce camp-là. Mais ils ne se rendaient pas compte à quel point ils se ressemblaient.

—Très bien, lâcha Malefoy.

—Très bien, répéta-t-elle tout aussi sèchement. Je t'écoute.

—Ce que je fais à Bell... ce n'était pas intentionnel.

—Comment ça ?

—Ce n'était pas elle qui était visée, précisa Drago.

Hermione sentit son cœur se mettre à battre plus fort et elle sut d'avance qu'elle n'allait pas aimer la suite. Mais alors, vraiment pas.

—C'était Dumbledore, souffla-t-il.

—Quoi ? Mais... Dumbledore... mais... je ne comprends pas...

—Voldemort veut que je tue Dumbledore.

[...]

Un voile semblait s'être déposé devant les yeux de l'adolescente, puisque le reste de la journée passa dans le flou le plus total. Elle ne se souvint pas d'avoir quitter Malefoy après ses révélations fracassantes, ni d'avoir rejoint la Salle sur Demande, où elle s'était réfugiée dans la chambre de Fred, dans leur appartement du Chemin de Traverse à George et lui. Elle ne se souvint pas d'y avoir passer une majeure partie de la journée, se repassant en boucle les propos tenus par le Serpentard. Roulée en boule dans l'édredon en patchwork, elle se remémora cette phrase, cette unique phrase qui avait remis en doute son ambition de venir en aide au blond.

Lorsqu'elle retrouva ses amis, elle n'eut pas le courage de les rassurer lorsqu'ils s'inquiétèrent de son teint pâle et de son absence lors du repas. Avaler quoi que ce soit lui semblait exclu après une telle nouvelle et elle n'était pas certaine de pouvoir garder la nourriture sans la vomir d'un moment à l'autre. Elle manqua même le repas du soir, prétextant une migraine pour échapper à la surveillance de Harry et Ron. Par chance, elle ne croisa pas Ginny, car à elle, elle n'était pas certaine de pouvoir cacher la vérité. Et cette vérité, la rouquine ne pourrait jamais la garder pour elle, Hermione le savait très bien.

Un soupir lui échappa lorsque sa montre lui indiqua qu'il était un peu plus de deux heures du matin. Le silence qui régnait dans le dortoir des filles de sixième année l'oppressait considérablement. Elle avait l'impression d'être entrain d'étouffer dans cette si petite chambre. Elle enviait tellement les animaux qui peuplaient la Forêt Interdite et qui pouvaient aller et venir à leur guise, sans se douter un seul instant de ce qui était entrain de se passer au dehors. Poudlard était une forteresse infranchissable et elle se savait en sécurité entre ses murs.

Mais pour combien de temps ?

Voldemort veut que je tue Dumbledore. Les paroles de Drago résonnèrent dans son esprit, comme un disque rouillé qui refuse de s'arrêter. Le choc qu'elle avait reçu en l'entendant prononcer ces quelques mots fut le même, lui coupant le souffle. Une vague de peur l'envahit et elle se redressa entre ses draps, le cœur battant la chamade. Comment allait-elle pouvoir protéger les autres après ça ? Comment allait-elle pouvoir leur faire face, tout en gardant enfouie cette terrible vérité ?

Voldemort veut que je tue Dumbledore. Comment arpenter les couloirs de l'école, rythmés par les rires d'insouciance des autres élèves ? Comment croiser le regard d'un professeur, tout en sachant qu'elle avait entre ses mains la possible mort du directeur de l'école ? Comment ferait-elle pour ne pas se précipiter dans son bureau, pour lui avouer tout ce qu'elle savait ?

Au bord de la nausée et prise de vertige, elle se précipita dans la salle de bains. La lumière des bougies qui s'allumèrent instantanément à son arrivée, l'aveugla quelques secondes avant de croiser son reflet dans le miroir. L'image lui renvoyait celle d'une fille un peu pâle, les joues creuses, le regard éteint. Ses cheveux indisciplinés partaient dans tous les sens, accentuant sa ressemblance avec une tigresse. George aurait certainement rit en la voyant, mais elle, elle était tout simplement incapable d'en faire autant.

Soudainement, elle eut le besoin irrépressible d'entendre la voix de Fred. De l'entendre lui dire des choses ordinaires, réconfortantes et drôles. Elle avait besoin d'oublier tout ce qu'elle savait. Elle avait besoin de s'évader d'ici. De rejoindre cette petite maison biscornue qui était devenue la sienne à la mort de ses parents. Elle avait besoin de sentir la chaleur de son corps contre le sien. Elle avait besoin de sentir ses bras autour d'elle, qui lui promettaient une protection éternelle.

S'il parut surpris de recevoir un appel aussi tard dans la nuit, il n'en fit pas le moindre commentaire. En voyant ses yeux embués de larmes, il comprit.

Alors, il lui offrit la seule chose qu'il pouvait lui donner en dépit de la distance.

Des mots. Des mots. Et de l'amour.

[...]

Le bruit des couverts résonnait bruyamment dans la Grande Salle en ce matin de février. Les discussions allaient bon-train, les élèves profitant d'un ultime moment de répit avant de retourner en cours. Parfois, quelques rires venaient perturber l'agitation environnante, qui en ce matin pluvieux, aurait bien profiter d'un petit coup de pouce de la bonne humeur des jumeaux Weasley pour pimenter la journée des étudiants. Mais voilà, les deux frères ne se trouvaient plus à l'école et les farces ne venaient plus égayer les journées de l'école, au plus grand soulagement du concierge, Monsieur Rusard et de sa terrible chatte.

Assise à la table des Gryffondor, plongée dans un épais ouvrage qu'elle avait appuyée contre la carafe de lait, Hermione écoutait d'une oreille distraite la discussion qui avait lieue entre ses meilleurs amis. Assis en face d'elle, Harry et Ron mettaient au point une nouvelle technique pour l'entraînement de Quidditch du soir-même. Ce n'était un secret pour personne qu'elle ne partageait pas leur engouement pour ce noble sport sorcier et ce matin particulièrement, elle se félicitait d'avoir apporter un livre avec elle, pour ne pas avoir à subir leur enthousiasme débordant. Certes, elle le trouvait toujours touchant, sauf quand il s'agissait de voler et de faire des cabrioles sur un balai. Elle s'y était risquée une fois, et pour elle, c'était amplement suffisant.

Un soupir lui échappa lorsque le courrier fut apporté par les hiboux, qui entraient par les alcôves situées plus dans les murs, et que Coq, la chouette maladroite de Ron, vint percuter le bol de chocolat de Neville, assis près d'elle, éclaboussant l'ouvrage de plusieurs tâches marron. En marmonnant dans sa barbe, le rouquin libéra le volatile qui s'envola sans demander son reste, renversant au passage plusieurs verres de jus de citrouilles.

Il sembla à Hermione que le visage de son meilleur ami avait pâli en reconnaissant l'expéditeur de la missive, qu'il décacheta sans enthousiasme, porté par les encouragements de Harry, qui n'avait pas manquer de noter le nom de Percy, inscrit d'une calligraphie soignée sur le verso de l'enveloppe.

—Quel crétin ! lâcha-t-il d'un ton courroucé en achevant sa lecture. Non mais quel crétin celui-là !

—Qu'est-ce qu'il y a ? s'empressa de demander Hermione, sourcils froncés par l'inquiétude. Qui a envoyé cette lettre ?

—Percy, répondit Harry lorsqu'il fut évident que le roux ne le ferait pas.

La jeune fille ne mit que quelques secondes à deviner le contenu de la lettre et à en juger par l'expression dévastée sur le visage de l'Elu, lui aussi en était venu à la même conclusion. L'année précédente, alors que le monde sorcier ne croyait pas encore au retour du Mage Noir, Cornelis Fudge avait poussé Percy à écrire à son frère pour le convaincre de se défaire du moindre lien d'amitié avec Harry Potter, que le ministre en personne jugeait déséquilibré et dangereux pour le reste de son entourage. Abasourdi, Ron avait cacher cette demande à ses amis, mais les lettres de son frère s'étaient faites plus nombreuses et il avait fini par leur parler. Hermione se souvenait de la colère de Fred lorsqu'il avait appris que Percy tentait de manipuler Ron pour faire discréditer Harry, alors que le garçon tentait par tous les moyens de prévenir les sorciers du retour de leur pire ennemi, en vain.

Et elle se remémorait aussi très bien de cette visite surprise de l'aîné quelques semaines auparavant, alors que la famille Weasley et quelques amis s'apprêtaient à fêter Noël. Elle revoyait la joie dans les yeux de Molly, en voyant son fils franchir le seuil du Terrier. La colère des enfants à la vue de leur frère. Le regard désapprobateur que Percy avait jeté à ses mains liées à celles de Fred. L'amertume de celui-ci. Les paroles glaciales de George.

—Qu'est-ce qu'il te dit ? questionna-t-elle d'une voix douce.

Un court instant, Ron sortit de son mutisme pour plonger dans son regard dans le sien et l'amertume qu'elle y lut fit écho à celle qu'elle ressentait en présence de Malefoy depuis qu'il lui avait fait part des intentions du Seigneur des Ténèbres. Une certaine lassitude faisait également luire ses prunelles. Quoi de plus normal quand il fallait sans cesse se battre pour prouver sa valeur, son courage et sa loyauté ? Quoi de plus normal quand il fallait faire face à une marée noire qui se profilait de plus en plus à l'horizon ?

—Comme l'année dernière, soupira Ron. Il veut que j'arrête de parler à Harry. Il dit que ça aura une meilleure influence sur la notoriété de Papa au sein du Ministère.

—Tu ne comptes pas l'écouter, j'espère ? gronda Ginny qui s'était approchée après avoir entendu les plaintes de son frère. Percy est un crétin pas fini qui ne connaît rien à la famille ni à l'amitié.

—Ginny a raison, ajouta Hermione. Toi seul décide de ce que tu veux faire.

—Percy n'a jamais été un exemple, reprit sa cadette. Il fait ça simplement pour bien se faire voir auprès du ministre.

Le regard de la Préfète dévia vers le brun et elle fut surprise de le voir si silencieux. Elle s'était attendue à ce qu'il dise comme elle, que Ron était capable de faire ses choix de lui-même, mais à la place, elle remarqua ses lèvres pincées. Son visage inexpressif n'était pas non plus un bon signe.

—Nous avons raison, n'est-ce pas, Harry ? s'enquit-elle d'un ton qui laissait entendre qu'elle ne voyait aucune autre option.

Cependant le garçon resta silencieux quelques secondes avant de quitter la salle, sous le regard incompris de son meilleur ami, qui se retourna vers Hermione, en quête de soutien.

—Il se demande si Percy n'a pas raison, expliqua-t-elle avec un soupir. Par rapport à ton père, précisa-t-elle en voyant les yeux de Ron s'écarquiller de stupeur. Il s'en veut des problèmes qui arrivent à tes parents à cause de lui.

—Mais ce n'est pas de sa faute ! fit-il en secouant la tête.

—Oui, nous on le sait, mais pas lui, nuança-t-elle. Tu connais Harry comme moi, il se croit responsable du malheur de tout le monde depuis que Voldemort est revenu. Le chantage dont fait preuve Percy envers toi en fait parti.

—C'est ridicule, commenta Ginny.

—Pas pour Harry, rétorqua Hermione. Il pense que s'il n'avait pas convaincu Cédric de prendre le portoloin avec lui, Tu-Sais-Qui ne serait jamais revenu et beaucoup de personnes ne seraient pas mortes.

Dont Sirius.

Pour une personne qui n'avait jamais perdu un être cher, c'était presque étonnant de suivre les états d'âme d'un garçon comme Harry, à qui la vie n'avait jamais vraiment sourit depuis sa naissance. Il avait d'abord perdu ses parents, dont il ne se souvenait que par bribes, puis un ami et enfin son parrain, le dernier lien avec son père. On se demandait comment il faisait pour encore s'en vouloir alors que de nombreux mois avaient passés, mais la mort et le deuil n'avaient pas de date limite. Ils venaient à leur gré, comme un nuage dans le ciel, frappant à leur souhait. Mais pour Hermione, qui était passée par-là également, c'était plus compréhensible. Le mal-être de son ami faisait écho au sien.

—Il ne peut pas s'en vouloir pour tous les malheurs du monde, fit Ginny.

—Va lui expliquer ça, soupira Hermione.

La sonnerie retentit peu après, annonçant le début du premier cours de la journée, et Harry brilla par son absence pour le double cours de Sortilège en commun avec les Serdaigle. Hermione fit de son mieux pour ne pas s'inquiéter, sachant que c'était la façon de faire de son ami de gérer son mal-être, mais lorsqu'il ne se présenta pas non plus au repas du midi, son angoisse l'engloba d'un seul coup et elle repoussa son assiette.

—Il n'était pas dans le dortoir, indiqua Ron en la rejoignant, légèrement essoufflé de sa course à travers toute l'école. Personne ne l'a vu chez les Gryffondor de toute la matinée.

—Tu as emporté la Carte ? souffla Hermione.

Le rouquin acquiesça avant de lui remettre un morceau de parchemin froissé et plié qu'elle s'empressa de ranger dans son sac avant que quiconque ne le remarque.

—On se rejoint tout à l'heure, dit-elle avant de se lever.

Harry était assis dans les gradins de Gryffondor qui entouraient le terrain de Quidditch, jouant distraitement avec sa baguette magique, les yeux perdus dans le vague. La jeune fille sentit son cœur se serrer en remarquant l'expression qui déformait ses traits. Une expression coupable qui ne laissait aucun doute sur les sentiments qu'il éprouvait en cet instant, après la réception de la lettre de Percy Weasley.

Hermione aurait aimé être capable de le rassurer, de trouver les mots justes pour le réconforter, pour faire disparaître au loin les émotions néfastes qu'il ressentait chaque jour de sa vie depuis le meurtre de ses parents. Oui, elle aurait aimé pouvoir faire tout ça. Lui retirer une partie du poids qui tombait sur ses épaules pour le porter à son tour. Partager cette épreuve. L'accompagner jusqu'au bout, jusqu'au jour où il parviendrait à mettre un terme au règne maléfique de Voldemort. Elle aurait aimé être celle qui briserait les chaînes qui l'entravaient, le contraignaient à suivre cette voie qu'un sorcier malfaisant avait tracer pour lui, alors qu'il était à peine âgé d'un an. Mais elle n'en avait pas le pouvoir. La seule chose qu'elle pouvait lui offrir pour compenser la douleur et la culpabilité, c'était son amitié.

La plus pure et la plus sincère qui soit.

Doucement, elle glissa sa main dans les siennes, sans prononcer un mot, attendant patiemment qu'il soit le premier à le faire. Elle n'avait pas envie qu'il se braque. Au contraire, elle voulait qu'il s'ouvre à elle, au lieu de s'enfermer dans sa bulle comme il le faisait depuis la perte de son parrain.

—Comment as-tu sut que j'étais là ? souffla-t-il.

Sa voix n'était qu'un murmure et le vent l'emporta aussitôt. Mais Hermione perçut sa question aussi nettement que s'il l'avait crier. Un faible sourire étira ses lèvres sèches lorsqu'elle constata qu'il avait à présent le regard rivé sur elle. Délicatement, elle sortit le morceau de parchemin qu'elle avait amené avec elle de l'intérieur de sa cape et le lui tendit.

—Je vois, rit-il faiblement. Je dois même dire que ça ne me surprend pas.

—Je suis si prévisible que ça ? fit-elle semblant de se vexer.

—Non, rétorqua Harry. Non, tu es loin d'être prévisible.

—Je prends ça comme un compliment.

—Je crois que s'en est un... admit-il en secouant la tête. Mais je ne suis pas sûr à cent pourcent.

Un instant, le rire de Hermione s'éleva dans le silence des lieux, seulement rompu par le souffle du vent, le piaffement des oiseaux et les chuchotements s'élevant de la Forêt Interdite. Cette pause, cet instant de quiétude atténua légèrement la culpabilité ressentie par l'Elu, qui se croyait être le responsable de la friction entre Ron et son frère aîné.

—Ce n'est pas de ta faute... finit par chuchoter Hermione.

—Qu'est-ce que tu en sais ? J'ai bien vu comment Percy me regardait à Noël.

—Mais Percy est un con, contredit-elle en reprenant les mots énoncés par Fred quelques semaines auparavant. Et ce qu'il pense, on s'en fiche. Ce qui compte c'est Ron et tes amis.

—La réputation de Monsieur Weasley est importante aussi.

—Je ne dis pas le contraire, Harry, soupira-t-elle. Ce que je te dis, c'est que tu ne peux pas t'en vouloir pour tous les malheurs du monde, même s'ils sont liés à Voldemort. Les résultats des massacres qu'il commet ne sont pas de ton fait ni de ton ressort. Tu ne peux pas le laisser t'atteindre de cette façon.

—Sans moi, Percy parlerait encore à sa famille... tu sais, Ron m'a avoué que sa mère continuait de regarder par la fenêtre en espérant qu'il rentre pour de bon à la maison.

—Percy est un adulte et il fait ses propres choix. Ron fait aussi ses choix, et dans le cas présent, il a choisi de te soutenir. Parce que c'est la juste cause que tu défends. Que l'on défend tous. Alors arrête de t'en vouloir. Tu n'y es pour rien.

—Tu crois ?

—Evidemment ! s'exclama-t-elle. Harry tu penses vraiment que si je ne croyais pas un mot de ce que je viens de te dire, je serais à tes côtés maintenant ? Si je ne croyais pas que tu étais une personne formidable, avec une bonté d'âme infinie, tu penses je vous aurais aider, toi et Ron, en première année ? Si je n'avais pas connu ton passé avant de te rencontrer, tu penses que je ne serais pas devenue ton amie ? Avec des si, on peut refaire un monde, tu sais ! Alors arrête de t'apitoyer sur ton sort et regarde en face de toi. Concentre-toi uniquement sur ce qui en vaut la peine.

—Qu'est-ce que je ferais sans toi ? souffla-t-il avec un sourire en pressant ses doigts.

—Tu te serais fais dévorer tout cru par un filet du diable.


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