16 jours avant la fin...
SOANE WILSON
La vie avait reprit son cours. Nous étions jeudi matin, et il ne me restait que peu de temps avant de devoir partir travailler. Or, je n'étais absolument pas prête. En fait, je l'avais été. Mais ma blonde avait tenu à me souhaiter une bonne journée d'une façon sauvage, le genre qui rend votre corps moite. Seulement, lors de notre ébat un peu trop fougueux, le nez d'Ysia avait percuté mon front, et bien que je n'en avais perçu qu'une infime douleur, c'était loin d'être son cas.
" Je suis pas en sucre Soane, tu peux appuyer quand tu désinfectes, soupira-t-elle, assise sur la baignoire. "
Je levai les yeux au ciel avant d'écouter ses recommandations. Je trempais mon coton dans de l'alcool désinfectant avant de tapoter les traces de sang qui coulaient sur le bas de son visage.
" Aïe, hey, pas si fort !
- Je croyais que n'étais pas, comment déjà? Ah oui, "en sucre".
- Ouais, sauf que j'suis pas non plus en béton armé. Tu cherches à m'abimer encore plus? plaisanta-t-elle.
- Arrête de bouger, râlais-je en attrapant son menton. "
La blonde se laissa enfin faire. J'étais bientôt en retard. Elle ria, crispée afin de ne pas trop gigoter.
" Qu'est-ce que tu as à glousser?
- Ca me rappelle notre premier baiser.
- Ysi, souriais-je, gênée de me remémorer la tournure qu'avait prit les événements ce jour-là.
- On s'était battues devant le lycée, pouffa-t-elle.
- Rectification : je ne voulais pas te frapper, tu m'avais provoqué.
- Ah oui? demanda-t-elle, amusée, arquant l'un de ses sourcils.
- Oui. Tu avais embrassé cette fille, et quand je t'avais demandé des explications, tu avais ameuté le lycée.
- Je me souviens très bien de ta tête, tu étais comme.. incrédule ! s'écria-t-elle, comme une enfant.
- Pourquoi avoir alerter le monde entier lors de notre altercation?
- J'avais besoin de leur montrer que quoi qu'il arrive, tu serais à moi. Je savais bien que j'allais t'embrasser. J'ai toujours rêvé de sortir avec une personnalité du catch, ironisa-t-elle. "
Je soufflais, feintant l'agacement pour ne pas rire.
" Je vais me débrouiller, dépêche-toi d'aller au boulot, La Terreur, conseilla-t-elle en prenant le coton de mes mains.
- "La terreur"? citais-je sans vraiment comprendre, en remontant mon pantalon.
- Ouais. C'est ton nom de scène. Ton nom de Catcheuse.
- Tu es insupportable, chuchotais-je avant de l'embrasser. "
TATE LANGDON
La matinée était déjà presque terminée lorsque la frimousse de la petite blonde passa enfin ma porte. Comme depuis lundi, elle m'avait apporté de quoi manger et un tas de cachets homéopathiques qui, selon elle, "m'aideraient à trouver le sommeil". Seulement, j'avais sommeil. Je n'avais juste plus le bon endroit pour dormir. Mon coeur était tellement pris par son amour que ses bras étaient le seul lieu où, enfin, mon esprit accepterait de se reposer.
" Ton nez est gonflé, constatais-je. "
Je venais en effet de remarquer qu'il paraissait enflé. Immédiatement, je m'approchais, interpellé. Je relevai la petite mèche qui cachait parfois son visage, afin de mieux distinguer sa blessure.
" Oh c'est rien, je me suis cognée au visage de Soane pendant qu'on... - "
Mon regard dut en dire long puisqu'elle ne termina pas sa phrase, préfèrant baisser la tête pour se concentrer sur la lecture de la boite d'huile essentielle qu'elle venait d'acheter, pour moi. Après un court instant, elle attrapa délicatement mon poignet, l'emprisonnant dans ma main chaude, et déposa quelques gouttes de son liquide apaisant.
" Tu as maigri, Tate.
- J'en sais rien.
- Ce n'était pas une question, répliqua-t-elle. Tu as maigri. Ok. Je... Je t'ai apporté une purée de brocoli. "
Je levais les sourcils sous ses yeux ébahis.
" J'ai compris. Pas de purée. "
Elle jeta son contenant à la poubelle. Je n'avais jamais aimé les légumes, et encore moins les légumes verts. Etait-ce vraiment comestible, d'ailleurs? Je suis persuadé que c'est juste une invention d'un méchant homme démoniaque pour nous empoisonner à petit feu. Sérieusement. Ce genre d'aliments a le goût de la mort.
" Et si on faisait un gâteau? Tu sais, comme avant? "
TATE LANGDON
Voilà seulement dix minutes que nous avions commencé à cuisiner, et nos vêtements étaient déjà si sales que l'on aurait pu croire qu'un ouragan avait ravagé ceux-ci. Le pire dans tout ça? Ysia ayant eu la bonne idée de rajouter quelques ingrédients à la recette initiale, le gateau avait l'air immangeable.
" Peut-être qu'en cuisant...
- Même pas en rêve, la coupais-je.
- Ok, ok. Alors je vais commander des muffins. "
Elle s'empressa de saisir son téléphone avant que je ne pus répondre. Je ne pus m'empêcher de sourire. Elle était si entreprenante, si sûre d'elle. J'avais toujours aimé ça. Elle était remplie de contrastes. Non. Elle était la définition même de contraste. Elle pouvait être pleine d'assurance, et pourtant si fragile. J'aimais tout. Toutes ses facettes.
TATE LANGDON
La livraison avait été rapide. Ysia avait l'air si heureuse de me voir manger, que je me forçais, simplement pour avoir la chande d'admirer son sourire. Elle était assise sur le canapé, les pieds sur la table, sa toque toujours dressée sur sa longue crinière.
" L'autre jour, j'ai repensé à notre premier baiser. "
Elle manqua de recracher son gateau lorsque je prononçais ses mots. Je pouvais parfaitement lire sur son visage qu'elle n'avait aucune envie de parler de ça.
" Je sais pas si tu t'en souviens...
- Si. Bien sûr. J'veux dire, bien sûr que je m'en souviens, bégaya-t-elle en reposant son muffin. Tate, tu veux vraiment que l'on parle de ça?
- Oui.
- Urm... Ok... Mais finis de manger, avant. "
Je m'exécutais. De toute façon, j'aurais fait n'importe quoi pour lui en reparler. C'était ce fameux soir que ma vie avait prit un tournant.
" C'était si inattendu, déclara-t-elle, fuyant désormais mon regard. Toi qui semblait si amoureux de Livia... "
Ce que la blonde avait tendance a oublié, parfois, c'est qu'en effet, j'avais perdu énormément de monde, uniquement pour conquérir le sien. J'avais aimé Livia pendant quelques temps, et au moment où je lui avais avoué, j'avais renoncé, finalement. Pour Ysia.
" Tu avais l'air si triste, cette nuit là...
- Je venais de rompre avec Soane, précisa-t-elle même si je le savais déjà.
- J'étais là. Je le suis toujours d'ailleurs. C'est quand j'ai vu tes yeux olives briller qu'il s'est passé ce truc en moi. Je n'ai plus réussi à m'en détacher. "
Elle évitait tout contact avec moi, mais je mourrais d'envie de prendre sa main. Je ne résistais pas une minute de plus avant de la saisir.
" Tu te rappelles ? "
Je tirais sa main pour qu'elle se lève, afin de mimer les mêmes gestes que j'avais eu ce soir-là, en espérant que, peut-être, on ne sait jamais, la magie réopère. Je la fis alors tournoyer, danser, virevolter, en souvenir de notre premier baiser. Il manquait la pluie. La petite pluie qui s'était abattue sur nous lors de cet échange, il y a des mois de ça.
" Je t'ai fais danser au rythme de mon coeur, avouais-je en continuant à la faire bouger. "
Je me stoppai, me retrouvant face à elle, nos corps presques collés. Le temps semblait s'arrêter un instant. Je savourai ce moment où il n'y avait que nous deux, les yeux dans les yeux, et le coeur en pleine reconquête. Ses lèvres écarlates paraissaient trembler, comme si elle essayait d'articuler quelconque parole. Je passais ma main dans sa chevelure dorée, sans jamais rompre notre regard.
" Je peux pas faire ça, Tate, termina-t-elle par lâcher, désorientée.
- Pourquoi ça? Je sais que tu le veux. Tu le veux comme moi je le veux. "
Elle se hâta de ramasser son sac, chamboulée, avant de rejoindre la porte d'entrée. Mais avant qu'elle n'eut le temps de la franchir, je la retins par le poignet.
" Dis-moi que tu ne le veux pas, Ysia. Tu en es incapable. "
Elle tenta de se dégager de mon emprise, en vain. Elle gesticulait nerveusement, et je pouvais apercevoir que ses pupilles étaient en train de s'embuer.
" Je sais que tu en as envie, Ysi.
- Evidemment ! cria-t-elle. Evidemment que je le désire Tate. Mais ce que je veux plus que tout, c'est Soane. Ne me force pas à me rappeler éternellement à quel point c'était bien, car après tout, c'est encore mieux avec elle. "
C'est sur ces mots qu'elle avait hurlé que je la relâchais. Elle claqua la porte derrière elle tandis que je restais immobile, silencieux. C'était le genre de déclaration qui vous fait quitter ce monde un instant. Comment aurais-je dû le prendre? J'étais impuissant, je n'arrivais pas à savoir quelle émotion devait me parcourir à ce moment-là tant j'étais plein de contraste. Comme elle. Car, oui, Ysia Scott était le genre de fille qui vous fait cet effet là.
______________________________________________________________
NDA : Bonjour à tous ! J'espère que vous allez bien et que ce début de saison 4 vous aura plu ! Je risque de beaucoup publier cette semaine car je reprends les cours le 6 septembre, et je ne pense pas que j'aurais beaucoup de temps pour mettre à jour mon histoire à la rentrée. Merci pour vos retours sur le synopsis ! Je tenais juste à vous préciser quelque chose... A très vite, full love, xox.
QUESTIONS DE L'AUTEURE : - Suite aux deux derniers chapitres, qui va, selon vous, être conduit à sa perte?
- Que pensez-vous de la relation Soane/Ysia comparée à la relation Tate/Ysia?
N'oubliez pas de voter en cliquant sur la petite étoile si ce chapitre vous a plu !