La Fille Gelée et la Face Cac...

By Mllemlaniiiie

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[Ceci est le deuxième tome de La Fille Gelée, vous ne comprendrez pas si vous n'avez pas d'abord lu le premie... More

Disparition
Duel
Sans pitié
Des réponses attendues
Le cimetière de la Vallée
Un dilemme véridique
Vengeance
Malédiction et psalmodie
Duncandò Majïsa
Eshkhan
Boire pour oublier
Court séjour retour
Trois fois Minuit
Un ruban violet
Annonce funeste
Du bluffe?
Flèche meurtrière
Poison
Guérison retardée (+ surprise)
Alex ou Tarek ?
Sang chaud et sang froid
Khyazgaar
Leeroy
Hallucinations
Confessions fraternelles
Le Départ
Le jeu de pomme
Fleur noire et sens clairs
Au cœur d'un soleil noir
Son combat
Alex
Chasse mouvementée
Emelï
Un funeste plafond
Prophétie
Rodeur
Conrad
Bière maison
Prudence
Course poursuite
Un plongeon vers l'inconnu
Le Condamné
Les Khyazgaars
Petite soeur
Nouveau diagnostic
Connais-tu tes amis?
Guérison miracle
Bon anniversaire
Renversement
Les Quatre Elements
Souffrances parallèles
A l'aube d'un soleil noir
Alex ?
Flagellation
Au beau milieu d'une légende
Écailles blondes
Cor en Épicéa
Diversion
Accords silencieux
Edwin
Quatre Dômes
Provocante
Ni blanc, ni noir
Traqués
Vingt-huit
Le seul vainqueur
Entrée en Guerre
L'homme-elfe
Níniel
Un hiver, cinq mois, mille tensions
Un duel, deux échecs
Message gravé de noirceur
Un ruban violet similaire
Retour des armes
Un nouveau départ
Cerclés d'or
Le reflet du passé
Incohérences et questions
Une sombre nuit
Les flèches
Changement de camp
Le voile tombe
Tome 3

Une rage féline

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By Mllemlaniiiie

         Instinctivement, ses pas la guidèrent au centre du clan Khyazgaar, sur la petite place dont le sol n'était qu'herbe et terre sèche. Le soleil chauffait sa peau pâle tandis qu'elle s'arrêtait, au centre de cet espace découvert, appréciant la brise matinale qui venait frôler son visage et ses cheveux blancs comme neige. Si Alex l'avait contrariée, elle n'en laissait rien paraître, ayant repris le total contrôle de ses émotions, les laissant bouillonner à l'intérieur, sous cette carapace de glace.

        La place était presque déserte, et seuls riaient les deux hommes qui leur avaient confisqué leurs armes, assis à une petite table de jardin devant une maison au toit de chaume. Les deux quarantenaires buvaient joyeusement leur boisson qui semblait alcoolisée, ne se souciant pas de la présence de la jeune Ilewite.

        Hormis ces derniers, le vide et le silence de la place semblait témoigner d'un village endormi. Pourtant, le soleil annonçait deux bonnes heures avant midi. Aïkida s'en étonna, d'autant plus qu'à leur réveil, ils avaient croisé beaucoup plus de monde.

        Soudain, un grondement retentit. Ou un grognement. La jeune fille ne sut pas qualifier correctement le bruit qu'elle perçut. Elle fit volte-face pour se retrouver nez à nez avec Safia. Safia la Tigresse.

        Le félin longeait les murs des maisons qui encerclaient la place, ne portant pas attention aux deux hommes, Bradley et Gaspar, qui n'avaient pas bougés, sinon tourné leur tête vers l'animal.

— Tes menaces ne serviront à rien. Elles ne te sauveront pas.

La voix humaine de la tigresse sortit de la gueule du fauve dans un son rauque, déformant le timbre initial.

        Aïkida fronça les sourcils. Elle n'avait aucune envie de se battre contre un tigre.

— Tu délires, répondit-elle. Je ne menace personne.

Le félin continuait de longer les mur, rasant les pierres, fixant la jeune fille en lui tournant autour, infatigablement. Sa peau, recouverte d'une fourrure d'un orange vif, tranchée par les rayures noires, roulait sur les omoplates du fauve tandis que sa démarche, lente et calculée, était dangereusement gracieuse. Ses lourdes pattes équipées de griffes acérées se posaient sur le sol en silence, levant la poussière de la terre, formant un fin nuage opaque et rampant.

        Un second grondement se fit entendre. Il semblait sortir des entrailles du tigre, du plus profond de son être. Un mécontentement certain résonnait au sein de sa cage thoracique démesurée. Sa queue était basse, frôlant le sol en silence, traçant une fine ligne derrière elle.

— Tu mens comme tu respires. Le propre des dragonniers. Ça t'amuse de manipuler Alex ? Tu te crois forte en le menaçant pour qu'il se taise ? Tu te crois en position haute, simplement parce que tu crois que c'est ton ami ?

Le ton était plus menaçant, alors que la tigresse tournait toujours en rond. Toujours, mais plus vite.

— Je n'étais pas en train de menacer Alex ! s'écria Aïkida. Je discutais simplement avec lui !

Mais Safia perdait patience alors que le grondement se faisait plus grave.

— Tu discutais avec lui en tant qu'amie je suppose ?

Les yeux de la femme dragonnier s'assombrirent. Elle cracha :

— On dirait qu'il ne me considère plus exactement comme une amie.

Le tigre changea brusquement de direction. Face à sa rivale.

        Ses yeux étaient d'un orange flamboyant de haine tandis que sa pupille verticale se dilatait de colère. Ses oreilles arrondies se tendirent et s'aplatirent vers l'arrière alors que ses longues moustaches se dressaient. Safia dévoila sa dentition, mettant au jour ses crocs acérés comme des poignards, retroussant ses babines. Ses omoplates roulaient rapidement sous sa peau épaisse recouverte de fourrure. Ses muscles étaient tendus. Le tigre était prêt à fondre sur sa proie.

— Alors comme sa petite amie peut-être ?

Safia poussa un rugissement, incarnant une rage destructrice, et bondit sur Aïkida.

        Cette dernière n'eut pas le temps de réfléchir au malentendu qu'il venait de se créer entre les deux jeunes femmes, et se jeta sur le côté, évitant de justesse les 140kg qui fondaient sur elle. Enchaînant par une roulade dans l'herbe, la Fille Gelée se releva illico et fit face au fauve qui s'apprêtait de nouveau à bondir, crocs et griffes dehors. Par réflexe, elle porta sa main à sa ceinture, et pesta intérieurement en ne trouvant que le vide à la place de son épée, se rappelant qu'elle était désarmée.

— Je ne suis pas sa petite amie ! hurla-elle.

Mais sa tentative de résonner Safia fut vaine, et elle dut une nouvelle fois se jeter à terre, non sans ressentir une douleur vive à son bras gauche qui venait de recevoir un coup de griffes.

        Aïkida jura en serrant les dents. Calmer une boule de feu doublée d'un félin était inutile et vain. Son cerveau fonctionnait à toute vitesse tandis qu'elle se relevait déjà. Elle était désarmée face à un animal possédé par une rage et une jalousie destructrice. Et elle n'allait certainement pas se battre à main nue contre des crocs et des griffes aussi efficaces que cent poignards. Deux choix s'offraient alors à elle. Soit elle dégainait ses micro lames dissimulées dans sa tenue, auquel cas les dragonniers seraient fouillés par la suite, étant supposés entièrement désarmés, et les blessures infligées au tigre ne seraient que superficielles à moins de lui crever les yeux ou de lui transpercer le crâne ce qui entraînerait la mort. Soit elle utilisait sa magie, pouvant ainsi espérer immobiliser le fauve sans le tuer, mais sans non plus être certaine d'être capable de se contrôler.

        Dans tous les cas, la jeune fille risquait de tuer Safia, ce qu'elle préférait éviter pour protéger sa sœur. Mais dans tous les cas, si elle n'agissait pas, ce serait elle qui serait tuée.

        Le félin battait dorénavant la queue contre le sol, de droite à gauche, témoignant d'une offensive imminente.

— Tu crois qu'en lui faisant les beaux yeux, en plus d'acheter son silence, il pourra te ramener ta sœur ?

La voix rauque de Safia était vibrante de haine, et teintée d'un rire dissimulé par l'amertume.

        Mais ce fut au tour d'Aïkida de grincer des dents alors que ses yeux s'assombrissaient :

— Laisse ma sœur en dehors de ça, ordonna-t-elle en faisant une pause entre chaque mot.

C'est alors qu'elle distingua une sorte de sourire cruel sur la gueule de l'animal. Un de ceux qui vous glaçait le sang.

— Ta sœur est minable. Elle tient à peine debout. Elle ne survivra pas à sa Phase Troublante.

Aïkida sentit une brûlante chaleur monter en elle. Une chaleur toute aussi destructrice que le feu d'un dragon, toute aussi dévastatrice que la haine dont s'imbibait peu à peu ses veines. Elle serra les poings, tremblante de rage alors qu'elle ne voyait plus que le tigre face à elle.

— Et tu sais quoi ? rugit Safia. Si elle survit, je l'achèverai moi-même.

Les yeux de la Fille Gelée explosèrent en milles flammèches de toutes les nuances de violet, fondant sa pupille en une flamme brûlante qui parcourut tout son corps et toute son âme.

        Les deux jeunes femmes se sautèrent à la gorge. Safia balança un puissant coup de pattes au bras gauche de son adversaire, le même qu'elle avait touchée tout à l'heure, le recouvrant immédiatement de sang. Aïkida, s'était néanmoins baissée juste à temps pour éviter de se retrouver plaquée au sol par les kilos de muscles du tigre. Elle s'était immédiatement retournée, se retrouvant ainsi à la gauche du félin. Elle ne perdit pas une seconde et se jeta sur la bête, encerclant sa gorge de ses bras, se tenant les poignets et tirant de toutes ses forces vers l'arrière en ignorant sa douleur, tentant de l'étrangler. Athkor était trop loin pour intervenir, étant parti chasser avec Luaj, mais il lui transmit toute la force dont il était capable, redonnant une puissance nouvelle à sa femme dragonnier, ce qui lui permit de tenir le coup quand Safia voulut se retourner.

        Mais la jeune fille n'était pas sotte, bien qu'aidée par son dragon, elle ne faisait pas le poids face à un félin de cette taille. Tout ce qu'elle réclamait, c'était une seconde de répit. Et elle l'avait obtenue. Ses prunelles brillant d'un violet plus irrationnel que jamais, Aïkida déversa un flot puissant d'énergie dans ses mains, ainsi que dans ses bras, encerclant la gorge du tigre par une barrière de glace plus tranchante qu'une épée aiguisée.

        L'Ilewite put alors bondir en arrière, évitant de justesse un nouveau coup de patte, et se recula plus encore pour reprendre son souffle en observant son œuvre. Le félin était dorénavant doté d'un collier mêlé de glace et de sang tandis qu'il rugissait de rage et de douleur, la magie d'Aïkida entaillant sévèrement sa chair à des endroits stratégiques.

        Mais le visage transpirant de la jeune fille se décomposa lorsqu'elle vit sa propre glace prendre feu et fondre en un quart de seconde. Safia, désormais libre, et plus incendiaire que jamais, bondit sur elle sans qu'elle n'ait le temps de réagir.

        Le combat spectaculaire et les cris avaient ameuté des Khyazgaars qui formaient désormais une ronde ébahie autour des deux jeunes femmes. Beaucoup étaient déjà en train de monter des paris sur la gagnante de ce combat sanglant, sans que personne ne donne l'impression d'intervenir. Ils avaient forgé la réputation de Safia comme une véritable guerrière, et ne doutaient pas d'elle. Ils n'avaient que faire si leur « invitée » mourrait sous les coups de griffes de leur idole. Ils n'interrompraient pas le combat, non seulement parce qu'il était jugé bien trop intéressant à leurs yeux, mais également, il fallait bien l'avouer, car aucun d'eux ne se sentait capable de séparer les deux tigresses enragées.

        Wanda, elle, observait la scène, appuyée contre sa porte, les bras croisés. Elle non plus, ne tentait rien pour les arrêter.

        Alors qu'Aïkida se faisait rouler dans l'herbe par la puissante musculature du félin, et qu'elle transperçait de toute part le corps de son adversaire grâce à de longues lames de glace qu'elle se créait dans les mains, des cris retentirent.

        Leeroy et Tarek arrivèrent en courant, alertés par Luaj et par les cris qui avaient ameuté la moitié du village. Ils n'hésitèrent pas une seconde à entrer dans l'arène. Tarek, lui, ne prit pas le temps de peser le pour et le contre du fait de dégainer sa lame cachée, et sortit son arme sous les yeux ébahis des Khyazgaars. Il poignarda profondément Safia dans son dos alors qu'elle s'apprêtait à refermer sa puissante mâchoire sur le cou d'Aïkida. Le tigre rugit de douleur avant de délaisser sa proie au sol et de tomber à son côté.

        Leeroy, lui, se précipita vers son amie recouverte de sang, et avant de l'éloigner du félin, assena à celui-ci un puissant coup de pied en pleine gueule alors qu'il tentait tout de même une seconde approche de la Fille Gelée.

        Le silence était tombé sur la petite place du clan. Plus personne ne riait, ne pariait, ni n'esquissait le moindre mouvement. Le jeune blond tira son amie par les bras, l'emmenant le plus loin possible de Safia qui reprenait son apparence humaine sous le regard menaçant de Tarek qui tenait fermement son couteau.

— Ne bouge pas, tu es blessée, ordonna fermement Leeroy, les sourcils froncés.

Ses yeux parcoururent rapidement le corps de la Fille Gelée, constatant les dégâts en suivant les épaisses tâches de sang. Des coups de griffes au bras gauche, à l'abdomen et à la cuisse gauche, ainsi qu'une légère griffure au visage au niveau de la tempe gauche, mais le dragonnier fut soulagé de ne voir aucune trace de morsure.

        Ses yeux azur revinrent se poser avec douceur sur ceux de la Fille Gelée, brillants de larmes de rage.

— Ne me relève pas, cracha-t-elle entre ses dents serrées.

Il n'eut pas besoin de lui demander pourquoi. Il ne savait pas comment les deux jeunes femmes en étaient arrivées à une telle violence, mais si Aïkida lui demandait de la maintenir allongée sur le sol, il savait que c'était pour une bonne raison. Si elle se relevait maintenant, elle tuerait Safia, noyée par la colère, ayant juste assez de raisonnement pour comprendre qu'il ne fallait pas qu'elle croise le regard du félin.

        Leeroy leva la tête vers son frère d'arme. Celui-ci ne s'était pas attendri face aux nombreuses blessures que semblait avoir Safia, et lui avait déjà posé son couteau sous la gorge.

— Pas un geste ma jolie, sinon je serais obligé de trancher ce beau cou.

Malgré son ton qui pouvait paraître moqueur, son regard était noir et ses mâchoires serrées tandis qu'il était tendu, prêt à l'égorger au moindre mouvement brusque. Mais les yeux orangés qui le foudroyaient ne tardèrent pas à se révulser. Elle perdit connaissance.

        Ce fut le signal qui autorisa les Khyazgaars à respirer de nouveau. Les murmures s'élevèrent dans l'air matinal tandis qu'Alex arrivait en courant, les yeux écarquillés devant cette scène sanglante. Les habitants du village se dispersèrent alors, certains reprenant leurs activités qu'ils avaient délaissé pour voir le spectacle, d'autre se précipitant entre le dragonnier et leur idole, s'inquiétant de sa santé.

        Aïkida, elle, ne reçut que des regards noirs.

        Les paroles de la Fille Gelée revinrent alors en mémoire à Alex. L'histoire de ce matin n'est qu'un début, il y aura surement d'autres histoires, aussi futiles qu'ils soient. Celle qui venait de se produire était loin d'être futile. Si Tarek et Leeroy n'étaient pas intervenus, le combat ne se serait arrêté qu'à la mort d'une des deux adversaires. Le jeune Khyazgaar déglutit difficilement. Il se tenait au milieu de la place, à sa gauche Aïkida, à sa droite Safia. Et il ne savait pas vers laquelle des deux se tourner. Vers son amie d'enfance qu'il venait de retrouver, ou vers celle qu'il avait aimé en secret ?

        Finalement, il croisa le regard noir de la Fille Gelée. Un regard plein d'accusations, certaines injustes, d'autres peut être méritées. Mais ce qui lui brisa le cœur, ce fut de voir cette flamme de déception briller dans les prunelles de son amie.

        L'estomac noué, il ne put supporter ce regard, et détourna la tête. Alors qu'un vide prenait place dans son esprit, il sentit ses pieds l'emmener, sans qu'il ait eut quoi que ce soit à commander. Il sentit ses genoux se fléchir, puis le sol contre ces derniers.

        Lorsqu'il reprit contact avec la réalité, il était agenouillé. En face de Safia.

        Les deux dragonniers lancèrent un regard mauvais au jeune Khyazgaar, mais se désintéressèrent rapidement de lui, reconcentrant leur attention sur Aïkida qui peinait à se relever. Tarek étant revenu vers elle après s'être assurée que Safia soit hors d'état de nuire, chacun des deux frères d'arme passa un bras sous les épaules de leur amie, et ils purent ainsi la mettre sur pied et l'aider à marcher.

        Sans se retourner vers les villageois médisants, les trois dragonniers prirent la direction de leur maison.

        Wandales suivit du regard, et lorsqu'ils disparurent de son champ de vision, rentrachez elle et ferma la porte. Sans un seul mot. Sans un seul acte.    

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