La Fille Gelée et la Face Cac...

By Mllemlaniiiie

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[Ceci est le deuxième tome de La Fille Gelée, vous ne comprendrez pas si vous n'avez pas d'abord lu le premie... More

Disparition
Duel
Sans pitié
Des réponses attendues
Le cimetière de la Vallée
Un dilemme véridique
Vengeance
Malédiction et psalmodie
Duncandò Majïsa
Eshkhan
Boire pour oublier
Court séjour retour
Trois fois Minuit
Un ruban violet
Annonce funeste
Du bluffe?
Flèche meurtrière
Poison
Guérison retardée (+ surprise)
Alex ou Tarek ?
Sang chaud et sang froid
Khyazgaar
Leeroy
Hallucinations
Confessions fraternelles
Le Départ
Le jeu de pomme
Fleur noire et sens clairs
Au cœur d'un soleil noir
Son combat
Alex
Chasse mouvementée
Emelï
Un funeste plafond
Prophétie
Rodeur
Conrad
Bière maison
Prudence
Course poursuite
Un plongeon vers l'inconnu
Le Condamné
Les Khyazgaars
Petite soeur
Nouveau diagnostic
Connais-tu tes amis?
Guérison miracle
Bon anniversaire
Renversement
Les Quatre Elements
Souffrances parallèles
A l'aube d'un soleil noir
Alex ?
Flagellation
Au beau milieu d'une légende
Écailles blondes
Diversion
Accords silencieux
Edwin
Quatre Dômes
Provocante
Ni blanc, ni noir
Une rage féline
Traqués
Vingt-huit
Le seul vainqueur
Entrée en Guerre
L'homme-elfe
Níniel
Un hiver, cinq mois, mille tensions
Un duel, deux échecs
Message gravé de noirceur
Un ruban violet similaire
Retour des armes
Un nouveau départ
Cerclés d'or
Le reflet du passé
Incohérences et questions
Une sombre nuit
Les flèches
Changement de camp
Le voile tombe
Tome 3

Cor en Épicéa

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By Mllemlaniiiie

Bonjour tout le monde ! Je voulais juste souhaiter bon courage et bonne chance à ceux et celles qui passent le bac, le brevet, ou tout autre concours ! Les Dragonniers vous soutiennent ! ;) 
Je sais que vous l'attendiez avec impatience, alors voici enfin le chapitre où on revoit notre cher elfe Othar ! 
Bonne lecture :)



        Dans la Forêt des elfes, un silence pesant régnait...


        Othar ne tenait plus ses jambes, et seules les cordes auxquelles ses poignets étaient attachés le maintenaient en position verticale. Ses mâchoires le faisaient terriblement souffrir tant il mordait la lanière de cuir qu'on lui avait placé dans la bouche. Ses yeux bleus n'avaient pas une seule fois déviés, ils étaient toujours rivés vers les hauts dirigeants du Royaume Elfique. Le Roi Aldaron affrontait son regard, le menton haut, tandis que son fils se délectait de la scène. Son père ayant toujours apprécié Othar, une rivalité était née entre les deux elfes, d'autant plus que ce dernier plaisait aux mêmes elfes qu'il convoitait. Elendë tirait une pleine satisfaction de voir son principal rival souffrir le martyr.

        L'amusement dans les yeux en amande du Prince Elfe ne faisaient qu'enflammer une haine déjà consumée dans les veines du prisonnier.

        Le bourreau leva son fouet. Il claqua violemment la peau arrachée de l'elfe, pour la vingt-cinquième fois.

        Le visage d'Othar se fendit d'une grimace de souffrance. Il était recouvert de sueur et de sang alors que la douleur convulsait ses muscles tremblants. L'elfe ne put tenir plus longtemps le regard de des dirigeants et laissa tomber sa tête, pantelante. Son torse se levait à rythme irrégulier alors que le prisonnier respirait avec difficulté, haletant. À chaque coup, il plongeait dans une apnée provoquée par réflexe, ce qui lui causait une terrible douleur à la poitrine, en plus de celle de son dos en lambeaux.

        Les lanières végétales claquèrent une nouvelle fois sur le corps mutilé d'Othar. Les tresses meurtrières étaient dorénavant imbibées de sang.

        L'elfe ne put retenir le grondement qui sortit de sa gorge alors que sa vue perdait en qualité. Il perdait beaucoup de sang, et la douleur n'arrangeait rien à son tournis naissant. Il trouva la force de relever la tête, fouillant la foule du regard, et son cœur se déchira lorsqu'il reconnut le visage de sa mère, noyée sous les larmes.

        Une mère ne devrait jamais avoir à assister à la flagellation de son fils.

        La foule qui était venue observer le châtiment était composée de deux groupes. Le premier, essentiellement constitué de soldats royaux ou de partisans, hurlait des insultes à l'égard d'Othar, le poing en l'air et le visage partagé entre la satisfaction et la colère. Les autres en revanche, restaient silencieux, et nombre d'entre eux avaient détournés le regard, incapables de supporter une telle vision. Les soldats qui s'étaient fait attrapés et qui avaient suivi Othar chez les dragonniers étaient toujours agenouillés, gardés de près par des soldats royaux en armure dorée. Eux-non plus ne supportaient pas la vision de leur commandant souffrant au point de ne plus tenir debout, humilié sur cette place publique qui symbolisait beaucoup.

        Le bourreau fit claquer une vingt-huitième fois le fouet.

        Le dos de l'elfe était dans un état affolant. Recouvert de sang, les lacérations des lanières tressées avaient arraché la peau de son dos sur une trop grande surface. À vif, sa chair brûlait d'une douleur indescriptible qui rongeait la moindre parcelle de son corps, même les parties épargnées par le fouet. Le sang coulait le long de son dos et tâchait son pantalon avant de goutter sur le sol boisé de l'Esplanade qui portait bien son nom. Les lanières creusaient le dos d'Othar un peu plus à chaque coup, lui assurant une souffrance inhumaine et de futures cicatrices douloureuses.

        Le sang s'incrustait dans le bois de la place publique, ravivant un passé enfoui depuis des années.

        Le bourreau leva un bras, tenant fermement le fouet, s'apprêtant à creuser plus profondément encore le dos du prisonnier.

        Soudain, un bruit sourd s'éleva dans la forêt. L'elfe suspendit son geste alors qu'un silence écrasa les cris de la foule mécontente. Aldaron leva sa main droite, indiquant ainsi à ses gardes de ne pas bouger, et par la même occasion, au bourreau de s'arrêter quelques instants.

        Rien. Plus aucun bruit. Le temps s'était suspendu.

        Cependant, Othar avait relevé la tête, le cœur battant la chamade. Malgré son état de faiblesse, il plongea un regard noir de haine et de détermination dans les yeux incompréhensifs du Prince Elendë. Ce dernier, interceptant le regard du prisonnier, se figea.

        Il comprit alors.

        Le bruit sourd retentit de nouveau, plus grave et plus fort. Les vibrations sonores résonnèrent sur l'Esplanade Rouge jusque dans le cœur d'Othar qui y retrouva un certain courage. Il trouva la force, en s'aidant de ses bras, de se remettre sur pieds, tenant néanmoins debout avec difficulté.

        Suron l'admira, avec une certaine fierté dans le regard. Il félicita le destin de l'avoir mis sur la route de cet elfe incroyable. Il remercia également la condition elfique, plus solide que celle des humains, de pouvoir résister à autant de coups de fouets.

        Une clameur s'éleva alors des profondeurs de la Forêt. Des cris de guerre, de haine et de détermination retentissait dans les hauteurs de ce village aérien.

        Le signal.

        Le temps se figea.

        Dans la foule, tous les elfes qui s'étaient tus durant la flagellation, tous ceux qui avaient détournés les yeux, dégainèrent leurs épées dans un crissement métallique, poussant à leur tour des cris de guerre. En une fraction de seconde, les gardes royaux qui maintenaient les soldats fidèles à Othar à genoux furent assassinés, transpercés par les nombreuses épées. Une fois remis sur pieds, leurs compagnons tranchèrent les liens des elfes agenouillés et leur prêtèrent les armes qu'ils avaient amenés à leur attention.

        Les visages d'Aldaron et Elendë s'étaient décomposés, crispés par la rage. Alors qu'ils restaient là, postés à leur balustrade, un garde royale haut placé hurla des ordres à l'intention des elfes sous son commandement alors qu'ils s'agitaient comme une fourmilière.

        La rébellion commençait.

        Une flèche vint se planter dans la rambarde en bois sur laquelle était appuyés les deux dirigeants. Ces derniers se reculèrent vivement, yeux écarquillés, avant d'orienter leur regard vers la provenance de la flèche. Sur l'arbre voisin, là où s'était tenue une foule submergée par la souffrance quelques instants, se tenait dorénavant des elfes armés et déterminés. Postés sur les hautes branches au-dessus de l'Esplanade Rouge, une dizaine d'archers étaient en position, bras et arcs tendus.

— Baissez-vous !

Un garde venait d'hurler ses ordres à l'intention du Roi et du Prince qui obtempérèrent immédiatement, échappant à une pluie de flèches mortelles. Celui qui avait crié gisait désormais sur le sol de la loge royale, la gorge transpercée, le regard vide.

        Le garde royal haut placé, responsable des armées elfes et de la sécurité de son souverain, se précipita sur celui-ci, protégé par un large bouclier de métal doré.

— Il vous faut regagner le gîte royal ! Vous y serez en sécurité !

Le Roi Elfe était sonné par les événements, et mit un certain temps à tourner un regard vers le soldat. Une rage profonde bouillait en lui alors que son visage clair prenait peu à peu une teinte rouge de colère.

— Saqsöe, faites-en sortes, que mon fils et moi restions vivants. Mais par-dessus tout, ramenez-moi la tête d'Othar.

Ledit Sasqöe hocha la tête et fit un signe de main aux gardes royaux alentours.

        Une dizaine d'elfe entoura alors les dirigeants de la Forêt en les protégeant de leurs boucliers, autant sur les côtés qu'au-dessus de leurs têtes. Formant ainsi une structure solide, ils essuyèrent une nouvelle pluie de flèches, se déplaçant rapidement hors de la loge royale, rejoignant les épaisses branches du séquoia.

        Les elfes civils qui n'avaient aucun lien avec la révolte poussaient des cris de terreurs tandis que les rebelles s'occupaient de tuer les gardes non loin d'eux. Deux des elfes qui avaient dû s'agenouiller face au châtiment d'Othar se précipitèrent vers ce dernier. Le bourreau avait retiré le tissu noir qui recouvrait son visage et avait jeté le fouet loin de lui avant de lever les mains en l'air, terrorisé.

— Je ne faisais que mon travail ! Pitié ! Ne me tuez pas !

Les deux jeunes elfes se regardèrent un instant, hésitant sur le sort qu'ils devaient attribué, ou non, à celui qui avait torturé leur commandant.

        Mais durant la fraction de seconde qui s'était écoulée, une flèche vint se planter droit dans le cœur du bourreau qui tomba à genoux, bouche grande ouverte, les yeux écarquillés de terreur.

        Les deux elfes se retournèrent pour jeter un coup d'œil à l'archer qui se tenait quelques mètres plus loin, sur une fine branche, en équilibre. Ils se précipitèrent ensuite vers Othar. Lorsqu'ils se placèrent face à lui, un faible sourire fendit le visage du prisonnier.

— Herendil, Anardil, je n'ai jamais été aussi heureux de vous voir mes amis.

Le premier lui sourit en retour :

— Toujours à tes côtés.

Le second s'approcha du prisonnier en lui passant un bras derrière les épaules, en prenant soin d'éviter de toucher la zone lacérée par le fouet. Mais le moindre contact faisait souffrir Othar. Ils n'avaient pourtant pas le choix. D'un geste vif, il sectionna alors la corde qui reliait ses mains à la haute branche au-dessus de leurs têtes.

        Le jeune elfe s'effondra dans un grognement, néanmoins retenu par Anardil. Herendil s'occupa de couper la corde qui maintenait ses poignets et chevilles attachés, le libérant ainsi de ses liens.

— Il faut que tu t'éloignes d'ici. Appelle ton loup.

Othar serra les dents mais réussit à se remettre sur pieds, non sans l'aide de son compagnon. Son visage était fermé et crispé par la douleur qui lui rongeait le dos, mais sa détermination était plus forte que tout.

— Je n'abandonne jamais mes troupes.

— Nous te sommes loyaux et nous connaissons ton courage, mais tu n'es pas en état de te battre ! répliqua Anardil.

Mais en réponse, Othar porta ses doigts à sa bouche, et émit un puissant sifflement. Il tourna ensuite un regard encourageant vers ses compagnons, et déclara en esquissant un sourire :

— Non, je ne peux pas me battre, mais je peux encore tirer. Il me faut simplement un arc et un carquois plein.

Les deux elfes affichèrent un sourire sincère alors que leurs yeux brillaient d'une admiration sans borne. Herendil s'inclina aussitôt et disparut dans la foule paniquée qui s'éparpillait entre les rebelles et les gardes royaux.

        Au centre de l'Esplanade Rouge, tenant difficilement debout avec l'aide de son ancien ami, Othar profita de sa situation pour regarder autour de lui.

        Son premier regard se tourna vers sa mère. Cette dernière était effrayée et tremblante, mais une nouvelle force semblait l'animer. Une sorte de joie et de soulagement. Son fils était vivant et libéré. La femme elfe n'eut cependant pas le temps d'aller rejoindre ce dernier car une main lui saisit fermement le bras. Elle se retourna vivement, s'apprêtant à se défendre, quand le visage amical de Suron lui sourit.

— Je ne vous veux pas de mal, mais votre fils m'a ordonné de vous emmener loin d'ici. Votre père nous attend au sol, ainsi qu'une trentaine d'autres civils, nous devons partir.

Les yeux de l'elfe s'écarquillèrent alors qu'elle ne semblait pas comprendre la situation.

— Attention ! hurla soudain Suron en la poussant sur le côté.

D'un peu plus, la lame d'un garde royal lui tranchait la tête.

        D'un geste vif, le maître d'arme dégaina son épée et para le deuxième coup du garde avec agilité. Il se positionna alors entre le soldat à l'armure dorée et l'elfe dont il avait la responsabilité, se mettant en garde.

        Le casque de son adversaire l'empêchait de voir ses yeux, et ainsi de mieux anticiper ses mouvements. Mais après des années de pratique aux combats, notamment quelques-unes aux côtés de elfes, cela n'effraya en rien le vieil homme.

        Celui-ci ne patienta pas plus et attaqua rapidement le flanc de l'ennemi, mais son coup fut paré par la fine épée de ce dernier. Cependant, Suron avait anticipé cette action d'une évidence aveuglante, et retourna habilement ses poignets pour faire pivoter sa lame et ainsi la dégager de la garde adverse.

        D'une puissance non perdue au fil du temps, il put alors transpercer le buste du garde, fendant son plastron avec force. Le soldat s'écroula sur le sol boisé, mort.

        Suron se retourna alors vivement vers la mère d'Othar qui avait observé toute la scène, et la pressa :

— Avec tout le respect que je vous dois madame, il vous faudrait vous dépêcher.

Mais l'elfe ne semblait pas avoir l'intention de quitter les lieux de suite. Son regard encore empli d'admiration pour l'homme qui venait de lui sauver la vie, elle décréta :

— Vous devez rester ici et aider les rebelles. Mon fils aura besoin de vos talents de combattant. Vous venez de me sauver la vie, il pourrait avoir besoin que vous sauviez la sienne.

Suron fronça les sourcils, et bien qu'il fût flatté par ses paroles, n'en démordit pas :

— Othar m'a ordonné de vous mettre en sécurité, vous, votre père et les autres civils. Il a assez confiance en moi pour me confier cette tâche alors je ne le décevrais pas. D'autant plus que mes capacités au combat risquent de me servir durant notre fuite. Maintenant, il faut partir.

La mère de l'ex-prisonnier fixa le maître de combat sans rien dire, perdue dans ses pensées, puis finit par hocher la tête. Ses yeux verts et humides se tournèrent avec inquiétude vers son fils tandis que ses traits à peine usés par le temps témoignaient d'une forte tension. Ses cheveux gris argentés étaient tressés dans son dos alors qu'elle en tripotait la pointe, nerveuse.

        Comprenant le regard d'une mère en détresse, Suron la rassura :

— Othar s'en est toujours sorti, il recommencera aujourd'hui. Suivez-moi, madame ... ? questionna-t-il implicitement.

Les yeux embués de larmes de l'elfe se tournèrent de nouveau vers son interlocuteur alors qu'elle répondait d'une voix tremblante :

— Serindë.

— Alors en route Serindë, nous n'avons pas une minute à perdre.

Suron plaça une main protectrice derrière ses épaules, et leur fraya un chemin parmi la foule battante, étant parfois obligé de s'arrêter pour combattre quelques gardes royaux qui leur barraient le chemin.

        L'Esplanade Rouge était agitée par des cris de toutes sortes, de peur, de colère, de guerre ou de douleur. Des ordres vociférés à la va-vite se faisaient également en entendre tandis que de nombreux gardes royaux arrivaient sur place, doublant ainsi leur nombre originel.

        Quelques secondes après le début des combats, la loge royale avait été vidée, et les dirigeants avaient été emmenés plus loin. Peu d'elfes rebelles avaient vu la scène, et les quelques courageux qui avaient tenté de les suivre pour les assassiner avaient été tués.

        Les principaux corps à corps se déroulaient sur l'esplanade, confrontant les rebelles et les gardes royaux, alors que le sol portait de plus en plus de cadavres, se teintant une nouvelle fois d'un rouge tragique. Mais les combats ne s'arrêtaient pas à la limite du tronc d'arbre sectionné sur lequel ils se trouvaient. En effet, de nombreux elfes étaient postés sur les hautes branches voisines, et armés de leurs arcs, déclenchaient de régulières pluies mortelles, facilitant ainsi les choses aux combattants des corps à corps.

        Cependant, la garde royale était organisée, et la riposte ne tarda pas à venir. De nombreux archers dorés se postèrent également sur différentes branches, et purent ainsi mieux attaquer les rebelles. Ces derniers se défendaient avec brio et faisaient des dégâts parmi les gardes royaux. Leur expérience passée parmi les troupes d'Othar durant différentes batailles leur permit de bien se défendre, et ce dernier les observait avec une fierté non dissimulée. Mais la vue de quelques visages inertes au sol lui serra le cœur. Ils sont morts pour moi. Ils sont morts pour leurs valeurs. Ils sont morts pour renverser leur Roi.

        Anardil, qui l'aidait à se tenir debout, les protégeait avec un bouclier royal qu'un garde ayant perdu la vie avait laissé tomber. Tout ne s'était déroulé qu'en quelques secondes, mais cela avait paru une éternité. Pour le moment, aucun garde ne les avait approchés au corps à corps, mais les flèches royales pleuvaient dorénavant à intervalles réguliers.

— On ne peut pas rester en plein milieu, suggéra Anardil. Le Roi a surement ordonné ta mort, et si pour l'instant personne ne s'est approché de toi, ça ne saurait tarder.

Mais au moment même où l'elfe finissait sa phrase, de longs hurlements sourds et gracieux retentirent dans la forêt.

        Un faible sourire étira alors le visage d'Othar alors que celui d'Anardil s'éclaircissait d'un espoir nouveau.

— Les loups !

Les hurlements des canidés avaient un instant figé les combats, chacun étant à l'écoute de l'aide ou de la menace qui arrivait.

        Un sifflement aigu et court retentit également, et toutes les têtes se tournèrent vers sa provenance. Au bord de l'Esplanade Rouge, la nacelle venait d'arriver, et à côté d'elle, un elfe affichait un sourire victorieux, se délectant des visages décomposés des gardes royaux.

        D'un geste habile et gracieux, presque lent d'un suspense insoutenable pour les soldats dorés et d'une attente hâtive des rebelles, le jeune elfe qui semblait ne pas être âgé de plus d'une quinzaine d'année, actionna un levier sur la nacelle.

        Dans un cliquetis bruyant, la porte tressée de bois s'ouvrit sur six énormes loups, crocs dehors et babines apparentes. À l'instant même où la porte claqua contre la nacelle, les bêtes sauvages bondirent en avant en grognant férocement, s'élançant à toute vitesse sur les premiers gardes royaux à leur portée.

        Ces derniers étaient livides alors que les quelques civils encore présents hurlaient de terreur. Ils avaient tous en tête les précédentes batailles dans lesquelles étaient intervenus les loups. Ceux-ci ne laissaient aucun survivant, seulement des corps déchiquetés.

        Mais les rebelles, eux, ne montrait aucune peur face aux canidés. Chacun d'eux avait été dressé par Othar, et ils lui obéissaient au doigt et à l'œil.

        Parmi les six loups, l'un deux, plus grand que les autres, s'approcha de l'ex-prisonnier. Son pelage soyeux et fournis était d'un gris anthracite, parsemé de quelques taches noires et blanches. Les loups qu'élevaient les elfes étaient déjà plus grand que les loups sauvages que connaissait la Fille Gelée dans le Royaume Ikara, mais celui d'Othar était encore plus impressionnant. Aussi grand qu'un ours, voire plus grand que certains, sa démarche semblait presque féline, gracieuse, le rendant plus puissant encore que n'en dévoilait sa dentition mortellement pointue.

        Le loup s'approcha de son maître, et lorsqu'il fut en face de lui, inclina légèrement la tête. Othar fit de même avant de poser une main respectueuse sur la tête de l'animal. D'un geste affectueux, il lui remua les épais poils entre ses doigts en affichant un sourire sincère.

        Les yeux bleus et les oreilles dressées du loup lui rendirent toute son affection alors que le lien entre eux se faisait sentir avec force.

— Content de te revoir Eshkhan. 

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