Sy carressait la surface de l'eau. Le bout de ses doigts se frippait. Elle sentait le souffle de Léo s'échouer dans sa nuque mouillée. Ce moment était figé, comme hors du temps, comme si rien ne pouvait les atteindre. Sy ferma les yeux une seconde. Elle savourait le silence.
Les mains de Léo glissèrent lentement le long de son ventre. Lentement vers le bas de son ventre... Sy souffla discrètement en balançant sa tête en arrière, tout contre la joue de celui qui flirtait avec son intimité. Léo inspira tout contre son oreille.
Il allait parler. Il allait dire quelque chose qui aurait rompu ce silence si parfait. Sy le devança et brisa cette quiétude en premier : Les clapotis de l'eau résonnèrent lorsqu'elle se redressa et sortit de la baignoire.
Sans adresser un seul regard à son prof, la lycéenne posa le pied sur le tapis de bain puis avança vers le grand miroir.
Les gouttes d'eau perlaient sur son corps nu. Figé dans la baignoire, Léo admirait la vue. Il avait l'occasion de regarder les fesses rebondies de son étudiante tout en profitant de sa poitrine parfaite dans le reflet du miroir.
Les courbes de son corps étaient parfaites. Elle était parfaite. Sy piocha dans un des tiroirs du meuble vasque un élastique. Elle entortilla sommairement ses longs cheveux mouillés et débuta une tresse. Ses bras en l'air remontèrent la courbe de ses seins. Les perles couraient le long de sa colonne vertébrale, les derniers rayons du soleil nuancaient sa peau dans une teinte aussi chaude que le sang qui commençait à bouillir dans les veines de Léo. Il croyait voir un tableau vivant tellement cette fille était sublime :
_On dirait Vénus sortant de son coquillage... Murmura-t-il les yeux pleins de désir.
Sy le regarda à travers le miroir. Elle noua la pointe de ses cheveux et s'avança encore un peu plus du miroir pour inspecter son visage. Mais ses yeux ne quittaient pas son professeur. Elle connaissait le pouvoir qu'elle avait sur lui. Elle reconnaissait ce regard qu'il lui adressait. Sy leva un sourcil avant de reporter son attention sur son propre reflet.
_Botticelli... L'un des tableaux les plus connu au monde...
Léo murmurait. Il ne voulait pas que sa référence ne soit trop pompeuse ou dite de façon trop hautaine. Mais il se rendait bien compte que Sy et lui n'avaient pas du tout les mêmes centres d'intérêts.
_Je ne crois pas que me comparer à la Bella Simonetta soit très juste pour elle... Sourit Sy.
_Tu écoutais mon cours sur l'art Florentin ? S'étonna Léo.
Sans regarder derrière elle, Sy continua de peigner ses sourcils et tapotter ses joues. Elle entendit l'eau remuer dans le bain et sentit rapidement l'ombre de Léo sur elle.
Ses grandes mains vinrent glisser sur ses coudes. Son souffle chaud s'écrasa sur son épaule :
_Je croyais que tu n'étais là que pour me distraire...
Les doigts de Léo laissèrent une empreinte humide sur la peau déjà sèche de Sy. Et sa voix suave électrisa ses sens. Sy tourna doucement sur elle-même et fit face à cet homme qu'elle avait désiré au premier regard.
_Tu es tellement chaude. Dit-il en remontant ses mains sur son cou.
Sy posa ses mains sur le hiboux tatoué sur sa poitrine. La chaire de poule qui parcourait le haut de son corps mit en relief ces tatouages.
_Tu es glacé.
_Donnes moi un peu de ta chaleur.
Cette dernière phrase n'était pas vraiment une demande. Mais plutôt une supplique. Une prière pour goûter à ces lèvres interdites.
Dans un élan primal, Léo rapprocha ses lèvres des siennes mais se retint au moment où leurs nez se frôlèrent :
_Tu te sens mieux ? Enfin, je veux dire... Le bain t'a t-il fait du bien ? Parce que sinon on peut...
_Tais-toi et baises-moi, professeur. Le coupa Sy.
Elle était vulgaire. Il ne voulait pas la baiser. Il ne voulait pas la prendre sauvagement comme la première fois dans la ruelle. Il voulait être en osmose avec elle, ne former plus qu'un pour jouir ensemble. Il voulait prendre du plaisir à lui donner du plaisir. Il ne voulait pas simplement la baiser. Sy méritait plus d'égards.
D'une lenteur extrême, les lèvres de Léo continuèrent leur chemin jusqu'à celles de Sy. Ce baiser était différent. Différent de tous ceux que Sy avait goûté dans le passé, avec tous ces hommes différents.
Ce baiser avait des mots, avait un sens. Il était doux et sensuel. Passionné et incontrôlable. Il était vrai.
La fièvre empiètait encore sur les sensations de Sy. "Un baiser qui a des mots" ?! Sy chassa cette pensée idiote et mêla ses doigts aux cheveux humides de Léo. Ce dernier plaça une main à la naissance de ses fesses tandis que l'autre serra sa cuisse pour la soulever tout contre lui. Sy entoura ses jambes autour de la taille de son prof et ne toucha plus le sol.
Le baiser ne s'arrêtait pas. Il continuait encore et encore à chercher à s'exprimer, à crier ses mots invisibles sur les lèvres des deux amants.
Les mains de Léo couraient avidement sur le dos de Sy tandis qu'il la ramenait dans la chambre.
Léo lâcha Sy au dessus du lit. Elle rebondit sur la couette et lança un regard de défi à Léo. Ce dernier la regarda un instant. Nue, allongée sur le lit à lui lancer des regards interrogateurs.
_Qu'attends-tu de moi exactement ? Murmura-t-il.
_Un orgasme...
Léo bloqua alors ses chevilles entre ses doigts et se pencha sur elle.
Quelques gouttes dans son nombril résistaient encore à la peau fiévreuse de Sy. Léo souffla sur ces perles et les fit rouler le long de ses cotes. Sy se cambra. Il ne la touchait pas vraiment mais le simple fil d'air contre sa peau la fit gémir. Le visage de Léo descendait lentement, sûrement. Il souffla à nouveau à l'orée de son intimité.
Alors qu'elle ne souhaitait qu'une chose, qu'il la touche enfin avec sa bouche à cet endroit bien précis, Léo continuait cette agonie délicieuse. Il cala ses chevilles contre son bassin ce qui fit écarter ses cuisses davantage. Il souffla une troisième fois avant de poser enfin ses lèvres sur son sexe.
Ce baiser était lui aussi différent. Chaud et humide. Expert. Le chemin que la langue de Léo empreintait fit naître un râlement incontrôlable dans la gorge de la jeune fille.
Alors que ses pensées se dispersaient dans sa tête, alors que son bas-ventre grondait de désir, Sy tâta le chevet près de son lit pour trouver un préservatif.
Léo se redressa soudain et intercepta le geste de son amante.
_ Laisses moi te sentir...
Sy ne comprit pas très bien ce qu'il cherchait à dire par là. Sa barbe caressa la peau de son ventre puis de ses seins avant remonter sur sa clavicule.
_On n'a pas besoin de ses saloperies, souffla-t-il dans son cou. Je ne vois que toi, bébé.
Il parlait de la capote. Il ne voyait qu'elle. Il ne voyait pas de raison d'en mettre une. Mais Sy avait une raison. Plusieurs même.
Sy posa ses mains sur les épaules de son prof et le dévisagea.
_Crois-moi tu vas me sentir, professeur.
Sy tourna sur Léo et le bascula sur le dos. À quatre pattes sur lui, elle déposa un chemin de baiser sur sa peau tachée d'encre. Elle continua de descendre avant d'arriver sur cette chose dure et convoitée.
"Bon sang, bon sang. Retiens toi Léo..."
Leurs mains s'entrelacaient. Leurs coeurs paniquaient et leur désir s'intensifiait. Quand la bouche de Sy remonta enfin sur la ligne d'abdos de Léo, celui-ci gémit en froissant les paupières. Comme si le terme de cette délicieuse mise en bouche était douloureux.
_Sy. S'il te plait...
_Tu veux me sentir ?
_Hm.
Léo gardait les yeux fermés. Elle était tellement douée, tellement électrisante. Il ne voulait pas ouvrir les yeux de peur que tout ça ne soit qu'un rêve.
_Regardes moi, professeur...
Léo obéit malgré lui lorsqu'il sentit son étudiante s'asseoir sur lui. Ils n'étaient plus qu'un. En osmose. Il baissa les yeux et remarqua entre deux va et viens que Sy avait appliqué une capote sans même qu'il ne s'en rende compte.
La sensation charnelle de son corps dans le sien se combina à la frustration. Pourquoi faisait-elle ça ? Mais la réponse était évidente : Solez.
Une image terrible vint embrouiller l'esprit de Léo. L'image de ce petit merdeux en train de... Il imaginait cet imbécile à sa place.
C'était inadmissible. Léo se redressa soudain sur Sy et serra ses doigts autour de son cou. Sy se morda la lèvre. Elle aimait ça. Mais ce n'était pas le but, même si Léo ne savait pas non plus le réel but de cette violence.
Il n'avait jamais levé la main sur une femme. Il n'avait jamais songé à faire du mal à une femme. Mais la passion qui animait Léo était tellement puissante qu'elle exacerbait sa possessivité, sa jalousie.
Alors que Sy se déhanchait sur lui dans une plainte communicative, Léo comprit qu'il ne devait pas serrer davantage ses doigts sur son cou. Il fallait qu'il fasse passer l'envie à son élève d'aller voir ailleurs.
Il fallait qu'il lui procure tant de plaisir qu'elle oublierai jusqu'au nom de ce pseudo photographe.