Le Roi en Exil, tome 1 [TERMINÉ]

6.4 : Cavan, Neve et Daria

Cavan avait espéré une soirée au calme, mais c'était sans compter les retrouvailles organisées par son frère, qu'il n'avait pas vu depuis plus d'un an.
— Est-ce que ça va ? demanda-t-il en les observant.
Il avait remarqué l'ombre qui était passé devant les yeux de Neve. Il la connaissait aussi bien qu'on pouvait connaître sa compagne. Il savait que quelque chose l'avait blessée. D'ailleurs, son regard fuyant en était la preuve.
Il l'attrapa par le coude et la tourna vers lui.
— Ça va ? insista-t-il.
Neve sourit.
— Oui, bien sûr. Je suis juste un peu... perdue, avec tout ce monde... (elle désigna la foule d'un vague geste de la main). Mais ta sœur a eu la gentillesse de venir me tenir compagnie.
Cavan parut gêné. Il n'avait présenté Neve à personne, il avait juste parlé d'elle en tant qu'amie, sans rien préciser. Aucun de ses amis ou membres de sa famille n'avait posé de questions. Il se rendait compte, à présent, que c'était un peu inconvenant. Néanmoins, il n'était pas homme à apprécier les mondanités, et encore moins à avoir des manières civilisées. Cela ne l'avait jamais dérangé, il savait d'où il venait ; pourtant, en cet instant, il était embarrassé de ne pas avoir su épauler Neve comme il l'aurait dû.
Il passa une main nerveuse dans ses cheveux.
— Heu... oui... (il se tourna vers sa sœur). Merci Daria. Neve est... heu... c'est une amie...
La jeune femme haussa un sourcil.
— Vraiment ?
— Oui... elle... nous... en fait...
Neve ne put s'empêcher de sourire devant les paroles confuses du guerrier. Pas qu'elle voulut entrer dans les détails, bien sûr. Mais il aurait pu trouver plus simple.
— Je l'ai soigné, le coupa-t-elle en regardant Daria. Lui, et également un de ses amis. Nous avons malheureusement dû nous séparer en cours de route, et... et bien, nous voilà !
Daria hocha la tête, et, ignorant son frère, demanda :
— Vous venez le loin ? À chaque fois que Cavan part à l'aventure, il reste très évasif sur les endroits où il se rend.
Neve sentit le guerrier se raidir à côté d'elle. Elle connaissait très bien l'enjeu de ses missions, et le danger qu'ils courraient à dévoiler de telles informations.
— Je viens d'un peu plus au Nord, fit-elle, délibérément vague sur l'endroit, mais nous nous sommes rencontrés non loin d'ici.
Un brouhaha intense s'étendit d'un seul coup dans la petite auberge, et empêcha Daria d'approfondir. Elle sourit, et se tourna vers la foule un instant.
Neve fut soulagée de constater qu'elle n'aurait pas à préciser certaines choses. Il aurait été compliqué de raconter leur aventure sans en dire trop sur ce qu'il leur était arrivé.
Elle soupira et se rendit alors compte de sa fatigue. Elle étouffa un bâillement, et serra son buste entre ses bras pour enrayer les frissons qui la traversaient.
Un murmure résonna doucement à son oreille.
— Tu veux qu'on y aille ? Je suis fatigué également, je voudrais me reposer...
La jeune femme hocha la tête avec un sourire de reconnaissance. Elle appréciait lorsqu'il se rendait compte de ce genre de petits détails. Cela lui rappelait les moments tendres, alors qu'il était encore attentionné envers elle.
Cavan posa une main sur le bas de son dos pour la guider hors de la pièce surchauffée. Immédiatement, la jeune femme ressentit des picotements dans ses reins. Elle ne se souvenait que trop bien de ces mains qui la caressaient, du plaisir qu'elles lui avaient procuré. Elle essaya d'ignorer la sensation, et avança à travers la foule, sans pouvoir s'empêcher de se rapprocher du guerrier, de chercher inconsciemment son réconfort. Ce dernier entoura ses hanches de son bras et la serra contre lui.
Ils savaient tous les deux qu'ils ne pouvaient pas lutter contre cette attirance. Ils avaient vécu et partagé trop de choses pour ignorer ce qu'ils ressentaient l'un envers l'autre.
Une fois dehors, Neve poussa un soupir de soulagement et prit une grande inspiration. L'air frais, le calme de la nuit apaisa la tension qui crispait ses épaules depuis plusieurs heures.
Ils marchèrent silencieusement à travers un dédale de rues désertes. Cavan avait pris sa main pour la guider, mais alors qu'il aurait pu à présent la relâcher, il la gardait serrée dans la sienne.