Le Roi en Exil, tome 1 [TERMINÉ]

5.8 : Conséquences

Un bruissement d'étoffe, dans son dos, le fit se retourner brusquement. Neve sursauta, croyant qu'il allait lui sauter dessus. Mais il abaissa l'arme qu'il tenait dans la main et s'approcha d'elle.
— Tu vas bien ? demanda-t-il avec sollicitude.
La jeune femme acquiesça. Son regard alla du mercenaire mort à son compagnon. Pendant tout le temps qu'ils avaient passé ensemble, elle avait oublié à quel point il pouvait être dangereux. Il venait de rafraîchir sa mémoire.
Elle hocha encore la tête.
— Dépêche-toi, on s'en va.
Sans attendre sa réponse, il récupéra leurs maigres affaires et prit la jeune femme par le bras pour s'éloigner.
Ils avaient à peine fait quelques pas quand elle se dégagea.
— Mais... mais, attends !
Cavan la regarda d'un air sombre.
Il avait vu son attitude changer, il avait très bien perçu son sentiment de répulsion et l'avait pris en pleine figure. Il avait pensé qu'elle comprendrait, qu'elle savait qui il était vraiment. Il s'était apparemment trompé. Et cela lui faisait plus mal qu'un coup d'épée mal placé.
— Il faut... Est-ce qu'on... ?
Neve se sentait coupable de laisser les hommes morts sans sépulture. Bien sûr, ils s'en était pris à eux, mais elle avait tout de même un sentiment bizarre qui broyait sa poitrine. Comme de la honte.
Cavan serra son bras plus fort qu'il ne l'aurait voulu.
— Écoute, Neve. Tu sais ce que je suis. Tu savais bien avant qu'on... (il soupira). Je ne suis pas un gentil mari qui ramène des fleurs à sa femme... (elle écarquilla les yeux). Je suis un guerrier à qui on a appris à tuer... C'est ça mon boulot. Comme Magnus, comme Lochlainn, et tous les autres.
Comme elle restait silencieuse, il continua :
— Alors, si je te dégoute, je ne te toucherais plus. Je te le promets. Mais ne me demande pas de verser une larme pour ces salauds qui voulaient s'en prendre à toi.
Muette de stupeur, elle ne répondit rien. Il la tira sans ménagement, et elle dut le suivre tant bien que mal, tandis qu'il la traînait derrière lui.
Elle eut tout le loisir de repenser à ses paroles.
Bien sûr qu'elle était choquée !
Il venait d'assassiner deux hommes, de sang froid, devant elle. Elle qui chérissait la vie et faisait tout pour la sauver.
Elle avait vu un nombre incalculable de morts, et à chaque fois, elle en avait été peinée, mais elle n'y pouvait rien.
Là, la situation était différente. Il avait pris la vie. Et il avait achevé le mercenaire en enfonçant la dague dans son cœur.
Même si elle n'était pas naïve, elle avait pensé qu'il le laisserait se débrouiller tout seul. La mort l'aurait cueilli, mais il n'aurait pas été responsable. Il s'était défendu.
Mais qu'espérait-elle ? Qu'il ait des remords ? Qu'il regrette.
Elle soupira de désespoir.
Le lien tenu qu'ils avaient commencé à tisser venait de se briser.
Avait-elle jamais connu cet homme ? Est-ce que l'attirance physique était suffisante pour dire qu'on aimait un homme, qu'on le connaissait, et pour lui faire confiance ?
Elle n'en était plus du tout sûre.