2.9 : retour du village

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Le chemin du retour fut long et fastidieux. Pendant les longues heures qui les séparaient du camp, aucun des deux ne parla.
Neve se sentait déchirée entre son amour pour Magnus et l'attirance qu'elle ressentait pour Cavan, car elle ne pouvait pas le nier, après ce qu'il s'était passé au village, elle le désirait avec une ardeur qu'elle n'avait jamais ressenti.
Désespérée, elle passa tout le chemin à essayer de comprendre ce qu'elle ressentait. Elle allait devoir faire un choix, et elle savait que l'un des deux lui briserait le cœur, tandis que l'autre lui apporterait des regrets éternels.
Elle prit une profonde inspiration et regarda discrètement l'homme qui l'accompagnait.
Il avait repris son air sombre et intransigeant. Ils croisèrent peu de monde, et la mule qu'ils avaient dû acheter pour transporter les marchandises qu'ils ramenaient, leur donnait un bon alibi. Personne ne s'intéressa à eux.
Lorsque Neve vit enfin la forêt qui entourait l'endroit où ils se dissimulaient, elle poussa un soupir de soulagement.
Cavan lui jeta un coup d'œil en coin et laissa errer son regard sur ses courbes harmonieuses. Il avait encore dans la bouche le goût de ses lèvres, et sous ses doigts la sensation de sa peau douce comme de la soie. Il serra les dents quand il se sentit plus à l'étroit dans son pantalon.
Quelle mouche l'avait piqué ?
Pourquoi cette femme lui faisait autant d'effet ?
Le guerrier soupira.
Parce qu'elle représentait son fantasme à l'état pur. Un visage à l'ovale presque parfait parsemé de fines tâches de rousseur, des pommettes hautes, des longs cheveux aux mèches blond foncé et aux reflets cuivrés, des yeux verts en amande, une peau laiteuse aussi claire qu'il était bronzé et des lèvres à damner un saint. Des lèvres charnues et sensuelles qu'il rêvait d'embrasser. Des lèvres qu'il imaginait glisser sur son sexe à le faire supplier...
Damnation !
Il se redressa et gigota sur sa selle. Il fallait vraiment qu'il s'éloigne d'elle, à n'importe quel prix. Et s'il n'y arrivait pas seul, il demanderait à Magnus de l'aider. Il était sûr que son ami lui remettrait les idées en place quand il lui avouerait les pensées lubriques qu'il avait pour sa compagne.
Un craquement de branche le fit sursauter.
Par l'enfer, pensa-t-il son épée déjà en main, il venait de se laisser surprendre parce qu'il avait la tête remplie d'obscénités.
Quand il reconnut Lochlainn, il rangea son arme et arrêta sa monture.
— Tu n'as rien d'autre à faire que de jouer au singe ? marmonna-t-il mécontent.
Et de fait, Lochlainn avait enroulé ses jambes autour d'une branche, et se tenait suspendu, la tête en bas, face à eux.
Ce dernier eut un mouvement de lèvres qui aurait pu passer pour un sourire, si l'homme avait su sourire.
— On a la tête ailleurs ?
L'ironie de la question n'échappa pas à Cavan, non plus que le regard qu'il lança sur la jeune femme.
Le guerrier sentit la colère monter en lui sans raison.
— Va te faire voir, Loch.
Ce dernier eut un rictus, et d'un mouvement souple, agrippa la branche à deux mains pour se soulever, tourner sur lui-même et se laisser tomber par-terre.
Neve le regarda, impressionnée par sa dextérité. Elle nota ses bras aussi musclés que ceux de Cavan, sa poitrine large, son ventre plat.
Tous les guerriers du roi étaient-ils façonnés dans le granit ? se demanda-t-elle, fascinée.
Cavan remarqua le regard plein d'admiration de la jeune femme et n'eut qu'une envie : l'embrasser sauvagement pour lui faire oublier l'autre homme. Au lieu de cela, il fit avancer son cheval et lui cacha la vue.
Lochlainn ricana et s'éloigna d'eux au petit trot. Avant de disparaître, il lança à son ami :
— Brogan veut te voir.
Cavan hocha la tête et tira sur la bride de son cheval pour le faire avancer.

Le Roi en Exil, tome 1 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant