Le Roi en Exil, tome 1 [TERMINÉ]

4.7 : retrouvailles

Les mains appuyées contre l'écorce rugueuse d'un arbre, elle attendit un long moment avant de se décider à continuer d'avancer. Elle ne savait pas où elle allait, mais mieux valait s'éloigner au plus vite du camp et des mercenaires qui venaient de les attaquer et qui n'hésiteraient pas à s'en prendre à elle.
Elle pria silencieusement pour que tous les guerriers du roi s'en soient sortis indemnes.
Elle se faufilait avec précaution entre les troncs d'arbres.
Elle repoussait doucement les branches sur son passage, enjambait les souches mortes, et contournait les rochers, lorsqu'un éclair coloré passa dans son champ de vision.
Elle stoppa brusquement, tourna la tête vers la droite pour observer les alentours, mais ne vit rien de suspect.
Cependant, elle n'arrivait pas à se défaire d'une sensation de malaise. Elle reprit son chemin, et ne put s'empêcher d'accélérer l'allure avec la sensation d'une catastrophe imminente.
Avec des coups d'œil inquiets derrière elle, elle avançait sans vraiment faire attention où elle mettait les pieds, et finit par chuter sur une racine.
Elle poussa un cri d'effroi, et resta quelques secondes allongée avant de reprendre ses esprits. Elle tentait de se relever lorsqu'une paire de bottes apparut devant ses yeux.
Elle bondit sur ses pieds pour faire face au mercenaire. Son poursuivant n'avait finalement pas abandonné la partie.
Il avait une partie du crâne rasé qui ne laissait qu'une crête de cheveux sur le dessus, qui descendait dans son cou. Ses oreilles étaient percées d'anneaux, ainsi que son nez.
Une horrible entaille à la tête maculait son visage de sang. Il était terrifiant.
Neve le fixa, incapable de faire le moindre geste tellement l'effroi la paralysait. Ses yeux clairs brillaient comme deux diamants dans son visage sale. Il aurait presque pu paraître beau s'il n'avait pas été aussi si effrayant.
L'air se figea entre eux et pendant un long moment, ils ne firent que se jauger, chacun évaluant ses chances de parvenir à ses fins.
Neve se demanda si elle pourrait lui échapper.
Elle fit un pas sur le côté, mais il se plaça immédiatement face à elle, les jambes fléchies, une hache de lancer à la main.
La jeune femme compris qu'il n'avait pas l'intention de la laisser lui échapper.
Elle recula d'un pas, essaya de le contourner, mais à chaque fois, il suivait son mouvement et l'empêchait d'avancer.
Quand un sourire démoniaque anima son visage, Neve sentit la panique la submerger à nouveau.
Elle s'élança, espérant peut-être passer le barrage de ce grand corps musclé, mais comprit trop tard qu'elle se jetait dans la gueule du loup. Il la ceintura sans difficulté, et la jeta au sol.
La jeune femme se débattit, griffa, frappa, et tapa des jambes de toutes ses forces, mais rien d'y fit. Il réussit à la maintenir au sol avec le seul poids de son corps, et saisit ses poignets qu'il maintint avec fermeté au-dessus de sa tête.
Neve tenta de le mordre, sans succès. Elle respira son odeur âcre de transpiration, et sentit son estomac se soulever.
Elle se démena encore, hurla de toutes ses forces. Les larmes ruisselaient sur ses joues.
Alors qu'elle n'y croyait plus, l'homme fut projeté sur le côté avec une force hors du commun. Soudain libérée, elle roula à l'écart et sans même prendre le temps de voir ce qu'il se passait, elle prit ses jambes à son cou.
Dans sa course folle, elle ne vit pas qu'un homme la suivait, et lorsque ses bras se refermèrent autour d'elle, elle hurla encore une fois.
— Chut, Neve, c'est moi.
La jeune femme était tombée à genoux. Au son de la voix grave et intense, elle se figea et se tourna vers l'homme, qui la maintenait contre lui.
— Oh mon dieu ! murmura-t-elle lorsqu'elle le reconnut.
Elle prit son visage à deux mains et caressa ses joues, sa bouche, son front, comme si elle n'arrivait pas à y croire.
Les yeux plein de larmes, elle l'attira à elle pour l'embrasser, riant et pleurant en même temps.
Cavan lui rendit son baiser avec l'énergie du désespoir.
— Chut, c'est fini, murmura-t-il.
Il essuya ses larmes de ses pouces.
Neve se plongea dans ses yeux d'obsidienne, encore sous le choc.
— Tu étais mort, laissa-t-elle échapper dans un souffle.
— Je sais... je suis désolé.
Il la serra contre lui, et elle se rendit alors compte qu'il saignait. Une longue entaille barrait son ventre, ainsi que son bras.