Le Roi en Exil, tome 1 [TERMINÉ]

3.6 : Odhrán

Odhrán tira une fois de plus sur ses chaînes, bandant ses muscles au maximum. Un cliquetis métallique se fit entendre, alors que les anneaux frottaient les uns contre les autres.
L'homme perdit son souffle, et relâcha la pression d'un seul coup : les chaînes se détendirent et il manqua de s'effondrer.
Depuis combien de temps était-il là ?
Une semaine, un mois ?
Lorsque son frère Niall avait réussit à s'échapper, il avait de suite compris qu'il n'en serait pas de même pour lui. Niall se trouvait du côté de la liberté, lui avait en face une dizaine de guerriers aguerris.
Il avait crié à son frère de s'enfuir avant de charger les hommes avec sa lourde épée. Malheureusement pour lui, le temps qu'il avait passé assis derrière un bureau au lieu de s'entraîner, lui avait été préjudiciable.
Il avait quand même réussi à éliminer cinq adversaires avant de tomber à son tour. Les souvenirs des heures qui avaient suivies étaient assez vagues. Il se souvenait des coups, des insultes, de la douleur, puis l'inconscience l'avait cueillie à point nommé pour éviter une trop grande souffrance.
Lorsqu'il s'était réveillé, il était dans ce cachot de pierre d'argile clair, aussi immense que la salle commune de leur château.
Le toit voûté était soutenu par de grandes colonnes d'albâtre et les murs étaient percés de minuscules meurtrières qui laissaient passer un courant d'air frais.
Odhrán sentit ses jambes faiblir une nouvelle fois et il dût faire un effort surhumain pour ne pas se laisser choir.
C'était leur torture préférée : l'attacher les bras en croix, et le laisser ainsi des heures durant, jusqu'à ce que la fatigue ait raison de lui. Lorsque ses jambes cédaient, le poids de son corps tirait atrocement sur ses bras, et lui arrachait des râles de douleur. La tension dans ses bras était si forte, qu'elle manquait de lui déboiter, à chaque fois, les épaules.
Lorsqu'il était au bord de l'évanouissement, ils venaient le détacher pour l'interroger à nouveau.
Odhrán eut un rire sardonique qui résonna singulièrement dans la cave qui lui servait de cachot. Ils essaieraient encore cette fois-ci. Et comme les fois précédentes, il resterait muet, ce qui lui vaudrait quelques coups bien douloureux.
Son corps n'était qu'une boule de souffrance. Ses poignets étaient en sang à force de frotter contre les fers, et il avait sûrement des côtes cassées. Chaque respiration était douloureuse et il avait l'impression que le feu des enfers entrait et sortait de ses poumons. Les muscles de ses bras et de ses épaules étaient tétanisés, son dos ensanglanté après les coups de fouets.
Il n'y avait guère que son visage pour ne pas le faire souffrir. Ou du moins, pas énormément. Pour une raison qu'il ignorait, ils avaient épargné sa tête, même si elle avait malencontreusement heurté quelques poings au passage.
Il tira sur ses bras une nouvelle fois, pour maintenir son corps à la verticale. Les muscles de son dos se dessinèrent, ses biceps se gonflèrent sous l'effort et son ventre se contracta.
Un bruit de pas se fit entendre derrière la porte de sa cellule. Malgré lui, l'angoisse lui tenailla l'estomac et lui donna envie de vomir.