Le Roi en Exil, tome 1 [TERMINÉ]

3.7 : prostituées

La nuit venait à peine de tomber.
Cavan se promenait encore dans les rues qui se désertaient peu à peu. Comme dans la plupart des citées, le crépuscule laissait le champ libre pour les voleurs, les assassins et les prostituées. Le guerrier n'avait rien à craindre des deux premières catégories. Par contre, alors qu'il se faisait aborder pour la troisième fois en quelques minutes à peine, il se demanda s'il ne devait se méfier des courtisanes plus que des autres. Il était mal à l'aise et essayait, tant bien que mal, de se faufiler de coins sombres en ruelles abandonnées.
Pas qu'il ne sache pas quoi faire d'une femme, mais la plupart était vulgaires et bruyantes. Et lui faisait tout son possible pour ne pas se faire remarquer. Les deux étaient incompatibles.
Du moins, pour l'instant.
Il trouva enfin l'enseigne qu'il cherchait. Un peu à l'écart de la place centrale, mais avant les bas-quartiers, Le Chat Sauvage était le bordel le plus réputé de Borth.
Il fallait des semaines d'attente pour pouvoir pénétrer ce sanctuaire, mais Cavan y avait ses entrées. Ainsi que la plupart des membres de la garde de Niall.
Les maisons de débauche étaient les endroits les plus intéressants quand on était à la recherche de renseignements. La plupart des hommes se confiaient sur l'oreiller, sans se rendre compte que leurs secrets ne resteraient pas forcément entre ces quatre murs. Les hommes de la garde avaient bien compris cela et, en plus de détenir alors des informations importantes pour la survie du roi, ils pouvaient satisfaire leurs besoins personnels. Ce que comptait mettre à profit le guerrier, pas plus tard que tout de suite.
Il contourna la belle devanture avenante qui ne laissait rien paraître de ses activités internes, descendit quelques marches et frappa à une petite porte voûtée. Il fallut peu de temps pour qu'une femme courtaude, au visage peu avenant vienne lui ouvrir.
Comme elle ne semblait pas disposée à le laisser entrer, il lui tendit une pièce d'or trouée en son milieu.
— Donnez ça à Catherine, fit-il alors que la cuisinière examinait la pièce avec méfiance.
Elle le fixa à nouveau, haussa les épaules et claqua la porte.
Cavan attendit patiemment, assis sur la dernière marche, que le battant s'ouvre à nouveau. Lorsque le grincement lui fit lever la tête, il retrouva un visage familier.
— Voyez-vous ça, murmura la femme d'âge mûr qui faisait tourner la pièce entre ses doigts.
Cavan se leva et s'approcha.
Malgré son âge, Catherine restait une belle femme. Et une experte dans l'art du sexe.
— J'ai besoin d'un endroit pour dormir, lança Cavan.
— Juste pour dormir ?
Le guerrier sourit et la poussa doucement à l'intérieur.
— On peut s'arranger, murmura-t-il en refermant la porte derrière lui.