Le Roi en Exil, tome 1 [TERMINÉ]

4.0 : mort

— Cavan est mort !
Brogan se retourna brusquement pour faire face à Gannon, qui venait d'arriver au galop. Son cheval écumait, et semblait prêt à s'effondrer.
Gannon était avec eux depuis plusieurs mois, même s'il ne faisait pas partie de la garde rapprochée. Des hommes, aux quatre coins de pays, les aidaient dans leur combat, et mettaient leur vie en jeu pour les cacher, les défendre ou même espionner, comme c'était le cas de l'homme debout devant le pirate.
— Que s'est-il passé ? demanda le capitaine de la garde avec un calme apparent.
Tous les autres hommes s'étaient approchés. Brogan restait stoïque, mais apprendre que Cavan était mort l'ébranlait plus qu'il n'aurait voulu l'admettre.
Gannon haussa les épaules.
— Ils l'ont attrapé... Sa tête est au bout d'une pique et elle traverse toute la ville pour montrer à tout le monde ce qui se passe quand on trahit...
Il hésita et jeta un coup d'œil vers Niall.
— ... le roi...
Daron soupira et cracha par terre, tandis que Lochlainn, qui se tenait un peu à l'écart, assimilait les informations.
Ils n'étaient plus que sept, à présent.
Tandis que les guerriers discutaient de la marche à suivre, Magnus se dirigea d'un pas traînant vers la petite maison à moitié enterrée.
Neve passait un baume sur les brûlures de Ciarán. Après plus d'un mois entre les mains de la jeune femme, ce dernier avait commencé à cicatriser de manière certaine. Ses blessures restaient encore écarlates et certaines à vif, mais par endroit, on voyait déjà la cicatrisation faire son œuvre.
Lorsqu'il rentra dans la petite pièce, une odeur boisée envahit ses narines. Neve lui sourit.
Ciarán le regarda et comprit de suite, à son expression, que quelque chose n'allait pas. Il se releva et repoussa Neve, pour faire face à son ami.
— Cavan est mort, annonça Magnus d'un air sombre.
Neve crut que son cœur allait s'arrêter de battre. Elle s'effondra sur une chaise, et resta là, à fixer Magnus d'un air hébété.
Ciarán secoua la tête et jura, persuadé que s'il avait été là, il n'y aurait pas eu de mort. Puis il se leva et sortit. Il avait besoin de prendre l'air, même si Neve lui avait répété cent fois qu'il fallait faire attention, et qu'il devait rester tranquille, il ne pouvait rester une minute de plus à ne rien faire.
Le silence revint dans la petite pièce, et Magnus se tourna enfin vers la jeune femme.
— Je suis désolé, murmura-t-il devant ses yeux plein de douleur.
Neve essaya de reprendre contenance. Elle ne voulait pas montrer ce qu'elle ressentait pour Cavan. Elle se leva et s'affaira à ranger quelques affaires.
Le guerrier s'approcha, et posa les mains sur ses épaules avec douceur.
Neve se crispa.
— S'il te plait... non... murmura-t-elle dans un souffle.
Magnus soupira, mais étreignit ses épaules avec un peu plus de force.
— Je suis désolé, répéta-t-il doucement.
Il connaissait les sentiments de la jeune femme pour son camarade. Il avait remarqué, dès le début, qu'ils étaient attirés l'un par l'autre. Il s'était même amusé de la réaction de Cavan, qui se renfrognait systématiquement en sa présence.
Et il connaissait Neve. Elle ne s'attardait pas sur un homme sans s'y attacher profondément. Mais elle n'en avait pas pris conscience jusqu'à maintenant.
La jeune femme laissa couler ses larmes, incapable de les retenir plus longtemps. Elle se retourna et s'effondra dans les bras de Magnus qui, silencieux, la serra contre lui pour la consoler.