Le Roi en Exil, tome 1 [TERMINÉ]

6 : Magnus

Magnus écarta doucement le tissu de son pantalon pour regarder sa blessure à la cuisse. Une grimace déforma ses traits quand il dut décoller les fibres qui collaient à la plaie. Son visage se couvrit de gouttelettes de sueur, des palpitations erratiques s'emparèrent de sa poitrine, et menaça de faire exploser son cœur.
Il serra les mâchoires et, la main tremblante, tira sur le tissu pour le déchirer.
La plaie n'était pas belle à voir. Boursoufflée, rouge, un liquide verdâtre visqueux s'en écoulait par intermittence. S'il ne se soignait pas tout de suite, l'infection gagnerait toute sa jambe et la gangrène s'installerait.
Il resserra le pansement d'appoint sur la blessure, ce qui lui fit pousser un grognement de douleur.
Il avait perdu Ciarán plusieurs jours auparavant, alors qu'ils étaient tombés dans une embuscade.
Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il était advenu. Il lui était impossible de revenir en arrière, sous peine d'être capturé, et il n'avait pas réussi à rejoindre son camarade.
Il se leva, essaya de ne pas prendre appui sur sa jambe blessée, mais cela n'empêcha pas la douleur de pulser dans tout son corps.
C'était les jours les plus noirs de sa vie.
Il avait pensé que perdre Neve, quinze ans auparavant, était la chose la plus insupportable qu'il ait vécu, mais il se rendait compte que finalement, il y avait survécu.
Par contre là, il n'était vraiment pas sûr de survivre...
Il claudiqua tant bien que mal à travers les arbres. Il espérait trouver un refuge pour pouvoir se soigner. Le sol, irrégulier, l'empêchait d'avancer vite. Il devait louvoyer entre les énormes racines qui ressortaient de la terre, escalader les buttes couvertes de mousse soyeuse et brillante — mais glissantes — et écarter les branches basses qui bloquaient sa progression.
Lorsqu'il arriva à l'orée du bois, il s'arrêta pour contempler le paysage. Le souffle coupé, il regarda la forêt laisser place à une petite vallée verdoyante envahie par la brume matinale. Un paysage majestueux s'ouvrait à lui.
En contrebas, il voyait un lac, d'où s'échappaient plusieurs minuscules courants sinueux agrémentés d'énormes pierres et cailloux qui partaient dans toutes les directions.
Les nuages gris sombre laissaient filtrer quelques rayons de lumière, qui semblaient frapper le sol comme des anges descendus du ciel. Cela donnait à la scène une sensation d'irréalité hors du commun.
Quelques petites maisonnettes de pierre, aux toits de chaumes, s'étalaient ça et là, dénotant une certaine vie humaine.
Magnus soupira de soulagement et essuya son front couvert de sueur.
Il s'apprêtait à descendre dans la vallée, quand un bruit dans son dos le figea. Il se retourna, juste à temps pour voir une petite hache foncer droit sur lui. Il lança son couteau instantanément vers son adversaire, juste avant que la lame ennemie ne lui entaille la tête et ne l'engloutisse dans les ténèbres.