5.0 : Liberté

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3 mois plus tard...
Odhrán sursauta en sentant une présence à côté de lui. Il faisait sombre, la nuit était encore totale, pourtant, il était sûr de ne pas être seul dans sa cellule.
Avec précaution, il tourna la tête et découvrit une silhouette qui l'observait. Il bondit de sa couchette pour lui faire face.
Baundar o Saun, murmura l'ombre.
Odhrán sentit son cœur manquer un coup. Cette phrase résonnait dans tout son corps comme un prélude au changement.
Baundar o Saun, dit-il à son tour, à mi-voix.
La personne s'approcha et il put constater qu'il avait affaire à un homme. Grand. Très grand. Et sacrément costaud. Il avait perdu beaucoup de poids pendant sa captivité, pourtant il restait musclé, et ne se considérait pas comme un gringalet. Mais cet homme était vraiment hors norme, avec son cou de taureau et ses bras qui avait l'épaisseur de ses cuisses.
Pour rien au monde, Odhrán n'aurait voulu l'affronter. L'avoir dans son camp le rassurait grandement.
L'homme ne prononça pas un mot. Il lui fit juste un signe de tête.
Odhrán obéit sans discuter et le suivit.
Il avait eu de la chance que son exécution soit repoussée, sinon, l'homme n'aurait trouvé personne dans cette pièce.
Ils empruntèrent le chemin inverse de celui qui l'avait amené là. Ils descendirent l'escalier de pierre en colimaçon, et s'arrêtèrent de temps en temps pour être sûrs de ne pas se faire prendre. Odhrán fut surpris de constater que l'homme, malgré sa corpulence, était aussi silencieux qu'un chat. Ses pas semblaient glisser sur la pierre alors que ses mains effleuraient les murs aussi furtivement qu'un fantôme.
Ils n'étaient éclairés que par les torches qui brulaient à chaque palier. Entre les deux, les escaliers étaient sombres et inquiétants.
Ils avaient six étages à descendre. Au premier point de garde, Odhrán craignit que des gardiens ne les arrêtent. Mais il découvrit les corps sans vie des deux hommes, assis contre le mur, la gorge tranchée.
Malgré sa haine, Odhrán eut une pensée pour les pauvres hommes emportées par cette mort douloureuse.
Le deuxième point de garde lui montra le même scénario. Il aurait voulu demander à son sauveur s'il avait fait cela tout seul, mais l'heure n'était pas à la discussion.
Alors qu'ils arrivaient enfin au bas de la tour, le jeune homme sentit l'angoisse monter dans son ventre. Il avait l'impression qu'une fois la porte ouverte, des centaines de soldats leur tomberaient dessus à grand renfort de cris et de coups.
Son compagnon poussa enfin le battant qui s'ouvrit sans un bruit — Odhrán en remercia le ciel — et sortit avec précaution à l'extérieur. Il hésita à le suivre.
La peur qui l'avait tenaillé pendant tous ces jours de captivité était toujours là, présente, comme une pulsation infime à travers son corps. La crainte de la punition l'étreignit pendant de de longues secondes avant qu'il n'arrive à reprendre le dessus et qu'il mette un pied dehors.
Il n'y eu pas de miracle, pas de soldats hurlants, rien de tout cela. L'extérieur était tristement silencieux et ordinaire. L'air était tiède, même à cette heure de la nuit, un petit vent du sud balayait la cour. Et à part le murmure de la brise, il n'y avait pas un bruit.
Les prisonniers dormaient, les gardes étaient invisibles.
Y avait-il des soldats faisant la ronde, la nuit ? se demanda Odhrán.
Il n'en avait pas la moindre idée. Toujours était-il que les alentours étaient déserts. L'homme le tira par le bras et ils longèrent les bâtiments aussi furtivement que des ombres, prêts à réagir au moindre incident.

Le Roi en Exil, tome 1 [TERMINÉ]Where stories live. Discover now