Le Roi en Exil, tome 1 [TERMINÉ]

4.21 : Il restera toujours dans mon cœur...

Longtemps plus tard, il se laissa glisser sur le côté et l'entraîna avec lui pour la garder dans ses bras.
Neve nicha sa tête dans son cou et poussa un long soupir de bien-être qui fit sourire Cavan. Il tendit la main et récupéra le collier accroché au lit. Il le tint au dessus de son visage, le fit jouer à travers les rayons de lumière qui perçaient dans la cabane.
— Il restera toujours dans mon cœur, tu sais...
Le guerrier resta sans parler pendant de longues minutes. Il n'était plus jaloux. Neve lui avait donné plus qu'il n'avait espéré et il avait compris qu'il n'aurait jamais le même lien avec elle que celui qu'elle avait avec Magnus. Pour cela, il aurait fallu vivre les choses qu'ils avaient vécues tous les deux il y a plusieurs années. Et c'était impossible. Il fallait qu'il construise son propre lien.
Il l'embrassa dans les cheveux et se tourna vers elle.
— Je sais.
Alors qu'il remettait le collier autour de son cou, il demanda :
— Que s'est-il passé ?
Il n'avait pas besoin de préciser de quoi il parlait, Neve avait très bien compris.
La jeune femme soupira. Par où commencer ?
Cavan caressait distraitement le médaillon, et attendait qu'elle trouve ses mots. Ses doigts s'égarèrent sur ses seins, puis revinrent au bijou.
— Je t'ai raconté comment on s'est connu ?
Cavan secoua la tête.
La jeune femme lui raconta l'histoire de la baignade, et l'amitié qui avait commencé à en découler.
— Petit à petit, nous avons été plus proches.
— Tu ne savais pas qui il était ? demanda le guerrier qui avait froncé les sourcils.
Neve lui répondit que non. Aucun des deux ne savaient.
Petit à petit, leur amitié s'était transformée en amour profond et inconditionnel et ils avaient commencé à bâtir de grands projets pour leur avenir.
Magnus n'avait jamais été très proche de son père, qui se préoccupait peu de sa progéniture. Il aurait souhaité s'enfuir avec elle, et ne rien dire à personne.
Mais la jeune femme l'avait persuadé d'en parler à sa famille.
— Je le regretterai toujours, murmura-t-elle pour elle-même.
Cavan se tourna vers elle et observa son visage rempli de tristesse. Il caressa sa joue.
— Quand il m'a présentée à son père, cela s'est mal passé.
Elle se souvenait encore des mots durs qui avaient fusé, des insultes et des moqueries. Leur père se fichait totalement de leurs sentiments. Il avait craché à la figure de son fils qu'il ne pouvait pas l'épouser car elle était sa sœur. Une des nombreuses bâtardes qu'il avait engendrées aux quatre coins de son domaine.
La nouvelle avait anéanti Magnus qui avait refusé de le croire, et lui avait hurlé de se taire. Mais son père riait, comme si la situation l'amusait.
Neve, quant à elle, avait senti un froid glacial s'installer dans son cœur. Plus jamais elle ne pourrait aimer Magnus. Tout ce qu'ils avaient construit, tous leurs projets, rien ne se ferait.
L'entretien avait tourné au pugilat, mais la jeune femme s'était enfuie avant de voir le sang couler. Elle n'avait plus supporté de regarder Magnus en face, plus supporté les propos licencieux et insultants de son père.
Elle était rentrée chez elle, ravagée, et avait pleuré plusieurs jours et nuits d'affilée, refusant de voir le garçon qu'elle aimait de tout son cœur.
Au bout du compte, elle n'avait revu Magnus que plusieurs semaines plus tard, alors qu'il embarquait sur un navire marchand. Il avait, lui aussi, cette douleur dans le regard, mais il savait qu'il ne pouvait pas rester. Ils n'auraient pas pu vivre ainsi. S'aimer dans le mensonge. Cela aurait rongé leur cœur.
Ils s'étaient embrassés une dernière fois, et ne s'étaient plus jamais revus.
Du pouce, Cavan essuya les larmes de la jeune femme. Tendrement, il la serra contre lui et embrassa sa tempe, silencieux. Il n'y avait rien à dire de toute façon. C'était le genre de blessure qui ne cicatrisait jamais totalement. Quelque chose qui marquait à vie.
Neve et Magnus aurait cette douleur en eux, jusqu'à leur mort. Même s'ils trouvaient le bonheur par ailleurs.