5.2 : Être attendu

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Cavan quitta la chaleur de la couche à regret.
Avec précaution, il repoussa Neve dont la tête reposait sur sa poitrine, puis se leva. L'air frais du matin picota sa peau et il passa une main sur son torse pour chasser sa chair de poule.
En vitesse, il enfila son pantalon et sa chemise dont il replia les manches jusqu'au coude, attrapa sa besace et ses armes et s'apprêta à partir.
Il jeta un dernier regard sur la jeune femme endormie, et ne put s'empêcher de se pencher pour l'embrasser sur le front avant de s'en aller.
Au petit trot, il s'enfonça dans les bois.
Ils avaient quitté la petite cabane longtemps auparavant, et leur quinze jours de voyage s'était transformé en trois longs et formidables mois.
Ils étaient d'abord restés une semaine à profiter de l'abri provisoire de la chaumière. Il avait préféré laisser passer les pluies printanières menaçantes et glaciales, puis ils avaient repris la route à une allure modérée.
Chaque soir, après avoir dégotter un endroit protégé pour se reposer, se transformait en un jour ou deux de prélassement sous les couvertures.
Cavan avait plus fait l'amour ces dernières semaines, que dans toute sa vie. Et il ne s'en plaignait pas. C'était vraiment agréable de s'endormir en caressant les courbes sensuelles d'une femme, et de se réveiller avec un corps tout chaud contre le sien. Il aimait aussi particulièrement ce moment de la journée, où, après être parti chasser, il revenait pour découvrir qu'elle l'attendait.
Être attendu. Personne ne l'avait jamais attendu. Lorsqu'il était enfant, sa mère avait été tendre avec lui, malheureusement elle était morte alors qu'il n'était encore qu'un petit garçon. Son père l'aimait, il en était sûr, pourtant il était plus important pour lui d'en faire un guerrier que de lui prodiguer de l'attention et de la tendresse. Il y avait bien sa sœur, mais elle était plus jeune que lui et même s'il en avait été proche, il avait plutôt servi de support paternel pour elle qu'autre chose.
Neve était la seule femme à faire attention à lui en tant qu'homme. Pas seulement pour le sexe, ou pour sa protection. Cela allait bien plus loin.
Il décrocha de sa rêverie devant les pièges qu'il avait déposés la veille. Il eut la chance d'y trouver deux lapins, pas très gros, mais suffisant pour les nourrir aujourd'hui. Satisfait de sa récolte, il enfourna le tout dans sa besace avant de continuer sa route.
Avec prudence, il décrivit un large arc de cercle autour du camp qu'ils avaient monté, et vérifia les moindres petites traces au sol. Il reconnut des empreintes de sangliers, de petits rongeurs, et même les trouées d'un pic-vert sur un arbre. Il avait presque fait le tour, quand il se figea.
Il s'accroupit, et effleura les marques dans la boue séchée de la main. Des bottes. Il n'y avait aucun doute. Récentes. Il enfonça l'index dans la terre et ramassa une petite motte qu'il écailla entre ses doigts. Quelques heures à peine.
Quelque chose à mi chemin entre la peur et l'excitation envahit son corps. Il se redressa à moitié, et le dos courbé, s'élança entre les tronc d'arbres vers le camp.

Le Roi en Exil, tome 1 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant