Octobre arriva, apportant avec lui les premières chutes de feuilles qui rendirent le Saule Cogneur plus effrayant qu'il ne l'était déjà. La vie reprit peu à peu son cours, les élèves jonglant entre les cours, les devoirs et le Quidditch pour certains. Qui devint le sujet favori de l'école lorsque le professeur Dumbledore annonça le premier match de l'année, opposant Gryffondor à Poufsouffle pour la semaine suivante.
Arrivèrent également les sorties à Pré-au-Lard, qu'Hermione passa accompagnée de ses deux meilleurs amis et de Ginny, qui s'était révélée être une bonne dénicheuse d'objet en tout genre, et depuis leur première sortie, un joli collier avec un saphir habillé le cou de la Préfète. Le temps passant, les choses s'arrangèrent entre la rouquine et ses frères, qui passaient le plus clair de leur temps dans le bureau de Dolores Ombrage pour des heures de retenue.
Harry n'échappait pas à la règle, et malgré les conseils et menaces de sa meilleure amie, les discussions entre lui et Ombrage se finissaient toujours pour l'obtention d'une punition. Les mots inscrits sur la main du brun devenaient de plus en plus illisibles par ceux qui s'ajouter constamment. Hermione obligea même Ron à parler à Harry, pour lui faire remarquer qu'il agissait de façon stupide, mais le brun fit la sourde oreille, ce qui eut le don d'agacer particulièrement la jeune fille.
Alors, pour se convaincre que ce n'était pas entièrement de sa faute s'il se comportait comme un enfant buté, elle passait le plus clair de son temps dans la bibliothèque ou la salle commune à faire ses devoirs. Le décompte des mois avant l'examen final l'inquiétait et la pile de livres s'entassant sur sa table de chevet croissait de jour en jour.
Mais une nouvelle étonnante perturba la vie de l'école. Après seulement quelques semaines d'école, Dolores Ombrage fut nommée Grande Inquisitrice sur ordre du Ministre en personne, lui donnant ainsi autant de droit qu'un directeur. Et l'annonce d'une inspection de chaque professeur fit rapidement le tour de l'école. Hermione savait parfaitement ce qui découlerait de ces entrevues. À quels professeurs devaient-ils d'ores et déjà faire leurs adieux ? Aux yeux de la jeune fille, le professeur Trelawney, qui enseigner la Divination était en haut de la liste des enseignants à exclure. Rubeus Hagrid en deuxième place sur le podium.
Les paris furent lancer pour savoir quel professeur aurait l'honneur d'ouvrir le bal. Severus Rogue était en tête, ce qui n'avait rien d'étonnant en soi, puisqu'il était haï par la plupart des élèves, sauf ceux de Serpentard, et Hermione commençait à trouver ces paris totalement stupides. Elle n'était pas franchement une adepte du professeur, mais elle trouvait inconcevable qu'un élève puisse se permettre de parier ainsi sur l'avenir d'un professeur. Rogue dû avoir vent de tout ça puisqu'il se montra encore plus méprisable envers les collégiens.
Et les choses se gâtèrent encore plus lorsqu'il devint parfaitement évident qu'aucun cours pratique ne serait dispensé en Défense contre les Forces du Mal. Ombrage restait intraitable sur le sujet et punissait quiconque oser remettre en doute les décisions du Ministère de la magie.
Cet après-midi là, Hermione révisait en compagnie de Neville Londubat dans la salle commune des Gryffondor quasiment déserte lorsqu'une idée qu'elle jugea tout d'abord incongrue lui vint en tête, en entendant son camarade grommeler qu'il ne réussirait pas l'examen de Défense contre les Forces du Mal.
Sa plume cessa de voleter sur le parchemin déjà bien noirci de son écriture, et ses sourcils se froncèrent. Son expression studieuse laissa place à quelque chose de totalement différent et il fallut de longues minutes à Neville pour remarquer que son amie n'étudiait plus.
―Euh... Hermione, ça va ? demanda-t-il timidement.
La jeune fille répondit vaguement que oui avant de se replonger dans sa réflexion. Plus les arguments lui venaient, plus l'idée devenait intéressante mais il y avait bien trop de points négatifs qu'elle devait prendre en compte également. Pratiquer de la Défense contre les Forces du Mal n'était pas une mauvaise idée, mais comment le faire en toute discrétion, sans attirer l'attention d'un professeur, ou pire, d'Ombrage ? Et qui pourrait bénéficier de cette aide ? Tous les élèves de l'école avaient la Grande Inquisitrice pour professeur, alors tous auraient certainement besoin de pratique en plus. Un tri était nécessaire... Quoi que. Les Serpentard pouvaient facilement être rayer de la liste. Les Poufsouffle, pour la plupart, risqueraient de vendre la mèche avant même qu'ils aient réussi à trouver le moyen idéal.
Hermione poussa un profond soupir en se rendant compte que son idée était bonne, mais qu'à elle seule, elle ne pourrait pas régler tous les problèmes apparentés. Elle hésita à en parler avec Neville cependant elle se retint en remarquant le rouquin assit à leur table et qui discutait avec le cinquième année.
Aussitôt, elle sentit la colère monter et elle fusilla Fred du regard en remarquant l'objet qu'il avait en mains et qu'il essayait apparemment de vendre à Neville. Son côté Préfète prit le dessus et elle tendit un doigt accusateur en direction de Fred, attirant l'attention des deux garçons.
―J'espère que tu ne comptes pas vendre ça devant moi ? siffla-t-elle furieusement.
Le sourire amusé du rouquin répondit pour lui. Le visage de la jeune fille vira au cramoisi et elle se leva brusquement, sous les regards des élèves arrivés dans la salle commune.
―Non mais je rêve ! s'écria-t-elle d'une voix aiguë. Comment oses-tu faire tes petits trafiques, parfaitement illégaux au passage, juste sous mon nez, sachant pertinemment que je suis Préfète ? Le fait que je puisse te dénoncer ne te fait pas peur, c'est ça ? Alors voyons vous voir comment tu te débrouilles avec le professeur McGonagall !
Hermione quitta la pièce sous les yeux estomaqués de ses condisciples, bien décidée à tenir tête au rouquin jusqu'au bout. Elle avait horreur qu'on se joue ainsi d'elle, et pendant longtemps, elle s'était laissée marcher dessus sans rien dire, mais Viktor Krum avait réussi à lui faire voir les choses d'un point de vue différent. Et il était à présent hors de question qu'elle laisse passer ça. Elle avait fermé les yeux durant tout le mois de septembre, se répétant que le petit trafique des jumeaux prendrait fin rapidement, sauf que, comme elle s'y était attendue, la tournure des événements avait été toute autre.
Elle ne parcourut que la moitié du couloir avant d'entendre le portrait s'ouvrir de nouveau, suivit de près par le rire de Fred Weasley. Hermione accéléra le pas espérant atteindre son but avant qu'il ne la rattrape mais une main s'abattit sur son épaule au détour du premier croisement. Un bruyant soupir lui échappa et elle fusilla le garçon du regard lorsqu'il se plaça face à elle.
―Lâche-moi, exigea-t-elle, acerbe, en essayant de se dégager mais il resserra sa prise, un sourire moqueur aux lèvres.
―Non, rit-il en secouant la tête.
―Lâche-moi !
Il fit cependant mine de rien entendre et posa sur elle un regard amusé. Comprenant qu'elle ne s'en sortirait pas de cette façon, Hermione s'efforça de se détendre autant qu'elle le put en présence de Fred. Mais ce n'était pas chose facile, lorsqu'on sentait le regard de l'autre rivé sur soi. Une chaleur bien connue balaya le visage de la jeune fille, qui détourna le regard, se maudissant de rougir à la moindre occasion.
―Ça y est, tu es calmée petite lionne ?
Hermione ouvrit la bouche pour protester mais le rire du rouquin l'empêcha de répondre. Furieuse, elle le fusilla du regard.
―Tu trouves ça drôle ? répliqua-t-elle.
―Absolument, confirma-t-il avec un sérieux feint. Te mettre en colère est devenu mon nouveau passe temps.
La jeune fille se mordit la lèvre pour ne pas répondre et entrer dans le jeu de Fred qui semblait n'attendre que ça. Qu'elle s'énerve, se mette à lui crier dessus, quitte à dire des choses qu'elle pourrait regretter plus tard. Mais elle resta parfaitement immobile, sans faire le moindre bruit. Le sourire taquin de Fred s'accentua et il consentit enfin à la lâcher. Hermione en profita pour faire demi tour et retourner dans la salle commune, oubliant momentanément ses projets, mais il la rattrapa de nouveau et lui barra la route. Elle s'arrêta net, surprise, avant de croiser les bras sur sa poitrine.
―Quoi encore ? lâcha-t-elle. Tu as réussis, je ne vais pas voir le professeur McGonagall.
―Je sais.
―Donc ? poursuivit-elle en arquant un sourcil.
Sa respiration se bloqua lorsqu'il se rapprocha encore plus près d'elle. Son rythme cardiaque s'accéléra ostensiblement et le rouge lui monta aux joues. Son regard se planta dans celui du rouquin, et pour la première fois depuis qu'elle le connaissait, il y vit autre chose. De plus grave. De plus attirant. De plus beau.
―Tu as changé, dit-il et son souffle vint caressé le visage de la jeune fille.
―C'est la deuxième fois que tu me dis ça, chuchota-t-elle, tétanisée.
Un sourire se dessina sur les lèvres de Fred, qui se rapprocha encore plus près d'elle pour venir murmurer à son oreille.
―La Hermione Granger avec du répondant est celle que je préfère.
Et il la planta sur ces mots, quelques secondes avant que ne retentisse la cloche, annonçant la fin d'une nouvelle journée de cours. Hermione resta plantée là, de longs instants, les yeux écarquillés, le visage en feu. Le cerveau en ébullition, se repassant le film des événements dans la tête, essayant de comprendre à quel moment Fred Weasley avait commencé à la voir autrement que comme la meilleure amie de son petit frère Ron ? Une inquiétude naquit au creux du ventre de la jeune fille, entourée d'une chaleur étonnante. Et elle ne sut ce qui l'effrayer le plus. La chaleur ou l'inquiétude ?
Remarquant que certains de ses camarades de maison étaient entrain de s'approcher d'elle, Hermione retourna à pas vifs dans la salle commune des lions et récupéra ses affaires sans adresser le moindre mot à Neville, toujours assit à table, qui lui jeta un regard étonné. Elle ne chercha même pas à voir si Fred ou même George se trouvait ici et repartit aussitôt, en direction du terrain de Quidditch cette fois. Elle savait qu'Harry allait donner quelques conseils à Ron qui avait rejoint l'équipe de Gryffondor en tant que gardien et dont l'angoisse croissait de jour en jour à mesure qu'approcher le premier match de la saison.
Elle les remarqua de loin, tous les deux installés sur des balais, se passant le souaffle, à une trentaine de mètres au-dessus du sol. Elle les salua d'un geste de la main avant d'aller s'asseoir dans les gradins, près de Ginny qui l'accueillit avec un grand sourire. Qui se fana légèrement lorsqu'elle remarqua l'air préoccupé de son amie.
―Est-ce que ça va, Hermione ? s'enquit Ginny.
Hermione rougit jusqu'à la racine des cheveux en sentant le regard interrogateur de son amie posé sur elle. Pourtant, elle n'osa pas répondre. La gêne l'empêchait de se confier, puisqu'elle voyait mal dire à Ginny que son frère Fred la perturbait. C'était trop... bizarre. Et puis, elle ne voulait pas que ça remonte jusqu'aux oreilles du rouquin. Qu'il se moque d'elle. Que toute l'école soit au courant qu'Hermione Granger était terrorisée par ce qu'elle ressentait en présence de Fred Weasley. L'humiliation était la pire chose au monde.
―Comment ça se passe ? demanda-t-elle plutôt en désignant les garçons d'un geste de la main.
Si Ginny parut sceptique d'entendre Hermione esquiver la question et changer de sujet, elle n'en fit pas le moindre commentaire, mais la brune savait qu'elle ne s'en sortirait pas aussi facilement. Son amie allait se montrer plus interrogative qu'auparavant, la titillant continuellement pour obtenir une réponse précise.
―Ron arrive à bien rattraper la balle, répondit-elle. Mais il est encore trop crispé sur son balais.
En effet, dès qu'il en avait l'occasion, le garçon poser les deux mains sur le manche de son balais, comme s'il cherchait son équilibre. Hermione ne connaissait pas grand chose sur le Quidditch, pourtant elle était persuadée qu'un manque de confiance en ses capacités et un mauvais sens de l'équilibre, empêcheraient Ron de jouer au mieux de sa forme.
―Et il n'y a rien à faire pour le décrisper ?
Ginny secoua négativement la tête en posant un regard inquiet sur son grand frère.
―Il faut qu'il ait plus confiance en lui, ajouta-t-elle. Mais c'est pas encore gagner !
Une heure plus tard, ils rejoignirent tous les quatre la tour des Gryffondor, Harry, Hermione et Ginny se relayant pour convaincre Ron qu'il avait les atouts d'un bon joueur de Quidditch, et qu'avec une meilleure estime de soi et de l'ambition, il ferait un carton plein le jour du match. La jeune fille ne fut pas certaine que ce soit vraiment efficace mais ses doutes furent mis de côté lorsqu'elle entendit Seamus Finnigan, un de leur camarade de classe, demander si les propos du Ministère sur Harry n'étaient pas vrais.
Elle se figea sur la première marche des escaliers menant aux dortoirs, Harry tout aussi raide à ses côtés. Elle allait répondre lorsque la voix de Ron résonna à travers la pièce, captant l'attention de tous. Hermione se retourna à demi et croisa le regard grave de Fred, assit sur l'accoudoir du fauteuil d'Angelina Johnson.
―Celui qui ose croire qu'Harry est fou est un con, lança sèchement Ron en fusillant Seamus du regard. Après tout ce qu'il a vécu et ce qu'il s'est passé dans cette école, j'arrive pas à croire que quelqu'un doute encore de lui.
―Tu n'es pas objectif, lui reprocha Seamus et certains chuchotements s'élevèrent d'un peu partout. Et puis, qui dit que ce n'est pas lui qui a tué Cedric ?
Hermione ne réfléchit pas une seule seconde avant de se rapprocher du garçon et de lui asséner une claque monumentale qui résonna longuement. Ses yeux brillants lançaient des éclairs et tout ceux qui la connaissaient assez bien savaient qu'il valait mieux s'éloigner dans cette situation. Seamus dut le comprendre car il se ratatina sur place, le visage cramoisi.
―Ron a raison, tu es vraiment con, Seamus, siffla-t-elle. Et tu veux que je te dise pourquoi ? Parce que tu n'es pas assez intelligent pour te faire une opinion par toi-même. Et parce qu'au fond de toi, tu es mort de trouille. D'admettre qu'Harry a raison et que Voldemort soit de retour...
Une nouvelle vague de murmures s'éleva lorsqu'elle prononça le nom du mage noire.
―Tu te caches derrière les jupes de ta mère, en te disant que faire comme les autres te donne un certain pouvoir. Mais tu te trompes lourdement ! Ça ne te rend qu'encore plus pitoyable. Et puis, je suis sûre que tu ne crois pas une seule seconde qu'Harry ait pu tuer Cedric. Tu le connais depuis cinq ans, toi comme savons ce qu'il a subi. Mais tu es lâche et apeuré alors tu te voiles la face et préfère te faire ridiculiser devant tout le monde plutôt que d'admettre la vérité. Et les gens comme toi ne méritent même pas d'être à Gryffondor, ajouta-t-elle plus fort pour les autres lions.
Seamus s'approcha d'elle, le visage déformé de fureur mais les jumeaux et Lee l'encadrèrent aussitôt, faisant reculer le garçon.
―Mauvaise idée, gronda Fred.
―Très mauvaise idée, confirma George d'un ton menaçant.
―Retourne donc jouer dans les jupes de ta mère, ricana Lee.
La barrière que former les garçons autour d'elle dissuada Seamus de répondre et il quitta la pièce après lui avoir jeter un regard venimeux, Dean Thomas sur les talons. Au regard que jeta le deuxième en direction d'Harry, Hermione comprit que les élèves ayant des doutes sur son meilleur ami étaient vraiment rares.
Un soupir de soulagement lui échappa lorsque la vie dans la salle commune reprit peu à peu son cour. Quelques curieux jetaient encore des regards en direction du Survivant, mais personne n'eut le courage de prendre ouvertement la parole. Un regard en direction de la Préfète et de ses gardiens les dissuadaient de le faire.
Hermione n'attendit pas plus pour remercier les trois garçons et pour se retourner vers ses meilleurs amis, mais Harry avait disparu. Ron l'informa qu'il allait le voir avant de la laisser seule, au bas des escaliers.
―Ça lui passera, souffla la voix de Fred près d'elle.
Hermione n'osa pas se tourner vers lui, leur dernière discussion lui revenant brusquement en tête. À la place, elle fixa les escaliers desquels elle perçut encore un peu la démarche lourde de Ronald avant que le silence ne revienne.
―J'espère, soupira-t-elle.
―Depuis quand es-tu si peu optimiste ?
―Depuis qu'un de mes camarades est mort, répondit-elle, du tac au tac.
Elle se tourna enfin vers Fred et croisa son regard surpris. Un sourire triste éclaira son visage et elle décida de trouver refuge dans son dortoir. La journée avait été mouvementé et elle avait besoin d'être seule pour tout assimiler. Par chance, ses condisciples de chambre se trouvaient encore dans la salle commune, puisqu'il restait quelques minutes avant le repas, si bien qu'Hermione put se laisser tomber sur son lit sans la moindre grâce. Elle avait parfaitement conscience que les trois autres filles de sa chambre ne se gênaient pas le moins du monde pour la critiquer, la trouvant même trop vieille fille, alors elle ne voulait pas leur donner une occasion supplémentaire de la rabaisser.
Ses pensées revinrent aussitôt vers l'altercation qu'elle venait d'avoir avec Seamus, qui était pourtant un gentil garçon et un bon ami d'Harry et Ron à l'ordinaire. Il avait plusieurs fois été là pour elle lorsque les disputes avec les deux garçons s'étaient révélées trop dures à supporter. Alors quand et comment avait-il pu se mettre à douter d'Harry ? Le retour du mage noir était donc si inconcevable que ça ? Elle qui venait d'un monde où les guerres entre sociétés étaient courantes, ne voyait pas comment une communauté comme celle qu'elle venait de rejoindre pouvait douter d'un tel fait. La magie était censée permettre de grande chose, alors pourquoi pas le retour d'un homme supposé mort ? Mais Hermione savait que cela aller bien au delà de ça.
Voldemort avait fait plus de mal à lui seul que toute une armée de soldats moldus. Tant de gens étaient morts parce qu'ils avaient refusé de suivre l'idéologie d'un monstre prônant la suprématie des Sang-Pur. Et en avaient payer le prix. Leur vie. Pour pouvoir fuir une existence d'esclavage, sous les ordres d'un sorcier aussi noir que la nuit. Et puis un beau jour, le Seigneur des Ténèbres avait disparu, terrassé par un enfant d'un an, que le sacrifice de sa mère avait rendu plus fort.
Pourtant, à travers toute cette noirceur, une lueur d'un roux flamboyant persistait encore. Pendant longtemps, Hermione avait cru éprouver des sentiments plus qu'amicaux envers Ron, mais après les deux mois qu'ils avaient passé ensemble en dehors de l'école, elle s'était finalement rendue compte qu'il ne serait jamais plus que son meilleur ami. Non, cette lumière n'était pas Ronald, mais un autre membre de sa famille.
Fred Weasley était vraiment un garçon déroutant et Hermione réalisa alors qu'elle ne le connaissait pas si bien que ça, malgré toutes les vacances qu'elle avait passé en compagnie de la famille Weasley. Rares étaient les moments où les jumeaux passaient du temps en compagnie d'Harry et Hermione, tous deux meilleurs amis de leur petit frère. Si ce n'est pour faire des farces, ils préféraient passer leur temps ensemble. Sauf que les choses avaient changé durant l'été. Était-ce le fait de perdre un camarade et ami qui avait modifié leurs personnalités ? Une expérience traumatisante pouvait expliquer cet intérêt soudain pour autrui.
Mais pourquoi Fred l'avait-il choisi elle ? Qu'avait-elle de bien particulier pour qu'il la voit soudainement comme Hermione Granger et non plus Hermione la meilleure amie de son petit frère ? Et le plus intriguant dans cette histoire était de savoir pourquoi elle se sentait aussi mal à l'aise en sa présence ? Ce n'était pas le cas avec George, alors pourquoi avec lui ? Toutes ces questions lui donnaient mal à la tête et l'angoissait véritablement. Peut être valait-il mieux qu'elle ne sache pas... car savoir était souvent plus difficile que d'être dans l'ignorance.
Un soupir sortit d'entre ses lèvres roses et elle se massa les tempes avant de décider qu'une bonne douche lui ferait beaucoup de bien. Trousse de toilettes sous le bras, habits corrects entre les mains, elle traversa le couloir menant à la salle de bains des filles, dans laquelle se trouvait dix cabines de douche, heureusement vides lorsqu'Hermione entrebâilla légèrement la porte.
Elle resta de longues minutes sous l'eau, à essayer de se convaincre que Fred ne pouvait être que le frère de son meilleur ami et rien de plus. Si ça se trouve, elle était peut être la seule à croire que leur relation avait changé. C'était difficile à croire, après tout ce qu'il lui avait dit, mais c'était la seule chose qu'elle pouvait se permettre de penser. Demain tout reviendrait dans l'ordre, autant dans sa vie que dans celle de l'école.
Hermione décida de ne pas aller dîner, l'appétit l'ayant brusquement quitté quand elle avait entendu Seamus accuser son ami, et descendit dans la salle commune vide, un livre entre les mains, désireuse de profiter un peu du calme avant le retour des autres lions.
Ses sourcils se froncèrent lorsqu'elle remarqua la chevelure noire de jais dépassant du dossier du canapé. Elle aurait reconnu entre milles la tignasse indomptée de son meilleur ami. Sans un mot, elle prit place près de lui. Il ne sursauta même pas lorsqu'elle s'assit sur le canapé, les yeux perdus dans le vague. Elle fit mine de lire en attendant qu'il remarque sa présence.
―Hermione, souffla-t-il après quelques minutes.
Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune fille qui referma doucement son livre. Elle savait qu'Harry avait besoin de se confier, et elle souhaitait qu'il le fasse de lui-même. Le braquer n'était pas la meilleure chose à faire.
―Tu n'as pas été mangé avec les autres ? demanda-t-il.
―Toi non plus, rétorqua-t-elle.
―C'est vrai, admit-il avec un demi sourire.
Hermione esquissa un nouveau sourire avant de détourner le regard en direction des flammes qui dansaient dans l'âtre de cheminée, dans un voluptueux ballet de jaune et orange. Elle ne sut combien de minutes elle resta ainsi, à contempler le feu, mais la voix d'Harry finit par retentir de nouveau, résonnant dans l'immense pièce qu'était la salle commune. Le cœur de la tour des Gryffondor.
―Je n'arrive pas à croire que des gens comme Seamus puissent douter de ce qu'il s'est passé l'année dernière... soupira-t-il avec lassitude. Le fait que Voldemort soit de retour est si improbable que ça ?
La jeune fille se retint de répondre que non, mais après tout, elle n'en était pas certaine. Ses propres interrogations à ce sujet l'empêchaient d'anticiper les réactions des gens, et celle de Seamus l'avait surprise plus qu'elle ne l'aurait cru. La liberté d'opinion était un concept commun aux deux mondes auxquels elle appartenait et elle n'arrivait pas à se faire à l'idée que les sorciers puissent être si étroits d'esprit que ça. Il était inconcevable qu'il n'existe que deux façons de penser. La bonne et la mauvaise. Non, une troisième option était toujours envisageable. Et la magie, selon elle, était cette possibilité-là.
―Les sorciers comme Ron, Ginny et Seamus ont toujours vécu dans un monde où Tu-Sais-Qui n'était qu'une idée abstraite, un souvenir du passé de leurs parents. Ils ont grandis avec cette idée-là, et savoir qu'un adolescent a le pouvoir de remettre en question cette pensée leur fait peur. Certains, comme les Weasley, se sont plus facilement fait à cette idée puisqu'ils sont personnellement impliqués. Mais je ne pense pas que ce soit le cas des parents de Seamus.
Hermione se tut, à bout de souffle, et croisa le regard compréhensif de son meilleur ami. C'était un des aspects qu'elle aimait le plus chez lui. Sa tolérance et sa patience. Le simple fait qu'il l'écoute parler, exprimer sa pensée, sans essayer de la contredire. Qu'il approuve ses dires. Car elle savait que, au fond de lui, il pensait la même chose. Sauf qu'il n'arrivait pas à formuler sa pensée correctement. Pas qu'il soit idiot, loin de là, mais il s'inquiétait toujours de dire des choses blessantes aux personnes qu'il aimait le plus.
―J'avais oublié que tu étais la plus intelligente de l'école... rit-il paisiblement, la faisant rougir.
Hermione lâcha un rire carillonnant qui résonna de longues secondes dans la pièce. Ils ne prononcèrent plus le moindre mot jusqu'au retour de leurs amis, mais ce n'était pas nécessaire, l'un comme l'autre en avait parfaitement conscience. Leur complicité apportait cet avantage-là, celui de se comprendre sans avoir besoin de parler. Un peu comme le lien qui unissait Fred et George, ne put-elle s'empêcher de penser.
Ron vint prendre place près d'eux et leur raconta les détails du dîner. La dispute entre Ginny et Seamus, la décision des jumeaux de rendre la vie insupportable à Ombrage qui leur avait donné une nouvelle heure de colle et bien d'autres sujets encore. Hermione ne prêta pas vraiment attention à la discussion entre les garçons, et son sourire se fana lorsqu'elle croisa le regard furieux de Seamus, assit plus loin, près de Dean et Neville qui jouaient tranquillement aux échecs. Elle détourna le regard, mal à l'aise, pour se rendre compte que Fred avait les yeux rivés sur elle, alors qu'à ses côtés, son frère et Lee discutaient joyeusement avec des septième année.
Elle sentit ses joues chauffées mais ne détourna pas le regard. Elle ne sut d'où lui venait cette détermination, mais elle savait qu'elle ne voulait plus se sentir gêner en présence de Fred. Elle en avait assez d'être la fille dont on se moquait constamment car elle aimait passer du temps avec ses livres, elle ne voulait plus qu'on rit d'elle lorsqu'elle étalait son savoir aux yeux de tous. Elle voulait croire en ce « Tu as changé » ne serait-ce qu'une fois.
Ils s'affrontèrent longtemps du regard, et un sourire amusé vint étirer les lèvres du rouquin. Hermione réalisa alors que Fred était un beau garçon et elle se demanda s'il resterait le même sans un sourire taquin. Comment faisait-il pour sourire tout le temps d'ailleurs ? N'était-ce qu'une façade ou un besoin irrépressible d'apporter de la bonne humeur autour de soi ? Car c'était ce que les jumeaux faisaient constamment. Offrir de la joie aux autres. Les faire sourire dans les pires moments.
À contre cœur, elle détourna le regard en entendant Harry l'appeler. Un sourire naquit néanmoins sur ses lèvres lorsqu'elle entendit Fred lâcher un rire triomphant et rougit en croisant le regard interrogateur d'Harry. Elle se demanda s'il avait remarqué l'échange de regards entre elle et le frère de Ron, mais si ce fut le cas, il n'en fit pas le moindre commentaire.
―Tu disais ? s'enquit-elle en plantant son regard dans celui de Ron.
―Je te demandais si tu pourrais m'aider pour le devoir de Défense contre les Forces du Mal ? répéta-t-il.
Hermione poussa un discret soupir de soulagement en comprenant que lui n'avait rien remarquer du tout, avant d'acquiescer. Elle se rappela soudainement l'idée qu'elle avait plus tôt dans la journée, et s'assurant que personne ne leur prêter attention, se pencha vers les deux garçons pour leur exposer son plan.
―Puisqu'Ombrage refuse de nous donner des cours pratiques, je me suis dis qu'on pourrait se les dispenser nous-même, chuchota-t-elle. Il faudrait trouver un endroit assez grand pour accueillir plusieurs élèves en même temps, et qui aurait une disposition idéale, un peu comme une salle de classe.
―Ce n'est pas une mauvaise idée, admit Harry.
―C'est même génial ! s'écria Ron d'une voix forte.
Hermione lui jeta un regard exaspéré et vérifia que personne ne regarder vers eux. La plupart de leurs camarades étaient entrain de monter dans les dortoirs et ceux encore présents étaient pour la plupart penchés sur un devoir.
―Je ferais des recherches à la bibliothèque pour savoir s'il existe des pièces fermées dans le château, continua-t-elle, tirant un sourire aux garçons. En attendant, essayez de savoir qui pourrait venir à ses cours. Faîtes une liste de noms. On aura qu'à réunir ces personnes et leur exposer notre idée. Si elles sont intéressées, alors qu'elles n'auront qu'à venir. Il faudra aussi établir des jours et des heures de rendez-vous.
―On pourrait faire une réunion de présentation le lendemain du match, proposa Ron. Une sortie à Pré-au-Lard est prévue pour la journée entière.
Hermione acquiesça.
―Ne pas attirer l'attention d'Ombrage risque d'être difficile, fit Harry. Avec l'instauration de la Brigade Inquisitoriale, on risque de se faire surprendre.
―Je sais, soupira-t-elle et une part d'elle-même était terrifiée qu'une telle éventualité puisse se produire. Mais si nous ne pratiquons pas, alors nous n'aurons pas nos examens.
―Hermione, il n'y a pas que les examens dans la vie, essaya de lui faire comprendre Ron.
―Si tu n'as pas ton diplôme, alors tu as 80% de chance de faire un métier qui ne te plaît pas, une fois tes études achevées, le rabroua-t-elle sèchement. Alors je me passerais bien de tes leçons de morale, Ronald !
Le visage du garçon vira instantanément au cramoisi. Il allait répliquer, conduisant à une nouvelle dispute entre eux, sauf qu'Harry l'empêcha de répondre en posant une question.
―Et tu as une idée pour le professeur ? s'enquit-il.
Hermione lui jeta un regard significatif mais le manque de réactions des garçons la poussa à répondre. Prenant une grande inspiration, ayant une idée de la réponse de son ami, elle ouvrit la bouche pour parler.
―Oui, Harry. Toi.