Le Roi en Exil, tome 1 [TERMINÉ]

3.4 : bagarre Lochlainn/Cavan

Cavan ferma la porte de bois, qui était restée grande ouverte pendant que Neve le soignait, et respira un grand coup.
Cette femme allait le tuer !
Un ricanement lui fit prendre conscience qu'il n'était pas seul. À quelques pas devant lui, Lochlainn le regardait tout en ajustant la mire de son arbalète. Au vu de l'endroit où il était assis, il avait été aux premières loges pour voir tout ce qu'il se passait à l'intérieur.
Cavan se maudit intérieurement. Il allait en entendre parler pendant des semaines, voire des mois !
Il passa devant son compagnon, et tenta de l'ignorer.
— Tu n'as jamais autant bandé pour une fille.
Cavan se figea quand il entendit la réflexion grossière de son compagnon. Il n'eut qu'une envie, lui faire ravaler ses paroles. Il tenta de calmer sa colère, mais Lochlainn reprit :
— Baise-la, ça te fera du bien.
Cavan se retourna d'un bloc et fut tellement rapide que Lochlainn ne vit rien arriver. Le poing le cueillit sur le côté, et lacéra sa pommette avant de l'envoyer à terre.
Mais Lochlainn bondit aussitôt sur ses pieds pour faire face à l'autre guerrier et lui fonça dessus tête la première. Cavan encaissa le choc dans le ventre, mais eut la respiration coupée et tomba à la renverse.
La colère qui le tenaillait depuis plusieurs semaines déjà se libéra alors. Il saisit Lochlainn par le haut de son vêtement et le repoussa brutalement. À cet instant, il croisa le regard de son compagnon, il vit la haine à l'état pur. Lochlainn ne faisait pas partie de la garde par hasard. C'était l'un des hommes les plus hargneux et vindicatif qu'il ait jamais vu. Cette haine, qui menait souvent ses actions, faisait de lui un homme dangereux et d'une force inimaginable.
Il sauta de nouveau sur Cavan et lui aligna plusieurs coups au visage. Sa blessure se rouvrit et sa lèvre se déchira. Ce dernier se défendit avec frénésie et lui rendit coup pour coup.
Ils n'entendirent pas les autres accourir, et ne prirent conscience de leur présence que lorsqu'ils furent séparés. L'un par Magnus, l'autre par Doyle.
Essoufflés tous les deux, ils se fixèrent, le regard encore plein de hargne, pendant un long moment.
— Qu'est-ce que vous foutez, bordel ? !
La voix grave et rocailleuse de Brogan les obligea à faire face au capitaine de la garde. Par dessus l'épaule de son chef, Cavan croisa le regard de Magnus qui semblait avoir compris l'objet de leur dispute.
Gêné, il détourna le regard, et se dégagea de l'emprise de Doyle, qui desserra son étreinte autour de lui.
Brogan était furieux.
Depuis qu'ils étaient arrivés ici, ses hommes ne tournaient pas ronds. En fait, c'était depuis l'accident de Ciarán que tout allait de travers.
Il fit signe aux guerriers de déguerpir d'un signe de la main, alors qu'il regardait Cavan, devant lui. Ce dernier comprit le message et ne bougea pas.
Lochlainn attendait également, persuadé qu'il allait, lui aussi, y passer.
Brogan se tourna vers lui, le regard noir.
— Dégage !
Le guerrier ne se le fit pas dire deux fois et s'éloigna à son tour.
Le pirate resta un long moment à fixer Cavan, puis se détourna.
— Va te faire soigner ! ordonna-t-il sèchement.