Le Roi en Exil, tome 1 [TERMINÉ]

2.6 : au village

Le village se dressait devant eux, fait de petites cahutes et de maisonnettes en bois.
Garadîn était un village de petite taille, mais qui abritait tout de même plusieurs centaines d'âmes.
Cavan retrouva immédiatement son attitude de guerrier méfiant.
Ils laissèrent leurs chevaux à l'entrée et s'avancèrent d'un pas qui se voulait nonchalant, même si le guerrier était aussi crispé que lors de son premier combat.
C'était jour de marché, si bien qu'une foule de personnes déambulait dans les rues. Il y avait, en plus, de nombreux habitants des collines alentours qui venaient, comme eux, se réapprovisionner pour plusieurs semaines. Les marchands avaient achalandé leurs étals, et tentaient, à travers le brouhaha ambiant, d'attirer les clients à grands coups de clameurs.
Les bousculades étaient fréquentes, et généralement sans conséquence. Tout le monde se souriait, s'apostrophait et discutait, adossé contre un mur ou planté en plein milieu de la rue.
Cavan et Neve contournèrent plusieurs de ces groupes avant de se retrouver dans le cœur même du marché, sur la place centrale.
Cavan jura dans sa barbe en constatant qu'à cet endroit-là, la foule était encore plus dense. Il agrippa le bras de Neve pour ne pas la perdre, nerveux de se retrouver dans un lieu qu'il ne connaissait pas. Heureusement, le temps était maussade, et une fine pluie tombait par intermittence, ce qui leur permettait de garder leur visage caché sous leur capuchon sans attirer trop l'attention.
Neve se sentait dans son élément parmi la foule de gens qui, comme elle, cherchait les meilleures affaires du jour.
Les récoltes venaient de se terminer et les étals étaient remplis de céréales, de pain, de fruits, de légumes et de toutes sortes de produits comestibles.
Mais la jeune femme voulait commencer par les potions qu'elle devait renouveler avant d'être à court de remèdes.
Elle posa la main sur celle de Cavan qui agrippait son bras avec force et l'entraîna avec elle à travers la cohue. Ils ressemblaient à n'importe quel autre couple d'amoureux qui se promenait et cherchait de quoi remplir son garde-manger.
Personne ne fit attention à eux. Malgré cela, Cavan restait sur ses gardes, préoccupé.
— Détendez-vous, lui chuchota Neve alors qu'ils s'engageaient dans une ruelle adjacente moins fréquentée.
— Où m'amenez-vous ? se contenta-t-il de répondre.
— J'ai besoin de remèdes pour soigner votre ami. Ce genre de produits ne se trouvent pas en plein milieu du marché.
Cavan hocha la tête et se détendit un peu, mais garda toujours la main sur son bras. Lorsqu'elle rentra dans une petite échoppe sombre et odorante, il lui emboîta le pas.
Aussitôt, ses narines furent envahies par une multitudes d'odeurs plus ou moins agréables, allant des fleurs à des parfums plus âcres qu'il ne reconnut pas. La boutique était remplie d'étagères branlantes, sur lesquelles une multitude de fioles, de graines, de bouteille trônaient.
Il vérifia qu'il n'y avait personne d'autre que la vendeuse, puis se posta à la fenêtre et attendit que la jeune femme trouve son bonheur.
Neve passa beaucoup de temps à choisir les potions, à manipuler plusieurs teintures-mère avant d'arrêter ses choix.
Cavan patienta plus d'une heure, sans rien dire. Il était habitué aux longues heures de surveillance.
Quand, enfin, ils sortirent de la boutique, le guerrier se rendit compte qu'il mourrait de faim. Le soleil avait passé son zénith depuis un bon moment et de lourds nuages sombres commençaient à envahir le ciel. La pluie avait cessé, mais un vent frais et piquant soufflait par rafale, et pénétrait sous leur manteau qu'il soulevait par à-coup.
— Allons manger, proposa Cavan, alors qu'il entraînait la jeune femme avec lui.