Bonjour bonjour ! Voici la suite tant attendue haha. C'était magnifique tous vos messages d'amour, remplis d'amour, d'insultes et presque de menaces de morts x) Tout ça pour un tout petit suspens... Vous êtes bien difficiles haha ! J'espère que la suite vous plaira tout autant ! Merci encore de continuer à me suivre et de m'encourager :) Bonne lecture !
La dague se planta dans la terre, frôlant le cou de la Fille Gelée.
Il s'accroupit à son côté et lui resserra fermement la gorge sans pour autant montrer une quelconque envie de l'étouffer. Il la tenait simplement par la mâchoire inférieure, bleuie par les coups, et déclara sombrement :
— Ne penses pas que j'éprouve la moindre sympathie à ton égard. Si je t'épargne aujourd'hui, c'est pour m'assurer personnellement que ta vie devienne un enfer.
Et sans lui adresser un regard de plus, Tarek se redressa, récupéra son poignard prisonnier de la glace, et s'en alla.
Aïkida reprit une grande inspiration et tenta de calmer les furieux battements de son cœur alors qu'elle entendait son dragon gronder de colère. Fermant les yeux, elle brisa son bouclier magique dont elle s'était recouverte par prudence, et resta allongée sur le sol. L'herbe fraîche caressait la peau de ses bras nus tandis que l'air pur emplissait sa cage thoracique meurtrie par les coups. Se calmant petit à petit, la jeune fille regardait le ciel et observait les étoiles.
Elle se remémora les soirs d'été où, elle et sa famille, sortaient dans leur jardin et s'allongeaient dans l'herbe pour observer la nuit. Lomiòn leur avait appris plusieurs constellations ainsi que leurs différents noms selon les régions.
Ce soir-là, les étoiles paraissaient bien fades sans sa famille à ses côtés. Entre deux tombes de dragons, dont celle de Brusanth, la nuit paraissait terne. Son cœur se serra lorsqu'elle reconnut la constellation favorite de sa mère : celle du dragon, Ṭirākaṉ viṇmīṉ.
Sa famille pouvait elle la voir d'où elle était ? Et sa sœur, voyait-elle cette même constellation ? Où était-elle ? Est-ce qu'elle allait bien ? Avant que les larmes ne la noient à nouveau, Aïkida prit une grande inspiration et détourna les yeux de cette constellation qui représentait tant pour la famille ArFeiniel.
Aïkida rentrait dans le château d'un pas déterminé. Elle avait certes eu des réponses, mais pas toutes. Meurtrie par les coups de Tarek, la jeune fille avançait en grinçant des dents alors que ses muscles lui criaient d'aller dormir. Pas tant que je ne saurai pas toute la vérité. Sa mâchoire lui faisait terriblement mal alors qu'une inquiétante couleur violette en recouvrait la surface gauche.
La Fille Gelée se dirigea vers la tour où se trouvaient les appartements des dragonniers et de quelques combattants privilégiés. N'étant pas autorisée à errer dans le secteur, tous ses sens en alerte, elle vérifiait à chaque recoin que personne ne puisse la voir. S'assurant que les couloirs étaient vides, elle s'engagea et rasa les murs jusqu'à la porte du jeune dragonnier.
Aïkida frappa contre le panneau de bois. Pas de réponse. Elle attendit alors quelques secondes avant de recommencer plus fortement. Du bruit se fit entendre de l'autre côté alors qu'on grommelait :
— J'arrive, deux minutes.
L'estomac de la jeune fille se serra en entendant sa voix. Elle revoyait la scène du champ de bataille, où Leeroy, impassible, lançait le compte à rebours. Celui avant la mort de son père.
La porte de bois s'ouvrit sur le jeune homme, et ce dernier afficha un sourire triste quand il aperçut Aïkida sur le seuil. Ses cheveux de blés en bataille semblaient indiquer une certaine fatigue alors que ses yeux bleus fatigués fixaient son amie avec mélancolie. Son regard cerné montrait que lui non plus, n'avait pas vécu des jours faciles, et que la perte de camarades le touchait profondément. Sa bouche se relevait légèrement en un petit sourire gêné tandis qu'une très fine barbe recouvrait sa mâchoire, témoignant des quelques jours où il n'avait pas pu se raser.
Leeroy passa une main dans ses cheveux, signe de malaise, alors que la jeune fille se rendait compte qu'il était torse nu. Hormis sa musculature appréciable, elle remarqua les nombreuses plaies et marques de coups qui tâchaient son corps de violence. Sa main droite portait encore les lourdes cicatrices de son voyage chez les Elfes alors que ses poignets témoignaient de sa souffrance lorsqu'il avait été attaché. La Fille Gelée se rendit alors compte qu'il possédait une puissante magie, car malgré ses blessures graves, il avait fièrement combattu les soldats noirs, sans jamais laisser transparaître sa douleur.
Face au dragonnier, la jeune fille ne pouvait pas se mentir. Il restait bel homme. Mais dans cet accoutrement, ajouté aux cheveux décoiffés et à la marque des draps sur sa peau, la Fille Gelée ne mit pas longtemps à comprendre qu'il sortait du lit. Quelle heure est-il ?
Leeroy fixait son amie de ses yeux bleus. Des yeux emplis de tristesse, de culpabilité et de malaise. Néanmoins, il s'était rendu compte que, le fait d'avoir enfin exposé la vérité au grand jour, le soulageait d'un énorme poids.
— Tu m'as dit que je pouvais venir te voir n'importe quand si j'avais des questions, déclara Aïkida. Me voilà.
Mais le jeune blond fronça les sourcils et souleva délicatement le menton de son amie :
— Qu'est-ce que tu as à la mâchoire ?
— C'est rien, je me suis juste expliquée avec Tarek. Ou plutôt, c'est lui m'a expliqué.
Leeroy arqua un sourcil mais ne demanda pas plus de précisions.
— Attends-moi là, j'en ai pour une minute.
Et le dragonnier disparut derrière le panneau de bois pour réapparaître quelques secondes plus tard en train d'enfiler sa tunique, recouvrant sa peau bronzée et balafrée.
— Je pense qu'il vaudrait mieux que Nàmo soit présent, allons le voir.
La jeune fille hocha la tête et suivit le jeune blond, tout en faisant attention à ne pas être vue.
Quelques minutes plus tard, Nàmo, Leeroy et Aïkida se trouvaient assis autour d'une petite table en bois dans les appartements privés du Haut-Dragonnier. Ce dernier avait tout d'abord râler que quelqu'un puisse le réveiller en pleine nuit sans urgence, mais s'était calmé en apprenant l'objet de leur visite.
Ce fut Nàmo qui rompit le silence en demandant tout d'abord à la jeune fille :
— Tu n'avais pas cette marque à la mâchoire la dernière fois, que t'est-il arrivé ?
Aïkida leva les yeux au ciel et répondit :
— Je ne sais pas moi, j'ai dû me frapper dans mon sommeil.
Le vieil homme fronça les sourcils mais ne releva pas. Il demanda plutôt :
— Que t'as raconté Leeroy ?
La jeune fille inspira une profonde bouffée d'air avant de mettre ses mots dans l'ordre sans trembler :
— Il m'a montré ses souvenirs. J'ai cru comprendre qu'il était un agent double, et il m'a montré mon père.
Le Haut-Dragonnier hocha lentement la tête en caressant sa barbe blanche.
— Pour que tu comprennes la totalité, il faut partir du début. En effet, Leeroy était un agent double auprès du Masque Noir. Sous mes ordres, il ramenait de précieuses informations sur les futures batailles, l'organisation de l'armée noire etc.. En échange, je lui donnais l'autorisation de révéler certains de nos gestes au Masque Noir, suffisamment importants pour qu'il ne se doute de rien, mais pas assez pour mettre la Vallée en danger. Seul Tarek était également au courant des agissements de Leeroy, personne d'autre ne devait le savoir. Grâce à ton ami, de nombreux hommes ont pu être sauvés, et de nombreux plans détournés. C'est aussi grâce à lui que nous savions à l'avance la présence des Demoschaths. Nous avions décidé de n'en parler à personne pour ne pas effrayer les troupes à l'avance, et nous avons alors réfléchis à une solution. C'est Leeroy qui a eu l'idée de demander aux dragons de nous venir en aide.
Aïkida fronça les sourcils et coupa le Haut-Dragonnier :
— Non, c'est Athkor qui a eu cette idée durant les combats.
Leeroy sourit faiblement et expliqua :
— En réalité, c'est Luaj qui a soufflé l'idée à ton dragon. Athkor ne s'en est pas rendu compte car j'ai utilisé la magie pour lui donner l'impression que l'idée venait de lui.
La Fille Gelée entendit son dragon gronder de frustration et elle demanda :
— Pourquoi Luaj n'a pas demandé elle-même aux autres dragons de se joindre à nous plutôt que d'entrer dans l'esprit d'Athkor ?
Le jeune blond répondit simplement :
— À cet instant-là, le Masque Noir n'avait pas encore totalement pris conscience que je n'étais pas de son côté. Mais il restait tout de même méfiant depuis l'épisode de Lomiòn et me surveillait, ainsi que les échanges de Luaj avec les autres dragons. J'ai réussi à cacher celui d'Athkor et elle, et lui ai insufflé cette idée pour que le Masque Noir ne se doute de rien. Je ne voulais pas qu'il sache immédiatement ma réelle identité, au cas où j'aurais encore eu un rôle à jouer.
La jeune fille hocha la tête et demanda, la voix tremblante :
— Comment étais-tu sûr que Lomiòn voulait réellement se sacrifier ?
Le regard du jeune blond se fit plus grave alors qu'il répondit :
— Ses yeux ne pouvaient pas mentir, et lorsque la bataille fut finie, on a eu une discussion, lui, Nàmo et moi, et il me l'a confirmé.
Le Haut-Dragonnier acquiesça d'un signe de tête et ajouta gravement :
— Le problème a ensuite été d'informer les Combattants de la mort de ton père, empoisonné par une flèche, sachant que les soldats noirs n'avaient pas d'arc, ni d'arbalète. Nous avons donc prétexté que l'un des ennemis avait ramassé l'arc d'un de nos combattants tombé au sol et qu'il avait tiré sur Lomiòn. Tout le monde croit encore aujourd'hui, à cette version des faits. Mais Leeroy n'a jamais accepté que la mort de ton père soie reconnue comme un simple accident alors qu'il s'était sacrifié pour la Vallée. En secret, il a donc changé son épitaphe. Les quelques Combattants, qui s'en sont rendu compte plus tard, n'ont pas posé de questions et l'affaire s'est étouffée.
Aïkida hocha lentement la tête puis tourna un regard reconnaissant envers le jeune blond. Ce dernier se passa la main dans les cheveux, mal à l'aise. Il n'aimait pas se rappeler de son geste. La scène qu'il avait montré à la Fille Gelée l'avait hanté plusieurs nuits, et il en faisait toujours des cauchemars.
Il avait tué un innocent.
La jeune fille demanda ensuite :
— Et donc Tarek était bel et bien au courant ?
Les deux hommes hochèrent la tête à l'unisson.
— Mais vous n'aviez pas peur qu'ils vous trahissent du fait qu'il était sensible à la Magie Noire ?
Nàmo répondit en grattant sa barbe :
— Rappelles-toi que nous n'étions pas au courant. Nous l'avons appris seulement après votre séjour chez le Masque Noir. S'il avait répété quoi que ce soit, cela aurait été tragique pour le secret de Leeroy. Mais le pire aurait été qu'il soit contrôlé par le Masque Noir puisque Tarek connait tous les recoins les plus secrets de la Vallée. Dans ce cas-là, nous aurions été mal de toute manière, qu'il dénonce Leeroy ou non. Tarek a fait preuve d'une grande force mentale, en gardant pour lui le double rôle de son ami. Leeroy, lui aussi a fait preuve d'un grand courage en jouant l'agent-double puisqu'il risquait sans cesse sa vie. Il n'a pas été évident pour lui de réagir lors de votre emprisonnement chez le Masque Noir, car il devait paraître naturel auprès du Masque Noir, tout en éloignant ses doutes. Tarek comme Leeroy, ont joué des rôles vitaux pour la Vallée, et nous leur en sommes reconnaissants.
La Fille Gelée écoutait attentivement les paroles du Haut-Dragonnier, impressionnée par le courage des deux jeunes combattants. Elle demanda ensuite :
— Pourquoi ne pas révéler les véritables faits au grand jour maintenant que le Masque Noir est mort ?
Ce fut Leeroy qui répondit en se massant la nuque :
— Les combats sont beaucoup trop récents. Si par malheur nous rencontrions d'autres soucis de ce type, il ne faut pas que notre stratégie de double-rôle soit dévoilée pour qu'elle puisse être de nouveau utilisée si besoin. Les Combattants sauront peut-être la vérité dans quelques années, quand il n'y aura plus aucun danger.
La jeune fille hocha la tête, compréhensive. Elle posa néanmoins une dernière question au jeune homme :
— Ma mère savait-elle qui tu étais ? Savait-elle que c'était toi qui...
Elle ne put finir sa phrase.
Ce fut alors Nàmo qui répondit :
— Non. Lomiòn savait que cela avait été une épreuve difficile pour Leeroy, et ne voulait pas le mettre dans l'embarra plus encore. Il a préféré taire le nom de ton ami, tout d'abord pour que Leeroy puisse aller voir Elea en cas de besoin sans craindre quoi que ce soit, et ensuite pout que ta mère ne soit pas hantée par ce prénom. Lomiòn ne voulait donner aucun indice.
Aïkida murmura alors, plus pour elle-même que pour ses interlocuteurs :
— Alors c'est pour ça que tu étais mal à l'aise chez moi...
Leeroy intervint d'une voix calme, mais alourdie de regrets :
— Quand tu es partie voir ta mère seule, j'ai eu quelques minutes pour réfléchir. J'étais angoissé et me sentais terriblement mal. Je ne savais pas si Lomìon avait réellement tût mon nom, et je ne me sentais pas capable de rentrer dans la maison de l'innocent que j'avais tué. Pourtant, il le fallait. J'ai beaucoup hésité, je ne savais pas si je devais annoncer la vérité à ta mère ou pas. J'en avais envie, je voulais me débarrasser de ce poids. Mais quand j'ai vu à quel point vous étiez heureuses de vous retrouver, j'ai préféré me taire. Je ne voulais pas gâcher votre bonheur, et je ne voulais pas que ta mère sache que tu étais amie avec celui qui a tué son mari.
Aïkida hocha la tête, tremblante.
— Merci.
Désormais, elle connaissait toute la vérité.
Leeroy déambulait dans les couloirs, seul avec ses pensées. Il ne s'était jamais senti aussi bien, il avait enfin tout dévoilé. Mais il ne s'était jamais senti aussi mal. Dorénavant, il devrait affronter le regard plein de tristesse de son amie. Cette dernière ne le verrait plus jamais comme un dragonnier, mais plutôt comme un meurtrier. Cet acte, ce geste qu'il avait dû faire, le hanterait toute sa vie.
Mais alors qu'il entrait dans la bibliothèque pour réfléchir plus calmement, son ouïe surdéveloppée grâce à Luaj détecta de légers bruits. Des murmures. Fronçant les sourcils, Leeroy ralentit instinctivement ses mouvements et se déplaça à pas de loup entre les rayons remplis de livres. Les murmures se firent plus audibles.
Avançant avec pour seul lumière, un chandelier qu'il avait récupéré sur une petite table, le jeune blond se déplaçait parmi les ombres, se camouflant parmi les étagères.
Ce n'étaient pas des murmures, mais une psalmodie. Un sort.
Leeroy fronça les sourcils. Ce n'était pas la voix de Tarek, et cela ne pouvait pas être Nàmo. Il n'y avait pas de mage présent dans la Vallée à sa connaissance. Cela ne pouvait être qu'un intrus. Un intrus dans la Vallée, ce n'était pas bon. Mais alors qu'il se déplaçait à pas de loup sur le tapis, une vive lumière apparut derrière une étagère.
Le dragonnier souffla alors sur son chandelier, laissant la faible fumée embaumer ses narines d'une odeur plus ou moins agréable tandis que l'obscurité l'encerclait un peu plus. Les centaines de livres semblaient eux-mêmes renfermer le secret de l'intrus, complices. La psalmodie paraissait précipitée, prononcée dans l'urgence, alors que la voix prenait un accent oublié depuis des centaines d'années. La langue morte plongeait cette bibliothèque dans une atmosphère inquiétante. Le jeune homme était désormais sur le qui-vive. Muscles contractés, main sur l'épée, il avançait, tous ses sens en alerte.
La lumière blanche et tamisée lui permettait une avancée facile et agile. L'intrus se trouvait derrière l'étagère, il en était persuadé. La psalmodie avait laissé place à une sorte de dialogue, ou plutôt à des réponses de dialogue. Comme s'il parlait seul.
Prudent, Leeroy passa alors sa tête derrière le bois, le cœur battant la chamade. Ce dernier s'arrêta un court instant quand il reconnut une masse de cheveux particulière. Mi blonde, mi brune.
Alex.