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Quarante-quatre jours.
Cela fait précisément quarante-quatre jours que je n'ai pas revu mon père, suite à notre dispute. Les souvenirs de ma visite refont surface, tandis qu'un sentiment indéchiffrable me submerge. À vrai dire, je n'ai jamais été autant remontée contre mon paternel de toute ma vie. Nous avons toujours eu une relation fusionnelle, se coltiner chaque jour était devenue une simple habitude, alors le fait de ne pas le voir pendant si longtemps : provoque en moi une sensation énigmatique. Au début, son absence a été extrêmement difficile, car je n'avais pas encore acquérir cette notion d'indépendance. Mais, désormais, tout à changer. J'ai l'impression d'être autonome, ainsi que maîtresse de mes actes. Et honnêtement, ceci est plutôt plaisant.
Après des heures de réflexions, ma conscience m'a poussé à franchir le seuil de la porte de cet hôpital. Bien que mon esprit soit contre cette idée, je ressentais le besoin de savoir la raison pour laquelle le séjour de mon père a été prolongé. En effet, celui-ci était censé être guéri depuis un moment déjà.
Mes gestes sont hésitants, j'ignore être capable de faire face à mon père après tous ces jours écoulés. Tant de choses se sont passées en son absence ; se résumant parfaitement bien en deux mots. « Wayne Perkins. » J'inspire profondément, et décide de prendre mon courage à deux mains pour pouvoir me diriger vers le comptoir. Un homme m'accueille chaleureusement, pendant que je sens que mon stress s'intensifie davantage au fil des minutes. J'appréhende énormément la réaction de mon père face à ma présence étant du moins inattendue.
— Salle 207, deuxième étage, à votre droite. Nous l'avons changé de chambre suite à une agression. Déclare le réceptionniste en jetant quelques coups d'œil vers l'écran de son ordinateur.
Attendez, quoi ?
— Comment ça, une agression ? Je répète, perplexe.
— Un jeune homme ivre est entré par effraction dans sa chambre. Il était incontrôlable, et sa carrure était des plus imposante. Dit-il en s'asseyant tranquillement sur sa chaise.
Et là, ce fut comme un déclic. Brendon. Ça ne peut être que lui. Je suppose qu'il est venu ici juste après avoir irruption chez moi, ceci est tout à fait plausible comme hypothèse ! C'est donc pour ça que les soins médicaux ont été prolongés... Je comprends mieux maintenant. Sans plus attendre, je me dirige vers les ascenseurs en prenant soin de suivre les instructions de l'homme de l'accueil. Malgré tout, je trouve le moyen de me perdre. Mais, en fin de compte, je retrouve mon chemin et me situe désormais devant une porte vert menthe.
Timidement, j'entre dans la pièce ressemblant exactement à l'ancienne chambre d'hôpital de mon père. Mais cette fois-ci, le lit se tient à droite contrairement à autrefois. Sinon, à part ça, rien n'a changé.
— Hey... Dis-je sans grande conviction.
Mon père se redresse presque immédiatement ; c'est alors que je vois la gravité de ses blessures. Son visage est légèrement enflé, des coupures sont présentes sur ses joues et ses bras, et d'après son expression faciale, la douleur persiste toujours autant. Son état est pire qu'avant, et c'est peu de le dire.
— Early, qu'est-ce que tu fais ici ? Interroge-t-il, manifestement étonné de me voir.
— Je voulais te faire une visite... À l'entrée, ils m'ont dit que tu t'es fait agresser, c'est vrai ? Même si je sais que c'est la vérité, je préfère en avoir le cœur net. Je n'arrive pas à croire que Brendon ait osé venir ici : je suis certaine que c'est lui.
— Oui, mais ce n'est pas grave. L'importance, c'est qu'il ne reviendra plus !
Comment peut-il en être si sûr ? Les habitants d'UnderGlade sont imprévisibles.
— Papa... hum. J'ajoute en cherchant les mots.
Je pense que c'est assez subit, mais j'aimerais vraiment parler de ma mère avec lui. Ou plutôt de la photo qu'Heather a trouvée. Je veux savoir pourquoi mon père a voulu me mentir sur la mort de ma propre génitrice. Je n'en peux plus d'être constamment dans l'ignorance. Il faut que je sache : là, maintenant. Le fait de ne connaître si ma mère est toujours en vie me ronge considérablement de l'intérieur. Mais, étant donné que ce sujet est assez tabou, les formulations de mes phrases doivent être subtiles. Malheureusement, actuellement, j'ai atteint un stade où mes réflexions sont restreintes. Je ne peux pas m'empêcher d'être directe.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Je sais que maman n'est pas morte, le jour de ma naissance. Arrivé-je à dire, sous son regard stupéfait.
— Ah merde... Marmonne doucement mon paternel.
Il n'est pas sérieux, si ? Je reste bouche bée.
— Tu rigoles, j'espère ? Je m'exclame brusquement en m'avançant dangereusement de lui. Et tu pensais me le dire quand, hein ?
— En fait, je ne compte pas te le dire du tout... Mais puisque tu es au courant de ça, j'imagine que je vais devoir tout te raconter. Annonce-t-il, simplement.
— Je t'écoute.
Mes bras sont croisés contre ma poitrine, tandis que je tape frénétiquement du pied. Je me fais violence de ne pas m'énerver, et de paraître un minimum civilisé, bien qu'au fond, je souhaiterais lui hurler dessus. Après tout, ce n'est pas un simple mensonge. C'est de ma mère qu'il en ait question !
— Ta mère était quelqu'un de peu fréquentable, on va dire. Personne n'osait être sur son chemin. Sa réputation était plutôt flippante, pour tout te dire. Commence-t-il, je reste tout ouïe. Elle était membre d'un gang. D'un vrai gang, comme ceux qu'on voit dans les films.
J'ai failli étouffer par ma propre salive. Oh mon dieu. Jamais je n'aurais cru que ma mère serait ainsi. Étrangement, son histoire est similaire à celle de Wayne. D'habitude, j'en aurais rire, mais étant donné l'atmosphère de la situation, mon visage reste indifférent.
— Enfin, bref. Je suis tombé amoureux d'elle et bla bla bla... je vais passer les détails. Ensuite, nous t'avons eu. Et étant donné qu'UnderGlade n'est pas très sécurisé, on a décidé d'emménager à San Francisco. Poursuit-il en prenant soin de marquer des temps de pause. Mais, rapidement après, le gang avait besoin d'aide. Donc, ta mère a dû revenir à UnderGlade... et elle n'est jamais revenue.
— Quoi ? Tu n'as pas essayé de la recontacter ? Je hausse le ton. Les portables ou les lettres existaient à ton époque, non ?
Mon père rit nerveusement.
— Tu ne peux pas comprendre... Nous avons passé un accord, elle et moi. Je devais te garder à l'abri, loin d'UnderGlade.
— Alors pourquoi on est là, hein ? Explique-moi pourquoi ! Tu sais très bien qu'ici, c'est dangereux ! Hurlé-je, en serrant fermement les poings.
J'hallucine... Il sait pertinemment que cette ville est malsaine, et pourtant, il n'hésite pas à me laisser seule, à la maison. Certes, ce n'est pas de sa faute qu'il est blessé, mais il aurait tout de même pu m'autoriser à aller quelque part d'autre, le temps qu'il se rétablisse. Merde à la fin ! On ne laisse pas une adolescente de dix-sept ans dans le deuxième arrondissement d'UnderGlade.
— Le gang de ta mère a été renouvelé suite à l'incarcération du leader. De ce fait, je m'étais dit que l'on pourrait mener une vie normale. Dit-il calmement.
Gang, chef, prison : le père de Wayne. Bordel. Ma mère faisait partie de l'ancienne génération des Night Warriors, c'est plus que choquant !
— Dans ce cas, où est-elle ? Mon cœur bat extrêmement vite. Où est maman ?
— J-Je sais pas...
— Attends, si on la retrouve. Ça signifie qu'on va rentrer à San Francisco, non ? Mon père acquiesce positivement.
En fin de compte, j'ai une chance de m'échapper de cette ville. C'est bon à savoir. Il ne me reste plus qu'à trouver ma mère, avant que Wayne ne me trouve. Figurant dans les listes noires des Outsiders, et des Night Warriors - entant que The Wanted - je dois faire vite.
Soudain, un frisson s'étend sur chaque parcelle de mon corps. Une étrange intuition me dit que les Outsiders vont venir, ce soir. Ce mauvais pressentiment s'intensifie. Et croyez-moi, mes présages s'avèrent souvent être vrais.
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Désolée pour le manque d'action! Sachez que le prochain chapitre comportera deux point de vues. ^^
PEACE. Xx