Mon compagnon me serre fort contre lui et me murmure des paroles apaisantes qui me permettent de reprendre le contrôle de mon corps peu à peu et l'envie de dormir se fait à nouveau sentir.

- Comment te sens-tu Carotte ? Me demande-t-il.

Je ne réagis pas de suite, car j'ignore si je peux parler librement ou pas. Je me sens si fatiguée que je peine à aligner des pensées cohérentes. Ce dernier doit le comprendre et me demande une fois encore comment je me sens. C'est alors que quelque chose fait tilt dans mon esprit. Blake m'a appelé par le surnom qu'il me donne, et non pas par mon prénom. C'est le signe que le jeu est terminé et qu'il n'est plus question de maître et de soumise.

- C'est bizarre, je lui réponds.

- Comment ça ?

- Je... Je ne sais pas trop en fait.

- C'est pourtant facile, me dit-il doucement, où tu te sens bien ou tu te sens mal. Ressens-tu un malaise quelconque ?

- En fait, non. C'est ça qui est bizarre, je lui réponds après un instant de réflexion.

- C'est-à-dire...

- C'est compliqué, c'est comme une lutte. Je... je crois que j'ai aimé ce qu'on a fait. Je me suis sentie libre d'une certaine façon, mais dans ma tête, c'est le bordel. J'ai le sentiment que c'est mal, que ; ça finira mal et que je me perdrais.

- Je comprends, me dit-il doucement. Ce que tu ressens là, c'est tout à fait normal. La soumission et la domination, ne se résument pas qu'à ce que tu as pu voir, entendre. Ce n'est ni vraiment comme ce bouquin, et ni comme ces caricatures perverses qui sont véhiculées par des gens voulant créer la controverse. Ce n'est pas ma façon de faire et de voir les choses.

Tu sais être soumis ne veut pas dire abandonner ce qu'on est. C'est avant tout être capable d'accorder sa confiance à celui ou celle à qui on se soumet. Oui, il peut y avoir des dérives, oui il y a des extrêmes comme avec ce Christian Gay ou Grey dans le bouquin. Mais ce qui m'importe, c'est la confiance que tu voudras bien m'accorder. Tu verras qu'une fois débarrassée de tout ce qui te parasite, tu te sentiras libérée et ta soumission sera comme un cadeau pour moi.

C'est pour ça qu'il est important pour moi de savoir, si tu as aimé, ce que tu ressens, la moindre de tes pensées, je dois la connaître, pour moi apprendre tes limites. Après chacune de nos séances, nous ferons comme maintenant, ça fait partie des soins qu'un dominant doit prodiguer à sa soumise. J'aimerais vraiment que tu acceptes d'aller plus loin ma douce.

Je pousse un grand soupir en me blottissant contre lui. La chaleur de son corps me rassure, comme s'il faisait de son être tout entier un cocon dans lequel je peux me réfugier. C'est la première fois de ma vie que je ressens ça pour quelqu'un. J'ai déjà ressenti des choses lors de mes différentes relations. Peu d'hommes sont restés dans mon sillage. Mais lui, c'est autrement et ce depuis le début. Il me fait ressentir des émotions que je pensais avoir enfouies loin très loin dans mon subconscient. Avec les derniers évènements tout se télescope, à m'en donner le tournis, et aussi étrange que cela puisse paraître, cette séance de jeu où je l'ai laissé jouer avec mon corps m'a apporté un apaisement que je ne crois pas avoir un jour ressenti. Et en même temps, j'ai peur de m'y perdre.

- Allô, la terre à Carotte !

Sa voix et sa main, se posant sur mon épaule, me tirent de ma torpeur.

- Pardon, j'étais dans la lune.

- En effet, tu étais très loin. Maintenant que tu es revenue, j'attends. Me dit-il doucement malgré l'ordre implicite.

- Je ne sais pas quoi te dire. Tout se bouscule dans ma tête. Toi et tout ce qu'il s'est passé ces derniers temps. Pourtant, tout à l'heure, c'est comme si tout avait retrouvé sa place, et je me suis sentie bien comme jamais et ça me fait peur. J'ai peur de me perdre, de ne plus être ce pour quoi, je me suis battue. Et être soumise...

- Être une soumise, Carotte, ne veut pas dire que tu dois me laisser le contrôle pour tout. Je ne souhaite pas faire de toi une esclave. Je veux juste t'aider à te sentir mieux. Me céder le contrôle, c'est me faire cadeau de ta confiance. Me laisser prendre soin de toi, en dehors des jeux, ce n'est pas te priver de ta liberté, bien au contraire, c'est pour te libérer des chaînes invisibles que tu t'es créées au fil du temps, ça ne fait pas de toi quelqu'un de faible, c'est même tout le contraire.

- Je, je n'avais jamais vu ça comme ça.

- Tu t'es senti comment durant la séance ?

- Difficile à dire, j'ai ressenti tellement de choses.

- C'est-à-dire ?

- Je crois que j'étais fâchée de te laisser me faire ça, mais je m'étais engagée à faire un essai. Devoir prendre, cette position, j'ai trouvé ça tellement dégradant et puis petit à petit, et puis ça a commencé et j'ai perdu mes repères pendant un temps. Je me sentais excitée et frustrée. Et quand tu m'as autorisé à jouir, ça a été comme un feu d'artifice, je n'ai jamais joui comme ça, et te sentir venir sur moi, je...J'ai aimé.

- Sache que je fier de toi, de ce que tu as accepté de faire aujourd'hui, et de cet abandon que j'ai vu quand tu as fini par me laisser le contrôle. Tu étais magnifique. Je t'ai vu repliée sur toi et finir par te redresser. Tu ne t'en es pas rendu compte, mais moi oui, et ta jouissance était la cerise sur le gâteau.

- Mais, toi, tu n'as pas eu, ce que tu voulais !

- Comment ça, me dit-il en se raidissant.

- Nous n'avons pas baisé !

- Nous n'avons pas besoin de baiser comme tu dis, j'ai pris mon pied, ne t'inquiète pas. J'aurais pu jouir dix fois durant le jeu. Et j'ai d'ailleurs joui fort sur toi. Je ne voulais pas le faire, mais te voir si belle et épanouie a eu raison de moi.

- C'est...C'est vrai, tu n'es pas frustré ?

- Pas le moins du monde ma belle. Tout ce qui m'importe, c'est toi, et de savoir si tu souhaites que l'on continue. Mais pour ça, il faudra se montrer entièrement franc l'un envers l'autre, pas de secret ! Aucun !

- Je, je crois que j'aimerais bien voir où ça peut nous mener.

- Tu ne pouvais pas me faire plus plaisir, maintenant dors ma douce.

Through their shadowsWhere stories live. Discover now