Chapitre 56

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Le bleu clair de cette robe d'hôpital ne m'allait pas le moins du monde. En tout cas c'était ce que j'avais pu constater pendant de Dalila m'énonçait des tas de prénoms en poussant le fauteuil roulant dans lequel je me trouvais, toujours branchée à ma fameuse perfusion. Ma sœur était excitée à l'idée que je devienne mère, peut-être même plus que moi puisque j'étais bien trop occupée à penser à toutes sortes de choses pour me réjouir davantage.

Nombreuses étaient les questions qui faisaient travailler mes méninges, cependant, l'une d'elles revenait constamment hanter mon esprit. "Serai-je une bonne maman ?" D'ailleurs, je n'aurais jamais cru avoir à me poser cette question à à peine vingt-et-un ans, néanmoins, j'étais bel et bien devant le fait accompli. J'étais enceinte et je devais en assumer la responsabilité puisque que je le veuille ou non, cet être que je portais était le fruit d'un amour véritable et fort.

- Nous y sommes ! S'exclama Dalila avant de pousser la porte battante qui se trouvait face à moi. Tu vas voir ton bébé, Seth... Souris un peu.

Je n'aurais jamais cru non plus obéir à ma sœur un jour mais je le fis, esquissant un sourire dès l'instant où je vis la femme que je pésumai être la gynécologue qui allait me suivre durant les six prochains mois. Elle me serra gentiment la main en se présentant comme la doctesse Kray, m'invitant tout de même à l'appeler Elena puisque selon elle, nous allions passer beaucoup de temps ensemble.

Sans vraiment que je n'y fasse attention, je me retrouvai allongée sur le dos, vêtue uniquement de mes sous-vêtements tandis que la fameuse Elena était assise près de moi. La rousse enfilait des gants en latex alors que je regardai pour la première fois mon ventre avec tant d'insistance. Si la science ne m'avait pas dit que j'étais enceinte, je ne l'aurais sans doute su rien qu'au moment de l'accouchement.

"Tout ce qui passe à la télévision n'arrive décidément pas toujours qu'aux autres" pensais-je en regardant mon abdomen parfaitement plat et même creusé. Une fois de plus la science me fit prendre conscience d'une chose, j'avais fait un déni de grossesse et dans un sens, cela me donnait déjà l'impression d'être une mauvaise mère.

- Regarde l'écran juste là, dit la femme en pointant l'écran qui se situait en hauteur face à moi.

Je hauchai la tête en regardant là où j'étais supposée regarder, puis je sursautai légèrement lorsque la gynécologue appliqua ce gel froid sur la peau chaude de mon ventre, y plaçant ensuite cette espèce de sonde. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi instantané, cependant, mon cœur serra dès que je commençai à vouloir l'image sur l'écran changer au rythme des déplacements sur mon abdomen.

- Tu le vois ?

À court de mots, je hochai une fois de plus la tête, avant que je ne tourne momentanément la tête en direction de ma sœur qui sourit directement tant mes yeux devaient scintiller. J'étais émerveillée par ce qui se trouvait dans mon propre corps, tant et si bien que ce fut tels des aimants, que mes yeux revinrent se coller à l'écran.

- Attends... J'ai... J'ai-....

- Quelque chose ne va pas ? Demandai-je en essayant de gérer la panique qui m'envahit lorsque je vis la confusion sur le visage d'Elena.

- Oh non non, assura-t-elle en riant. C'est juste qu'ils y en a deux-...

- Deux ?

- C'est ça, confirma-t-elle après une vérification. Veux-tu connaître le sexe des bébés ?

Moi qui était curieuse de nature, je ne pus refuser et ce fut dès la seconde d'après que je sus que j'attendais deux petits garçons plutôt maigrichons. J'aurais adoré avoir une fille cependant, fille ou garçon, peu importait puisque je fus subitement surexcitée à l'idée de les avoir dans mes bras. J'étais heureuse, néanmoins, dans ce moment de joie, je ne pus m'empêcher de pleurer lorsque j'entendis les battements de leurs petits cœurs qui étaient presque synchronisés aux miens.

C'était émouvant. Je sentais un sentiment nouveau grandir en moi. C'était bien plus fort que de l'amour, bien plus fort que tout ce que j'avais pu ressentir avant. Je me sentais enfin complète, comme si le fait que quelqu'un soit enfin complètement dépendant de moi et nécessiteux de mon affection me rendait meilleure. Je m'étais dit que finalement je ne me retrouverai plus jamais seule et cela fut assez pour dissiper toutes mes craintes.

- Tu es enfin là ! S'exclama Cora en tapant joyeusement dans ses mains dès la minutes où je regagnai ma chambre. Tu seras une mère géniale, mon lapin !

- Mmh... Lâchai-je en remontant que le lit d'hôpital avec les documents qu'Elena m'avait remis. Je l'espère...

- Qu'est-ce qui ne va pas ?

La petite moue sur mes lèvres s'accentua davantage lorsque je levai la tête, rencontrant les regards interrogateurs de mes parents et ma sœur.

- Ils lui ressemblent... Marmonnai-je en reposant mes yeux sur les papiers que je tenais entre mes mains. Ils ne ressemblent qu'à lui. Ce n'est pas juste.

- Il ? Interrogea mon père avant je ne repose mon regard sur lui pour me rendre compte qu'il avait pleuré peu avant mon retour dans la pièce. C'est un petit bonhomme ?

- Ce sont... Deux petits bonhommes... rectifiai-je quelque peu mal à la l'aise.

- Des jumeaux...

Mon père répéta plusieurs fois ces deux mêmes mots en hochant lentement la tête, essayant d'assimiler la nouvelle tant bien que mal. Céthia adorait les enfants alors ce fut sans le moindre doute que je sus qu'il allait me soutenir, néanmoins, j'étais bien consciente que je ne suivais pas le chemin de l'excellence qu'il avait souhaité pour moi. Oui, si je n'étais pas tombée amoureuse de Jungkook, j'aurais été la plus grande fierté de mon géniteur en marchant dans ses pas, cependant, dans ses yeux, je pus voir qu'il n'était pas déçu de moi.

- Il faudra abattre le mur entre ta chambre et la chambre d'ami, lâcha-t-il pour mettre fin à ce silence pesant qui avait régné dans la pièce. Mes petits enfants auront besoin d'espace.

- Merci... Murmurai-je en regardant mes doigts s'emmêler et se démêler tandis que je me remis à pleurer en silence. Je t'en suis reconnaissante.

Ma voix craqua et ce fut immédiatement que mon père vint près de moi, levant ma tête avant d'essuyer mes larmes qui coulaient tels que des torrents. Non, je n'étais pas une pleunicheuse, c'était juste les hormones... Et non, je n'étais pas triste de ne pas avoir celui que j'aimais à mes côtés, c'était là encore juste les hormones...

Les bras rassurants de Céthia m'emprisonnèrent momentanément dans une agréable prison qui me rappella le doux goût de mon enfance, permettant au col de la chemise d'éponger directement les gouttes brûlantes qui quittaient mes paupières.

- Pour... Pourquoi m'en es-tu reconnaissante, chérie ? Interrogea-t-il, blessé. Tu n'as pas à m'être reconnaissante que quoi que ce soit. Je suis ton papa et même si je ne suis pas parfait et que je n'ai pas su te protéger autrefois, je suis là maintenant, et je te protégerai jusqu'à mon dernier souffle, toi et mes petits enfants.

Une fois de plus, je pus constater que l'amour que me portait mon père était infini. Il m'aimait tant que mon cœur en fut totalement chamboulé. Finalement, je me rendis compte que ce n'était pas si difficile de m'aimer.

𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́] Kde žijí příběhy. Začni objevovat