𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́]

Chapitre 71

Mon index tapait machinalement contre le rebord de la table alors qu'autour de moi le monde bougeait à une vitesse excessive. Mon regard était perdu dans le vide, néanmoins, je pouvais clairement sentir tous ses regards remplis de pitié posés sur moi. Des membres de ma famille aux nombreux gendarmes en passant par Stephen, ils me fixaient tous en se demandant sûrement ce qu'il se passais dans ma tête depuis plus de deux jours.

Cela faisait près de cinquante-huit heures que mon fils avait été enlevé et depuis, je n'avais fait qu'attendre cette stupide demande de rançon sur laquelle était basé la stratégie des forces de l'ordre afin de récupérer Adonis. La patience était devenue l'une de mes plus grandes vertus, néanmoins, cela me demandait tant d'efforts que m'entendre parler était d'une rareté absolue.

- Ma puce... Tu devrais manger un peu... Murmura ma mère en déposant une assiette devant moi.

Sa demande me sembla si incohérente avec la situation que je poussai un soupir de désespoir avant de lever les yeux, croisant le regard attristé de mon époux qui était assis devant à moi. Tous deux vivions ensemble un moment plus que difficile bien que nous essayions de garder la face pour alléger la peine d'Elijah qui ne faisait que pleurer, son amour pour son frère l'empêchant totalement de ne pas penser à la tristesse que ce dernier ressentait au même instant.

- Tu veux bien m'emmener prendre l'air s'il te plaît ?

Jungkook hocha immédiatement la tête, puis nous nous levâmes de nos chaises. Je me dirigeai directement vers la sortie de la maison en contournant habilement toutes les personnes qui s'y trouvaient, quand tout à coup, je me retournai vers mon mari qui me suivait de près.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Interrogea-t-il en fronçant les sourcils.

- Va chercher Eli s'il te plaît.

- Il est tard chérie. Elle dort déjà.

- Je m'en fous, Jeon. Va chercher ma fille. Je ne veux pas être loin d'elle aussi.

Comprenant ma peine, mon époux fit ce que je lui avais demandé et ce fut bien rapidement que nous nous retrouvâmes en voiture. Un silence parfait régnait dans l'habitacle, Jungkook fixant la route tandis qu'Elijah dormait toujours à poings fermées à l'arrière et que de mon côté, je contemplais le paysage extérieur avec une certaine mélancolie.

- Je... Je veux le serrer contre moi.

Ma voix était complètement mutilé, poussant celui que j'aimais à poser sa grande main veineuse sur ma cuisses pour la masser délicatement dans le but de me faire comprendre qu'il était à mes côtés. Son contact chaud et tendre contre ma peau me faisait du bien, quand soudain, la sonnerie de mon téléphone me fit sursauter, ayant tout juste après le réflexe de répondre à ce numéro masqué.

" - Allô !

- Du calme, DeLayne, dit cet homme que je méprisais. Tu es enfin sortie de chez toi. Je commençais à m'impatienter.

- Où est mon fils ? M'écriai-je en resserrant ma main sur mon cellulaire alors que mon époux arrêta la voiture. Rends moi mon fils ! Je te jure que-...

- Que quoi ? Tu me tueras ? Sans moi tu ne reverras plus jamais ce morveux alors ne me menace pas.

- Qu'est-ce que tu veux ? Hein ? Je peux te donner tout l'argent que tu veux mais ramène moi mon fils ! Quel est ton prix ?

- Toi, mon amour, lâcha Wayat avant que je n'entende son rire résonner à l'autre bout du fil. Je t'ai toujours voulu et maintenant que j'ai un moyen de t'avoir, je tiens à en profiter. Ce sera toi en échange de ton fils.

- D'accord ! Lançai-je sans y réfléchir à deux fois.

- Viens au pont près de l'arcade nord. Mes hommes et moi t'y attendrons avec le gamin. Dis à ton imbécile de mari de ne rien faire de stupide et n'appelle pas tes amis flics sinon je n'hésiterais pas à jeter le petit par dessus la rambarde.

- Entendu... "

J'étais une mère complètement désespérée alors évidemment mon sort ne comptait plus le moins de monde à mes yeux. J'étais prête à tout pour récupérer Adonis, alors ce fut sans parler à Jungkook du prix à payer que je lui demandai de me conduire au lieu de rendez-vous que le fils des Carter avait fixé.

Arrivés au pont, nous nous étions arrêtés sur le bas-côté, à quelques mètres des deux fourgons qui devaient sans doute appartenir à Wayat. L'espoir de revoir mon fils fut battre mon cœur à cent à l'heure tandis que je tournai la tête pour regarder ma fille dormir aussi paisiblement que moi habituellement, caressant doucement ses petites jambes avant que je ne pose les yeux sur Jungkook.

- Je vais le chercher.

- Non, c'est moi qui y va, assurai-je avant de déposer un chaste baiser sur ses lèvres que j'aimais tant. Toi veille sur Eli pendant que j'y vais... OK ?

- Je ne veux pas que tu y ailles. Je devrais appeler mes collègues.

- Ne le fais pas, mon ange. Je donne à ce gars ce qu'il veut et Doni rentrera à la maison sain et sauf, d'accord ?

À contrecœur, Jungkook hocha la tête, néanmoins, il ne l'aurait pas fait s'il avait su que je comptais sacrifier notre couple pour avoir la certitude que mon fils rentrait à la maison. Bien sûr que j'aimais mon époux, je l'aimais à la folie, cependant, pour le bien-être de mes enfants j'étais prête à tout car mon amour pour eux dépassait l'imaginable. Oui, pour mon fils, j'étais prête à renoncer à tout ce j'avais pu construire jusqu'à là.

Un long soupir passa mes lèvres lorsque je quittai la voiture et que l'air marin rentra en contact avec ma peau, un stress intense m'envahissait jusqu'à ce qu'au loin j'aperçus plusieurs silhouettes masculines. Un soupçon de joie enflamma mon cœur lorsqu'en m'approchant je vis plus clairement cette petite masse garrotée dans une épaisse couverture. Même si je ne pouvais pas le voir, c'était forcément mon fils qui se trouvait quand les bras de celui que je reconnus comme l'un des hommes de Wayat alors immédiatement, je me m'y a accélérer le pas.

Il ne restait plus que quinze mètres à tout casser entre Adonis et moi lorsque je vis le sourire dégoûtant du jeune Carter, lui qui me déshabillait du regard. Il était vrai de dire que j'avais peur, néanmoins, l'idée de ne pas avoir mon fils dans mes bras me fit peur davantage et ce fut pour cela que je continuai à avancer, quand tout à coup, le son des sirènes des forces de l'ordre se fit entendre derrière moi pour glacer aussitôt mon sang.

Naturellement, je me retournai pour voir voiture les nombreux gyrophares se rapprocher de moi au même rythme que le bruit. Tout c'était passé si vite que lorsque je retournai ma tête vers l'avant, mon souffle se coupa, regardant l'un de ses montres laisser mon fils, enroulé dans sa jolie couverture jaune, tomber dans le vide. Tout mon corps se figea et telle une statue, je restai immobile, permettant à ces hommes infâmes de prendre bien rapidement la fuite tandis que mon regard resta fixé sur ce point exact où j'avais vu Adonis pour la dernière fois.

Sur ce pont duquel autrefois j'avais laissé tomber des bijoux pour l'amour de Jungkook, j'avais perdu une partie de moi-même. Oui, sur ce même pont sur lequel j'avais autrefois passé des heures à rire en compagnie de mon époux, je vivais ce soir-là une agonie éternelle.