Chapitre 37

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De cette femme émanait un torrent d'amour maternel qui m'était destiné, ses mains frottant tendrement mon dos alors que ses bras entouraient ma frêle silhouette. Auprès d'elle, j'avais l'impression de n'être qu'une enfant démunie de tous instincts, incapable de faire un pas sans sa précieuse aide. Enfermée dans l'étreinte de cette fameuse Cora, je me sentais vulnérable, néanmoins, jamais je n'avais été aussi complète, le temps se figeant pour nous laisser savourer la douceur de ce moment.

- Cora ! Lâche ma fille !

La voix de mon père me fit brusquement sursauter et mon corps se décolla par automatisme de celui de la nommée, ses yeux foncés et lumineux se posant sur les miens pour me laisser penser que je me regardais moi-même. La poigne de Céthia se referma brutalement sur mon bras, m'arrachant contre mon gré de cette femme qui sans le moindre doute était ma véritable mère. Il voulait me séparer d'elle, cependant, je ne lui en laissai pas la possibilité puisque je ne fis ni une ni deux pour le repousser, voyant alors son visage se remplir de désillusion lorsqu'il remarqua la noirceur de mon regard.

- Seth, chérie... Qu'est-ce que tu fais ? Demanda-t-il, abasourdi. Elle n'est pas ta mère ! Dana l'est !

- DANA L'EST ? Criai-je en me dressant juste devant lui. Demande-lui ce qu'elle m'a fait et ose revenir me dire en face qu'elle est ma mère. Tout s'explique ! Elle ne m'a jamais aimé parce que je ne suis pas son enfant ! Elle a toujours fait de ma vie un enfer et tu en savais la raison ! Tu savais qu'elle me méprisait parce que j'étais le fruit d'un adultère, de ta trahison, et toi tu m'as laissé croire que c'était de ma faute. Tu es ignoble !

- Elle ne te déteste pas ! Qu'est-ce que tu vas t'imaginer là ? Elle t'aime parce que tu es sa fille, Seth.

Les paroles de mon géniteur ne faisaient que me dégoûter de sa personne. Il me mentait droit dans les yeux alors qu'il n'y avait plus rien à cacher. De nombreux masques étaient tombés ce soir-là, néanmoins, mon père s'acharnait encore à essayer de réparer le sien, comme si c'était là tout ce qui comptait alors que ma vie à moi venait de prendre un tout autre sens.

- Une mère, biologique ou non, ne laisserait jamais le violeur de sa fille s'en tirer indemne, murmurai-je presque honteusement.

Mes yeux étaient luisant de ses larmes que j'empêchais de couler, alors que Céthia me fixait en cherchant à trouver une once de mon habituelle sournoiserie. Pendant de nombreuses secondes, il espéra que j'avoue avoir menti, néanmoins, lorsqu'il comprit que ce n'était pas le cas, il se mit à sangloter.

- Dana m'a dit que tu la tuerais si tu apprenait que son amant avait abusé de moi sous notre propre toit, alors je me suis tue parce que je ne voulais pas que tu fasses du mal à ma mère, dis-je en essuyant mes larmes. Maintenant que je sais qu'elle n'est strictement rien pour moi autant par l'affection que par le sang, je n'ai plus de raison de la protéger, n'est-ce pas ?

Mon père était si désemparé que ses jambes aurait pu flancher à tout moment, ses yeux rougissant de plus en plus avant qu'il ne me prenne dans ses bras pour me serrer fortement contre lui.

- Qui est-ce qui t'a fait ça ? Demanda Céthia en prenant mon visage entre ses mains. Dis-le à papa, ma chérie. Je vais tout arranger.

- C'est Valentine et... Et j'avais quatorze ans.

- Je vais les réduire en cendres, murmura mon géniteur avant de tourner la tête vers Cora. Emmène-la avec toi pour la nuit, mais ma fille revient dès que j'aurais fini de nettoyer le manoir.

Céthia laissa un baiser sur mon front en caressant lentement mes bras, et puis ce fut avec une aura bien sombre qu'il s'éloigna de moi, reprenant seul le chemin de notre demeure. Mes yeux ne purent le quitter tant je me demandais si je ne ferais pas mieux de le retenir, cependant, je ne pus me contraindre à bouger. J'avais des envie de vengeance. J'étais en colère, pourtant, lorsque que Cora colla sa poitrine contre mon dos en posant son menton sur mon épaule et que son parfum esquis envahit mes narines, je m'apaisai aussitôt pour redevenir mélancolique.

- Pourquoi m'as-tu abandonné ?

- Ça a été la chose la plus dure que j'ai faite de toute ma vie et il n'y a pas un jour où je ne le regrette pas, murmura-t-elle en massant doucement ma taille. Je l'ai fait pour que tu aies une belle vie. Ton père avait les moyens de te la donner, pas moi. Je n'avais même pas vingt ans et je n'étais qu'une serveuse à mi-temps quand tu es née. Je sais que ça ne justifie rien, mais tu comprendras mon point de vue lorsque tu seras maman et que tu auras le besoin irrépressible de donner le meilleur à ton enfant.

- Nous sommes nous déjà rencontrées ? M'enquis-je en me retournant vers elle avant d'entrelacer nos doigts. J'ai le sentiment que ce n'est pas la première fois.

- Lorsque tu étais petite et que tu avais besoin de moi, ton père m'appelait sur le numéro que tu as utilisé, expliqua la noiraude en caressant le dos de mes paumes. La dernière fois que je t'ai vu en chairs et en os... Tu avais six ans. Ça n'a duré que quinze minutes et tu ne te souvenais déjà plus de moi. C'était la fois où Céthia m'a dit que je ne te pourrais plus te voir et que sa femme est une bien meilleure mère que je ne le serai jamais. J'y ai cru et j'en suis désolée. Je ne pensais pas qu'une mère aurait pu détester une petite fille innocente même si elle ne partageait pas son sang. Tout ce qui t'est arrivé est de ma faute. Pardonne-moi mon ange.

Mes mains se posèrent sur les joues de ma génitrice, essuyant les petites gouttes cristallines qui dévalaient sur sa jolie peau dorée, avant de déposer un doux baiser sur le haut de sa paumette.

- Qu'est-ce que tu fais dans la vie maintenant ? Interrogeai-je par curiosité avant de jeter un œil sur les trois vans qui se trouvaient derrière elle. Tu as réussi à t'en sortir je suppose.

- Je travaille à DiFenti Tech depuis dix-sept ans. J'ai été développeuse pendant douze ans avant d'en prendre la tête lorsque mon mari, le fondateur de la compagnie, est décédé.

- Celle qui m'a mise au monde est une femme de sciences, fis-je remarquer en ricanant timidement. Tu... As-tu d'autres enfants ?

- Je n'ai que toi. David en voulait, mais je n'ai pu m'y résoudre, avoua-t-elle en baissant la tête pour regarder nos mains se lier à nouveau. J'avais l'impression qu'en ayant un autre je renonçai à toi, alors je n'ai pas pu le faire... Même pour le bonheur de l'homme que j'aimais... Tu es mon seul bébé, Sethie.

Entendre sa voix craquer fit serrer mon cœur alors je déposai un second baiser contre sa peau, la faisant relever sa tête avant que je ne la conduise jusqu'à Jungkook. Mon petit ami était bouleversé par ce qui s'était passé sous ses yeux complètement rougis, néanmoins, il me sourit malgré tout, voulant comme toujours me remonter le moral.

- Ma... Maman... Dis-je, hésitante, avant de voir ses yeux s'illuminer. Je te présente mon garde du corps... Et petit ami, Jungkook.

Cora, bienveillante, serra la main de Jeon et puis lorsque mon regard croisa celui de ce dernier, je vis qu'il se sentait enfin parfaitement épanoui à mes côtés, et pour cause, il n'était plus mon petit secret inavouable. Le mensonge était destructeur, celui de mes parents ayant rempli mon existence de souffrances, alors cette nuit-là, je pris la décision de le supprimer autant que possible de mes habitudes, me mettant à espérer devenir quelqu'un de meilleur.

𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́] Where stories live. Discover now