Chapitre 5

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Au fil du temps, les traces que ce garçon avait laissé sur mon corps s'étaient effacées. Au bout d'un long mois, les taches violettes qui avaient marqué ma peau ne devinrent plus qu'un vague souvenir, cependant, ce que cet inconnu avait gravé dans ma tête continuait à me hanter malgré moi. Je ne pouvais m'empêcher de penser à lui, néanmoins, si je l'avais revu, j'aurais pu le tuer de mes propres mains.

Ce n'était pas par affection que je n'avais que lui et ses yeux parfaits en tête. Bien au contraire. Ce que je ressentais à son égard s'apparentait à de la rancœur, à une haine à la fois pure et passionnée. Il était devenu comme une obsession pour moi et ce rien que parce que, lui, avait eu le cran de me rejeter alors que je le désirais comme je n'avais désiré personne.

Mes amis me trouvèrent différente depuis ce nuit-là, cependant, ils n'avaient su mettre le doigt sur ce qui avait changé chez moi. Selon moi, le bout de fierté qu'il m'avait volé était ce qui avait fait de moi quelqu'un de plus réfléchie. J'étais si réfléchie que je n'essayai même pas une seule fois de le revoir, prohibant toutes soirées dans cette boîte de nuit que j'avais l'habitude de fréquenter. Une humiliation me suffisait et je ne souhaitais pour rien au monde le laisser savoir à quel point ce qu'il avait eut un si gros impact sur moi et mon mode de vie.

- Seth ! s'écria ma mère.

Elle m'arracha soudainement de mes pensées, ma fourchette retombant dans mon assiette lorsque je sursautai. Je vis un de ses fameux sourires niais quand elle comprit qu'elle avait toute mon attention, et puis elle reposa sa tasse dans la petite soucoupe assortie qui se trouvait contre la grande table, au beau milieu du salon.

- N'oublie pas que tu as tes essayages dans quelques heures, ajouta-t-elle en glissant ses cheveux noirs derrière son oreille.

- Je t'ai déjà dit que je ne viendrai pas aux fiançailles, répliquai-je avant de prendre une gorgée de mon café. Pourquoi aurais-je besoin d'une robe ?

- Et moi je te dis que tu viens.

Mon regard ne sut faire autrement que défier ma mère. Je la fixai durant des secondes qui me parurent infinies, et puis je finis pas quitter la table, saisissant aussitôt mon sac à main pour sortir du manoir. Je posai mes deux mains contre l'immense porte principale, la poussant juste assez pour me rendre compte que Stephen s'apprêtait à entrer.

- On devait se voir aujourd'hui ? Demandai-je.

Confuse, je passai la porte afin de me tenir sur le perron. Mon meilleur ami m'enlaça tout doucement, avant de poser confortablement son menton sur mon épaule alors que ses mains frottaient lentement mon dos. Je savais très bien que nous ne nous étions pas vus depuis plusieurs semaines, néanmoins, je ne compris pas pourquoi il semblait si tendre à mon égard. Surtout que nous nous étions à la vue de tous.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Mon corps était crispé et mes mains n'osaient même pas le toucher, effleurant ensuite ses avant-bras alors que je sentis ses phalanges froiser la veste de mon tailleur.

- Il y a que je t'appelle depuis un moment et que tu ne me réponds pas.

- Alors tu devrais peut-être songer au fait que je ne souhaite pas te parler, lançai-je en me libérant de son éteinte afin d'entrer dans ma voiture.

Sans même qu'il ne m'en ait dit plus, je compris le but de sa visite. Nos conversations n'étaient pas ce qu'il l'avait poussé à se présenter devant moi. Mon corps, si. Il cherchait du réconfort, alors je supposai que son petit ami enfin l'avait largué. En même temps, Stephen ne lui avait jamais été fidèle. Il n'avait jamais été fidèle à personne, excepté à moi.

Il était mon meilleur ami depuis toujours, cependant, lui aussi m'utilisait pour satisfaire ses désirs. Je lui donnais l'impression de défier sa nature de la meilleure des façons. J'étais le fantasme de nombreux hommes, pourtant lui, malgré son homosexualité, pouvait se vanter de me posséder. Du moins me posséder plus quiconque, car lui, contrairement aux autres, avait la possibilité de me toucher lorsqu'il le désirais.

Inconsciemment, j'assouvissais tous les désirs de Stephen pour le récompenser de toutes ces années d'amitié. Je lui fus longtemps reconnaissante pour avoir fait tourner son monde autour de moi, cependant, cela changea lorsque mon monde à moi arrêta de tourner autour de lui.

Le châtain avait toujours eu une place spéciale dans ma vie, néanmoins, il ne fus plus le plus important pour moi lorsque ce sentiment s'éveilla en moi ce matin-là. Ce sentiment que je n'aurais su expliquer et que je ressentis pour la toute première fois lorsque mon fantasme me laissa après cette nuit de passion.

- Mademoiselle... Dit mon chauffeur en me tendant sa main tandis que l'autre tenait la portière.

- Merci beaucoup, Henry.

Je saisis sa main afin de quitter l'habitacle de la voiture, et puis j'ajustai mon pantalon, avant d'entrer à contrecœur dans cette grande boutique spécialisée dans les vêtements de haute-couture. Je ne souhaitais pour rien au monde me rendre à ces fiançailles, cependant, je craignais bien trop que la colère de ma mère s'abatte sur moi alors je fis ce qu'elle m'avait ordonné.

Je passai de nombreuses heures à essayer toutes sortes de tenues, et puis je finis par porter mon choix sur une robe courte aux jolis volants rouges. Je trouvais que cette teinte cinabre avec ses quelques nuances d'orange m'allait bien, mais surtout, je souhaitais voir la réaction de la génitrice lorsqu'elle verrait le côté provocateur de mon choix.

C'était d'elle que je tenais ma sournoiserie et ma rancœur, néanmoins, je ne l'épargnais pas. Ma mère et moi étions constamment sur le pied de guerre, mais nous étions tout de même conscientes de l'amour que nous avions l'une pour l'autre. Notre relation n'avait rien des autres relations mère-fille, pourtant elle me convenait parfaitement car c'était à ça que je m'étais endurcie.

- Je ferai resserrer votre robe et je vous la ferai parvenir dans la semaine, dit la vendeuse avant de sourire.

Aimable comme à mon habitude, je lui rendis son sourire avant de la saluer en quittant la boutique. Je m'attendais à ce qu'une de mes voitures soit là à m'attendre, cependant, le parking était vide alors je me mis à avancer le long du trottoir.

J'espérais trouver un taxi à midi tapante et je me rendis vite compte que cela relevait de l'impossible, alors j'étais sur le point de prendre mon téléphone afin de rappeler mon chauffeur, quand tout à coup, je fus attirée dans une ruelle bien trop sombre.

Mon dos heurta brutalement un mur en pierre, une lourde plainte passant mes lèvres avant que je ne voye cet homme terrifiant face à moi. J'étais déjà apeurée par les traits durs de son visage, pourtant je le fus davantage lorsque je sentis une lame glacée se poser sur ma gorge. Mon instinct me poussa directement à me figer, relâchant mes bras le long de mon corps avant que je ne déglutisse avec difficulté.

- Que voulez-vous ?

- Dis à ton père que nous l'avons à l'œil, DeLayne.

Mon cœur cognait dans ma poitrine, puis il se mit peu à peu à reprendre un rythme normal lorsque je sentis la prise de cet inconnu sur moi se relâcher. Il ne comptait pas me tuer, cependant, ce fut d'une agressivité presque inhumaine qu'il saisit mes poignet dans l'une de ses mains, avant que son poignard ne vienne faire une entaille sur la largeur de mon avant-bras gauche.

- Ceci est un avertissement, reprit-il d'une voix calme alors que je souffrais le martyr.

L'homme eut le sourire dès l'instant où il vit la souffrance déformer les traits de mon visage et après ça, il m'abandonna recouverte de mon propre sang et remplie de haine.

𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́] Where stories live. Discover now