𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́]

Chapitre 13

Assise sur le sofa avec mes deux jambes pliées contre mon ventre, je fixai la télévision sans oser changer de programme. Jungkook était pourtant sous la douche, mais je n'arrivais pas à trouver le cran de saisir la télécommande qui se trouvait juste devant moi, sur la table basse.

J'avais longtemps regardé ce combat de boxe avant d'avoir une poussée d'adrénaline. Je me penchai légèrement en avant pour changer de chaîne, quand tout à coup, j'entendis la porte de la cabine de douche s'ouvrir. Je fus tellement prise de court que je basculai en avant, mes genoux entrant en contact avec la moquette grise pour me faire pousser une petite plainte. Qu'est-ce que je pouvais être maladroite.

- Mademoiselle DeLayne ! S'écria-t-il avant d'accourir jusqu'à moi.

Savoir qu'il m'avait vu tomber de la façon la plus ridicule possible me donna envie de me cacher dans un trou de souris. Je me sentais si mal à l'aise, mes joues prenant une faible teinte rosée lorsqu'il arriva près de moi pour m'aider à me relever.

Ma respiration s'accéléra dès lors où je me rendis compte qu'il n'était vêtu que de son sous-vêtement. Je l'avais déjà vu dans son plus simple appareil. Je me souvenais même très bien de son corps, de sa peau, de ses tatouages, cependant, je ne m'attendais pas à le revoir comme ça de sitôt.

- Vous vous êtes fait mal ? S'enquit-il étrangement paniqué.

- Non, répondis-je, surprise par sa réaction. Je vais bien.

Il me regarda pendant un moment, m'intimidant comme je n'avais jamais été intimidée auparavant. Je baissai spontanément les yeux, regardant mes doigts triturer le bas du large sweat-shirt qu'il m'avait prêté. L'emprise qu'il avait sur moi était indéniable et cela me dérangeait. Je voulais garder le contrôle sur situation et pourtant, j'avais l'impression qu'une fois de plus je me faisais prendre à mon propre jeu.

- Vous êtes tellement imprudente.

Sa critique me fit relever vers lui, remarquant immédiatement qu'à cet instant-là, il ne me voyait plus comme sa patronne, mais comme celle qu'il avait entièrement fait sienne ce soir-là. Je retrouvais ses yeux remplis de désir pour moi et je m'en réjouis aussitôt, cependant, lorsqu'il se rapprocha de moi, je me sentis étrange.

Je le voulais toujours. Cela n'avait pas changé, néanmoins, je n'arrivais à me sortir de la tête que le dernier homme à m'avoir touché était décédé. Je pouvais encore sentir les mains de Robin sur mon corps, et bien que je ne l'aimais pas comme lui m'aimait, je ne voulais pas que Jungkook efface de ma peau le dernier souvenir que j'avais de lui. Pas encore. J'avais besoin de temps pour faire mon deuil. Le deuil de cet ami qui m'était cher.

Celui que je désirais était tout près de moi, ses mains presque sur ma taille et ses lèvres dangereusement proches des miennes. J'allais avoir ce que je souhaitais depuis que je l'avais revu, néanmoins, je lui échappai de mon plein gré, me laissant retomber sur le sofa.

- Puis-je changer de chaîne ? Demandai-je innocemment en pliant mes jambes sous mes fesses.

- Oh... Euh... Bien sûr.

La frustration marqua soudainement les beaux et fins traits de son visage. Dans un sens, cela me fit du bien. Au moins il ressentait une once de que ce j'avais ressenti ce matin-là. Oui, je lui en voulais toujours. Je lui en voulais vraiment, mais je l'appréciais aussi tellement qu'uniquement de simples excuses de sa part aurait pu me faire passer l'éponge sur cette atroce matinée qu'il m'avait imposé.

- Comptez-vous rester nu devant votre patronne ou le faites-vous parce que je suis une femme ? Questionna-je d'une voix prosaïque.

- Comment ?

En un rien de temps, je le fis passer de la frustration à la confusion. Je m'amusais gentiment avec lui, jouant avec ses émotions les plus futiles. Pour une fois, je n'avais aucune mauvaises intentions. Je ne faisais que l'embêter en espérant que cela l'aiderait à comprendre qu'il me plaisait réellement.

- Vous seriez-vous montrer en sous-vêtement si mon père avait été là ?

- Non... Souffla-t-il, mal à l'aise comme je l'avais été un peu plus tôt. Je-...

- Alors pensez-vous me séduire en vous exposant à moi de la sorte ? Ou pire ! Croyez-vous que vous aurez une promotion en flirtant avec moi ? Parce que c'est bien du flirt, n'est-ce pas ?

Il devenait encore plus pâle qu'à l'accoutumé et moi, je mourrais d'envie de lui rire à la figure. Je me jouais de lui, cependant, il prenait tellement les choses à cœur qu'il ne le comprit pas. Là encore, il me montra que je lui plaisais réellement, ses joues rosissant légèrement alors que je le regardais, silencieux, comme s'il était celui qui s'était incrusté chez moi.

- Ce n'est pas-...

- Je savais que vous nierez, Jeon, alors je vous laisse une seconde chance pour être un garde du corps exemplaire. Allez vous habillez maintenant.

Je riais intérieurement tandis que je changeai rapidement de chaîne, regardant cette série que je suivais de temps à autre. Jungkook pensait sûrement que toute mon attention était posée sur le téléviseur, néanmoins, je vis très bien qu'il resta figé, me regardant de haut sans la moindre discrétion.

- Je dors en sous-vêtement.

- Je dors nue. Ce n'est pas pour autant que je vais le faire devant vous, rétorquai-je sans quitter l'écran des yeux.

- Vous auriez pu... Je vous ai déjà vu nue.

Mes yeux se levèrent aussitôt dans sa direction, mon estomac se nouant tant je n'avais pas prévu qu'il me dise une telle chose. Ses jolis iris foncés me suppliaient de lui accorder de la tendresse, cependant, je fis mine de ne rien comprendre.

- Je vous ai dit d'oublier, Jeon.

- Je ne peux pas, répliqua-t-il à ma plus grande surprise. Je n'ai pas arrêté de penser à vous.

- Alors continuez à le faire si c'est ce que vous aimez, mais cessez de croire que je vais vous tomber dans les bras. Ce n'était qu'une nuit sans importance.

Qu'est-ce qu'il voulait à la fin ? Il fut celui qui me quitta sans même un mot, et puis comme si de rien n'était, il espérait que je sois à nouveau à lui.

"Il n'est pas si différent des autres finalement." pensai-je en me levant du sofa afin de prendre la direction du lit. J'eus l'impression que lui, comme tous les autres, ne voulait que m'utiliser pour satisfaire leurs désirs, néanmoins, quelque chose chez lui me donnait envie de ne pas prendre la fuite, et ce fut uniquement pour cela que je me glissai dans son lit ce soir-là.

- Vous aviez raison, lâchai-je en lui lançant la plus épaisse des deux couvertures. Le sofa vous conviendra mieux qu'à moi.

Ceci était une ruse. Je l'avais sèchement repoussé, certes, mais son désir pour moi n'avait fait que grandir. Il me voulait, peut-être même plus que je ne le voulais, et finir ma journée en sachant cela me fit m'endormir paisiblement. J'étais aux anges.