Chapitre 29

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Cela faisait près de trois semaines que nous étions ensemble, Jungkook et moi, et le moins que l'on puisse dire était que nous étions heureux. Nous nous chérissions de la plus pure des façons. Nous étions tellement occupés à nous découvrir mentalement que combler nos désirs charnels n'étaient plus une priorité. Pour une fois, je vivais une relation parfaitement saine et à ma plus grande surprise, celui que jamais n'en était pas aussi frustré que je ne l'avais imaginé.

Certes, nous faisions de petites faveurs de temps à autres, cependant, cela n'allait jamais plus loin. Nous prenions tout contre temps malgré le fait que nous pouvions parfaitement nous envoyer en l'air, chez moi, dans ma chambre, sans même que quiconque ne s'en aperçoive. Nous pouvions profiter du corps de l'autre quand nous le souhaitions, mais nous décidâmes de continuer lentement cette relation qui avait démarré sur les chapeaux de roues.

- Jeon. La fermeture, s'il te plaît, dis-je en me contemplant dans le miroir. Tu crois qu'elle me va bien ?

Mes doigts effleurèrent délicatement le bas de ma robe, avant que je ne voye dans la glace, mon petit ami quitter mon lit afin de venir auprès de moi. Habilement, il remonta le zip de ma robe et puis il posa son menton contre mon épaule tandis que ces bras entourèrent ma taille.

- Un peu trop courte à mon goût mais tout te va bien de toute façon.

Sa remarque réussit à m'arracher à sourire, pourtant, je n'étais pas plus emballée à l'idée de la porter. La mort de Robin avait pu me sauver de ces fiançailles de pacotille, néanmoins, cela ne fut que pour un temps puisque l'événement avait fini par être reporté au seconde jour de juillet, et bien entendu, j'étais forcée d'y assister.

- N'as-tu pas envie de me kidnapper ? Demandai-je, lasse. Histoire de m'épargner ce martyr. Tu veux ?

- Tu sais parfaitement que je ne peux pas, répondit-il en me tournant vers lui dans le but de m'offrir un chaste baiser. Et puis même si je le pouvais, Stephen ne pourrait même pas nous servir d'alibi puisqu'il est là-bas lui aussi.

- Très bien... Lançai-je en poussant un long soupir. Allons-y.

Ce fut à contrecœur que je quittai le manoir pour prendre la direction de cet hôtel luxueux qui avait été réquisitionné pour les festivités. Mon père avait été gentil ce matin-là, il m'avait permis de ne pas assister à la cérémonie, il savait que c'était bien trop pathétique pour moi. Je ne comprenais pas ce qu'avait les gens pour vouloir à tous prix être bénis par un soit-disant dieu.

Non pas que je remettais en cause les croyances des autres. À vrai dire, j'étais juste septique par rapport à ce genre de pratiques car je ne comprenais pas pourquoi ils s'embêtaient tous à mentir devant un dieu qui était censé tout savoir.

Nous savions tous que ces fiançailles n'étaient que le fruit d'une simple association, une étape de plus vers davantage de pouvoirs et de richesses, alors pourquoi mentaient-ils s'en impunité face à ce dieu qu'ils disaient vénérer ? Oui, c'était ça que je jugeais pathétique et qui m'avait poussé à devenir non-croyante.

Je ne croyais plus en dieu depuis plusieurs années, et ce fut lorsque la voiture s'arrêta sur le parking de l'hôtel que je me mis à douter de ma bonne étoile. J'aurais préféré tomber en panne que subir cette vague d'hypocrisie qui m'attendait, cependant, il était déjà trop tard. J'étais devant le fait accompli, alors ce fut à Jungkook pour seul apaisement que je pénétrai le bâtiment, le personnel ne conduisant aussitôt à l'arrière court.

L'endroit en plein air était rempli de monde. À croire qu'il ne s'agissait pas des fiançailles du bras droit de mon père, mais bien d'un mariage princier. J'avais envie de vomir tant voir toute cette mascarade me dégoûtait. Samuel Valentine et Petra Scott, deux personnes que je détestais, venaient de se promettre un mariage et moi, je me demandais quelle était l'utilité de ma présence si ni les principaux concernés, ni moi, ne souhaitions ma venue en ce lieu.

- Chérie ! Par-ci ! Dit ma mère en me faisant un signe de la main, enjouée. Viens !

La plus grande de toutes les hypocrites. Si elle ne m'avait pas mise au monde, je lui aurais sans doute déjà arraché les tripes tant elle me mettait sur les nerfs lorsqu'elle prétendait m'aimer en public. Je sentais que mon sang commençait déjà à bouillir, quand dans toute cette agitation, la main de mon petit ami vint caresser discrètement le bas de mon dos, réussissant à me calmer presque instantanément.

- Merci, articulai-je sourdement en regardant le noiraud par-dessus mon épaule. Je t'aime.

- Je t'aime aussi.

Ces quatre mots que je pus lire sur ses lèvres parfaites et rosées me donnèrent du courage, assez pour me rendre à la table où se trouvaient les membres de ma famille et leur esquisser un sourire.

- Tu es resplendissante ma chérie, fit remarquer mon géniteur avec le sourire.

- Merci papa. Tu es très élégant. Comme toujours.

Je souris gentiment à Céthia, puis mes yeux se mirent à parcourir la table, constatant une chose déplaisant selon moi.

- Il manque une chaise et un couvert, lançai-je en faisant un pas en arrière.

- Es-tu aveugle ? Ta place est juste devant tes yeux.

Mon regard se dirigea sur mon frère, et je ne pus m'empêcher de le toiser comme s'il n'était qu'une merde de chien sur le bord d'un trottoir. Il était le plus pathétique des DeLayne. Parfois je me demandais même s'il était du même sang que moi tant il était un véritable lèche-cul. Croyait-il vraiment qu'être dans les bonnes grâces de notre mère en me persécutant lui permettrait d'être aussi dans celles de notre père ? Car s'il pensait de la sorte, il avait faux sur toute la ligne, puisque Céthia ne jurait que par moi, l'enfant qui avait été faite à son image.

- J'ai dit qu'il manque une chaise et un couvert. Il n'y a qu'une place et nous sommes deux. Regarde... Un et deux, lâchai-je en pointant mon index sur moi-même puis sur Jeon. Es-tu aveugle ?

- Il n'est que ton garde du corps, dit mon frère. Il n'a pas sa place à notre table.

- Et moi je n'ai pas ma place parmi les gens de ton espèce. Tu sais ? Ceux qui sont comme un chewing-gum collé sous une chaussure ? J'en vois des comme toi tous les trois mètres, alors estime-toi chanceux d'être un DeLayne, parce que sinon, tu ne serais strictement rien, Kyan.

Le visage de celui qui était qu'un an mon aîné se figea. Il était dans une impasse, sachant très bien que la situation allait s'empirer s'il osait me donner une fois de plus la réplique, alors il préféra se taire.

- Tu n'as plus rien à dire ? Parfait ! Sur ce, je vous laisse. Je vais m'asseoir ailleurs.

Je me tournai vers mon petit ami et en une fraction de seconde, je sus les deux options que j'avais. L'une d'elles était que j'aille auprès de Stephen et de sa famille, cependant, mon père ne me laissa pas bien longtemps pour étudier cette possibilité puisqu'il me permit d'accéder à ma première option, celle qui me plaisait le plus.

- Laisse ta place à Jeon.

- Quoi ? Mais papa-...

- Sors. Maintenant !

La voix de Céthia se fit entendre et je me mis aussitôt à sourire en regardant Jungkook avant d'hausser malicieusement un sourcil. Kyan avait voulu rabaisser l'homme que j'aimais et il fut celui qui se fit viré comme un malpropre de cette fameuse table qu'il affirmait être la sienne. Il dut sans doute me détester comme jamais à ce moment-là, néanmoins, je ne m'en souciai pas car à mes yeux, mon amour passait avant le reste du monde.

- Viens t'asseoir, chérie. Vous aussi, Jeon.

Une vague de satisfaction m'envahit soudainement et ce fut avec le sourire que je me retournai vers mon géniteur, lui faisant une signe de la tête en guise de remerciements. Je savais pertinemment que ce que j'avais fait à mon propre frère était immoral, cependant, j'étais celle qui avait entraîné Jungkook dans tout ça, alors je devais me battre pour lui contre vents et marées. Je devais me battre pour lui envers et contre tous.

𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́] Where stories live. Discover now