𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́]

Chapitre 15

Comme chaque soir depuis que je vivais chez lui, ses yeux étaient posés sur la télévision, alors que les miens fixaient son dos. Il aimait les films d'horreur et malgré le fait que je n'en raffolais pas, je restais toujours assise à l'autre bout du sofa. Je lui tenais compagnie.

Nous ne cohabitions que depuis une semaine, mais nous avions déjà nos petites habitudes et notre petite routine déjà bien établie. Il faisait la lessive et les repas, tandis que je m'étais naturellement occupée de faire la vaisselle et le rangement du petit studio. Aussi, à chaque fois que j'avais besoin des toilettes, il sortait automatiquement de la maison pour rester devant la porte d'entrée, et j'en faisais de même pour lui, gardant tous deux une part de pudeur malgré tout.

Nous devînmes rapidement amis et je fus forcée de constater que le luxe n'avait jamais été fait pour moi. Oui, j'aimais les belles choses, les vêtements de marque et les diamants, cependant, jamais je ne m'étais sentie aussi bien avant de vivre dans cette modeste demeure.

La présence de Jungkook me faisait garder les pieds sur terre et même si cela me troublait, cette sensation encore toute nouvelle pour moi me faisait du bien. Je me sentais vivante, amoureuse, mais aussi craintive. Là encore, j'avais peur qu'il m'abandonne.

- Mon père veut que je rentre.

Jeon tourna aussitôt la tête dans ma direction, son visage m'avouant directement ce qu'il en pensait.

- Tu veux partir ?

Il s'approcha de moi, s'asseyant près de mes pieds sur la place du milieu, celle qui était toujours inoccupée. Il me regardait avec tendresse, me laissant voir la tristesse prendre possession de ses jolis iris foncés, tandis que de mon côté, j'étais affligée.

- Il croit que je loge dans un hôtel, avouai-je en baissant les yeux. Il pense que ce ne sera pas bon pour la réputation de ma famille si ça s'apprend.

- Alors dis-lui que tu vis ici.

- Qu'est-ce qu'il va croire ? Lançai-je en levant les yeux vers lui. Il va penser que nous entretenons une liaison et il va te renvoyer.

- Écoute, dit-il avant de tirer sur mes chevilles, dépliant mes jambes afin de les poser sur ses cuisses. Si tu veux rester ici, tu restes. Tu es assez grande pour prendre tes propres décisions, non ?

Je forçai un sourire malgré la tristesse que je ressentais. Qu'est-ce que j'aurais aimé que ce soit aussi simple qu'il le pensait. J'étais si mélancolique que ce ne fut qu'après un petit moment que je portai attention à la chaleur de ses mains sur mes jambes, caressant ma peau avec bienveillance, alors que nos regards étaient figés l'un dans l'autre.

- Dis ! Pourquoi 'Seth' ? Je veux dire... C'est-...

- Un prénom de garçon ? Interrogea-je en souriant avant qu'il ne hoche la tête. Mes parents étaient sur le point de divorcer avant ma naissance, alors mon père, quelques jours avant que je ne vienne au monde, est allé me reconnaître à l'état civil par peur que ma mère me donne son nom de jeune fille. Le problème c'est qu'ils m'ont prise pour un garçon sur les échographies, alors mon père m'a appelé Seth. Il pensait que son fils serait aussi féroce que le dieu égyptien. À croire que j'ai plus de couilles que certains hommes.

Jungkook se mit aussitôt à rire et je ne tardai pas à le rejoindre. J'étais remplie de joie rien qu'en voyant ses yeux s'illuminer. Il ris tellement qu'il fut rapidement à bout de souffle, basculant sa tête en arrière contre le dossier du sofa dans le but de reprendre peu à peu une respiration normale.

- Je trouve que monsieur DeLayne n'aurait pas pu mieux choisir, souffla-t-il alors que ses yeux regardaient toujours de plafond. Tu es féroce. C'est un fait.

- Ah oui ?

- Même après une semaine, je pouvais encore sentir tes ongles s'enfoncer dans mon dos, tes dents mordre mes épaules et tes lèvres marquer ma peau, confia-t-il en massant mes jambes, pris de nostalgie. Tu n'es pas un dieu féroce, mais une déesse féroce. Tu es l'enfer pour certains...et le paradis pour d'autres. Ça dépend de la situation.

- Intéressant... Murmurai-je avec le sourire. C'est vraiment comme ça que tu me vois ?

Il hocha instantanément la tête et puis, sans même que je n'eus le temps de le comprendre, l'homme que je désirais m'attira au-dessus de lui. Mes genoux s'enfoncèrent dans le sofa de part et d'autre de ses cuisses, tandis que ses mains maintenaient fermement ma taille en place pour ne pas que je puisse fuir.

Ses pupilles étaient dilatées. Il me voulait tout autant que je le voulais, alors se fut sans dire le moindre mot que nos lèvres se scellèrent pour la première depuis plus d'un mois. Ce baiser était tout ce que j'avais espéré, et alors qu'il faisait rougir mes croissants de chairs, moi, je caressais délicatement ses joues. Notre échange était de tout pureté. Ses mains palpaient doucement ma taille, ne descendant pas plus bas pour me montrer qu'il me respectait vraiment.

- À mes yeux, tu es le paradis en ce moment précis, dit-il, haletant, en posant son front contre le mien.

- Mais je pourrais aussi être ton enfer.

- Je le sais, avoua-t-il en guidant ma tête jusqu'au creux de son cou pour me serrer contre lui. Je le sais, mais je sais aussi que je ne te laisse pas aussi indifférente que ce que tu essayes de me le faire croire.

- Personne ne peut être indifférent à toi, cependant, je sais ce que je peux faire et ce que je ne peux pas et ça... Ce qu'il se passe entre nous, là maintenant, c'est tout ce que je peux t'offrir.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

Jungkook me décolla faiblement de lui, ses grandes mains laiteuses se posant sur mon visage.

- Je ne peux qu'être ton amie pour l'instant.

Je ne voulais pas lui faire de mal, mais c'était ce je voulais vraiment après tant de jours de réflexion.

Mon amour pour lui était bien réel, et ce fut pour cela que je ne souhaitais plus qu'il ne soit que l'un de mes nombreux amants. Je voulais qu'il soit mon tout premier partenaire et même si je n'étais pas une bonne sœur, encore moins une sainte, j'étais tout de même prête à faire vœu de chasteté.

Je ne voulais plus qu'il n'éprouve que du désir à mon égard. Je voulais qu'il m'aime sincèrement, et si tirer un trait sur le sexe me permettait de construire avec lui une vraie relation, belle et durable, j'étais prête à m'en priver malgré toute l'attirance que j'avais pour lui.

- Je crois que je ferais mieux de rentrer chez moi demain.

- S'il te plaît... Reste, susurra-t-il en glissant lentement une mèche de cheveux à l'arrière de mon oreille. Je me sens tellement bien auprès de toi.

Dieu seul savait à quel point c'était réciproque, néanmoins, je voulais tellement que ça fonctionne entre lui, mon premier amour, et moi, que je préférai remettre en cause ce qui faisait notre bonheur sur le moment afin de privilégier celui que nous pourrions avoir sur le long terme. L'amour était un sentiment si profond et inconnu pour moi, qu'avec lui, Jungkook, je me voyais déjà passer le restant de mes jours.