Chapitre 1

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Mes yeux étaient fermés. C'était presque paisible pour moi de sentir tous mes muscles se crisper en entrant en contact avec tous les glaçons qui se trouvaient dans mon bain. C'était comme ça que je dessoûlais pour mieux me resoûler après. Je ne me souvenais même plus de la veille, cependant, cela ne me dérangeait pas vraiment. C'était même le but de ma démarche, tout oublier ne serait-ce que pour une court instant.

Mes cheveux ressèrent à la surface de l'eau alors que je coupai mon souffle pour y plonger ma tête. Je trouvais une forme de bien-être à me sentir aux portes de la mort. Je sentais mon rythme cardiaque ralentir de plus en plus et mon corps se déconnecter, quand soudain, je fus attirer vers le haut puis déposer lourdement contre le marbre froit qui recouvrait le sol. Je toussai quelques fois pour rejeter l'eau qui s'était accumulée dans ma gorge et puis j'ouvrais les yeux pour voir ma sœur aînée au-dessus de moi.

- Tu es complètement folle ma parole !

- Ferme-la Dalila...

Je me tournai faiblement sur le côté pour mieux reprendre mon souffle, puis je me redressa contre l'énorme vasque blanche dans laquelle je me trouvais encore quelques minutes plus tôt. Ma sœur, accroupie devant moi, me regardait avec dégoût avant de se lever d'un bon pour s'éloigner de moi.

- Tu devrais vraiment te faire soigner, lança-t-elle en quittant la salle de bain puis ma chambre.

- C'est ça ma thérapie. Bouffonne.

Je restai là de nombreuses minutes, des heures, endormie à même le sol tant l'alcool qui encombrait mes moindres cellules agissaient sur moi comme une sorte de somnifère. Je me sentis apaisée jusqu'au moment où je entendis la baie vitrée qui se trouvait face à moi s'ouvrir, l'air froid s'abattant sur ma peau nue pour faire durcir aussitôt mes tétons. Un agréable frisson remonta le long de ma colonne vertébrale et puis je sentis des bras entourer ma taille pour me lever afin de me conduire jusqu'à mon lit.

- C'est l'heure ! Ton frère m'a dit que tu es rentré en début d'après-midi. Où est-ce que tu es allée après la soirée ? Bouge-toi, Tess !

La voix de mon meilleur ami me fit sourire. Il était un peu comme mon ange gardien, toujours là lorsque personne ne se souciait réellement de moi.

- Mon mec me fait la gueule à cause de toi, marmonna-t-il.

J'entendais les cintres glisser dans mon dressing alors que mes paupières étaient encore fermées, un soupir passant mes lèvres lorsque je pris appui sur mes mains pour m'asseoir.

- Il dit que je passe beaucoup trop de temps avec toi.

- Romps avec lui, lâchai-je avant de me laisser tomber à nouveau contre mon matelas. S'il ne comprends pas que je suis ton âme sœur, alors il n'a pas sa place auprès de toi. De toute façon je ne connais même pas son nom, alors je n'aurais pas de mal à l'oublier celui-là.

Stephen ricana, puis il s'approcha de moi, posant ses mains sur mes bras pour me mettre debout. J'ouvris enfin les yeux pour voir son magnifique visage face à moi, ses lèvres se crachant aussitôt sur les miennes tandis que mes doigts se faufilèrent dans ses cheveux châtains. Ses mains ne perdirent pas de temps pour atteindre mes fesses puis mes cuisses, les passant autour de sa taille pour nous basculer sur mon lit.

Ses baisers prirent possession de mon cou pour me faire pousser quelques petits soupirs de délectation, tandis que ses doigts glissaient pour ma peau dorée jusqu'à atteindre l'intérieur de mes cuisses. Je mordais fermement ma lèvre inférieure rien que pour ne pas gémir, et puis je ne pus plus me retenir lorsqu'il se mit à suçoter ma poitrine en gardant ses beaux yeux bleus ancrés dans les miens.

- Réveillée ? Dit-il avec un doux sourire.

À bout de souffle, je me contentais de hocher la tête, avant qu'il ne laisse de petits bisous çà et là en remontant jusqu'à ma bouche pour me donner un énième baiser langoureux. Stephan se releva rapidement, réajustant sa veste sans pour autant perdre notre contact visuel. Il me regardait, satisfait de voir ma poitrine monter et descendre au rythme de ma respiration haletante, satisfait de voir ce qu'il m'avait fait, tandis que je regardais la façon dont il était habillée.

- Où est-ce que tu vas ?

- Tu ? Interrogea le châtain en prenant ma main pour me relever à mon tour. Nous allons à la soirée de Leeha. Tous les deux.

- Ça m'était complètement sorti de la tête...

- Enfile les vêtements que j'ai posé sur ta commode. Je t'attends en bas. 

Je le regardai refermer la porte de ma chambre derrière lui, et puis je me mis face à mon long miroir afin de passer cette petite robe qu'il m'avait offert en début de semaine. Stephen et moi partagions une relation quelque peu étrange. Oui, il était bel et bien gay, pourtant, cela ne l'empêchait pas d'apprécier les contacts charnels que vous avions de temps en temps. C'était notre petite secret.

Mon reflet ne déplaisait à personne hormis à moi-même. Mon corps me rappelait de mauvais souvenirs que je m'efforçais à effacer de ma mémoire, mais je me taisais toujours sur ce sujet. Je préférais laisser croire que j'étais d'un narcissisme absolu au lieu qu'ils sachent tous que je pouvais même pas m'aimer moi-même.

Je portais toujours ses vêtements qui valaient une fortune avec un beau sourire, mais c'était là encore une supercherie, car cela ne me comblait guère. Le bonheur, le vrai, je ne le trouvais rien que lorsqu'un bel inconnu me faisait l'amour, lorsque je savais qu'il espérait conquérir mon cœur et moi, je ne faisais que satisfaire mes désirs.

J'entendis mon ami crier plusieurs fois mon nom et ce fut après avoir pris ma pochette que je quittai ma chambre afin de descendre, habilement sur mes hauts talons, le large escalier qui menait au centre que notre rez-de-chaussée. Le châtain était en pleine discussion avec mon frère lorsque j'arrivai près d'eux, les poussant alors à me regarder.

- Tu sors encore ? Demanda celui qui était d'un an mon aîné.

- Ce n'est pas ton problème, Kyan. Je suis majeur depuis longtemps maintenant.

- Fais ce que tu veux mais évite de te faire remarquer, lâcha-t-il en prenant le chemin du salon principal. Papa a quelques trucs à régler.

- Pourquoi tu ne me dis pas carrément d'éviter de me faire tuer ? Lançai-je alors qu'il ne s'arrêta pas. J'ai marre de son business.

- As-tu aussi marre du confort et des chiffres sur ton compte bancaire ? Bonne soirée, petite sœur.

Kyan était tellement comme notre père que parfois je me demandais s'il ne faisait pas que l'imiter pour être dans ses bonnes grâces.

Je poussai un soupir et puis je posai mes yeux sur Stephen, cueillant un chaste baiser sur ses lèvres encore rougies par notre précédent échange, avant de prendre sa main et de l'entraîner hors de chez moi. Mon chauffeur nous attendait déjà en bas du perron, nous laissant descendre la petite dizaine de marches puis entrer dans le cabriolet pour enfin refermer la portière pour nous.

- On a trente minutes devant nous, murmura-t-il à mon oreille en glissant sa main le long de ma cuisse.

- Voilà pourquoi ton satané petit ami ne m'aime pas, dis-je en caressant la bosse déjà apparente à travers le tissu de son pantalon. Tu ne peux pas te passer de moi, mon ange.

Il était bien le seule homme à qui je ne souhaitais aucun mal. À vrai dire, pour lui, je n'espérais que tout le bonheur du monde car il était bien le seul à me faire me sentir unique au monde.

𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́] Where stories live. Discover now