𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́]

Chapitre 47

J'avais eu un mauvais pressentiment dès l'instant où j'avais passé l'entrée de l'hôpital. La main de mon petit ami, liée à la mienne, ne semblait plus qu'être un mirage. C'était étrange, car malgré le fait que Jungkook était bel et bien à mes côtés, j'avais l'impression qu'il était loin de moi.

- Seth ! Seth ! S'écria la mère de Stephen en venant vers moi dès qu'elle me vit entrer dans le couloir. Ma chérie, tu es enfin là. Il refuse de nous voir, moi et son père. Il ne fait que te demander depuis qu'il s'est réveillé.

La douleur dans sa voix fit serrer mon cœur, néanmoins, cela ne m'empêcha pas de remarquer que la poigne de Jeon c'était brusquement refermée sur la mien avant qu'il ne lâche subitement ma main. Sa réaction me rendit confuse, cependant, je n'y portai pas vraiment attention, profitant pour serrer Hatha dans mes bras tandis que j'articulai sourdement un "ça va aller" à mon parrain.

Ce fut ensuite avec la boule au ventre que je poussai la porte qui donnait accès à la chambre de mon meilleur ami. Je vis aussitôt sa silhouette et les plâtres qui couvraient pour l'un l'intégralité de sa jambe gauche et pour l'autre son bras du même côté, puis je voulus établir avec lui un contact visuel, pourtant, cela fut impossible. Le châtain avait la tête tournée sur le côté et dès que je refermai la porte derrière moi, sa voix remplie de rage se fit entendre.

- JE NE VEUX PARLER QU'À SETH ! ALLEZ-VOUS-EN !

- C'est moi...

Dès qu'il entendit ma voix, il tourna la tête dans ma direction, ses yeux remplis de larmes rencontrant aussitôt les miens avant que le besoin de me rapprocher de lui ne se fasse sentir. Je m'empressai de déposer un baiser sur sa joue, puis il décala légèrement sa jambe droite, me faisant comprendre qu'il souhaitait que je m'allonge près de lui et je fus ce que je fis.

Naturellement, je me blottis contre mon meilleur ami, retrouvant son agréable chaleur alors je caressais délicatement ses cheveux. Notre proximité semblait l'apaiser, pourtant, il était encore perdu dans ses pensées, tant et si bien que je n'osais pas lui poser les questions que j'avais sur le bout de la langue par peur qu'il se referme sur lui-même.

- J'ai été retenu prisonnier pendant environ douze jour, murmura-t-il alors que de nombreuses larmes s'accumulaient dans ses yeux. J'avais tellement peur.

- Je t'ai promis de veiller sur toi et je n'ai pas su tenir ma promesse. Pardonne-moi... Je t'en prie... Sanglotai-je en me serrer davantage contre Stephen avant qu'il ne vienne déposer un baiser sur le haut de ma tête. Pardonne-moi.

- Tu n'as pas fauté, Seth. Je suis en vie et puis... Je ne me souviens pas de grand chose alors je ne vais pas m'en plaindre davantage.

- As-tu vu qui t'a fait ça ? M'enquis-je en levant les yeux vers son visage.

- Je crois... Mais je ne m'en rappelle plus. Tout est noir dans ma tête.

Un silence, non pas gênant mais relaxant, s'installa peu à peu entre nous, mes doigts traçant comme autrefois des lignes imaginaires sur son abdomen en faisant attention à ne pas toucher la plaie qui s'y trouvait tandis qu'il massait lentement mon crâne. Retrouver Stephen me fit me sentir à nouveau complète, pourtant, quelque chose que je n'aurais su décrire encombrait mon esprit.

- Remercie Jeon de ma part.

- Il t'a donné son sang de bon cœur, affirmai-je avec une certaine once de fierté.

- Il m'a donné son sang ?

Je hochai directement la tête et puis les mots de mon meilleur ami me prétrifièrent.

- Ce gars est un héros, dit-il en ricanant légèrement. Tout d'abord, il me retrouve, puis il me conduit à l'hôpital, et pour finir il me donne son sang. Il est vraiment fou amoureux de toi. S'il a fait tout ça rien que pour moi, ton meilleur ami, je me demande bien ce qu'il pourrait faire pour toi.

Moi aussi, Stephen. Moi aussi je me demandais qu'est-ce qu'il aurait pu faire pour moi. Pire. À ce moment-là, je me mis même à me demander ce qu'il avait fait pour moi. Cette vérité que je me tuais à ignorer me frappa une fois de plus. Je faisais l'aveugle par amour pour Jungkook. Je faisais mine de ne pas voir ce qui était pourtant si évident à déduire pour quelqu'un comme moi.

- Tu t'es sûrement trompé, Stephen, dis-je en caressant sa joue avec tendresse. Jungkook n'a pas pu t'emmener ici puisqu'il était avec moi.

Oui, j'avais menti à mon propre ami pour celui que j'aimais.

- Oh... Susurra-t-il avant de pousser un soupir. J'ai dû encore confondre.

- Tu as besoin de repos... Je vais te laisser dormir un peu et je reviendrai plus tard.

- Laisse-moi dormir et puis tu pourras partir.

J'accédai sans discuter à la demande de mon meilleur ami, recommençant à caresser ses beaux cheveux châtains pendant que sa respiration se calmait jusqu'à devenir presque inaudible. Je restai près de Stephen pendant plusieurs minutes, cédant à la torpeur avant que je ne puisse constater qu'il avait fini par trouver le sommeil, cela annonçant que le moment de quitter la chambre d'hôpital était venu.

Les bras du père de Stephen, mon parrain, m'enlaçèrent bien rapidement lorsque je refis mon apparition dans le couloir, mais alors que je voulais le rassurer quant à l'état de son fils, mes yeux se posèrent sur mon petit ami. Il était assis, les coudes en appui sur ses cuisses alors qu'il fixait le sol où ses pieds tapaient machinalement. Mon cher et tendre garde du corps bouillonnait tant il était nerveux et puis lorsqu'il leva les yeux vers moi et que je lui souris, il poussa discrètement ce soupir qui me prouva une fois de plus qu'il n'était pas aussi doux et innocent que je l'avais cru.

- Il va bien. Vous pouvez vous détendre maintenant, dis-je en hochant la tête avec optimisme en direction des Hamilton. Il s'est rendormi.

- Merci vraiment pour tout ton soutien, chérie.

Mon parrain déposa un baiser sur mon front et puis je lui souris avant de lui annoncer mon départ. Ce fut peu après que je fis quelques pas jusqu'à l'homme que j'aimais, l'aidant à se mettre debout avant de lui voler un baiser. Pour la première fois, ses lèvres que j'aimais tant avaient un goût d'interdit.

- Vous avez longtemps parlé dis-donc.

- Il avait beaucoup de choses à me raconter, lâchai-je avant d'esquisser un sourire. Bref... On va chez toi ?

Jeon, avec enthousiasme, acquiesça. Il pensait sûrement que je venais de lui proposer une délicieuse partie de sexe, néanmoins, ce n'était pas vraiment ce que j'avais en tête. Moi, je voulais savoir s'il était celui qui avait fait couler le sang tout autour de moi. Je voulais savoir s'il était celui qui avait torturé Stephen parce que si c'était le cas, je ne pouvais le laisser s'en tirer si facilement.

Oui, je l'aimais de toute mon âme, à en mourir, mais je ne pouvais le laisser s'en prendre à mon meilleur ami, un membre de ma famille. Comme tous DeLayne qui se respectaient, je ne pouvais laisser qui que ce soit toucher à ma famille, même pas mon tendre amour, lui qui était celui qui comptait le plus à mes yeux. Après tout, qui était-il pour essayer de contrôler mon existence ?