𝑷𝒓𝒆́𝒄𝒊𝒆𝒖𝒔𝒆 𝒑𝒐𝒖𝒑𝒆́𝒆. 𝑵𝒂𝒎𝒈𝒊

Vingt-troisième sentiment

Aujourd'hui, Séoul est agréable. La neige ainsi que le mauvais temps se sont envolés loin depuis plusieurs jours. C'est l'occasion pour en profiter et sortir un peu. Nam Joon a réussi à obtenir un peu de repos. Le temps d'une journée, il est loin de ses problèmes, de ce monde si obscur et dangereux. Il se permet d'oublier que son meilleur ami va mal, que JungKook est devenu une lourde menace et que, lui et YoonGi sont devenus des cibles. Il a envie de faire abstraction de tout cela pour quelques heures au moins. Il n'a plus eu le temps de profiter de sa poupée, des moments à deux qu'il chérit pourtant. Il sait qu'en lui offrant autant d'affection, le petit pourra le ressentir et à son tour l'imiter. Même si, depuis un moment, le jeune homme a remarqué un peu de changement chez lui. Il est bien plus spontané, naturel. Il commence à maîtriser ses sentiments et les comprend un peu mieux. Il a fait beaucoup de progrès et a su s'ouvrir un peu. Il ne peut qu'être fier. Il a l'impression d'avoir réussi ce qu'il a entrepris. Il réussit lentement à rendre l'humanité perdue de son protégé. Et, le voir s'épanouir malgré l'univers sombre qui l'entoure, c'est agréable. Il n'y a rien de plus beau que de le voir essayer de sourire. Sans lui, Nam Joon serait devenu une simple âme errante, effectuant des tâches automatiquement, sans réfléchir. Il se serait laissé dévorer, sans réagir. Avec sa poupée, il a trouvé une raison à son existence.

Alors, pour profiter de cette belle journée, les deux se baladent au parc. Ils admirent le changement de saison. C'est une chose que YoonGi n'avait jamais eu l'occasion d'admirer. Enfermé depuis petit, il n'a pas pu sortir très fréquemment. Alors, il savoure dès qu'il est dehors avec son humain. Il aimerait se souvenir de tout ce qu'il voit, entend. C'est tellement important pour lui. Il utilise ses sens pour autre chose que le combat. Il découvre le monde d'une autre manière et cela grâce à Nam Joon. Il continue de tenir son rôle de poupée inexpressive, évidemment mais, à l'intérieur de son être, c'est tout autre chose. Il se sent libre. Rien que pouvoir marcher aux côtés de son propriétaire est une chance. La voix du jeune homme le tire de toutes ses pensées. Il lui demande d'aller s'asseoir sur un banc tandis que lui va chercher des boissons. Obéissant comme toujours, le petit va s'installer. Il ne craint rien, seul. Pas ici en tout cas. De plus, son humain n'est pas très loin. Il peut le surveiller et réagir en cas de problème.

YoonGi se permet de s'asseoir à côté d'une la jeune femme. Il ne fait pas vraiment attention à elle et lève la tête, admirant le ciel bleu. Plongé dans sa contemplation, il ne fait pas attention à l'inconnue qui détaille son corps. Elle a remarqué ses tatouages mais, ce n'est pas pour autant qu'elle s'écarte. Au contraire. Elle esquisse un sourire puis prend la parole. C'est une belle journée, pas vrai ? Le petit tourne la tête et regarde enfin l'inconnue. 

De sublimes cheveux noirs longs et lisses. Un visage doux avec une peau aussi pâle que lui, des yeux en amandes expressifs et des lèvres très belles maquillées d'un rouge délicat. Leurs regards se croisent puis, elle tire sur son col roulé, laissant apparaître ses tatouages. Ses articulations sont dessinées sur ses mains aussi. Une poupée. YoonGi est un peu perturbé de retrouver l'une d'entre elles. La dernière fois qu'il a discuté avec l'une de ses sœurs, elle est morte dans la nuit. Mais cette fois, c'est un peu différent. Elle ressent des émotions. Il est curieux maintenant. Avec gentillesse, l'inconnue lui demande pourquoi il n'est pas avec son propriétaire. Il lui répond qu'il est parti chercher des boissons pour eux. Elle hoche la tête. C'est rare un humain qui se déplace sans sa poupée. Habituellement, c'est l'inverse. Même si elle a déjà côtoyé des humains polis avec elle, aucun ne s'abaisserait à se comporter ainsi avec elle. Timidement, YoonGi lui demande où est le sien. Sa sœur répond simplement qu'elle n'en a plus depuis longtemps. Il fronce les sourcils et essaye de comprendre pourquoi.

« J'ai commencé à ressentir, à l'apprécier alors, je me suis enfui avant de me rendre au gouvernement en leur expliquant. Tu te doutes que ce qu'il s'est passé après, non ? »