Quatorzième sentiment

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Dans le trajet pour aller au bureau de Nam Joon, le silence est maître. YoonGi est un peu nerveux ce matin. Il accompagne son humain pour une nouvelle journée de travail. Il espère que tout se passera bien et qu'aucun soupçon ne s'éveillera chez les autres. Il sait qu'il doit rester sage, silencieux et obéir aux ordres sans faire attention au reste. Il est entraîné à cela depuis sa plus tendre enfance mais, depuis que Nam Joon lui a instauré un nouveau mode de vie et des émotions, il est un peu déstabilisé. Il a peur qu'un seul de ses mouvements ne trahisse son changement intérieur. Il sait qu'il a été offert comme poupée d'arme et non de maison. Il a conscience que la répartition était mauvaise mais, grâce à cela, il a compris que son propriétaire travaillait dans un milieu sombre. Il n'en sait pas plus et ne peut pas dire quelle place il occupe au sein de cette entreprise. Son humain est rempli de secrets qu'il ne peut percer. Il n'en a pas le droit et même si c'était le cas, peut-être qu'il n'oserait pas demander. Il n'aimerait pas réveiller certains souvenirs douloureux et créer un nouveau trouble en lui. Pourtant, rester silencieux n'est pas la solution. Un jour, il aura peut-être besoin d'en parler pour mieux accepter. Pour le moment, Nam Joon garde tout cela en lui et préfère oublier. Un peu comme sa poupée finalement. Le petit secoue légèrement la tête et essaye de chasser ses pensées. Il doit se concentrer avant tout sur son rôle à jouer dès qu'il aura franchi le seuil de l'immense tour de verre. Il y croisera peut-être d'autres poupées à l'intérieur. Il aimerait bien. 

La voiture se stoppe enfin et il sort avant de tourner sur lui-même pour vérifier que ses vêtements ne sont pas froissés. Il doit faire bonne impression. Après tout, il est la poupée de l'humain, son reflet en quelque sorte. C'est une phrase que l'on entend souvent dans cet univers. Les poupées deviennent le reflet de leurs propriétaires après un certain temps passé à leurs côtés. Ce n'est pas totalement faux. Après tout, elles ne sont qu'une sorte de jouet que leur détenteur peut façonner comme il le souhaite. Personne n'a le droit d'émettre un avis, pas même le gouvernement. Enfin, Nam Joon lui demande s'il est prêt. Il hoche la tête puis le suit, s'assurant de bien rester derrière lui. C'est plus rassurant de toute façon. Au moins, il est protégé par la carrure imposante du jeune homme.

YoonGi le suit, observant autour de lui. L'endroit semble tout à fait normal. Il n'y a que des bureaux, des hommes d'affaires discutant et parcourant les couloirs. Il n'a croisé aucune poupée pour le moment, c'est dommage. Il ne fait pas attention aux chuchotements ainsi qu'aux quelques remarques qu'il peut entendre sur son passage. Son propriétaire semble faire de même, d'ailleurs. HoSeok avait donc raison. Les gens parlent mais, qu'importe. Il aurait voulu cacher son trésor un peu plus longtemps encore mais, il ne peut pas aller contre sa volonté. Si ce dernier a envie de sortir, de découvrir le monde pour se sentir mieux alors, c'est d'accord. C'est un peu risqué mais, il sera là en cas de problème. Il lui a promis. De plus, le petit sait également se battre. Il est capable de tuer sans aucun souci la plupart des employés se trouvant ici. Pour le moment tout se passe bien et la poupée reste sans émotion, marchant simplement. 

Ils arrivent enfin au bureau de Nam Joon. Il ferme la porte et dicte les consignes à l'autre. Il peut s'asseoir et le regarder travailler. C'est tout. C'est assez ennuyant et ça n'apporte pas de réponse à YoonGi. Il ne pourra pas en apprendre plus sur le travail de son humain. Son bureau est profondément impersonnel, c'est triste. Heureusement que son appartement est plus chaleureux sinon il s'y sentirait mal à l'aise. Un léger soupir passe ses lèvres puis il s'installe dans un des sièges. Il n'en veut pas à son propriétaire. Son comportement est distant mais, ce n'est pas pour le blesser qu'il fait cela. Il n'a juste pas envie qu'on les découvre proche. Si seulement le mur donnant sur le couloir n'était pas entièrement en verre, il serait bien plus tranquille. C'est une manière comme une autre d'espionner ses employés. Avec le temps, on s'y fait et Nam Joon n'y prête plus attention. De toute façon, c'est un jeune homme modèle que ses supérieurs apprécient particulièrement. Il n'a pas de crainte à avoir.

𝑷𝒓𝒆́𝒄𝒊𝒆𝒖𝒔𝒆 𝒑𝒐𝒖𝒑𝒆́𝒆. 𝑵𝒂𝒎𝒈𝒊Where stories live. Discover now