Miss Jauregui ➳ Camren [M.C tome 2]

Chapitre 12 ➳ M.J

La sonnerie du lycée annonce la fin de la dernière heure de la matinée. Mes élèves, comme tous les jours depuis la rentrée, rangent leurs affaires et quittent la salle rapidement. Je m'assois alors à mon bureau les regardant faire, leur souhaitant au passage une bonne journée. Je les observe défiler, comme ces derniers jours. Toujours la même chose, les mêmes actions qui se répètent sans cesse. La routine s'est profondément ancrée dans ma vie ces derniers mois et c'est comme si rien ne pouvait la changer. Je me retrouve coincer dans celle-ci.

Alors, c'est sans hésitation que je me dirige vers la salle des professeurs. Un magasine fermement tenu sous mon bras, m'installant à la table la plus éloignée de la porte d'entrée afin de m'assurer une petite heure de tranquillité. J'ai besoin de souffler, la routine m'étouffe chaque jours un peu plus. Je regarde alors à travers la fenêtre se trouvant à ma gauche, essayant de me libérer un peu l'esprit.

"Je le savais que tu n'allais rien prendre à manger." Se fait attendre sur ma droite me faisant tourner la tête.

"Malia..." Je tente de dire mais je me fais couper.

"Qu'importe l'excuse que tu vas me trouver aujourd'hui, tu manges ce que je t'ai ramené." Elle rajoute en s'asseyant à mes côtés et en posant un sandwich et une banane devant moi.

"Je n'ai pas faim." Je réponds mais je réalise bien vite que j'aurai dû me taire.

"C'est simple Mila, tu termines ton sandwich et tu pourras lire le magasine. Tu ne manges pas? Il termine dans mon sac jusqu'à la semaine prochaine." Elle réplique me lançant un regard sérieux.

Devant sa détermination, je capitule et ouvre l'emballage du sandwich puis je prends une première bouchée. Un sourire satisfait se place sur les lèvres de Malia et rapidement elle commence son repas à son tour. Les jours se ressemblent toujours autant. Ces derniers temps, ne me sentant pas bien c'est souvent que je saute les repas du midi. Oubliant de me préparer quelque chose la veille ou le matin même ou n'ayant pas prévu assez d'argent pour prendre distributeur. Manger était et reste bien le cadet de mes soucis. Mais pour Malia, c'est sa tache la plus importante de la journée. Elle arrive toujours avec quelque chose, trouvant toujours un prétexte pour me forcer à manger. Et je dois avouer que même si pour le coup cela me fait râler, je lui suis très reconnaissante de prendre autant soin de moi. Sans elle, dieu sait tout le poids que j'aurai perdu.

"J'ai mangé la moitié du sandwich, est-ce que je peux avoir mon magasine maintenant?" Je lui dis alors qu'elle lève les yeux de son repas, analysant soigneusement mon visage comme pour voir si je mens.

"Oui mais je te connais donc tu ne le lis pas tant que tu n'as pas terminé, je n'oublie pas ce qui s'est passé la dernière fois."

Je lève les yeux au ciel, me sentant un peu comme une enfant face à sa réflexion. Mais je sais au fond que si elle fait tout ceci c'est pour mon bien. J'ai également conscience qu'elle a raison et qu'il faut que je prenne des forces avant de découvrir ce que le magasine a à m'apprendre aujourd'hui. Je mange alors le restant du repas avec une boule dans le ventre, me demandant si les nouvelles vont être bonnes ou mauvaises. Si je vais mal réagir ou au contraire bien réagir. Les pensées se bousculent très vite dans ma tête et Malia semble le remarquer et décide de me raconter sa matinée.

Je l'écoute alors parler des cours qu'elle a donné ce matin, me racontant qu'elle a dû exclure un élève qui était sur son téléphone, échangeant des photos pas du tout approprié pour son âge. Puis elle part rapidement sur un autre sujet, les enchaînant à la suite. À ma surprise, le temps passe assez rapidement et bien vite Harry nous rejoint à la table, commençant à manger son repas tout en écoutant Malia raconter ses péripéties. Sur le coup je me surprends alors à les fixer tous les deux et à sourire. Je suis heureuse d'avoir pu faire leur connaissance et de les avoir presque tous les jours à mes côtés. Sans eux les choses seraient si différentes, elles seraient si douloureuses.