Chapitre 15.2

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Je plongeai mes jambes dans cette eau translucide. Je perdais mon regard dans les carreaux bleus au fond de cette piscine. J'affrontais un léger frisson et appréciai la fraîcheur de l'eau. Elle contrastait avec la chaleur étouffante de cette journée. Quelques rares fois, une brise venait de temps en temps adoucir l'atmosphère.

Je basculai ma tête en arrière, m'appuyai sur mes poignets pour éviter de solliciter entièrement mes paumes. Même si, malgré ça, je sentais le relief de mes cicatrices contre la pierre. J'avais pris une mauvaise manie en les caressant du bout des doigts. Je m'abstenais de le faire en présence de Livaï. Il détestait ce toc. Seulement, je ne pouvais pas m'en empêcher. Elles me ramenaient à cette journée, mais aussi à toutes celles d'avant. Parfois, je me réveillais la nuit, quittais le lit et m'installais dehors pour être bien sûr que je ne rêvais pas. Que tout était fini. Que j'étais libre. Je n'arrivais pas à l'accepter. Je n'en avais pas le droit.

Livaï avait décidé de télétravailler d'ici pour garder un œil sur moi. Il me disait qu'il préférait être à mes côtés le temps de ma convalescence, mais je savais que c'était surtout pour éviter qu'une idée dévastatrice me traverse l'esprit et que je la mette à exécution.

Je refusais toujours d'aller parler à un psychologue. Livaï m'affirmait que cette personne était qualifiée pour recevoir les « cas » comme moi. Il n'insistait pas, seulement, il ramenait souvent d'une certaine manière le sujet sur la table. Lors de mes cauchemars. Lors de mes moments de silence et d'égarement le soir. En réalité, je me disais toujours qu'un événement allait surgir de nulle part et m'enlever cet instant de paix que Livaï essaie d'instaurer en moi. Pour moi, cette maison n'était pas l'endroit où je devais finir ma vie. Le lieu qui m'attendait était la prison. Avec tous les autres, arrêtés par le SAT.

Je surveillais la demeure. C'était pour cette raison que je passais la plupart du temps mes journées à l'extérieur. Livaï ne l'avait pas compris de suite. Puis, lorsqu'il avait découvert que je guettais tous les accès de cet immense jardin, il avait pété un câble. J'avais donc accepté de voir ce psy, juste pour lui faire plaisir... Mais il s'était avéré très utile... et compétent. Depuis, j'y retournais toutes les semaines.

Je lui racontais que je n'approuvais pas ce traitement de faveur de la part de Livaï. De mon point de vue, j'étais dans le même panier que ces criminels derrière les barreaux. Livaï me comblait d'un amour que je ne méritais pas. Il m'offrait une seconde vie alors que j'en avais brisé des dizaines. Il m'emportait dans un rêve dont ma plus grande peur était d'en sortir. Et de le perdre. Livaï était mon rêve.

Celui-là même qui, à l'hôpital, m'avait expliqué comment il avait manigancé l'assaut dans mon dos. Ça m'avait énervé de ne rien avoir deviné. Puis, il m'avait avoué avoir eu la visite d'une certaine personne...

— Deux mois avant ça, ton père m'avait demandé de te retrouver.

J'avais perdu ma voix. Mais les ténèbres aspiraient mon regard. J'avais quitté mon lit, j'avais besoin de marcher en espérant que de me mouvoir allait canaliser cette rage bloquée dans ma gorge. Livaï attendait que j'explose. Il n'ajoutait rien, c'était déjà suffisant ce qu'il avait lâché.

Pourquoi apparaissait-il soudainement ? Il avait neuf ans pour me chercher. Il venait de se rendre compte que sa fille lui manquait ? Peut-être s'était-il fait larguer par sa pouffe et que la culpabilité le consumait désormais ?

— Tu savais que je me pointerais aux enchères ? l'interrogeai-je sous le choc.

— Non. C'était un hasard.

Un hasard ? Je devais le croire ? Je l'avais dévisagé avant qu'il me fusille d'une œillade perçante.

— Et pour le contrat ?

Quand de l'ombre naît la lumière // Livaï X Reader - TERMINEEWhere stories live. Discover now