Chapitre 9.2

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Une besace à la main, je m'aventurai dans le repère d'Ackerman. Les employés terminaient leur journée et quittaient l'entreprise. Il n'empêchait pas que le hall gardât encore une bonne fréquentation. Je n'avais côtoyé que deux personnes en ce lieu. Deux femmes dont je devais par tous les moyens éviter si je ne voulais pas utiliser la manière forte. Je saluai avec politesse le vigile posté à l'entrée de la porte centrale et m'éloignai du bureau d'accueil où la secrétaire de ma première visite ici parlait avec un homme. Je m'orientai vers l'accès aux employés et repérai les portiques de sécurité, ainsi que les badges aux mains des travailleurs.

Pendant ce temps, Hanji observait mon avancée dans la voiture, garée à une rue parallèle. Elle suivait mon parcours grâce à son ordinateur portable et mes lentilles connectées. Un gadget que je détestais porter. Il m'irritait les yeux.

Je me dirigeai vers un comptoir en recoiffant la frange de ma perruque et accentuai mon sourire à mesure que je me rapprochais d'un homme en costard noir derrière cette construction en marbre. À sa hauteur, il m'accosta en premier avec un rictus au coin des lèvres.

— Madame, que puis-je faire pour vous ?

— Bonjour, j'espère que vous pourrez m'aider. J'ai reçu un appel en urgence de Monsieur Ackerman. Je dois impérativement donner ce dossier à sa secrétaire. Et dans la précipitation, j'ai oublié mon badge.

Le sien m'apprenait qu'il s'appelait Yuri Shimizu et qu'il était responsable de sécurité. Je ne pouvais pas être mieux tombée.

— Êtes-vous nouvelle ? me demanda-t-il amusé.

— Ma situation vous fait rire ? répliquai-je avec humour.

Son sourire me dévoila une belle dentition. Il devait accumuler les rendez-vous chez le dentiste pour un blanchiment, car la blancheur de ses dents me paraissait artificielle. Surtout en comparaison à son bronzage.

— Le badge n'est qu'une simple formalité. Il vous suffit de donner votre nom et prénom et nous verrons que vous êtes employés ici.

— Le voilà le problème. Je ne suis pas employée ici. Monsieur Ackerman m'avait confié ce badge au cas où il aurait besoin de mes services. Et telle l'idiote que je suis, je l'ai oublié.

Je passai une main lourde sur mon visage et réalisai que j'avais sur mon faciès, une tonne de maquillage. Je poussai un long soupir d'exaspération et ancrai mes prunelles dans ses yeux marron bridés.

— Heureusement qu'il est en Chine. Il m'aurait incendié, rigolai-je

Des petites rides se dessinèrent dans les coins de son regard et m'indiquèrent que je visais juste.

— À qui vous a-t-il demandé de donner le dossier, précisément ? Je vais l'avertir de votre arrivée.

— Oh. Il ne m'a pas donné de nom. Il m'a juste dit le mot « secrétaire », ainsi que je devais confier ce dossier à personne. Il a beaucoup insisté dessus.

Je sortis ledit dossier du sac et l'agitai sous son nez. Il hocha la tête, les yeux fixés sur cette chemise marron qui ne contenait que des feuilles blanches et contourna le comptoir.

— Je vois. Dans ce cas, suivez-moi, je vais vous faire passer la sécurité. Vous pourrez le déposer au vingt-quatrième étage, bureau du secrétariat. Mademoiselle Watanabe vous recevra.

— Super, je vous remercie.

Je marchai derrière lui avec ces talons vertigineux. Je devais me concentrer à chaque pas effectué pour ne pas tomber. Ma colocataire m'avait habillée comme toutes ces femmes. Une chemise blanche, entrée dans une jupe crayon. Cet accoutrement me mettait mal à l'aise. La seule chose que je rêvais de faire était d'écarter les jambes pour déchirer la fente et me sentir libéré.

Quand de l'ombre naît la lumière // Livaï X Reader - TERMINEEWhere stories live. Discover now