Chapitre 7.1

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L'insomnie que je sentais arriver depuis le restaurant me guetta toute la nuit. Je fermai mes paupières, mais de suite, je retrouvai mes yeux fixer un point dans l'obscurité de ma chambre. Puis au bout de trois heures à me retourner dans tous les sens et à finir la tête au pied du lit, je me convainquis d'aller perdre mon temps devant la télévision du salon.

Je piquai du nez face à cet écran éblouissant. Je résistais à l'envie de dormir le plus longtemps possible jusqu'à ce qu'enfin, je tombe de sommeil et me réveille onze heures plus tard.

Je passai mes doigts sur mes yeux et m'étirai doucement avant de déclencher une douleur dans ma tête. Mes jambes me guidèrent sous la douche. L'eau chaude m'enlevait les saletés de la veille pour disparaître dans le conduit et demain matin, je répéterai cette opération. Je m'autorisai à rester sous cette cascade un peu plus longtemps et en pensant à la facture d'eau qu'Hanji recevra à la fin de mois, je coupai sur la robinetterie.

Pour ne pas changer mes habitudes, je pris les premiers vêtements qui me tombaient sous le nez et me séchai les cheveux en frissonnant face à cet air chaud qui sortait de mon sèche-cheveux.

Une fois finie, je les coiffai avec passion et arrêtai toute activité lorsque la sonnerie de mon portable professionnel sonna dans le tiroir de ma table de nuit. Je coinçai une pince entre mes dents et sortis mon téléphone. Mon pouce enfonça le bouton pour l'allumer en tremblant et mes yeux lurent ces quelques mots d'un numéro masqué.

« 2 rue de la Foi
20 heures »

Je tombai mes fesses sur le matelas et me perdis dans mon vieux parquet. Le miroir à ma droite me rappelait que je devais terminer ma coiffure, mais le cœur n'y était plus. Je retirai mes pinces et les attachai simplement.

Je détestai cet endroit. C'était un immeuble défectueux, prêt à s'effondrer à tout moment. Je me souvenais encore de son odeur de moisissure et de renfermé qu'elle dégageait dès qu'on franchissait la porte. C'était une bâtisse abandonnée où mon boss me donnait rendez-vous quelquefois pour ne pas perdre contact et l'oublier. Comment pourrais-je ? Huit ans que je le supportais, lui et son agressivité, sa violence. Je lui devais une somme importante et en attendant, il faisait tout pour me faire craquer et tout pour que je succombe à ses menaces dans le seul but de m'avoir.

Je passai la journée à cogiter, à ruminer dans le silence. Je n'avais même pas l'envie de mettre un petit fond de bruitage pour m'apaiser. Cela ne servirait à rien. À dix-neuf heures trente, je quittai la maison avec beaucoup d'appréhension. Je hélai un taxi et lui indiquai le lieu. Quelques rides apparurent sur son visage boudiné à la vue de cette adresse, mais il obéit et appuya sur l'accélérateur.

J'observai le paysage défiler et triturai la peau à côté de mes ongles. Ma jambe droite tremblait de nervosité et la moiteur s'installait dans mes paumes.

À la naissance de la ruelle, il s'arrêta. Les installations de lampadaires ne continuaient pas dans ce chemin étroit. La vie en toute simplicité ne s'y aventurait pas. Je payai le chauffeur et retroussai mes bras face aux rafales. Je soufflai profondément et m'engouffrai dans les ténèbres. Malgré tout, j'essayai de faire attention où je m'étais les pieds sur le sol en pavé, puis, je me stoppai devant l'entrée de ce petit immeuble bancal à trois étages.

Des vitres étaient brisées, certaines fermées par des poutres en bois. Des fissures jonchaient les murs et l'herbe haute cachait cinquante centimètres de la façade. Cette habitation faisait le bonheur de mon boss et du bon déroulement de ses affaires.

Je traversai ce que je pourrais appeler le jardin et ne quittai pas de vue la portée d'entrée penchée. J'abaissai la poignée et donnai un coup d'épaule pour l'ouvrir. Un grincement strident naquit et résonna dans ce long couloir. J'activai la lampe torche de mon portable et marchai jusqu'au fond du couloir où une lumière transparaissait dans les jointures de la dernière porte.

Quand de l'ombre naît la lumière // Livaï X Reader - TERMINEEWhere stories live. Discover now