Chapitre 7.2

7.7K 456 204
                                    

Je faisais les cent pas dans le salon en me rongeant les ongles. Je scrutai la grosse aiguille de ma pendule faire le tour du cercle. Je ne pouvais plus m'arrêter de bouger. Dans une demi-heure, je serais en compagnie de Livaï Ackerman, surement dans son bureau, et je n'aurais pas le droit à l'erreur. Ça sera le moment ou jamais pour frapper fort. Je ne me souvenais pas de la fois où une mission m'avait fait autant stresser.

Ma patience à son paroxysme, j'attrapai mon portable, mon sac, un gilet en laine et décampai de la maison. Je pris un taxi et celui-ci me conduit dans le centre-ville. Il me déposa sur un trottoir et je terminai le chemin à pied à travers cette foule habituelle d'êtres humains. Les lumières multicolores des gratte-ciel m'explosèrent les pupilles et comme si je voulais disparaître, je fixai mes pieds et marchai à toute allure en direction de l'entreprise Ackerman-K.

Je ralentis à hauteur des magasins de luxe et contemplai d'un regard vide ces vêtements hors de prix mis en avant par une lumière blanche. Je serrai la bandoulière de mon sac et remplis mes poumons d'air frais avant d'expirer et de me diriger vers la grande porte principale. Celle-ci coulissa automatiquement et une vague de chaleur dressa mes petits poils dans la nuque.

Je m'aventurai à l'intérieur malgré les lumières éteintes et fus aussitôt accostée par une jeune femme en hauts talons arrivant sur ma gauche.

— Mademoiselle (T/N) ? m'appela-t-elle

— Moi-même, répondis-je en lui adressant une poignée de main.

— Je vous en prie. Monsieur Ackerman vous attend dans son bureau, m'annonça-t-elle

Je hochai la tête et entrai mes mains dans les poches de mon gilet. Dos à moi, elle se dirigea vers l'ascenseur et appuya sur un bouton pour ouvrir les portes. J'en profitai pour examiner les alentours ; les caméras, les sorties de secours, les emplacements des bureaux à l'accueil, l'escalier central plongé dans le noir. C'était un hall spacieux que je devinai lumineux avec toutes ces vitres en guise de mur. Et la résonance des talons de l'employé me confirmait le volume imposant de cette entrée.

Lorsque la lumière de l'ascenseur nous éclaira, je jetai un rapide coup d'œil à la jeune femme en m'installant au fond de la cage. Ses cheveux noirs étaient ramassés en un chignon semblant avoir passé une journée mouvementée et malgré tout, elle gardait un teint éclatant et un petit sourire sur ses lèvres rouges. Avec ses ongles longs et manucurés, elle effleura le bouton où le numéro vingt-six figurait et les portes se refermèrent.

Mon reflet était visible face à moi et je me surpris à me comparer à cette secrétaire. Elle se tenait droite, les épaules en arrière avec élégance dans un beau tailleur tandis que mes vêtements amples ne mettaient aucune de mes formes en valeur et aggravaient mon dos cambré. Je massai ma nuque en évitant un bâillement provoqué par cette forte lumière blanche et m'arrêtai aussitôt avant de me rappeler le fond de teint que j'avais étalé autour de mon cou. Mon boss y avait laissé ses empreintes et c'était bien parti pour que je me les traîne quelques jours.

À l'étage souhaité, la demoiselle activa le pas dès l'ouverture pendant que je contemplai ce long couloir foncé, tamisé d'un éclairage blanc qui nous menait à une grande porte grise. Je levai un pied hésitant. Derrière cette porte se trouvait le sort réservé à mon destin. Livaï avait toutes les cartes du jeu en main, à moi d'avoir la bonne pioche et de tirer le gros lot.

La jeune femme toqua à la porte et l'ouvrit à la suite d'une réponse des plus graves. Elle m'autorisa à entrer et ce qui se dévoila devant moi m'hypnotisa plus que n'importe quoi d'autre. J'ignorai le départ de mon guide et mes jambes, dirigées par mon cerveau, me rapprochèrent de ce panorama vertigineux. Le rose, le bleu, le blanc étincelaient dans mes yeux et en me concentrant vers l'horizon, je crus découvrir le mont Fuji derrière le haut des gratte-ciel. Ce paysage nuptial me coupait le souffle. Je n'avais rien vu d'aussi beau et il continuait sur toute la longueur de ce bureau. J'imaginai ce que ce tableau vivant rendrait en plein jour. C'était tellement calme, paisible que pendant un instant j'en oubliais où j'étais et avec qui. Jusqu'à cette voix au timbre grave et profonde qui me ramena à la réalité.

Quand de l'ombre naît la lumière // Livaï X Reader - TERMINEENơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ