Chapitre 9.3

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L'encre tachait ma feuille blanche de renseignements sur Livaï Ackerman. Les informations, les plus inutiles qui soient aux plus importantes, je les écrivais. De temps en temps, je tournai sur ma chaise de bureau, fermai les yeux, la tête en arrière et me remémorai chaque moment que j'avais passé avec lui. Je me repassais ses mouvements, ses paroles, même si elles n'étaient plus claires dans ma caboche. Je dessinais des tableaux, répertoriais ses qualités, ses défauts, son caractère. Certes, la plupart figuraient déjà dans son dossier, je voulais repartir de zéro pour avancer sur des bases que j'aurais moi-même créées. Et toutes les minutes, chaque fois que je ne réfléchissais plus, mon esprit divagua sur ses vidéos.

Je voulais me tuer. Comment avais-je pu me laisser aller à ce point ? Je me sentais tellement ridicule que par moments, je me mettais à rire sans raison de ma situation. Je me demandais quelles étaient les réactions de Livaï. Ma crédibilité n'existait plus à ses yeux. Comment pourrait-il me croire avec ces conneries ? Je lui avais avoué mes sentiments avec mes tripes et quelques jours après... j'allais vomir.

La naissance du vrombissement de l'aspirateur me força à quitter ma chambre avant d'avoir tout rangé. Au passage, je me vêtis d'un gros gilet, d'une robe et d'un collant, et devant la porte d'entrée, je me chaussai. Je croyais bien qu'en six ans, je n'avais jamais vu Hanji s'affairer au nettoyage de sa maison. Elle récurait tout, du sol au plancher. Ainsi, pour ne pas l'embêter, je décidai d'aérer mon cerveau.

— Oh ! Si tu penses que tu vas sortir sans prévenir. Où vas-tu ? m'interpella-t-elle

— Je vais me promener au parc.

— Moi, je vais chez Erwin, ce soir. Ils arrivent à vingt et une heures à l'aéroport.

Je hochai la tête et lui souhaitai une bonne soirée avant de refermer la porte. Je plongeai mes mains dans mes poches et marchai avec tranquillité jusqu'au parc. Je remplissais mes poumons d'air pur et dévisageai cette nuit noire. Les yeux de Livaï avaient sombré dans cette couleur à la réception. Pour quoi ? Pour avoir préféré la compagnie d'une enfant, à la sienne ? J'espérais qu'il y aurait une autre explication un peu plus valable à son soudain changement de comportement, mais il n'y en avait pas. Déconcertant.

Je me promenais le long du parc et m'assis sur un banc de l'air de jeu. Je croisai les jambes et fixai ce toboggan orange où les gamins, tous les après-midi, le prenaient en otage. Je remontai mon gilet jusqu'à mon menton. Je me camouflai à l'intérieur lorsque le vent se levait, puis ma sonnerie de téléphone m'obligea à mettre une main dehors pour le récupérer.

— Oui ? parlai-je en soupirant.

— Deux types viennent de frapper à la maison. Ils te cherchaient, m'avertit Hanji.

— À quoi ressemblaient-ils ? me renseignai-je

— Euh... Baraqués, assez intimidants... L'un est blond et l'autre brun avec une cicatrice au front.

Je tombai ma tête dans le vide et soupirai un bon coup. Je me frottai les yeux en comprenant qui allait me rendre visite dans les prochaines secondes et répondis à Hanji.

— D'accord. Ils me trouveront. Ne t'en fais pas.

— Tu es sûre ? Tu n'as besoin de rien ?

— Non. Erwin doit être arrivé. Alors, va le rejoindre et sois prudente.

— Si tu le dis. Envoie-moi un message quand même pour me dire que tout va bien. Je t'aime.

Je raccrochai et le rangeai à nouveau dans ma poche. Je retroussai mes bras contre ma poitrine, le dos adossé au bois froid, et les attendis. Reiner et Aymeric. Les piliers du boss. Ou plutôt, les pantins du boss.

Quand de l'ombre naît la lumière // Livaï X Reader - TERMINEEWhere stories live. Discover now